les jeunes dans les rues

Bonjour,
Depuis quelques mois, j'habite une ville "riche" (je précise que j'y occupe un petit meublé avec ma fille handicapée qui a trouvé, ouf, une formation à cet endroit). Cet hiver il a fait froid... J'ai croisé dans les rues des jeunes de moins de 25 ans, souvent très jeunes (19 ans certains, "virés" par leur famille qui ne peut ou ne veut plus les prendre en charge). Or avant 25 ans, pas de revenu minimum (pour le RSA jeune il faudra déjà avoir travaillé 2 ans !). Alors, comment fait-on quand on est seul ? Le Foyer de Jeunes Travailleurs donne droit à 250 euros d'aide au logement, mais... il coûte ici 480 euros. Aucun propriétaire ne loue sans caution à une personne sans ressources. Les hébergements d'urgence, c'est le lieu propices aux rencontres qui font descendre vers alcool, drogue... Reste le camping (par ce froid...) ou le squatt, si possible à plusieurs, et... la "manche". Pendant ce temps les "bons chrétiens" du coin ont l'adoration perpétuelle (quelle chance). Alors moi je ne comprends pas comment il y a encore des gamins dehors, pourquoi il n'y a pas des familles pour les inviter, les aider dans leurs démarches (une sorte de parrainage...). Je précise que je suis arrivée à 22 ans à Paris avec une valise, et que sans aide je serais sans doute tombée dans la prostitution ; à l'époque on pouvait travailler (ménages...), aujourd'hui ce n'est même plus possible. J'ajoute que j'ai aujourd'hui une famille nombreuse et un niveau bac+5 (dernier concours passé avec 4 enfants), alors je pense qu'il faut croire à l'avenir de ces jeunes, et je vous demande qui aurait des exemples d'actions menées ici ou là ou des idées, pour secouer le cocotier et faire avancer les choses... J'ai fait des démarches déjà mais je patine, car les financeurs ne sont pas au rendez-vous et les "bons chrétiens" ont peur...ou répondent qu'il y a des associations (oui, pour donner de quoi ne pas crever de faim, mais ça ne peut pas suffire...
Cordialement
Artiste

Bonjour Chantal (et bienvenue Artiste ! ),

Eh bien, je peux te renseigner sur la situation en France, et elle est terrible : Les logements sont si chers, même en location (à tel point que certaines étudiantes se prostituent pour payer leur chambre d'étudiant !), que de plus en plus de gens se retrouvent à la rue, alors qu'ils ont un travail (parfois même un travail à plein temps)... Leur salaire n'est pas suffisant pour payer leur loyer ET leurs factures ET leur nourriture. Alors, certains contractent des crédits à des taux exorbitants auprès de sociétés véreuses qui ne prennent pas la peine de vérifier si les demandeurs sont solvables, ces crédits bien sûr ils ne peuvent pas les rembourser, ils s'endettent à outrance, et c'est la descente aux enfers...
Ajoutons à cela la honte d'avoir échoué, et ces gens n'osent pas demander de l'aide à leur famille ou leurs amis. C'est comme cela qu'on se retrouve dehors, seul, et ça peut aller très vite.

Quant aux refuges pour sans abris... Certains sont insalubres, il y règne la violence, les vols... Qui aurait envie d'y aller ? Je crois que je préférerais encore dormir en prison.

Pour Artiste : Chantal a raison, les "bons chrétiens" que vous fustigez ne sont pas à blâmer ; vous qui avez bénéficié d'aide à votre arrivée sur Paris, vous voyez bien qu'il y a des gens prêts à aider... Être chrétien, cela ne suffit pas pour sauver l'humanité, il ne faut pas tout confondre. Avez-vous essayé de demander de l'aide à l'un de ces "bons chrétiens" ? Que vous-a-t-on répondu ?

Je respecte le point de vue de Cessounette, mais en France, les personnes qui vivent dans la rue ne l'ont pas choisi : la plupart le sont à cause de ruptures, de manque de soutien familial et autres problèmes personnels qui ont fait qu'ils n'ont plus de logement.

Depuis 2004, je suis bénévole dans un groupe paroissial qui va à la rencontre de sans-abri (dans les quartiers autour de la Tour Eiffel :eiffel: , à Paris) et nous rencontrons régulièrement des jeunes. Dans ce coin-là, il semble qu'il y ait un bon nombre de Polonais et parfois des personnes d'autres origines. Or pour un étranger, c'est encore plus compliqué : il n'y a pas de Revenu Minimum, pas de connaissance des systèmes d'aide et parfois la barrière de la langue les isole encore plus. Cependant, quand nous voyons un jeune de 18-25 ans, nous nous efforçons de l'aider avant qu'il ne tombe plus bas : au-delà de quelques mois dans la rue, on a beaucoup + de mal à s'en sortir. Avec la Conférence St Vincent de Paul, le Centre Social protestant du coin, les Frères Missionnaires de la Charité (congrégation masculine de Mère Thérésa, qui travaille avec les + démunis), nous trouvons parfois une solution : hébergement provisoire, accompagnement par un travailleur social, dans certains cas il est possible pour le jeune de retourner dans sa famille (quand il n'y a pas eu rupture avec les parents, c'est peut-être la meilleure solution)..

Certes, la plupart des paroissiens sont apparemment indifférents ou préoccupés par d'autres choses (parfois c'est de la méconnaissance ou de la peur face à des hommes différents), mais l'hiver dernier, quand nous avons ouvert une salle paroissiale chauffée pour accueillir plusieurs personnes au chaud durant les semaines où il a neigé, des dizaines de bonnes volontés ont donné un coup de main, pour les repas, pour passer la soirée ou la nuit avec nous (il nous fallait recruter des bénévoles au-délà de l'équipe habituelle) et cela a très bien fonctionné. Par rapport à un foyer géré par les institutions publiques, notre accueil était beaucoup + familial et cela a été apprécié par nos hébergés : pas de violence, beaucoup de respect mutuel..

Je crois que chacun ne peut pas tout faire, mais si nous travaillons en réseau avec différents partenaires (Secours Catholique-Caritas France, les travailleurs sociaux, Conférences St Vincent de Paul et autres groupes laïcs ou religieux...), il est souvent possible de trouver une solution. Mais ne critiquons pas nos frères et soeurs qui pendant ce temps pratiquent l'Adoration Eucharistique : c'est aussi grâce à leur prière que certains trouvent la force d'agir sur le terrain social.

Où se trouve votre ville, "artiste" ? C'est Versailles ? Je pense que vous devriez en parler avec votre curé, peut-être que cela pourrait favoriser le développement d'une prise de conscience : tous ne sont pas sensibles aux mêmes causes, mais si vous êtes plusieurs à vous sentir concernés, vous pourrez peut-être lancer une équipe "Solidarité" !

Bonne Semaine Sainte, en Union de Prière avec vous et tous les jeunes qui "galèrent".

Nous avons à Montréal un organisme qui s'appelle "Le Bon Dieu dans la rue" (appelé communément "la roulotte de Pops") fondé par le Père Emmett Johns qui vient en aide aux jeunes de la rue.

Vous pouvez voir quel type d'aide il apporte et quelques statistiques sur les mesures concrètes prises pour aider les jeunes : http://www.familis.org/riopfq/activites/chauvette.html

Je suis sûre que d'autres organismes viennent en aide aux jeunes (et moins jeunes) dans les rues. Je ne sais pas toutefois pour la France.

Cordialement,
Hélène