Expérience liturgique navrante

En visite chez ma maman dans un petit village charmant de la Montérégie, je suis allée ce matin à la Messe de l'Épiphanie... je vous partage ma désolation quant à cette Messe, qui, à mon sens, devrait durer au minimum une heure.

- Pas de prière pénitentielle;
- Le Gloria coupé après un seul couplet (quid de la gloire à Dieu l'Esprit Saint !);
- Première lecture supprimée ;
- Psaume transféré après la 2e lecture;
- Pas de Credo ;
- L'Agnus Dei réduit à deux invocations;
- Ajout d'un texte sans rapport;
- Pas de prière de conclusion...

En moins de 30 minutes, c'était terminé...

Les parties coupées et bâclées sont celles où nous rendons gloire à Dieu, où Dieu est au centre... Et on se demande pourquoi les églises se vident...



Union de prière pour notre Église du Québec... :truce:
Hélène

Je suis parfaitement d'accord avec vous Hélène, tant qu'à faire des messes de cette façon, il faudrait mieux ne pas en faire du tout. :shaking2:

J'ai eu l'audace d'écrire à l'évêque du diocèse, en copie conforme au responsable de la liturgie. Je ne sais pas si j'ai bien parlé mais il me semble que le saint Père a demandé aux baptisés, donc nous les laïcs, de dénoncer les abus lorsqu'ils sont vraiment choquants et que nous avons droit, en tant que fidèles, d'avoir des célébrations dignes de notre Seigneur pour le salut de nos âmes.

Monseigneur,

Je vous écris en ce jour de l’Épiphanie dans le but de vous informer d’une situation que je trouve importante de signaler. Je suis une jeune épouse et mère de deux enfants, pratiquante dans ma foi catholique (oblate laïque cheminant dans une communauté bénédictine). En visite chez ma maman dans un petit village charmant de la Montérégie (région de Sorel-Tracy), je suis allée ce matin à la Messe de l'Épiphanie... je vous partage ma désolation quant à cette Messe de l’Épiphanie, qui, en passant par chacun des aspects de la liturgie, devrait durer au minimum 45 minutes à une heure. Voici donc ce que j’ai pu hélas relever, qui, à mon sens, est grave :

- Suppression de la prière pénitentielle;
- Le Gloria coupé après un seul couplet (quid de la gloire due à Dieu l'Esprit Saint);
- Suppression de la Première lecture (du prophète Isaïe, qui donne tout son sens à l’annonce de l’Épiphanie);
- Psaume transféré après la 2e lecture;
- Suppression du Credo;
- L'Agnus Dei réduit à deux invocations;
- Ajout d'un texte sans rapport avec la liturgie;
- Pas de prière de conclusion...

En moins de 30 minutes, c'était terminé...

Les parties coupées et bâclées sont celles où nous rendons gloire à Dieu, où Dieu est au centre de la célébration car c’est Lui qui nous sauve... Et on se demande pourquoi les églises se vident...

Veuillez croire, Monseigneur, que je ne suis pas du genre à me plaindre (c’est la première fois que j’écris à un évêque pour dénoncer une situation pareille), que je suis loin d’être ce qu’on appelle une intégriste, que je ne suis pas liturgiste mais, je constate que cela démontre une grande pauvreté de nos célébrations et je ne suis pas surprise que ces petites églises de campagne se vident car je vois mal comment la foi peut subsister dans de telles circonstances navrantes où le Seigneur est en quelque sorte mis de côté et que c’est devenu une petite célébration toute humaine « entre nous » pour se faire plaisir et s’en débarrasser pour nous donner bonne conscience. Alors que le saint Père tente de redonner à la liturgie ses lettres de noblesse et que son prédécesseur notre bien-aimé Jean-Paul II avait réussi le tour de force de rassembler des millions de jeunes autours d’une Messe signifiante, après un Congrès Eucharistique International inspiré et inspirant, alors que les communautés nouvelles sont nées du renouveau dans l’adoration et le respect de la liturgie et de la Sainte Eucharistie, je m’explique mal qu’on en soit encore à ces messes bâclées pour faire vite. On me rétorquera que les prêtres sont débordés et doivent aller d’un village à l’autre pour célébrer l’Eucharistie, mais ne serait-il pas plus judicieux de couper une seule célébration pour rassembler les fidèles autours d’une Messe digne de notre Seigneur pour le salut de nos âmes ? Je ne vois pas comment l’Église subsistera sans le Christ au centre de nos célébrations et, le sens du sacré évacué, que restera-t-il ?

Voilà, je vous assure de ma pauvre prière pour votre ministère et pour celui des prêtres de votre diocèse et je vous demande, Monseigneur, de me bénir ainsi que ma famille. Je compte sur votre discernement ecclésial afin de demander à ce que ces abus soient corrigés car il en va de l’essence même de nos célébrations catholiques voire de notre salut offert en Jésus-Christ dans l’Église, son Corps dont nous sommes les membres, car, si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ?

Cordialement en Jésus-Christ,
Hélène Bourgeois
www.ephata.actifforum.com

c.c. : à M. l’abbé André Godbout, service de liturgie et spiritualité

Hélène a écrit:

Voici donc ce que j’ai pu hélas relever, qui, à mon sens, est grave :

- Suppression de la prière pénitentielle;
- Le Gloria coupé après un seul couplet (quid de la gloire due à Dieu l'Esprit Saint);
- Suppression de la Première lecture (du prophète Isaïe, qui donne tout son sens à l’annonce de l’Épiphanie);
- Psaume transféré après la 2e lecture;
- Suppression du Credo;
- L'Agnus Dei réduit à deux invocations;
- Ajout d'un texte sans rapport avec la liturgie;
- Pas de prière de conclusion...

En moins de 30 minutes, c'était terminé...

Cela me donne mal au ventre Hélène! Car je pense aux enfants ...c'est désolant! Mes parents habitent près de Carcassonne et les prêtres (peu nombreux et âgés) ont un secteur de 18 clochers; donc la fête de l'epiphanie s'est tenue dans un seul village . Néanmoins maman était ravie de la "profondeur" de la célébration !
Je suis d'accord avec vous : c'est navrant

fraternellement, Françoise

Hum, désolé de remonter ce vieux topic. C'est pour savoir si vous avez reçu une réponse du diocèse. Merci.

Bon dimanche de carême et bienvenue sur Ephata Cadarac,

Cadarac a écrit:

Hum, désolé de remonter ce vieux topic. C'est pour savoir si vous avez reçu une réponse du diocèse. Merci.

Heu non...

Je crois que la paroisse fait parti du diocèse de Saint-Hyacinthe avec Monseigneur Lapierre. Corrigez-moi si je me trompe...

Bonjour Hélène,

C'est vraiment triste, la situation que vous décrivez. Le prêtre doit être le gardien de la Sainte Liturgie (avec l'Évêque, bien sûr), et la transmettre fidèlement au peuple de Dieu. Comme il n'est pas ordonné pour prêcher sa propre théologie au peuple, mais celle de l'Église, de même il n'est pas ordonné pour célébrer sa propre liturgie, mais celle de l'Église. J'ai lu un article très intéressant qui montrait qu'à la racine de ce problème (l'infidélité liturgique par certains membres du clergé) se trouve l'orgueil. Le prêtre est appelé à s'effacer, même quand il préside à une célébration liturgique. Hélas! j'ai vu trop de prêtres qui semblent ne vouloir que se mettre en valeur, au lieu de s'effacer humblement comme des humbles serviteurs de Dieu.

Il faut aussi dire que l'effacement de soi est beaucoup plus difficile dans la nouvelle forme du rite de la Messe que dans l'ancienne. Et même l'orientation de l'autel y joue beaucoup. Dans le passé, le prêtre était, avec le peuple, face à Dieu; aujourd'hui, il est la plupart du temps face au peuple (même si célébrer face au peuple n'est pas requis pour le rite moderne). Cela veut dire qu'il doit être plus attentif à ses expressions, à ce qu'il dit, à son regard, etc., s'il ne veut pas complètement distraire les gens de la Messe. Malheureusement, je n'ai pas vu beaucoup de prêtres qui ont pris ce soin de "bien célébrer" -- ce que l'Église appelle le "ars celebrandi" (l'art de [bien] célébrer).

Votre expérience montre combien il est important dans nos séminaires aujourd'hui de promouvoir cet "ars celebrandi". La formation liturgique peut faire beaucoup pour assurer que ces sortes d'abus ne se fassent plus dans nos églises.

Finalement, il y a toujours la prière. C'est la prière des fidèles qui va aider à restaurer, dans nos églises, un sens du sacré. Continuez à prier pour vos prêtres -- et pour les séminaristes qui se préparent à vous servir comme prêtres. S'il y a un aspect "positif" à votre expérience, il est peut-être là. C'est une expérience qui, au fond, invite les fidèles à la prière: pour eux-mêmes, et pour ceux qui les servent comme prêtres.

Cela pose la question de l'importance de l'équipe liturgique dans la préparation et le déroulement de la liturgie. Si le prêtre célébre 3 messes dans des endroits différents et qu'il doit tout faire, il ne peut pas s'en sortir.