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 Le pouvoir du Notre Père

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boisvert
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MessageSujet: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMer 10 Oct 2012 - 5:23

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,1-4.
Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : 'Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous soumets pas à la tentation. ' »



Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Dans son homélie, notre prêtre nous a parlé de multiples spiritualités qui existent dans le monde, en citant notamment le bouddhisme, qu'il considère comme une "spiritualité" négative, puisque son but est d'accéder au "néant divin" par des techniques aboutissant à effacer complètement le sens de l'ego. Mais la spiritualité et la prière de Jésus dépassent complètement toutes les autres spiritualités, y compris cette pseudo-spiritualité du néant.

A Moscou, du temps des Soviets, une jeune femme, professeur de philosophie marxiste, se mit un jour à pratiquer le yoga sous la tutelle d'un maître "yogi". Lors d'une séance, dans un parc, tandis que le yogi enseigne une nouvelle technique, un homme se suicide dans le fleuve - la chose était assez courante et personne ne bronche. Mais parce qu'elle est tout de même perturbée, Tatiana Goritcheva (*)reçoit de son maître yogi un mantra à réciter durant son exercice - c'est le Notre Père. (Dieu n'existant pas, cette courte prière convenait comme mantra (**).
Voici son témoignage: "Après avoir récité le "Notre Père" environ six fois, sans aucune foi dans l'existence d'un "père céleste", je reçus soudain la réponse. Le plus inattendu, le plus inimaginable eut lieu. Il devint clair pour moi qu'Il existait. Il m'aimait, il aimait tout ce qui m'entourait. C'était aussi clair qu'au premier jour de la création. Le misérable paysage s'illumina d'une gaieté inhabituelle, chaque herber, chaque feuille semblait jubiler. On aurait dit que tout le monde, le monde entier, sortait de à peine de Ses mains aimantes. Depuis, je Le remercie pour chaque journée de ma vie, offerte et créée."

Quelle spiritualité, si ce n'est celle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, apporte-t-elle à l'homme, en plus du pardon: la foi, l'espérance et la charité ?

Je suis ressorti et, pour me rendre à mon travail, j'ai eu confiance que les deux euros que me coûterait le parking durant la matinée, le Seigneur me les rembourserait - ce qui est arrivé dès que j'ai franchi le pas de ma porte. Une amie, entrevue hier, est venue nettoyer l'arrière-boutique (je cherchais une femme de ménage en vain depuis un mois - mais elle, Christine, n'a pas voulu se faire payer. Je lui ai tout de même offert un livre.
Oui, j'ai vraiment été remboursé largement !

Ainsi, dans la vie de chacun(e) qui se confie à Dieu, le Seigneur manifeste sa bienveillance en tous temps. Mais il faut avoir la foi, et pour dire mieux encore : il faut avoir une foi de confiance !

(*) Mantra : Le mantra a pour objectif de canaliser le mental discursif. Ses vertus, conjuguées à l'intention et à la concentration du récitant, sont bénéfiques. Il s'agit d'une formule sonore et rythmée, fondée sur la répétition de sons réputés bénéfiques pour le corps ou l'esprit. Définition wikipedia.

(**) http://fr.wikipedia.org/wiki/Tatiana_Goritcheva
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeJeu 11 Oct 2012 - 13:26

La suite du récit de Tatiana Goritcheva

LE MYSTÈRE DE LA PACIFICATION

Une immense église froide et solennellement blanche. Il est six heures du matin. La liturgie va commencer. Du côté de l'autel annexe gauche, on voit une grande foule hétéroclite de pèlerins. Parmi eux, beaucoup de femmes, vêtues simplement et pauvrement, coiffées de fichus qui leur descendent jusqu'aux sourcils. Certaines viennent de très loin, de l'Ukraine, du Kazakhstan, de la lointaine Sibérie.

Ces femmes ont préparé pendant des années leur voyage au monastère, à la source de la Mère de Dieu. Elles économisaient de l'argent, priaient, attendaient que les conditions difficiles de leur vie pleine de soucis leur permettent de réaliser le plus profond et le plus secret désir de leur coeur : un voyage au monastère, sur les lieux saints, auprès des starets connus pour leur discernement, pour révérer les reliques miraculeuses.

Depuis des années, elles ne s'étaient pas confessées, n'avaient pas communié: chez nous, c'est difficile. Il reste peu d'églises dans l'immense Russie, et encore moins de prêtres.
Il y a aussi des hommes du peuple, à en juger par leurs visages comme tirés d'un tableau du XIXe siècle, si différents de ceux des citadins. On n'en rencontre plus que dans les lointaines campagnes russes.

Ce sont desgens en haillons, immobilisés devant le prêtre, la tête baissée dans un mouvement de pénitence avant la confession, qui m'ont fait pour la première fois de ma vie prononcer sérieusement et avec respect ce mot banalisé par tous les démagogues du monde : "le peuple". C'est seulement à l'église que j'ai vu ce qu'était le peuple, qui ne l'est qu'en Dieu. Il m'est alors paru évident, que moi aussi j'étais le peuple, car ces gens m'étaient plus proches que n'importe qui sur terre.

(A suivre)


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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeJeu 11 Oct 2012 - 19:44

Je ne connaissais pas cette version du Notre Père.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeVen 12 Oct 2012 - 5:00

Bonjour Rachel,
Ce n'était pas une autre "version" du Notre Père, mais bien le Notre Père que nous connaissons, mais dont les soviétiques se servaient comme une formule pour se vider l'esprit. N'importe quel autre eût fait l'affaire... mais le Notre Père a des ressources cachées !!!
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeVen 12 Oct 2012 - 10:34

Récit de la première confession (1)

Le père Guermoguène parlait du péché en termes sévères. Les gens réunis pour la confession pleuraient en silence. Seul un homme ne pouvait contenir ses sanglots qui retentissaient fort dans toute l'église. Ce Pèlerin, vêtu de haillons, n'avait pas de bras droit, son bras gauche étant coupé à la hauteur du coude ; avec un moignon, il se signait à sa manière, souvent et frénétiquement.

C'était ma première confession. Je venais de me convertir par la grâce de Dieu. Je n'avais presque pas de connaissances sur le christianisme ni sur l’Église, et d'ailleurs qui me les aurait enseignées ?
Moi et mes amis nouvellement convertis, nous apprenions tout progressivement en imitant nos petites vieilles qui préservaient jalousement la piété orthodoxe. Ignorants, nous avions cependant ce qui à notre époque est peut-être plus appréciable que les connaissances : une confiance illimitée envers l’Église, une fois dans chacune de ses paroles, de ses mouvements, de ses exigences.
Hier encore, nous ne reconnaissions aucune autorité, aucune norme. Aujourd'hui, nous acceptions ce salut venu à nous par le miracle qu'était notre Église, comme une vérité inconditionnée, absolue, en détail comme dans l'ensemble. Dieu nous avait convertis et nous avait offert l'enfance : « Si vous n'êtes pas comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux ».

Je savais qu'il fallait me confesser et communier. Je savais que la confession et la communion étaient de grands sacrements qui nous réconciliaient et même nous unissaient pleinement et réellement – dans le corps et l'esprit – avec le Seigneur. Enfant, j'avais été baptisée par mes parents athées, soit qu'ils l'aient fait par goût de la tradition, soit que quelqu'un les en avait convaincus, je ne sais pas très bien au juste. Maintenant, à vingt-six ans, je devais renouveler la grâce du baptême.

Je savais que le prêtre me poserait des questions lui-même et conduirait la confession. En lisant la veille un petit livre de préparation à la confession j'ai découvert que j'avais violé tous les commandements de l'Ancien et du Nouveau Testament. D'ailleurs, même sans cette lecture, je voyais clairement que toute ma vie était pleine de divers vices, crimes et perversions. Dès lors, après la conversion, ils me poursuivaient et m'opprimaient, pesaient lourdement sur mon âme.

Comment ai-je pu ne pas voir à quel point le péché était laid, stupide, monotone et stérile ! Depuis mon enfance, j'avais des oeillères sur les yeux ! Je désirais la confession, car tout mon être sentait qu'elle m'apporterait la libération : grâce à elle, l'homme nouveau que j'avais récemment découvert en moi vaincrait complètement et chasserait l'ancien. Depuis l'instant de ma conversion, je me sentais intérieurement guérie et renouvelée, mais la dure écorce du péché qui avait adhéré à ma peau ne m'avait pas encore quittée. C'est pourquoi je recherchais la confession comme une ablution, en me rappelant les merveilleuses paroles d'un psaume récemment appris par coeur : « Ôte mon péché avec l'hysope et je serai pur, lave-moi et je serai plus blanc que neige. »

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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeSam 13 Oct 2012 - 11:52

« Mon tour arrive. Je m'approche, j'embrasse l'Evangile et la croix. Bien sûr, effrayée et gênée, je n'ose pas avouer que c'est ma première confesssion. Le père Guergmoguène commence par des questions.
- Quelles fêtes as-tu manquées ?
- Toutes.
Alors il comprend qu'il a affaire à une convertie ; ces derniers temps il y en avait beaucoup, et il fallait adopter à leur égard une approche tout à fait particulière.
Il commence par m'interroger sur mes péchés les plus horribles, « capitaux » ; il me faut dévoiler toute ma biographie, cette vie d'orgueil et de vanité, écartelée entre la morgue, le mépris et le désir ardent de communiquer. Je conte l'ivrognerie, la fornication, les mariages ratés, les avortements, l'incapacité d'aimer. Puis le yoga et le désir de me réaliser, de devenir dieu, sans amour et sans pénitence. Bien qu'avec peine, je parle longtemps. La honte m'empêche de parler, les larmes m'étouffent. A la fin, je demande moi-même : « Je veux souffrir pour tous mes péchés, je veux me purifier, ne serait-ce qu'un peu. Donnez-moi une pénitence, je vous en prie ! »

Le père Guerguémène m'écoute attentivement, presque sans m'interrompre. Puis il dit dit avec un profond soupir : « Oui, ce sont de graves péchés ». Grâce à Dieu, on m'infligea une pénitence qui me semblait tout à fait légère, prononcer cinq fois par jour le « Je vous salule, Marie » avec une inclinaison profonde. Cette pénitence me fut d'un grand soutien dans les années qui suivirent.

Nos péchés – la vie de mes amis nouvellement convertis ressemblait à la mienne – nous paraissaient monstrueux, c'est pourquoi il nous était difficile de croire qu'un simple geste du prêtre suffisait pour les faire disparaître. Mais nous avions déjà l'expérience du miracle : chacun de nous était venu du néant d'une existence absurde et proche du désespoir à la Demeure du Père, à l’Église qui était le paradis pour nous. Nous savions que tout était possible à Dieu. Cela nous aidait à croire que la confession effaçait le péché. D'ailleurs, les starets disaient : « N'y pensez plus. Vous vous êtes confessés et çà suffit. En vous souvenant, vous péchez de nouveau ».

La première confession, chez certains de mes amis, avait pris un tour presque comique. Une jeune peintre et actrice, Larissa, se confessait pour la première fois à un moine très sévère. Une longue file de gens attendaient pour la confession, une foule de femmes âgées remplissait l'église, si bien qu'on pouvait tout entendre, étant donné la forte voix du prêtre.
Le moine a adressé à Larissa les questions types pratiquées actuellement par les confesseurs russes.
- As-tu fait de la sorcellerie ?, ce fut sa première question posée à voix haute. (En Russie, diverses sortes de magie sont très répandues ; on sent l'influence de l'instruction chrétienne, l'ignorance de l’Évangile .)
- Oui, j'ai fait de la sorcellerie, répondit mon amie qui avait fait en son temps quelques séances de spiritisme.
- As-tu volé ?
- Oui, j'ai volé, répondit Larissa en se souvenant qu'enfant, elle avait dérobé à sa tante un bocal de confiture.
- As-tu tué ?, fut la troisième redoutable question du moine.
Toute recroquevillée, Larissia répondit :
- Oui, j'ai tué. (Les avortements sont à notre époque un terrible fléau pour la femme russe surchargée.)
Les vieilles femmes tout autour hochaient la tête, on entendit des chuchotement étonnés. Même le vieux moine fut gêné :
Tu aurais pu te retenir, ma fille !
Ce devait être la première fois qu'il avait affaire à un converti. Il ne comprit pas qui était devant lui.

Tout cela eût lieu il y a dix ans (*), quand le processus de la renaissance religieuse russe ne faisait que commencer. Pendant des années, le Seigneur envoya à la Russie des pasteurs qui ont osé se consacrer à la jeunesse. Instruits et habités par une puissance vitale, ils ne font pas que nier en paroles le mode de vie soviétique, mais ils créent aussi leur propre monde, réel, beau et juste, ils transfigurent la terre par la force de la foi et de l'amour.

Certains prêtres russes se rejouissent de toute leur âme que « les pierres aient parlé », que des générations d'athées et de non croyants soient venus aujourd'hui à l'église. Mais tout le le monde ne peut se permettre d'être à la hauteur de l'époque, de prendre la croix qu'est la direction spirituelle de cette jeunesse.

___

Note :
(*) D'après la date de naissance de l'auteure, le récit qu'elle rapporte se déroulait dans le début des années 70, époque à laquelle, chez nous, en Europe occidentale, émergeait une autre forme de matérialisme, fondée non pas sur une idéologie, mais sur l'individualisme et l'amour de l'argent...

(A suivre)
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeLun 15 Oct 2012 - 12:16

Tatiana Goritcheva raconte sa rencontre avec son père spirituel.

"Quand moi et deux de mes amis sommes venus chacun à son tour demander la bénédiction, le prêtre nous a dit : "Venez me voir après l'offfice."
Il nous a proposé de devenir notre père spirituel.
D'abord, je me suis troublée : comment ? pourquoi ? Et si c'était une provocation ? Et si on l'avait envoyé exprès ? Et d'ailleurs comment, sans bien nous connaître (le père Léonid avait entendu parler de nous par son sacristain Boris, anciennement poète marginal), nous proposait-il des choses aussi sérieuses ? De plus, comment ce simple prêtre sans instruction pouvait-il se charger de la direction spirituelle de gens aussi complexes intellectuellement ? Tout ces doutes m'ont traversé la tête comme un ouragan en quelques secondes. L'instant d'après, poussée par je ne sais quelle force, j'ai répondu : "D'accord." Mes deux amis ont suivi mon exemple.
Le même soir, lors d'une conversation avec le père Léonid, j'ai compris ce que c'était qu'un prêtre. J'ai vu un comme capable de se tourner vers l'autre, de toute sa personne, de toute son âme, non pas à moitié. J'ai rencontré un homme qui s'intéressait à moi-même et non aux rôles que je jouais dans la vie, même pas à ma représentation de la vie, mais à mon moi concret que j'avais toujours caché, pensant que personne ne s'y intéressait. Nous étions habitués, dans nos discussions intellectuelles, à critiquer non seulement des livres et des évènements, mais aussi des gens. Le père Léonid, au contraire, ne jugeait personne, ne restait même jamais indifférent, parlait des autres comme ses propres enfants, mais sans l'aveuglement et le sentimentalisme des parents.
Ce n'était pas un intellectuel, mais il indiquait infailliblement à nos poètes les longueurs inutiles, la coquetterie, le manque de sincérité dans leurs vers. J'ai vite compris qu'il avait le don de discernement. A un petit détail, à une fausse intonation, il arrivait à recomposer la maladie dans son ensemble. Il nous soignait avec patience, doucement, presque imperceptiblement.

Un jour, à l'époque de Krouchtchev, on avait convoqué le père Léonid au KGB pour lui proposer de défroquer, comme beaucoup de prêtres l'avaient fait au cours de cette époque de terribles et sanglantes persécutions. On lui avait dit: "Regardez, il n'y a que des petites vieilles à l'église. Une fois qu'elles seront mortes, votre profession deviendra inutile." Et voici que dix ans plus tard, l'église est fréquentée par des jeunes, des intellectuels, des poètes, des savants et des philosophes. Qui aurait pu le croire ?

Le père Léonid aimait les gens doués, il exigeait des poètes de continuer à créér « pour la gloire de Dieu » afin de « ne pas enterrer nos talents ». Il aimait l'intelligentsia et semblait être né pour nous débarrasser progressivement de l'inutile, du gênant, du péché.
Il avait devant lui des gens contaminés par la folie des grandeurs, « des génies non-reconnus », maladivement vaniteux et immatures, qui demandaient d'être aimés mais ne savaient pas aimer eux-mêmes. Comme disait un ami italien : « Il est plus difficile d'aimer cette intelligentsia que d'aimer ses ennemis ».

A mesure de l'entrée de ses hommes dans l'Eglise, à mesure de leur mûrissement, le sombre souterrain névrotique de leur personne s'effaçait.

Très souvent, ayant entendu quelque chose d'important pendant la confession, le père Léonid se concentrait, restait silencieux quelques instants, puis disait : « Je dois prier, demander conseil, je te dirai tout la prochaine fois ». Il n'était jamais pressé de corriger quelqu'un. Certains des néophytes disaient : « Le père Léonid est trop bon, il permet tout ». Il est évident que les jeunes gens nouvellement convertis essayaient de changer radicalement et définitivement toute leur vie. Tourmentés par leurs anciens péchés, chutes et crimes, ils désiraient une rapide purification par la souffrance, par une vraie et dure pénitence, désir qui témoignait d'une foi ardente sans laquelle le christianisme peut dériver en une idéologie, indifférenciée, sécularisée.
Mais ce n'était pas sans danger : l'impatience du coeur, l'incapacité d'agir sur soi-même longtemps et progressivement : l'exaltation et l'excès de passion produisait l'inverse... car un Russe se croit toujours prêt à mourir pour une idée, mais à condition de ne pas bouger le petit doigt !

En vrai prêtre et père spirituel, le père Léonid savait tout cela et agissait avec beaucoup de prudence, parfois imperceptiblement. Mais petit à petit, il devenait de plus en plus exigeant, attentif à chaque détail incorrect, à chaque intonation, geste ou regard faux. C'est notre orgueil qu'il cherchait surtout à combattre. Une fois, par exemple, ayant appris que j'avais passé une soirée à me disputer avec deux croyants qui n'allaient pas à l'église, il m'a dit : « Souviens-toi, tu n'as pas le droit de te disputer, tu peux seulement donner des conseils. Si ces gens s'éloignent complètement de l'église, ce sera de ta faute.

Il m'aidait à me débarrasser de ma fausse pitié. Une de mes connaissances était une femme solitaire et inquiète, extraordinairement bavarde et égocentrique. Elle me parlait pendant des heures au point de m'épuiser complètement. Je ne trouvais pas la force de l'interrompre, d'être sévère avec elle. Je l'ai raconté au prêtre et il m'a répondu : « Tu peux voir qui tu veux, mais pas quand c'est du suicide, car le suicide est un péché. » Souviens-toi de ce qu'a fait le bon Samaritain : il a relevé l'homme, il a pansé ses blessures, lui a loué une chambre à l'hôtel et a continué son chemin. Tu dois faire pareil, sinon toutes les deux vous allez crouler sous les malheurs de cette femme ».

L'Esprit Saint recompose l'homme dans son intégrité. Après chaque entretien avec notre père spirituel, nous changions. Les gens brusques et tendus devenaient ouverts et doux. Les relâchés se concentraient. On apprenait le sens de la mesure. On devenait beau malgré soi. Les efforts du père Léonid étaient consacrés à faire de nous, chaotiques et difformes, une parfaite icône de Dieu. Il voulait nous aider à devenir des personnes.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeVen 19 Oct 2012 - 11:04

"La conversion m'a ramenée à l'enfance."

Avant, je vivais, comme beaucoup, avide d'acquérir des connaissances, du savoir-faire, des livres, des amis. J'avais toujours peur de perdre le temps, qui ne cessait d'accélérer son cours et se précipitait d'une manière diabolique, comme une locomotive démente derrière les vitres de laquelle on ne peut plus distinguer le paysage. La mémoire ne retenait plus les impressions.

A vingt-cinq ans, ma vision du monde était celle d'une vieille femme. J'avais l'impression d'avoir goûté à tout, d'avoir tout connu. Puis vint la conversion. Il m'est évident que Dieu a touché non seulement mon esprit, mais aussi mon âme, mon coeur, toute ma perception. Je me sens comme dans les meilleurs moments de mon enfance. L'âme purifiée, délivrée de toute méchanceté, est devenue ouverte, étonnée, sans défenses. Le monde m'adresse un regard nouveau, immédiat, il me blesse et me réjouit. C'est étrange, mais je ne me souviens même pas de mes réactions « adultes » d'il y a quelques mois.
Comme si mon âme était délivrée de sa peau, comme si tous les mécanismes de défense qui m'aidaient à cacher aux autres ma vie intérieure avaient disparu. Pendant des années, j'ai érigé des murs de glace autour de mon moi, aidée par l'ironie, la présomption, le snobisme, l'indifférence, la hiérarchie stricte qui me permettait de classer les gens en mes égaux, l'élite et le troupeau, tous les autres. C'était fini. Je suis devenue sans défenses. Mais comme je me sens bien !

Comme je respire librement !
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeLun 22 Oct 2012 - 9:51

A propos de la souffrance en Dieu

Une moniale, la mère Onoufria, me disait que le lendemain où elle avait prononcé ses voeux, elle s'était réveillée athée. Elle, dont la foi était autrefois si ardente et si ferme, ne ressentait plus du tout la présence de Dieu. Cet état d'abandon a duré plusieurs années. Dieu était absent comme la lumière était absente d'une caverne profonde et sombre. Alors la mère Onoufria a compris que Dieu lui demandait un amour complètement libre, sans soutien, un amour face au vide.

Un starets lui a expliqué que seuls les élus, les enfants préférés de Dieu étaient soumis à cette épreuve. Dieu les élève au niveau de sa propre solitude, il veut qu'ils ne soient pas seulement ses esclaves et ses enfants, mais aussi ses amis

Cette souffrance d'être abandonné par Dieu, notre Seigneur l'a vécue lui-même sur le Golgotha. De par sa nature, cette souffrance est opposée à celle des martyrs. Ceux-ci connaissent et ils voient Dieu, ils en témoignent. Les martyrs pour le Christ sont des personnes joyeuses. Niëla Sadouaïté, qui est catholique, a déclaré au cours de son procès : « C'est le jour le plus heureux de ma vie. Je vais souffrir pour le Christ. »

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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMer 24 Oct 2012 - 14:07

Mais ce sentiment d'abandon et d'absence de Dieu n'est-il pas un martyr en soi ? Un martyr psychique et spirituel je veux dire...
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMer 24 Oct 2012 - 17:23

Hélène a écrit:
Mais ce sentiment d'abandon et d'absence de Dieu n'est-il pas un martyr en soi ? Un martyr psychique et spirituel je veux dire...

En effet. Cependant, l'âme reste consciente de sa complète adhésion au Christ. Cette âme vit, en union avec Lui, l'heure suprême où le Christ s'est senti abandonné du Père. Epreuve vécue par beaucoup de mystiques - sainte Faustine a traversé cette épreuve comme cette soeur orthodoxe peu après la profession de ses voeux définitifs. Dans son Journal, ce sont les autres soeurs et sa supérieure qui se sont rendus compte de son état et l'ont conseillée afin de supporter ce qui lui arrivait.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeJeu 25 Oct 2012 - 12:43

Le repentir libérateur.

« Le besoin du repentir en Russie est si fort qu'il menace parfois de se transformer en auto-destruction nihiliste. Beaucoup, en devenant chrétiens, abandonnent non seulement leur travail officiel, leur carrière, mais se détournent de la culture, des livres , de toutes les tentatives d'agir dans le monde.

Vladimir I., jadis un statisticien doué, la fierté de l'Université de Léningrad, a annoncé qu'il ne pouvait plus se consacrer à la science « en raison de son état de santé », a donné sa démission, a pris l'emploi mal rémunéré de liftier (la moitié de notre « séminaire » de convertis travaillait dans des ascenseurs), mais ne s'est joint ni à notre groupe, ni à aucun autre. Il a donné sa bibliothèque à des amis, a vidé sa chambre de tout ce qui n'était pas religieux, n'a gardé que les icônes. Le matin et le soir, aux heures d'ouverture, il est dans l'église. Le reste du temps, il est difficile de le voir, car il s'isole pour dire la prière de Jésus.

Victor M., un jeune homme brillant, a soudain disparu de la vie. On raconte qu'avec sa femme, il est parti vivre dans un village éloigné, qu'il y travaille comme gardien de l'église et qu'il se souvient avec terreur de son passé de païen.

Sacha P., qui ne se sépare plus des épîtres de saint Paul, qui les connaît presque par coeur, réunit chaque jour des jeunes pour les leur lire et en parler avec eux. Dans sa vie précédente, il était le meilleur de son lycée, puis le meilleur mathématicien et un poète dont la renommée commençait de se répandre. A vingt-trois ans, constatant que quelque chose manquait à sa vie, il s'était mis à boire et se laissa aller... C'est ainsi qu'il se retrouva dans un hopital psychiatrique où il rencontra des chrétiens qui y étaient enfermes à cause de leur propre "folie". Sorti de l'asile, Sacha alla tout droit à l'église, se fit baptiser et se sentit renaître.

Autrefois sociologue soviétique prospère, Slava D, participait à de nombreux colloques de sociologie nationaux et mondiaux. Mais il menait une double vie: pendant les réunions du parti, il appelait à accomplir les décisions du dernier congrès, et le soir, avec ses amis, il racontait des histoires antisoviétiques. A un certain moment, sa conscience s'est réveillée: il a compris qu'il ne vivait pas comme il le devait. Au moments des évènements de Tchécoslovaquie, il rendit sa carte de parti, ce qui signifiait perdre son emploi, ses amis et tout ce qui avait fait sa vie autrefois. C'est sa femme, personne douce et timide qui lui fit découvrir le christianisme. Il déclara plus tard: "J'ai vu combien le visage d'un homme en prière était beau et cela a suffi".

Quand j'ai fait une enquête parmi mes étudiants à l'école de médecine, personne n'a répondu qu'il croyait en Dieu, mais beaucoup ont dit qu'ils croyaient au destin. Nulle part au monde on ne croit autant aux présages : certains comptent les numéros des tickets de tramways et avalent les tickets porte-bonheur, d'autres s'intéressent à l'horoscope ; gitanes, diseuses de bonne aventure et sorcières de toutes sortes, prospèrent à qui mieux mieux. C'est compréhensible : on a jeté sur cette société un filet de peur, qui l'empêche de croire à ses propres forces, à la possibilité de changer sa vie. L'emprisonnement intérieur et extérieur total, l'asservissement, la persécution, une vie sans issue, poussent les gens à avoir recours au moyen extrême qu'est la magie. Ils veulent apitoyer Dieu en l'asservissant, mais deviennent eux-mêmes des esclaves.

Jadis beaucoup de mes amis vivaient en tremblant devant le destin. Le christianisme les a libérés. Le christianisme remplace l'idée de destin par celle de la Croix. « Le langage de la croix est folie pour ceux qui se perdent mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu », dit l'apôtre Paul. Le destin avait emprisonné l'homme, avait fait de lui un éternel débiteur. L'homme avait peur de se réjouir. La Croix, en rendant l'homme responsable, le libère paradoxalement.

Le destin fait de l'homme un objet parmi d'autres objets, une poussière constamment manipulée. La Croix témoigne de l'amour infini de Dieu pour nous, elle nous montre que l'homme peut même faire revenir Dieu sur sa décision, comme c'est arrivé lorsque Dieu a eu pitié de Ninive ; ainsi, il peut avoir pitié de chacun de nous, car la prière peut tout. « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche. » Probablement nulle part qu'en Russie soviétique n'ont résonné avec autant de force.


Dernière édition par boisvert le Mar 30 Oct 2012 - 14:25, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMar 30 Oct 2012 - 14:23

En route vers le monastère

Nous allions au monastère pour une semaine. Au moment où ces lignes sont écrites, il ne reste plus en Russie que dix-sept monastères, tous hérités des républiques annexées après la guerre : Lettonie, Ukraine, Lituanie, où ils n'ont pas été fermés. A cause du contrôle des passeports, on ne pouvait pas obtenir d'autorisation pour un délai plus long. Mais trois jours passés dans un monastère suffisaient pour nous faire oublier le ramollissement dans lequel nous vivions et à nous faire retrouver la plénitude du souffle spirituel, afin de pouvoir, une fois revenus dans le monde, affronter le combat avec des forces nouvelles.

Je livre mes impressions après une journée au monastère. Je laisse de côté l'essentiel : l'office monastique et la prière. Ces éléments mystérieux et profonds, j'en parlerai une autre fois avec l'aide de Dieu. Pour l'instant, il s'agira uniquement de personnes que moi et mon amie avons rencontrées au monastère quand, par une journée d'été, nous sommes montés à Pskov dans un autobus en direction de Petchory.

Le père Alexandre

Il était assis en face de nous dans cet autobus de province, étouffant, où nous étions fort secoués. Nous avons reconnu ce typique prêtre de villageois, non à l'habit – interdit bien sûr - , mais à tout un côté démodé : son pardessus vétuste bleu foncé, son chapeau melon gris, sa mince barbiche, la sacoche qu'il tenait entre ses mains. Le père Alexandre nous a parlé d'une voix forte et inspirée. Tout le monde dans l'autobus l'écoutait : soit avec enthousiasme et attendrissement, soit en ricanant ouvertement, d'un air agressif et irrité.

Il parla durant tout le chemin qui dura une heure et demie. La paroisse du père Alexandre se trouvait dans un villlage lointain. Orateur talentueux et brillant, plus d'une fois il avait remis en place des athées à la solde de l'Etat. « En plus, camarade Aloguinov (c'était le nom d'un de ses opposants, je vous dirai que je ne suis pas une survivance du capitalisme, mais une survivance du communisme, car je suis né déjà à l'époque soviétique, j'ai servi pendant sept ans dans la Marine, j'ai été partisan, j'ai travaillé à l'usine, et c'est après avoir beaucoup vécu et réfléchi que je suis devenu croyant. »
« En ce qui concerne le progrès matériel, je peux vous dire, camarade Aloguinov, que dans la vie il n'y a pas que la prospérité, mais aussi des contradictions aigües et des tragédies. »
« Vous écrivez, camarade Aloguinov, que le peuple soviétique va de l'avant parce qu'il suit l'idéologie la plus progressiste. Je vous ferai remarquer que mes paroissiens suivent à cent pour cent non pas l'idéologie la plus progressiste, mais une bouteille de Vodka ! »

Le père Alexandre nous raconte qu'il a été convoqué au commissariat pour propagande relieuse. Le milicien lui a demandé : « C'est vrai, vous prétendez qu'il n'y a pas de liberté chez nous ? » Le père Alexandre a répondu : « Pour moi, il n'y a de liberté que dans le Christ. Quant à toutes les autres libertés, je peux dire que si elles existaient, je ne serais pas ici ». Plus d'une fois on lui a jeté des pierres, on a menacé de le tuer. Il dit que la foi l'a rendu sans peur et qu'il désire de toute son âme souffrir pour le Christ.

Il se dit simple chrétien. « Comment pourrais-je alors ne pas reconnaître l'existence de Dieu quand je regarde le ciel étoilé, que je m'asseois sur la tombe d'un proche ou que j'assiste au supplice des martyrs ? » Sur le point de nous quitter, il nous dit dans un souffle : « J'ai compris : vous êtes comme les prêtres Dimitri Doudko et Gleb Yakounine. Tenez bon et ne craignez rien ! »

Notes :
Le 30 janvier 1980, l'Archevêque de Paris appellerait à une réunion de prières pour Dimitri Doudko, à l'occasion de son arrestation .
Spoiler:
Quant à Gleb Yakounine, je le retrouve dans un article de « Libération » en 1995 :
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMer 31 Oct 2012 - 1:16

Est-ce qu'on parle ici de la Russie de notre époque?
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeMer 31 Oct 2012 - 7:21

Lumière a écrit:
Est-ce qu'on parle ici de la Russie de notre époque?

D'après ce que j'ai lu, l'Eglise orthodoxe russe a eu, durant les années soviétiques, un patriarcat désigné par le Kremlin ! Ce qui a suscité certains problèmes, bien sûr. Les patriarches étaient-ils encore de vrais prêtres ? Ou des agents de Moscou - ou du pouvoir en place actuellement ? Il y a là un problème de légitimité qui n'est sans doute pas encore résolu.

Je cite ci-après l'article du prêtre Gleb Yakounine, cité par la convertie de mon livre et qui a écrit dans Libération durant les années 90:

"Les persécutions des années 30 ont chassé l'Eglise dans les catacombes jusqu'en 1943 (1). A cette date, officialisant le retour à l'idéologie de grande puissance, Staline a créé une structure inféodée au ministère de la Sécurité d'Etat: le Patriarcat de Moscou. Lui conférant le monopole de juridiction sur l'espace orthodoxe de l'URSS, Staline, à l'aide de cette contrefaçon d'Eglise, comptait détruire ce qui restait de l'Eglise orthodoxe authentique (1), restée indépendante du régime communiste.

On parle volontiers, aujourd'hui, d'une délivrance de l'Eglise et de l'instauration en Russie d'une ère de liberté religieuse. Effectivement, depuis 1990, les relations entre l'Eglise et l'Etat sont régies par la Loi sur la liberté religieuse, à l'élaboration de laquelle j'ai pris part et qui est un des textes les plus démocratiques adoptés par la Russie, en accord avec les normes internationales. Dans les faits, il n'y a pas d'égalité des confessions. Comme un lobby infatigable, le Patriarcat de Moscou cherche, depuis 1993, à obtenir une révision de la loi de 1990, afin qu'on lui reconnaisse une position privilégiée et, symétriquement, qu'on établisse un régime discriminatoire à l'égard des autres confessions. Ainsi, la direction de l'EOR cherche à consolider de jure la situation dominante qui est de facto la sienne. Certes, personne ne nie que l'orthodoxie est la plus traditionnelle et la plus nombreuse des confessions en Russie. Mais l'EOR est-elle bien le successeur légitime de cette Eglise qui était reconnue en Russie depuis mille ans, celle du concile de 1917-18? On doit aussi se demander si l'EOR apporte une réponse aux besoins spirituels du peuple russe? Est-elle effectivement le support spirituel et le gardien moral de la société; bref, sa présence au monde est-elle à la hauteur des exigences d'aujourd'hui? Mon opinion est claire. Le Patriarcat de Moscou ne cherche ni à consolider sa légitimité successorale ni à s'affirmer à la hauteur de sa vocation d'Eglise chrétienne. Bien au contraire, il prend le chemin opposé. Si la haute nomenklatura de l'EOR bénéficie de la reconnaissance des autorités , elle le doit à son long passé d'interpénétration avec la nomenklatura communiste et à sa riche expérience de délation. Elle le doit aussi au fait qu'après l'éclatement de l'URSS, le Patriarcat de Moscou est resté l'unique structure qui englobe dans son territoire juridictionnel les nouveaux Etats indépendants. Entre les mains d'une politique russe de grande puissance, l'EOR est un instrument de pression idéologique sur les pays de la CEI et les Républiques baltes.

L'EOR a tenu à Moscou, du 29 novembre au 2 décembre, un concile épiscopal dont les actes surabondent de références au concile local de 1917-18 et d'affirmations sur un retour du Patriarcat de Moscou aux principes de ce concile phare. Ces discours sur la collégialité et sur la parenté avec le concile de 1917-18 n'ont été pour le Patriarcat qu'une couverture propagandiste. Il suffit de regarder combien les structures de direction adoptées en 1917-18 (élection des évêques par l'ensemble de l'Eglise ou participation directe des fidèles à l'administration de l'Eglise) étaient démocratiques et combien est restée totalitaire la structure de l'EOR instaurée en 1943. Le Patriarcat de Moscou est en effet une formation religieuse d'un type nouveau, dont la naissance a plus à voir avec le MVD stalinien qu'avec l'Eglise orthodoxe russe historique. L'actuel saint-synode (2) s'est approprié les fonctions du Conseil supérieur de l'Eglise, un organisme de gestion, de contrôle et d'administration économique créé en 1917 et qui était composé en nombre égal d'évêques, de représentants du clergé diocésain et de fidèles. Dans la conception du concile de 1917-18, le saint-synode était l'instance dirigeante entre deux conciles locaux en matière spirituelle, dogmatique et charismatique; les conciles locaux élisaient les membres du saint-synode et tous les évêques y étaient éligibles; le cumul de la participation au saint-synode et d'une fonction dirigeante dans les organismes de gestion était interdit. Le Patriarcat de Moscou procède à l'envers: les membres du saint-synode sont élus par le synode, qui est aussi l'instance qui attribue diocèses et fonctions aux évêques, ce qui détruit les fondements mêmes d'une organisation ecclésiale qui préserve la grâce divine. Certains observateurs étaient prêts à inscrire au crédit du concile épiscopal d'avoir empêché l'Eglise de tomber dans le précipice de la national-orthodoxie et des Cent-Noirs (3), dont l'inspirateur est le métropolite de Saint-Pétersbourg, Johan. On a vu un fait positif dans le refus par le concile de s'associer aux milieux fondamentalistes qui voulaient qu'on condamne l'activité oeucuménique et la participation de l'EOR au Conseil oeucuménique des Eglises. Le concile a également refusé de s'associer à la haine de ces milieux à l'encontre des prêtres Alexandre Borissov et Georges Kotchetov, coupables, aux yeux des fondamentalistes, d'avoir contribué à la renaissance dans leurs paroisses d'une pratique communautaire vivante et donc coupables à la fois de modernisme et d'archaïsme. Je ne vois pas de mérite dans le refus du concile de soutenir des marginaux. En revanche, il était du devoir du concile de condamner la campagne délirante profasciste et antisémite du métropolite Johan, mais les évêques s'en sont révélés incapables.

Le chauvinisme se répand comme une tumeur maligne dans les milieux orthodoxes. Ce processus n'est pas seulement pernicieux pour la santé interne de l'Eglise. Au moment où on assiste à une rapide fusion de l'Eglise avec l'Etat, accompagnée de la volonté d'imposer l'orthodoxie à la société en qualité d'idéologie officielle, l'Eglise, malade de son isolationnisme, se met elle-même en danger et représente un danger pour la société.

Moi qui suis prêtre de cette Eglise, cela me fait doublement mal de voir comment on cultive, dans les milieux orthodoxes, des attitudes antichrétiennes et comment des groupes, ignorant l'enseignement évangélique de l'amour, implantent l'intolérance dans l'Eglise orthodoxe. A la racine de cette crise spirituelle on trouve encore une fois ce chauvinisme russe de grande puissance, sur la base duquel on a restauré (ou plutôt, on a créé de neuf), il y a cinquante ans, le Patriarcat de Moscou.
."
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeJeu 1 Nov 2012 - 0:57

Qu'en est -il de la possibilité du retour de la monarchie en Russie?Les monarchies ont souvent des liens très forts avec les religions . Je sais qu'il y a un nouveau parti politique en Russie qui est pro-monarchie.
Est-ce que Poutine serait prêt a ce que la monarchie fasse un retour en Russie?Il aime tellement avoir le contrôle a lui tout seul.Mais peut-être accepterait-il qu'il y ait une monarchie uniquement symbolique,qui n'aurait pas de pouvoir!?!
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeLun 5 Nov 2012 - 12:19

J'aimerais que tu répondes a mes questions boivert!
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MessageSujet: Re: Le pouvoir du Notre Père   Le pouvoir du Notre Père Icon_minitimeLun 5 Nov 2012 - 12:40

Je veux bien répondre à vos questions, mais je ne suis pas omniscient ! Et puis, il faut dire aussi que je TRAVAILLE !

Pour ce qui de la possibilité du retour de la monarchie en Russie, Tatiana n'en parle pas... reste le web, mais sur le net, le nouveau tsar serait déjà là en la personne de Poutine !

Pour l'instant, rien d'autre...
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