Trouvé ma mère sur le sol de sa chambre, à la maison de repos, sa voisine debout à la porte, en train d'essayer d'appeler une aide-soignante ou l'infirmière d'étage. Cette dernière est arrivée et m'a fait des reproches: "Vous ne deviez pas la lever la remettre sur sa chaise roulante ! Et si elle avait le col du fémur cassé ?" Je n'ai rien dit sur le coup, puis j'ai regardé ma montre et j'ai dit: "Madame, je suis arrivé il y a dix minutes à ma montre. Permettez-moi de vous demander QUAND vous comptiez faire quelque chose ?" . Puis, j'ai ajouté: "De toute manière, j'ai appelé son médecin." Sur quoi elle m'a regardé avec les yeux ronds : "A cette heure-ci ?!?" ...
Après tout, nous ne sommes pas encore en congé, le médecin habite à trois cents mètres à pieds de la maison de repos, et il a proposé lui-même à ma mère de jeter un coup d'oeil...
Je suis reparti et me voici à la boutique. Apparemment pas d'hospitalisation de contrôle.
Mais cet incident révèle ma vulnérabilité psychologique. Je suis trop proche sans doute. Ne devrais-je pas prendre de la distance à l'égard de ma mère ? En ville, je ne connais plus grand monde - en tout cas des personnes de confiance. Il faudra bien s'y habituer...
A Noël, nous n'aurons qu'une table pour deux, elle et moi. Ni les soeurs de ma mère, pourtant encore valides, ni sa fille aînée de Bruxelles, ni ses petits-enfants ne viennent. Ils sont tous venus la première année après le décès du père, ensuite de moins en moins, et plus du tout depuis deux ans. Ai-je eu tort de vouloir "boucher les trous" ? Ô Vierge sainte, rendez moi fort !