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 La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeLun 30 Déc 2019 - 16:25

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU


Nous sommes faits pour l'Infini

elle est la leçon spirituelle contenue pour nous dans le mystère de l'Infinité divine. Nous sommes faits pour l'Infini, pour connaître Dieu dans sa vie intime et pour l'aimer par-dessus tout. C'est ce qui explique que rien ici-bas ne peut nous satisfaire, et que nous sommes libres de répondre ou de ne pas répondre à l'attrait des biens finis. Et chaque fois que nous sentons la limite ou la pauvreté de ces biens périssables, nous devons remercier Dieu, car c'est une occasion et une nécessité parfois pressante de penser à l'infinie richesse, à l'infinie plénitude de vérité et de bonté qui est en lui.

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU


Dieu est infini, avons-nous dit, non pas d'une infinité quantitative, comme celle d'un corps sans limites, mais d'une infinité qualitative ou de perfection, la seule qui puisse convenir à l'Esprit pur, et à l'Être même, qui subsiste immatériel au sommet de tout. Cette infinité est un mode de tous ses attributs; c'est ainsi que nous parlons de son infinie sagesse, de son infinie bonté, de sa puissance infinie.

Pour nous faire une juste idée de sa Providence et de son extension universelle à tous les temps et à tous les lieux, il nous faut considérer maintenant l'immensité et l'éternité divines, dans leurs rapports avec l'espace et le temps, qui leur sont infiniment inférieurs.

Si nous considérons l'Être infiniment parfait de Dieu par rapport à l'espace, nous lui attribuons l'immensité et l'ubiquité. Dire que Dieu est immense, c'est dire qu'il est sans mesure et capable d'être en tout lieu. Lui attribuer l'ubiquité, c'est affirmer que de fait il est partout présent. Avant la création, Dieu était immense, mais il n'était pas de fait présent en toutes choses, puisque les choses n'existaient pas.

Ce serait une grosse erreur de se représenter l'immensité divine comme un espace sans limites, comme il serait faux, nous le verrons, de concevoir l'éternité divine comme un temps sans limites.

Dieu est pur esprit; il ne peut y avoir en Lui de Parties comme dans l'étendue; on ne peut distinguer en Lui les trois dimensions de l'espace: la longueur, la largeur, la hauteur ou la profondeur. Si nous les attribuons parfois à l'intelligence divine, c'est seulement par métaphore. Mais en réalité Dieu est infiniment supérieur à l'espace, même à un espace sans limites, comme l'éternité divine est infiniment supérieure au temps, même à un temps sans limites.

Ce fut l'erreur de Spinoza d'attribuer à Dieu l'immensité spatiale, Dieu ne serait plus pur esprit, il aurait un corps, c'est-à-dire une partie de lui-même serait moins parfaite que l'autre; il ne serait plus la Perfection même. L'immensité divine n'est donc pas corporelle, mais spirituelle, infiniment au-dessus de l'espace.
Si nous voulons entrevoir la grandeur de cette perfection divine il nous faut considérer trois présences divines fort distinctes.

1° La présence générale d'immensité en toutes choses.

2° La présence spéciale de Dieu dans les âmes justes.
3° La présence très spéciale du Verbe dans l'humanité du Sauveur et le reflet de cette présence dans l'Église et dans le Vicaire de Jésus-Christ.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Jan 2020 - 4:36

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La Présence générale d'immensité


Comment faut-il entendre ces paroles qui reviennent souvent dans l'Écriture : Dieu est partout ? - Dieu est partout par sa puissance, à laquelle toutes choses sont soumises, et par laquelle il meut tous les êtres ou les porte à l'action. - De même Dieu est partout par sa présence, en tant qu'il connaît tout, tout est à découvert sous son regard, même les détails infimes des choses, même les secrets les plus cachés de nos cœurs, et les derniers replis de notre conscience. -- Enfin Dieu est partout par son essence, en tant qu'il conserve toutes les créatures dans l'existence par son action conservatrice, qui est son être même.
De plus, comme Dieu crée immédiatement et non par l'intermédiaire d'une créature ou d'un instrument, ainsi son action conservatrice, qui est la continuation de l'action créatrice, s'exerce immédiatement sur l'être même de toute créature, sur ce qu'il y a en chacune d'elles de plus intime. Il est ainsi présent dans les plus lointaines nébuleuses que nos télescopes parviennent à peine à découvrir.

Et donc sans être corporel, par un simple contact virtuel de sa puissance créatrice et conservatrice, Dieu, qui est pur esprit, est en tout lieu, partout où il y a des corps qu'il conserve dans l'existence. Bien plus, dans une zone de l'être supérieure à l'espace, il est présent à tous les esprits qu'il conserve immédiatement dans l'être, comme toutes les créatures.

Ainsi Dieu, pur esprit, est présent à tous les êtres, à toutes les âmes, dont il est le centre éminent, comme le sommet d'une pyramide contient éminemment tous les côtés de celle-ci. Dieu est la force spirituelle qui maintient tout dans l'existence, comme le dit la liturgie : Rerum Deus tenax vigor, immotus in te permanens.

Présence spéciale de Dieu dans les justes

Mais il y a une présence spéciale de Dieu dans les âmes en état de grâce, qu'elles soient sur la terre, au purgatoire ou au ciel. Dieu est en elles, non plus seulement comme une cause conservatrice (il est ainsi même dans les corps inanimés qu'il conserve), mais il habite dans les âmes justes, comme en un temple, où il peut être quasi expérimentalement connu et aimé.

Notre-Seigneur a dit : « Si quelqu'un m'aime, il observera ma parole et mon Père l'aimera, et nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » Joan., XIV, 23. Nous viendrons ? Qui viendra ? Serait-ce seulement la grâce créée ? - Non, ce sont les Personnes divines, le Père et le Fils et aussi le Saint-Esprit promis par lui, qui viennent habiter dans les âmes justes.

Ainsi l'a compris l'Apôtre saint Jean qui dit (I Joan., IV, x6) : « Dieu est charité, et celui qui est dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui ».

En deux justes séparés l'un de l'autre par une grande distance terrestre, l'un étant à Rome, l'autre au Japon, c'est le même Dieu qui habite, qui les éclaire, qui les fortifie, qui les attire à Lui.

Saint Paul dit de même I Cor., III, 16 : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » - I Cor.,VI, 19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous n'êtes plus à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez Dieu dans votre corps » par une conduite digne de lui. Saint Paul dit encore aux Romains, V, 5 : « La charité de Dieu a été répandue en vous par l'Esprit-Saint qui vous a été donné ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMer 1 Jan 2020 - 16:58

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

Présence spéciale de Dieu dans les justes


Cette belle doctrine est répandue dans l'Église primitive, les martyrs la proclament hautement devant leurs juges. Sainte Lucie de Syracuse répond au juge Paschase : « Les paroles ne peuvent manquer en ceux qui ont en eux le Saint-Esprit ». - « Le Saint-Esprit est donc en toi » ? - « Oui, tous ceux qui mènent une vie chaste et pieuse sont le temple du Saint-Esprit. »

Les Symboles de l'Église et les Conciles, comme le Concile de Trente, affirment que la Sainte Trinité habite dans les âmes justes comme dans un temple et que de temps en temps elle fait sentir sa présence par une inspiration plus lumineuse, par une paix plus profonde, comme celle qu'éprouvèrent les disciples d'Emmaüs lorsque Notre-Seigneur leur parlait sur le chemin, Luc, XXIV, 32 : « Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures » ? Enfin saint Paul dit aux Rom., VIII, 16 : « Le Saint-Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ».

Dieu nous fait ainsi sentir sa présence spéciale par l'amour filial qu'il nous inspire pour lui et qui ne peut venir que de Lui, comme la paix qu'il nous donne. (Cf. S. Thomas, Comm. in Ep. ad Rom., VIII, 16.).

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus

Mais au-dessus de la présence générale de Dieu en toutes choses, et au-dessus de sa présence spéciale en toute âme juste, il y a la présence unique, absolument exceptionnelle du Verbe dans l'humanité de Jésus.

Le Verbe n'est pas seulement présent à la sainte humanité du Christ par une union accidentelle de connaissance et d'amour, comme dans les saints, mais par une union substantielle, en ce sens que le Verbe a assumé et pris pour toujours comme sienne la sainte humanité de Jésus, c'est-à-dire sa sainte âme et son corps virginalement conçu. Il n'y a ainsi en Jésus-Christ qu'une seule et même personne, qui possède la nature divine et la nature humaine, sans confusion de l'une et de l'autre, un peu comme chacun de nous possède son âme et son corps sans confusion de l'un et de l'autre.

Cette union substantielle de l'humanité du Christ au Verbe de Dieu dépasse sans mesure, on le voit, et la présence générale d'immensité de Dieu en toutes choses et même sa présence spéciale dans les âmes justes de la terre, du purgatoire ou du ciel.
Il y a de plus en la sainte humanité du Sauveur comme une participation admirable de l'immensité divine, en ce fait que son corps est rendu présent par la consécration eucharistique dans tous les autels de la terre où il y a des hosties consacrées. Il est en elles non pas comme dans un lieu, mais par manière de substance. La substance de soi n'est pas étendue, elle est en quelque sorte supérieure à l'étendue et à l'espace, et c'est ce qui permet d'entendre que le même corps du Christ présent au ciel, soit, sans être multiplié, réellement présent en tous les tabernacles du monde où il y a des hosties consacrées, un peu comme Dieu même est réellement présent en tous les corps qu'il conserve dans l'existence. Il y a là un reflet de l'immensité divine.

Nous trouvons un autre reflet de cette perfection de Dieu, dans l'influence universelle qu'exerce l'Église simultanément dans toutes les parties du monde.

En un sens, l'Église est partout à la surface de la terre. L'âme de l'Église comprend en effet toutes les âmes en état de grâce; et l'Église, en tant qu'elle est à la fois une et catholique, exerce, partout où l'Évangile est prêché, la même influence surnaturelle.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeJeu 2 Jan 2020 - 22:40

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus


Malgré la diversité des nations, des races, des coutumes, des mœurs, des institutions, l'Église apporte, partout où son influence s'exerce, l'unité de foi, d'obéissance à la hiérarchie, de culte surtout par la sainte messe, l'unité de nourriture par la communion, l'unité de vie, puisque chacun doit se nourrir de Jésus-Christ, l'unité de sentiments chrétiens, d'espérance et de charité. Tous ayant à vivre de la grâce et plus tard de la gloire, il y a aussi pour eux unité de fortune, les mérites du Christ, et unité d'héritage, la vie éternelle.

Or cette influence de l'Église, ainsi présente dans les différents peuples depuis près de deux mille ans, ne saurait s'exercer sans le Pasteur suprême, établi par Notre-Seigneur comme son vicaire. C'est l'exercice de la juridiction papale et épiscopale, qui garde au sein de l'Église la doctrine évangélique, par un enseignement infaillible, la morale et la perfection chrétiennes, par le maintien des lois divines et l'établissement des lois ecclésiastiques, le culte, par les diverses formes de la liturgie.

Le Christ Jésus a promis et conféré à Pierre et à ses successeurs le primat de juridiction sur l'Église universelle (Matthieu, XVI, 16 - Jean, XXI, 15) et il leur a dit aussi : « Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».

Il y a là un reflet admirable de l'immensité et de l'ubiquité de Dieu.

En résumé : Dieu, pur esprit, est immense et partout présent, en tant que par sa puissance créatrice il conserve toute créature corporelle ou spirituelle dans l'existence, la meut, et aussi en tant qu'il voit tout à découvert, même les secrets les plus intimes des cœurs, que les anges ne peuvent voir naturellement.

Dieu ainsi présent en toute créature, l'est spécialement dans les justes ou dans les âmes en état de grâce; il y est comme dans un temple, où il est connu et aimé, et parfois il nous fait sentir sa divine présence par l'amour filial, que Lui seul peut nous inspirer pour lui.
Le Verbe de Dieu est encore beaucoup plus spécialement présent dans l'Humanité du Christ, à laquelle il est uni non seulement de façon accidentelle par la connaissance et l'amour, mais substantiellement, car il ne fait qu'une seule et même personne, un seul et même être avec elle, sans confusion des deux natures.

Par un reflet admirable de l'immensité divine, la Sainte Humanité du Sauveur est réellement et substantiellement présente dans tous les tabernacles du monde, où il y a des hosties consacrées. C'est partout le même corps du Sauveur qui, sans se multiplier, s'y trouve réellement par manière de substance, un peu comme Dieu, pur esprit, sans se multiplier, est présent en toute créature qu'il conserve dans l'existence.

Enfin autre reflet de l'immensité divine : le Vicaire de Jésus-Christ, chef visible de l'Église, est par son influence doctrinale et par sa juridiction, présent à toute l'Église, il atteint en un sens tous les fidèles de toutes les régions, de tous les peuples, pour les garder dans l'unité de foi, d'obéissance, de culte, d'espérance, de charité, et pour les conduire ainsi comme Pasteur suprême vers les pâturages éternels.

Et comme en Dieu l'immensité, qui domine l'espace, s'unit à l'éternité, qui domine le temps, dans l'Église, le pouvoir de Pasteur suprême, qui s'étend à tous les fidèles dans l'espace, s'étend aussi à tous les fidèles qui se succèdent dans le temps depuis la fondation de l'Église, jusqu'à la fin du monde.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeVen 3 Jan 2020 - 16:44

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE


CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU  

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus  


La grandeur de l'Église apparaît surtout lorsqu'on la considère à la lumière supérieure des perfections divines qui se reflètent en elle : l'immensité divine dans la catholicité de l'Église, l'éternité divine dans l'indéfectibilité de l'Église, l'unité divine dans l'unité de l'Église, la sainteté divine dans la sainteté de l'Église.

Au-dessus des divers diocèses, au-dessus des Ordres religieux, la grandeur de l'Église apparaît comme une participation de celle du Christ, de celle même, de Dieu. Malgré les petitesses humaines, qui se glissent partout où il y a des hommes, la beauté surnaturelle de l'Église apparaît ainsi comme celle du royaume de Dieu.

Il faut s'habituer à voir ainsi les choses non pas horizontalement et superficiellement, comme si elles avaient toutes la même valeur, la même importance; c'est là une vision matérialiste des choses, conception niveleuse qui supprime toute élévation et toute profondeur. Il faut s'habituer à voir les choses en quelque sorte verticalement, ou en profondeur : Au sommet Dieu, esprit pur, immuable, éternel, immense, qui conserve et vivifie tout ; au-dessous l'Humanité du Sauveur, qui nous transmet toute grâce, et qui est présente dans tous les tabernacles du monde, au-dessous la Vierge médiatrice et corédemptrice, les saints, puis le Pasteur suprême de l'Église, les Évêques, les fidèles en état de grâce, les chrétiens qui conservent la foi divine et catholique sans être en état de grâce, et puis les âmes qui cherchent la vérité, d'autres qui s'égarent mais qui reçoivent pourtant à certaines heures de Dieu et de Notre-Seigneur des grâces de lumière et d'attrait.

Cette vue en quelque sorte verticale, ou si l'on veut, non pas superficielle, mais haute et profonde, c'est la contemplation qui procède de la foi, éclairée par les dons d'intelligence et de sagesse. Elle doit normalement s'accompagner d'une prière catholique, c'est-à-dire universelle: prière qui s'élève vers l'éternité et l'immensité de Dieu, par le cœur sacré du Sauveur et par Marie, pour faire déborder en quelque sorte la Miséricorde divine sur le Pasteur suprême de l'Église, sur les Évêques, les généraux d'ordre, sur tous les fidèles, pour que tous, pleinement fidèles à leur vocation, répondent à ce que le Seigneur leur demande et pour qu'ils s'acheminent saintement vers Lui.  

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU


Après avoir parlé de l'immensité divine par rapport à l'espace, il nous faut dire ce qu'est par rapport au temps l'éternité de Dieu. Sans elle on ne saurait concevoir la Providence, dont les décrets sont éternels. Voyons d'abord la notion inexacte qu'on se fait parfois de l'éternité divine, nous comprendrons mieux ensuite sa véritable et très belle définition.

Qu'est au juste l'éternité ?

On se fait souvent une idée en partie erronée de l'éternité divine, en se contentant de la définir une durée sans commencement ni fin, et l'on pense confusément à un temps sans limites dans le passé et dans l'avenir.
C'est là une notion tout à fait insuffisante de l'éternité. Car un temps qui n'aurait pas eu de commencement, qui n'aurait pas eu de premier jour, serait toujours cependant une succession de jours, d'années, de siècles, succession dans laquelle il y aurait le passé, le présent, le futur. Ce n'est pas là du tout l'éternité. En remontant dans le passé on pourrait compter les siècles sans arriver jamais au bout, comme en pensant à l'avenir on se représente les actes futurs des âmes immortelles, actes successifs qui n'auront pas de terme. Même s'il n'avait pas eu de commencement, le temps eût été une succession de moments variés.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Jan 2020 - 2:24

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


L'instant présent, qui constitue la réalité du temps, est un instant qui fuit entre le passé et le futur, « nunc fluens », dit saint Thomas, un instant qui fuit comme l'eau d'un fleuve, comme le mouvement apparent du soleil sur lequel nous comptons les heures et les jours. Qu'est-ce donc que le temps ?

C'est, comme dit Aristote, la mesure du mouvement, surtout la mesure du mouvement du soleil, ou plutôt celle du mouvement de la terre autour du soleil le mouvement de rotation de la terre autour de son axe dure un jour, et son mouvement de translation autour du soleil dure un an. - Si la terre et le soleil avaient été créés par Dieu de toute éternité, et si le mouvement régulier de la terre autour du soleil n'avait pas commencé, il n'y aurait pas eu de premier jour, ni de première année, mais il y aurait eu dès toujours une succession d'années et de siècles, cette succession eût été une durée sans commencement ni fin, mais une durée infiniment inférieure à l'éternité, car on pourrait toujours y distinguer le passé, le présent et le futur.

En d'autres termes, vous pouvez multiplier les siècles passés par des milliards et des milliards, c'est toujours le temps; si long qu'on le suppose, il n'est pas l'éternité.

Qu'est-ce donc alors que l'éternité divine, s'il ne suffit pas pour la définir de dire qu'elle est une durée sans commencement, ni fin ?

La théologie répond : C'est une durée sans commencement ni fin, qui a ceci de très spécial, de caractéristique, qu'il n'y a aucune succession en elle, qu'il n'y a pas de passé, ni de futur, mais un présent qui dure toujours; non pas un instant qui fuit comme celui du temps qui s'écoule, mais un instant immobile qui ne passe jamais, un instant immuable, « nunc stans non fluens, » dit saint Thomas (Ia, q. 10), comme un matin perpétuel, non précédé d'une nuit, ni suivi d'un soir.

Comment concevoir cet instant toujours le même de l'immobile éternité ?

Tandis que le temps, succession des jours et des années, est la mesure du mouvement apparent du soleil, ou du mouvement réel de la terre, l'éternité est la mesure ou la durée de l'être de Dieu, de sa pensée et de son amour. Or l'Être de Dieu, sa pensée et son amour sont absolument immuables, sans changement, ni variations ou vicissitudes.

En effet Dieu, étant nécessairement la plénitude infinie de l'Être, ne peut rien acquérir, ni rien perdre. Dieu ne devient jamais plus parfait, ni moins parfait, il est la Perfection même immuable.

Cette stabilité absolue de l'être divin s'étend nécessairement à sa sagesse et à sa volonté : toute mutabilité, tout progrès dans la connaissance divine ou dans l'amour divin supposerait une imperfection.

Cette immutabilité n'est point celle de l'inertie, ni de la mort ; elle est au contraire celle de la vie suprême, qui possède d'emblée tout ce qu'elle peut et doit avoir, sans avoir besoin de l'acquérir et sans pouvoir en rien perdre.

Nous arrivons ainsi à la véritable, définition de l'éternité, définition très haute et très belle, pleine d'enseignements spirituels pour nous.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeDim 5 Jan 2020 - 16:35

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Boèce dans son livre de la Consolation a donné de l'éternité cette définition restée classique : « Aeternitas est interminabilis vitae TOTA SIMUL et perfecta possessio ». L'éternité est la possession parfaite et simultanée ou non successive d'une vie interminable. C'est l'uniformité d'une vie immuable, sans commencement ni fin, qui se possède elle-même toute à la fois. L'expression principale de cette définition est tota simul, toute à la fois. Ce qu'il y a d'absolument caractéristique dans l'éternité divine, ce n'est pas d'être sans commencement, ni fin, c'est d'être sans changement, de telle sorte que Dieu possède sa vie infinie toute à la fois.

Platon dit que le temps est l'image mobile de l'immobile éternité, autant que l'instant qui passe peut être l'image de l'instant qui ne passe pas.

Aussi le temps avec ses moments successifs a été souvent comparé à la base d'une grande montagne dont le sommet représenterait l'unique instant de l'éternité. Du sommet de l'éternité Dieu voit en effet d'un seul regard toutes les générations qui se succèdent dans le temps, comme un homme du haut d'une montagne peut voir d'un coup d'œil tous les voyageurs qui passent dans la vallée. Ainsi l'unique et invariable instant de l'éternité correspond à tous les moments successifs du temps, à celui de notre naissance et à celui de notre mort. Le temps est ainsi comme la monnaie de l'éternité.

Ce qui caractérise le temps c'est le changement ou le mouvement dont il est la mesure; ce qui caractérise l'éternité c'est l'instant immuable dans lequel Dieu possède sa vie infinie, interminable, toute à la fois.

Ici-bas nous ne possédons pas notre vie toute à la fois; dans l'enfance nous ne possédons pas la vigueur de la jeunesse, ni l'expérience de l'âge mûr, et dans l'âge mûr nous ne possédons plus la candeur de l'enfance, ni la promptitude de la jeunesse. Si nous ne possédons pas notre vie toute à la fois, nous ne possédons pas non plus notre année toute à la fois, elle a ses saisons variées; nous n'avons pas en hiver, ce que nous aurons en été; nous ne possédons pas non plus notre semaine, ni notre journée toute à la fois, notre vie s'éparpille en quelque sorte; en elle se distinguent des heures de prière, des heures de travail, des heures de repos et de divertissement. Au lieu de posséder notre vie toute à la fois, nous ne la possédons que successivement, comme nous écoutons successivement la suite d'une mélodie.

On dit par contre que Mozart arrivait à entendre une mélodie, non pas successivement, comme les autres auditeurs, mais « toute à la fois » dans la loi même qui l'engendre. En composant le début d'une mélodie, il en pressentait et en quelque sorte il en entendait la fin.

Entendre une mélodie toute à la fois, c'est une image lointaine de l'éternité divine, par laquelle Dieu possède simultanément, sans aucune succession, sa vie infinie de pensée et d'amour. Impossible pour Dieu de distinguer en sa vie, en sa pensée, un avant et un après, un passé et un futur, une enfance, une jeunesse, un âge mûr.

Nous avons une autre image lointaine de l'éternité divine dans le savant, qui après avoir longtemps étudié toutes les parties d'une science successivement, arrive à les voir en quelque sorte toutes à la fois dans les principes supérieurs de cette science, dans l'idée mère, dont toutes les autres idées sont comme le développement successif. Newton devait voir ainsi les diverses lois de la physique comme des conséquences d'une loi suprême, et saint Thomas à la fin de sa vie voyait en quelque sorte d'un seul regard toute la théologie, en quelques principes supérieurs.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeLun 6 Jan 2020 - 16:00

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Nous avons une image moins éloignée de l'éternité dans l'âme des saints, lorsqu'ils sont arrivés à une vie d'union à peu près continuelle avec Dieu; ils s'élèvent alors au-dessus de l'instabilité et de la fuite du temps.

Pour les saints, bien qu'il y ait des heures de travail et des heures de prières, ils prient encore lorsqu'ils travaillent, et le sommet de leur âme, restant presque toujours uni à Dieu, possède en quelque sorte leur vie « toute à la fois » ; au lieu de diviser leur vie, de l'éparpiller, ils l'unifient.

L'éternité de Dieu est donc la durée d'une vie qui non seulement n'a pas commencé et ne finira jamais, mais qui est absolument immuable et par suite toute présente à elle-même en un instant qui ne passe pas. En un maintenant absolu, non fugitif, elle condense éminemment les moments variés qui se succèdent dans le temps.

A l'homme prisonnier de ses sens l'éternité immuable paraît une mort, parce qu'il ne pense qu'à l'immobilité inerte et non à celle qui est la plénitude d'une vie si parfaite qu'il ne peut y avoir pour elle de progrès.

Il suit de là que la pensée divine, mesurée par l'éternité, embrasse d'un regard tous les temps, toutes les générations qui se succèdent, tous les siècles.

Elle les voit d'un seul regard préparer la venue du Christ, et ensuite bénéficier de cette venue.

La pensée divine par ce regard unique voit où seront nos âmes dans cent ans, dans deux cents ans, dans mille ans et toujours. Si l'on ne perdait pas de vue cette vérité; beaucoup d'objections faites contre la Providence s'évanouiraient.

La vraie notion de la Providence est comme une résultante de la contemplation des perfections divines qu'elle présuppose.

Comme la pensée de Dieu, son amour est immuable : sans changer en rien en lui-même, il appelle à l'existence les âmes à l'heure fixée de toute éternité. Cet amour dit de toute éternité un fiat libre, qui doit librement se réaliser dans le temps ; alors à l'heure fixée les âmes sont créées, elles sont justifiées par le baptême, ou par la conversion, elles reçoivent des grâces multiples et, si elles ne résistent pas, la grâce de la bonne mort qui les sauve.

L'effet créé est nouveau, mais l'action divine qui le produit n'est pas nouvelle. « Est novitas effectus absque novitate actionis », dit saint Thomas. L'action divine est éternelle, mais elle produit son effet dans le temps quand elle le veut.

Au sommet de l'éternité Dieu ne change point, mais au-dessous de lui tout change, sauf les âmes qui se fixent en lui pour participer à son éternité.

L'éternité et le prix du temps

Quelle leçon spirituelle est contenue pour nous dans cette perfection divine de l'éternité ?
Une grande leçon : l'union à Dieu dès ici-bas nous rapproche de l'éternité, et nous montre tout le prix du temps qui nous est concédé pour notre voyage :

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMar 7 Jan 2020 - 17:01

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

L'éternité et le prix du temps


Un temps très court, soixante, quatre-vingts ans, dont dépend une éternité, une très courte préface à un livre sans fin.

La pensée de l'éternité nous montre surtout le prix de la grâce du moment présent. A chaque instant, pour bien faire notre devoir, nous avons besoin d'une grâce, celle que nous demandons dans l'Ave Maria en disant : « Sancta Maria, Mater Dei; ora pro nobis nunc et in hora mortis nostræ. Amen ». Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant...

Nous sollicitons ainsi la plus particulière des grâces, qui varie à chaque minute, nous met à la hauteur de nos devoirs tout le long du jour, et nous fait voir la grandeur de toutes les petites choses qui ont quelque rapport avec l'éternité. En disant ce maintenant, si nous sommes trop souvent distraits, Marie, qui nous écoute, n'est pas distraite. Elle accueille notre prière, et la grâce nécessaire en la minute présente, pour continuer de prier, de souffrir, d'agir, vient à nous, comme l'air respirable vient à notre poitrine.

Pendant que la minute présente s'écoule, rappelons-nous que ce qui existe, ce n'est pas seulement notre corps, notre sensibilité douloureusement ou joyeusement impressionnée, mais aussi notre âme spirituelle, le Christ qui influe sur elle, la sainte Trinité qui habite en nous.

Tandis que les esprits superficiels et légers ont une vue horizontale des choses, et voient les choses matérielles et la vie de l'âme sur le même plan, celui du temps qui s'écoule, les saints ont constamment une vue verticale des choses, ils les voient d'en haut et en profondeur et contemplent Dieu au sommet de tout. Par l'idée de l'éternité ils jugent de la valeur du temps, du passé, du présent, de l'avenir, et peu à peu se fait la mise au point de leurs jugements.

A leur exemple abandonnons à l'infinie Miséricorde tout le passé de notre vie, comme aussi l'avenir, et vivons de façon très pratique en esprit de foi de l'instant présent; voyons dans ce maintenant qui fuit, qu'il soit terne, joyeux ou pénible, une image lointaine de l'unique instant de l'immobile éternité et une preuve vivante, par la grâce actuelle qu'il contient, de la bonté paternelle de Dieu.

Marchons ainsi, sous l'influx de Notre-Seigneur qui ne cesse de s'offrir pour nous au sacrifice de la messe, par une oblation intérieure toujours vivante en son cœur et supérieure au temps, comme la vision qui béatifie sa sainte âme.

En marchant ainsi nous nous rapprochons de l'éternité, où nous devons un jour entrer. Que sera cette entrée dans la gloire ? Recevoir la vie éternelle, qui consiste à voir Dieu comme il se voit, d'une vision immédiate qui ne sera jamais interrompue par le sommeil ou la distraction, d'une vision immuable du même objet infini dont nous n'épuiserons pas les profondeurs; vision qui sera suivie d'un amour de Dieu également immuable que rien ne saura nous faire perdre, ni diminuer.

Cette vision et cet amour seront mesurés, non plus par le temps, mais par l'éternité participée, car, bien qu'ils doivent commencer, ils seront ensuite à la fois sans fin, et sans aucun changement, c'est-à-dire sans avant, sans après; l'instant qui mesurera notre vision béatifique, sera l'unique instant de l'immobile éternité.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMer 8 Jan 2020 - 16:10

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

L'éternité et le prix du temps


Nous en pouvons avoir quelque soupçon, lorsque quelquefois nous sommes absorbés par la contemplation d'une haute vérité et par la prière, sans prendre garde que le temps s'écoule.

Si nous avons quelquefois cette impression, que sera-ce dans la vie future, qui mérite vraiment d'être appelée non pas seulement vie future, mais vie éternelle, parce qu'elle sera mesurée non plus par le temps, mais par l'éternité qui est la mesure de l'être et de la vie toute simultanée de Dieu. Alors nous aussi nous posséderons notre connaissance toute à la fois et non plus éparpillée, nous posséderons notre amour tout à la fois au lieu de le voir languir dans des alternatives de tiédeur et de ferveur passagère.

Pour finir arrêtons-nous à cette pensée de saint Augustin : « Unis ton cœur à l'éternité de Dieu et tu seras éternel, unis-toi à l'éternité de Dieu, attends avec lui les événements qui se passent au-dessous de toi ». (Comm. in Ps. 91.)

L'éternité n'est obscure que pour nous; en soi elle est beaucoup plus lumineuse que le temps qui fuit; elle est l'immutabilité de la connaissance souverainement lumineuse et de l'amour de Dieu.

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Le clair-obscur des mystères de la vie de Dieu.
« Qui sequitur me, non ambulat intenebris » Jean, VIII, 12.


Les attributs relatifs à l'être même de Dieu sont, nous l'avons vu, la simplicité, l'infinité, l'immensité, l'éternité.

Avant de traiter de ceux relatifs à ses opérations, comme la Sagesse et la Providence, il convient de parler de l'incompréhensibilité divine, qui est si profondément marquée en certaines voies du gouvernement divin.

Nous y trouverons une grande leçon pour notre vie spirituelle. Nous insisterons particulièrement sur ceci qu'il y a en Dieu pour nous quelque chose de très clair, et qu'il y a aussi en lui pour nous quelque chose de très obscur. Comme il y a en peinture le clair-obscur, où a excellé Rembrandt, il y a aussi dans la doctrine révélée des clairs-obscurs, et incomparablement plus beaux que ceux que nous admirons dans les œuvres des plus grands peintres. Et ces clairs-obscurs, qui pour nous existent en Dieu, nous les trouvons dans une mesure en notre vie spirituelle, puisque la grâce est une participation de la nature divine ou de la vie intime de Dieu.

Les grandes clartés divines


Parlons d'abord de ce qu'il y a de clair pour nous en Dieu. Très certainement dès ici-bas nous pouvons par l'exercice naturel de notre raison, en dehors même de la foi, démontrer l'existence de Dieu, premier moteur des esprits et des corps, cause première de tout ce qui existe, Être nécessaire, Souverain Bien et Ordonnateur de toutes choses.
Dans le miroir des créatures nous trouvons un reflet des perfections absolues de Dieu; nous le connaissons ainsi positivement en ce qu'il a de semblable ou d'analogiquement commun avec ses œuvres, en tant qu'il est un être réel et actuel, qu'il est bon, sage, puissant.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeVen 10 Jan 2020 - 16:09

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Les grandes clartés divines


Et lorsque nous voulons désigner ce qui lui convient en propre, nous le faisons d'une façon négative et relative à l'objet de notre expérience ; ainsi nous disons que Dieu est l'Être infini, ou non-fini, immuable, et qu'il est le Bien suprême.

Ces certitudes rationnelles, qui sont déjà par elles-mêmes très fermes, sont encore confirmées par la révélation divine, reçue par la foi.

Nous avons là des certitudes de diamant, inébranlables. Il est absolument clair pour nous que Dieu ne peut exister sans être infiniment parfait, que Dieu ne peut se tromper, ni nous tromper, que Dieu ne peut vouloir le mal, qu'il ne peut être en aucune façon cause du péché. Nous sommes même incomparablement plus sûrs de la rectitude des intentions divines que de la rectitude de nos intentions les meilleures.

Il y a là pour nous en Dieu une lumière en quelque sorte éblouissante. De même il est absolument évident pour nous d'une part que Dieu est l'auteur de tout bien, même du bien de notre bon consentement salutaire, et d'autre part qu'il ne commande jamais l'impossible.

Rien ne peut prévaloir contre ces évidences souveraines, dont la clarté s'impose à toute raison droite qui s'ouvre à la vérité. Il est clair que Dieu ne peut exister sans être souverainement juste, sans être aussi souverainement Miséricordieux, souverainement sage et souverainement libre.

Et pourtant malgré ces clartés éblouissantes, il y a pour nous en Dieu quelque chose de très obscur. D'où cela vient-il ?

L'obscurité trans lumineuse

L'obscurité que nous trouvons en Dieu, vient de ce qu'il est beaucoup trop lumineux pour les faibles yeux de notre intelligence, qui ne peuvent supporter son infinie splendeur.

Dieu est invisible et incompréhensible pour flous, parce que, dit l'Écriture, « il habite une lumière inaccessible » (I Tim., VI, 16) qui nous fait l'effet de l'obscurité.

Dans l'ordre sensible il semble à l'oiseau de nuit que l'obscurité commence lorsque le soleil se lève, parce que ses faibles yeux ne peuvent percevoir que la faible lumière du crépuscule ou celle de l'aurore à peine naissante, et ils sont éblouis par la clarté trop forte du soleil.

Il y a quelque chose de semblable pour notre faible intelligence par rapport à Dieu, soleil des esprits.

Notre intelligence est la dernière de toutes, inférieure à celle des anges; elle ne voit les vérités intelligibles qu'au crépuscule, dans le miroir inférieur des choses sensibles, comme dans la pénombre.

Notre intelligence a besoin d'être unie aux sens, dit saint Thomas (Ia, q. 76, a. 5), pour que ceux-ci lui présentent l'objet qui lui est proportionné.

La dernière des intelligences connaît d'abord son objet propre : le dernier des intelligibles, l'être des choses sensibles, et c'est en lui, comme en un miroir, qu'elle connaît très imparfaitement l'existence de Dieu, et qu'elle voit le reflet des perfections divines.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeSam 11 Jan 2020 - 17:23

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LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Et donc Dieu est invisible pour nous, parce qu'il est trop lumineux pour nous; tandis que beaucoup de choses sont invisibles parce qu'elles ne sont pas assez lumineuses en soi ou pas assez éclairées.

Il est de toute évidence que Dieu, qui est pur esprit, ne peut être vu par les yeux du corps, qui ne perçoivent que ce qui est sensible. Dieu ne peut être vu non plus par l'intelligence créée, laissée à ses seules forces naturelles.

Même les anges les plus élevés ne peuvent par les seules forces naturelles de leur intelligence voir Dieu immédiatement; Il est, même pour eux, une lumière trop forte, naturellement inaccessible.

Ils ne peuvent naturellement le connaître que dans le miroir des créatures spirituelles, qui constituent leur objet propre, dans le miroir qui est leur propre essence ou nature et l'essence des autres anges. Ils connaissent naturellement Dieu comme l'auteur de leur nature, mais naturellement ils ne peuvent connaître sa vie intime, ni le voir immédiatement face à face.

Pour le voir, il faut que les anges, comme les âmes humaines, aient reçu la lumière de gloire, lumière surnaturelle, qui n'est point due à leur nature, et qui vient fortifier leur intelligence pour qu'elle puisse supporter la splendeur de Celui qui est la Lumière même.
Dieu lui-même ne peut nous donner aucune idée créée capable de représenter son essence divine, telle qu'elle est en soi.

Cette idée créée serait toujours imparfaite, intelligible par participation seulement, et incapable donc de représenter tel qu'il est en soi ce pur éclair intellectuel éternellement subsistant, qu'est l'essence divine et sa vérité infinie.

Si Dieu veut se montrer à nous tel qu'il est en soi, il ne peut le faire qu'immédiatement, en nous manifestant la splendeur infinie de son essence divine, sans l'intermédiaire d'aucune idée créée, en soutenant et fortifiant notre intelligence trop faible par elle-même pour le voir.

C'est ainsi que les bienheureux au ciel voient Dieu, et nous avons le désir d'arriver à cette vision, qui sera notre éternelle béatitude.

Dieu donc est invisible pour les yeux de notre corps et pour ceux de notre esprit, parce qu'il est trop lumineux pour nous.

Mais d'où vient que ce Dieu invisible, contient à la fois pour nous tant de clarté et tant d'obscurité, comme nous le disions en commençant ? D'où vient ce clair-obscur, si attirant et si mystérieux ?

Il est tout à fait évident que Dieu ne peut exister sans être souverainement sage, souverainement bon, souverainement juste, qu'il est l'auteur de tout bien, qu'il ne commande jamais l'impossible. Et alors d'où vient qu'il y ait en lui tant d'obscurités pour nous à côté de cette splendeur éblouissante ?

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeDim 12 Jan 2020 - 16:20

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LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Cela vient de ce que nous ne connaissons les perfections divines que par leur reflet dans les créatures, et alors nous pouvons bien énumérer ces divines perfections les unes après les autres, mais nous ne pouvons pas voir naturellement comment elles s'unissent dans la vie intime de Dieu, dans l'éminence de la Déité.

Ce mode intime de leur union nous reste absolument caché; il est trop lumineux pour nous, trop haut pour se refléter dans un miroir créé. Nous sommes, avons-nous dit plus haut, vis-à-vis de la Déité, comme des hommes qui n'auraient jamais vu la lumière blanche, mais seulement les sept couleurs de l'arc-en-ciel reflétées dans l'eau limpide d'un lac.

Nous voyons à n'en pas douter les couleurs de l'arc-en-ciel divin, c'est-à-dire par exemple que Dieu est infiniment sage et qu'il est aussi souverainement libre ; mais nous ne pouvons pas voir comment l'infinie sagesse se concilie intimement avec un bon plaisir tellement libre qu'il peut à certains moments nous paraître arbitraire. Oui, ce bon plaisir est souverainement sage, si surprenant soit-il pour nous ; cela nous le croyons dans l'obscurité, nous ne le verrons clairement qu'au ciel.

De même nous sommes absolument certains que d'une part Dieu est infiniment Miséricordieux, qu'il est aussi infiniment juste et qu'il exerce avec une souveraine liberté sa Miséricorde et sa justice sans manquer jamais de sagesse. Si la grâce de la bonne mort, dit saint Augustin, a été accordée au bon larron, c'est par Miséricorde ; si elle n'a pas été accordée à l'autre, c'est par justice. Il y a là un mystère.

Nous ne pouvons pas voir comment se concilient intimement l'infinie Miséricorde, l'infinie justice et la souveraine liberté. Pour cela il faudrait voir immédiatement l'essence divine, la Déité, qui concilie ces perfections en son éminence, plus et mieux que la lumière blanche ne contient les sept couleurs de l'arc-en-ciel.

C'est ainsi qu'il y a en Dieu pour nous des vérités extrêmement claires sur chaque attribut pris à part, et qu'il y a une obscurité translumineuse, dès qu'il s'agit de leur intime conciliation.

De même encore nous voyons nettement que Dieu, très bon et très puissant, ne peut permettre le mal que pour un plus grand bien, comme la persécution pour la gloire des martyrs ; mais souvent ce plus grand bien reste fort obscur pour nous et nous ne le verrons clairement qu'au ciel.

C'est ce que dit si éloquemment le livre de Job. Il y a assez de clarté pour que Notre-Seigneur ait pu dire : « Qui sequitur me non ambulat in tenebris, celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres ». Et, si obscure que soit notre croix, nous pouvons la porter en lumière, en pensant qu'elle est ordonnée au bien de notre âme et à la gloire de Dieu.

Nous avons souvent à vivre dans ce clair-obscur mystérieux, qui se trouve dans notre existence même considérée dans ses rapports avec celui qui nous attire à Lui sans se montrer encore.

De là naît le vif désir surnaturel et efficace de voir Dieu, désir qui est celui de l'espérance et de la charité infuses. De là naît même chez tous les hommes un désir naturel inefficace, une velléité naturelle de voir Dieu immédiatement pour résoudre cette énigme comment se concilient en Lui certains attributs en apparence aussi opposés que l'infinie Justice et l'infinie Miséricorde.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeLun 13 Jan 2020 - 15:48

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Il suit de là que ce qu'il y a pour nous d'obscur et d'incompréhensible en Dieu est supérieur à ce qu'il y a de clair. L'obscurité dont il est ici question est en effet translumineuse.

Ce que les mystiques appellent la grande ténèbre, c'est la Déité, la vie intime de Dieu, qui est la lumière inaccessible, dont parle saint Paul (I Tim., VI, 16.)

On comprend alors ce que dit sainte Thérèse : « J'ai d'autant plus de dévotion pour les mystères de Dieu qu'ils sont plus obscurs ». Elle savait en effet que cette obscurité n'est pas celle de l'absurde ou de l'incohérence, mais celle d'une trop grande lumière pour nos faibles yeux.

Et donc dans ce clair-obscur divin, l'obscur est supérieur au clair. La foi nous dit que cette obscurité impénétrable, c'est le souverain Bien en ce qu'il a de plus intime, et alors à cette bonté absolument éminente, cachée, incompréhensible pour notre intelligence, notre charité adhère ; l'amour se nourrit ici du mystère en l'adorant.

L'amour dépasse ici l'intelligence, car comme le dit saint Thomas, tant que nous n'avons pas la vision béatifique de l'essence divine, notre intelligence attire en quelque sorte Dieu à nous en se le représentant de façon très imparfaite, en lui imposant pour ainsi dire la limite de nos idées bornées, tandis que l'amour, loin d'attirer Dieu à nous, nous attire à Lui et nous unit à Lui (Ia, q. 82, a. 3 ; IIa-IIae, q. 23, a. 6, q. 27, a. 4).

Voilà pourquoi, dans le clair-obscur divin dont nous parlons, l'obscur est supérieur au clair, et pourquoi cette obscurité translumineuse exerce ici-bas chez les saints un tel attrait sur l'amour qui les unit à Dieu.

Justus ex fide vivit ; le juste vit de la foi et se nourrit non seulement de ses lumières, mais de sa divine obscurité qui correspond à ce qu'il y a de plus intime en Dieu ; le contemplatif se nourrit de l'incompréhensibilité de la vie divine et saisit tout le sens de cette parole de saint Thomas : « Fides est de non visis, la foi porte sur ce qui n'est pas vu » (IIa-IIae, q. 1, a. 4 et 5).

Enfin même au ciel, pour les bienheureux, Dieu reste en un sens incompréhensible, bien qu'ils le voient face à face. Ils le voient sans l'intermédiaire d'aucune créature et d'aucune idée, et pourtant leur vision ne saurait être compréhensive comme celle que Dieu seul a naturellement de Lui-même. Pourquoi ?

Saint Thomas l'explique, aisément : « Comprendre une chose, au sens vrai du mot, c'est la connaître autant qu'elle est connaissable.

On peut connaître une proposition de géométrie sans la comprendre; c'est le cas de ceux qui l'admettent seulement sur la foi des savants; ils connaissent bien toute cette proposition : le sujet, le verbe, l'attribut ; mais ils ne saisissent pas sa démonstration; ils ne la connaissent donc pas autant qu'elle est connaissable » (Ia, q. 12, a. 7).

Ainsi le disciple, qui connaît toutes les parties de la doctrine d'un maître, ne la pénètre pas si profondément que lui, et ne saisit que confusément les rapports fonciers de chaque partie avec les principes suprêmes. Ainsi encore le myope voit tout un paysage, sans le voir aussi distinctement que celui qui a de bons yeux.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMar 14 Jan 2020 - 16:23

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


De même les bienheureux au ciel voient chacun toute l'essence divine qui est indivisible, mais, comme elle est l'infinie vérité, infiniment connaissable, ils ne sauraient la pénétrer aussi profondément que Dieu même; ils la pénètrent selon l'intensité de la lumière de gloire qu'ils ont reçue, intensité proportionnée à celle de leurs mérites ici-bas ou de leur amour de Dieu.

Ils ne peuvent par suite saisir comme Dieu même la multitude innombrable des êtres possibles que l'essence divine contient virtuellement, ou que Dieu pourrait produire s'il le voulait.

Il y a dans le clair-obscur divin dont nous venons de parler une grande lumière pour notre vie spirituelle. Notre-Seigneur l'exprime ainsi : Qui sequitur me non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitæ. (Jean, VIII, 12.)

La vie de la grâce en nous, étant une participation de la vie intime de Dieu, contient elle aussi pour nous un clair-obscur mystérieux, qu'il faut bien se garder d'altérer ou de fausser. La grâce nous donne la lumière, la consolation, la paix, la tranquillité de l'ordre, par là elle met en nous la clarté. Elle fait que nous ne soyons plus « dans les ombres de la mort ». Par ailleurs elle est d'ordre si élevé, qu'elle est inaccessible à notre raison, et que nous ne pouvons avoir une certitude absolue d'être en état de grâce, bien que nous en ayons des signes suffisants pour nous approcher de la sainte table.

De plus dans la voie que nous avons à suivre, il y a en un autre sens des rayons et des ombres : il y a les préceptes de Dieu et de l'Église, les ordres de nos supérieurs, les conseils d'un directeur, ce sont les rayons ; mais il y a aussi des ombres dans le fond de notre conscience, il n'est pas toujours facile de distinguer l'humilité vraie de la fausse, la magnanimité de l'orgueil, la confiance de la présomption, la force de la témérité.

Enfin et c'est là surtout qu'est le drame intérieur : dans cette obscurité de notre vie, il y a celle d'en haut, celle de la grâce trop lumineuse pour nous, et puis celle d'en bas, qui vient de ce qu'il y a d'inférieur en notre nature blessée.

Demandons souvent au bon Dieu la lumière des dons du Saint-Esprit pour cheminer comme il le faut en ce clair-obscur intérieur. L'erreur et le découragement consisteraient à nier le clair à cause de l'obscur, et à mettre par suite l'absurdité à la place du mystère. Laissons le mystère à sa vraie place. Demandons au Seigneur la grâce de distinguer l'obscurité translumineuse d'en haut, de l'obscurité d'en-bas, qui est celle de la mort.

Pour être plus sûrs d'obtenir cette grâce faisons souvent cette prière « Seigneur, faites-moi connaître les obstacles que je mets de façon plus ou moins consciente au travail de la grâce en moi, et donnez-moi la force de les ôter, si dur que cela puisse être pour moi ».

Nous trouverons ainsi la vraie lumière, et, si l'obscurité subsiste, ce sera celle d'en haut, celle dont le juste peut se nourrir, car elle n'est, pour nos faibles intelligences, qu'un aspect de la lumière de vie et du souverain bien.

En ce sens : « Qui sequitur me non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitæ ». Celui qui me suit ne marche ni dans les ténèbres de l'ignorance religieuse, ni dans celles du péché et de la damnation, mais il marche dans la lumière, car « je suis la voie, la vérité et la vie » et « il aura la lumière de vie » qui ne s'éteint jamais.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMer 15 Jan 2020 - 17:11

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Que faut-il entendre par sagesse ?


Pour attribuer à Dieu la sagesse, il faut d'abord savoir ce que signifie ce mot, ce qu'on entend généralement par là ; cela nous aidera du reste à distinguer deux sagesses extrêmement différentes : celle du monde et celle de Dieu.

Tous les hommes se flattent de savoir ce qu'est la sagesse, même les sceptiques qui la font consister à douter de tout.

La sagesse est une vue d'ensemble sur toutes choses; tout le monde s'accorde là-dessus. Mais ensuite combien de divergences ! - On peut voir toutes choses d'en haut, croire que toutes procèdent d'un saint Amour, ou du moins sont permises par lui et concourent vers un Bien suprême.

Et au contraire on peut voir toutes choses d'en bas, croire que toutes proviennent d'une fatalité matérielle et aveugle, sans aucun but. - Autre divergence : il y a une sagesse faussement optimiste qui s'aveugle sur l'existence du mal, et il y a une sagesse pessimiste et décourageante qui ne voit le bien nulle part.

Saint Paul parle souvent de la sagesse de ce monde, qui est, dit-il, une sottise ou une folie aux yeux de Dieu (I Cor., III, 19). Le propre de la sagesse de ce monde est de voir toutes choses d'en bas. Elle juge de toute la vie humaine par le plaisir terrestre qu'elle donne, par les intérêts matériels à sauvegarder, par les satisfactions qu'y trouvent notre ambition et notre orgueil.

Se placer à ce point de vue pour juger de tout, c'est se faire le centre de tout, et inconsciemment s'adorer soi-même, pratiquement nier Dieu et regarder les autres comme n'existant pour ainsi dire pas.

Si le mondain se sent trop faible pour jouer un pareil rôle, il prend pour règle de ses jugements l'opinion du monde, dont il se fait parfois l'esclave pour obtenir ses faveurs. Or l'opinion du monde fait assez généralement consister la sagesse de la vie, non pas dans un juste milieu entre les vices contraires, mais dans une tiède médiocrité entre le bien véritable et le mal par trop grossier ou pervers. Aux yeux du monde la perfection de la vie chrétienne est un excès, comme l'impiété absolue en est un autre.

Il ne faut rien exagérer, nous dit-on. On en vient ainsi à appeler bien le médiocre, qui n'est qu'un intermédiaire instable et confus entre le bien et le mal. On oublie le sens des notes qu'on donne habituellement aux enfants : très bien, bien, assez bien, médiocre, mal, très mal.

On perd de vue la distance qui sépare du bien le médiocre et on les confond l'un avec l'autre, en restant pour toujours à mi-côte au lieu de monter. On en vient ainsi à appeler charité la tolérance parfois coupable des maux les plus graves.

Sous le nom de tolérance et de prudente modération, cette « sagesse charnelle » est aussi indulgente au vice qu'indifférente à la vertu.

Elle est particulièrement sévère pour ce qui la dépasse et lui semble un reproche ; elle a même parfois la haine de la vertu éminente, qui est la sainteté.

On le vit à l'époque des persécutions, qui ne cessèrent pas sous Marc-Aurèle, un sage selon le monde, qui ne sut pas voir la grandeur du christianisme malgré le sang de tant de martyrs.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeJeu 16 Jan 2020 - 16:37

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI
Que faut-il entendre par sagesse ?


Cette sagesse du monde, qui se complaît en elle-même, est, dit saint Paul, « une folie aux yeux de Dieu » (I Cor., III, 19). - Parce qu'elle se complaît en elle-même, elle en arrive à juger de tout, même des choses les plus sublimes et du salut, par ce qu'il y a de plus médiocre et de plus vain. Elle renverse complètement l'échelle des valeurs, et mérite le nom de sottise.

Cela nous montre que la véritable sagesse est une vue supérieure des choses qui les considère comme dépendantes de Dieu, leur Cause suprême, et comme ordonnées à Dieu, leur fin dernière; tandis que la sottise, opposée à la sagesse, est le jugement de l'insensé qui considère toutes choses du point de vue le plus inférieur en les ramenant à ce qu'il y a de plus infime, à une fatalité matérielle et aveugle, ou au plaisir passager de cette vie.

- C'est ce qui fait dire à Notre-Seigneur : « Que sert de gagner l'univers, si l'on vient à perdre son âme », et à saint Paul : « Si quelqu'un veut devenir véritablement sage, qu'il devienne fou aux yeux du monde. En effet la sagesse de ce monde est folie devant Dieu ; car il est écrit je prendrai les sages dans leurs propres ruses. Et encore le Seigneur connaît les pensées des sages, et il sait qu'elles sont vaines. Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes ». (I Cor., III, 18.)

Voyons donc par contraste ce qu'est la Sagesse de Dieu. Considérons-la d'abord en elle-même, et ensuite relativement à nous.

La sagesse divine en elle-même
En elle-même la Sagesse divine est la connaissance que Dieu a de Lui-même et de toutes choses, en tant qu'il est leur cause suprême et leur fin dernière : cognitio divina omnium rerum per altissimas causas.

En d'autres termes c'est une connaissance lumineuse incréée, qui pénètre tout l'être de Dieu, et qui, de ces hauteurs, par sa pureté même, sans se souiller en rien, s'étend éternellement à tout ce qui est possible, et aussi à tout ce qui est, a été et sera, si infime ou si mauvais que ce puisse être. Tout cela, vu d'un seul regard, du point de vue le plus élevé qui se puisse concevoir.

Arrêtons-nous sur chacun de ces termes, pour entrevoir les splendeurs qu'ils cherchent à exprimer.

a. - Tout d'abord la sagesse divine est une connaissance lumineuse incréée dont le livre de la Sagesse VII, 24, 28, nous dit : « Elle est plus belle que le soleil (le soleil auprès d'elle n'est qu'une ombre, comme une tache obscure); comparée à la lumière, la Sagesse divine l'emporte sur elle, car la lumière fait place à la nuit, tandis que les ténèbres et le mal ne peuvent prévaloir contre la splendeur de la Sagesse incréée... Elle est une pure émanation de la gloire du Tout-Puissant, aussi rien de souillé ne peut tomber sur elle. Elle est le resplendissement de la lumière éternelle ». Candor est lucis æternæ.

b. - Cette connaissance lumineuse incréée pénètre tout l'être de Dieu. Il n'y a en lui pour son intelligence rien de caché, d'obscur, de mystérieux. Nous sommes, nous, un mystère pour nous-mêmes, à cause des mille mouvements de sensibilité plus ou moins inconscients, qui influent sur nos jugements et notre volonté, à cause aussi des grâces mystérieuses, offertes et souvent peut-être indirectement refusées.

Les âmes les plus limpides peuvent-elles se vanter de se connaître pleinement elles-mêmes :
Je ne me juge pas moi-même, dit saint Paul ; car quoique je ne me sente coupable de rien, je ne suis pas pour cela justifié ; mon juge c'est le Seigneur ». I Cor., IV, 4.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Jan 2020 - 2:42

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI

La sagesse divine en elle-même


Le Seigneur, lui, se connaît pleinement lui-même, autant qu'il est connaissable.
Nous ne le connaissons, nous, que par l'intermédiaire des créatures, par son reflet en elles. Il se connaît, lui, immédiatement.

Les bienheureux qui sont au ciel le voient bien aussi immédiatement, mais sans épuiser par là la plénitude infinie de son être et de sa vérité. Dieu, lui, se voit immédiatement et d'une façon compréhensive, il épuise par sa connaissance infinie la profondeur infinie de la vérité qui est en lui.

Bien plus, sa pensée lumineuse pénètre tellement son être tout immatériel, qu'elle s'identifie absolument avec lui. Pas de sommeil qui vienne interrompre en lui la vie de l'esprit ; pas de progrès qui le fasse passer d'une connaissance imparfaite à une connaissance plus parfaite ; il est par essence et de toute éternité la perfection même : un pur éclair intellectuel éternellement subsistant, la lumière spirituelle incréée au sommet de tout. (Cf. saint Thomas, Ia, q. 14, a. 1, 2, 3. 4.)

c. - De ces hauteurs la connaissance de Dieu s'étend instantanément, dans l'unique instant de l'éternité, à tout ce qui est possible, à tout ce qui existe, à tout ce qui a été et sera, si infime ou si mauvais que ce puisse être.

Comment Dieu connaît-il tout ce qui est possible, la multitude infinie et innombrable des êtres possibles ? Parce qu'il connaît pleinement sa toute-puissance qui les peut produire. Tel un artiste qui se complaît à la pensée d'œuvres très belles qu'il entrevoit, qu'il pourrait réaliser, mais qui ne verront jamais le jour.

Et comment Dieu connaît-il d'en haut les choses qui existent, tout ce qui a été et tout ce qui sera ? D'où lui vient cette connaissance ? La reçoit-il, comme nous, des choses qui arrivent à l'existence, au fur et à mesure qu'elles arrivent ?

C'est ainsi que les événements nous instruisent, et perfectionnent notre connaissance si imparfaite au début. - Dieu peut-il s'instruire par les faits quand ils arrivent à l'existence ? Évidemment non, car sa connaissance ne peut passer d'un état imparfait à un autre plus parfait ; il est la Perfection même. Et alors que faut-il dire ?

Il faut dire, remarque saint Thomas (Ia, q. 14, a.8 que tandis que notre connaissance à nous est mesurée par les choses dont elle dépend, la sagesse de Dieu est cause des choses; elle les mesure, au lieu d'être mesurée par elles.

La sagesse divine est cause des choses créées, comme l'art du sculpteur est cause de la statue, comme l'art de Beethoven a produit ses immortelles symphonies, comme l'art de Dante a produit la Divine Comédie.

Mais tandis que le sculpteur ne peut faire que des statues inertes, tandis que le grand musicien et le grand poète ne peuvent qu'ordonner des sons et des mots pour exprimer leur pensée, Dieu par sa sagesse crée des êtres vivants, conscients, intelligents, des âmes humaines et des milliers et des milliers d'anges.

« La science de Dieu, unie à sa volonté, est cause des choses, dit saint Thomas, comme l'art de l'artiste est cause de l'œuvre d'art ». (Ia, q. XIV, a. 8.)

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Jan 2020 - 16:24

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI

La sagesse divine en elle-même


Il est clair en effet, que Dieu ne peut pas mendier sa sagesse aux choses, pas plus que Beethoven ne peut s'instruire par ses propres partitions. Les choses qui arrivent ne peuvent rien apprendre au Seigneur ; mais c'est au contraire par sa connaissance féconde qu'il donne aux choses d'exister.

Comment ? En tant qu'il connaît non seulement tout ce qu'il est, mais tout ce qu'il peut et tout ce qu'il réalise, soit qu'il le réalise seul, comme lorsqu'il a créé au premier jour, soit qu'il le réalise avec nous et par nous, comme lorsqu'il nous porte à faire librement les actes que nous posons au jour le jour.

Et d'avance, dans l'unique instant de l'éternité, Dieu connaît tout ce qui sera, par exemple toutes les prières qu'il nous portera à faire librement plus tard pour obtenir les grâces qui nous sont nécessaires. Nous y reviendrons en parlant de la Providence.

La science de Dieu, loin d'être comme la nôtre causée par les choses, est donc manifestement cause des choses, qui sont les œuvres de l'art divin, du génie de Dieu.

Mais ces choses créées, Dieu les connaît-il seulement d'une façon générale et confuse, ou bien d'une façon précise, jusque dans les moindres détails ?

La révélation nous dit que « tout ce que fait l'homme, Dieu le voit » (Prov., XVI, 2) et que tous nos cheveux sont comptés, que nos moindres actes sont connus de Lui.

Comment ? C'est qu'aucun détail n'existe, que si Dieu concourt à le produire, en ce qu'il a de réel et de bon; il n'y a que le péché que Dieu ne puisse produire, car le péché comme tel est un désordre, désordre qui n'est pas de l'être, mais une privation de ce qui devrait être. La causalité divine s'étendant à tout, même aux moindres détails, la science divine s'étend elle aussi à tout; car Dieu connaît évidemment tout ce qu'il fait, tout ce qu'il concourt à produire.

Quant au péché, il ne fait que le permettre, le tolérer, en vue d'un plus grand bien. C'est par cette permission qu'il le connaît, et il le voit dans sa défaite finale, qui concourra encore à sa manière à la manifestation du bien. Nous le saisirons mieux en parlant de la Providence.

Et donc la connaissance que Dieu a de tout ce qu'il y a de réel et de bon dans le monde, vient de Lui, c'est en Lui qu'il la puise.

La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute

Tandis que nous connaissons les choses spirituelles et divines d'en bas dans le miroir des choses sensibles, Dieu voit toutes choses d'en haut, en soi-même, dans sa causalité éminente.

Nous autres, quoi que nous fassions, sur la terre nous voyons les choses spirituelles et divines par leur reflet dans les choses matérielles; c'est ainsi que nous accordons une importance énorme à des événements matériels, comme au fait de perdre un œil, tandis que des événements spirituels d'une portée incalculable, comme dans l'ordre du bien un acte de charité et dans celui du mal un péché mortel, passent presque inaperçus.

En d'autres termes nous voyons les choses spirituelles et divines comme au crépuscule, dans l'ombre des choses sensibles; c'est, pour parler comme saint Augustin, la vision du soir.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeDim 19 Jan 2020 - 15:27

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI


La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute

Inversement Dieu dans un éternel matin se connaît tout d'abord Lui-même et c'est en sa très pure essence qu'il voit d'en haut toutes les créatures possibles et toutes celles qui existent, ont existé et existeront.

C'est d'en haut, dans les choses spirituelles, qu'il voit les choses matérielles. Pour entendre une symphonie, il n'a point besoin de sens comme nous, mais il la connaît d'en haut par la loi musicale qui l'engendre, beaucoup mieux que l'artiste de génie qui la compose.

Dieu ne voit pas l'âme du juste par son corps, mais il voit plutôt son corps par son âme, comme une irradiation de l'âme.

Et donc rien d'extérieur, la fortune et tous ses dehors, ne saurait l'éblouir, le talent non plus; ce qui compte pour Dieu c'est la charité. Un mendiant, qui sous ses haillons porte le cœur d'un saint, vaut incomparablement plus aux yeux de Dieu qu'un César dans tout l'éclat de sa gloire humaine.

Il fait de même une immense différence entre le petit enfant non encore baptisé et ce même enfant après le baptême.

Tandis que la Passion du Sauveur nous paraît sombre à la lumière d'ici-bas, combien elle doit être radieuse vue d'en haut dans la lumière de Dieu, comme le sommet de l'histoire de l'humanité, le sommet vers lequel tout monte dans l'Ancien Testament, et duquel tout descend dans le Nouveau.

Dieu voit les choses non pas immédiatement en elles-mêmes dans leur obscure lumière créée, comme s'il descendait au niveau des choses et en dépendait. Il les voit en lui-même dans sa lumière éclatante, et ne peut les voir que d'en haut. Toute autre connaissance serait une imperfection, et cesserait d'être la contemplation divine. La sagesse divine voit tout ce qu'il y a de réel et de bon dans les créatures comme le rayonnement de la gloire de Celui qui est.

De même, tandis que nous ne concevons guère l'éternité que par rapport au temps dans lequel nous vivons, Dieu voit toute la suite des temps dans la lumière de l'immobile éternité.

Comme un homme, placé sur une montagne, voit d'un seul regard tous ceux qui défilent dans la plaine, ainsi dans un instant unique et éternel Dieu voit toute la suite des temps; il voit en même temps notre naissance et notre mort, nos épreuves et la gloire qu'elles nous méritent, les souffrances des justes et le profit spirituel sans fin qui en résultera. Il voit les effets dans leurs causes et les moyens dans les fins auxquelles ils sont subordonnés.

La vie des saints nous parait très belle, même vue du dehors telle que l'histoire nous la raconte; elle est incomparablement plus belle dans la pensée de Dieu.

Dieu voit tout par l'intérieur et d'en haut, il voit immédiatement la grâce qui est dans l'âme des justes, leur degré de charité, celui auquel ils arriveront au terme du voyage.

Il voit nos vies sous l'idée divine qui les dirige, idée qui ne se réalisera pleinement qu'au ciel. Entre notre sagesse et celle de Dieu il y a la différence du vitrail vu du dehors et du vitrail vu du dedans de l'église.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeLun 20 Jan 2020 - 16:50

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI
La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute


Cette sagesse infinie de Dieu s'est manifestée à nous en Notre-Seigneur, Verbe incarné, en sa vie, en sa prédication, en sa mort, en sa résurrection, en son ascension. Et Notre-Seigneur nous a donné de participer à cette divine sagesse, par la foi vive éclairée par les dons du Saint-Esprit, par les dons d'intelligence et de sagesse, qui nous font pénétrer et goûter les mystères du salut. Habituons-nous ainsi, c'est notre conclusion pratique, à voir peu à peu les choses du point de vue supérieur de Dieu, à les considérer, non pas par rapport au plaisir qu'elles peuvent nous donner, non pas par rapport aux satisfactions de l'amour-propre ou de l'orgueil, mais par rapport à Dieu, cause première et fin dernière.

Habituons-nous peu à peu, par l'esprit de foi, à voir en quelque sorte dans la pénombre de la foi toutes choses en Dieu, les événements agréables comme des signes de sa bonté, les événements pénibles et imprévus comme un appel à monter plus haut, comme des grâces cachées, purificatrices, plus précieuses souvent que les consolations. Saint Pierre était plus près de Dieu quand il fut crucifié que lorsqu'il était sur le Thabor.

Si nous nous habituons ainsi à vivre de la foi et du don de sagesse, nous nous disposerons chaque jour un peu mieux à recevoir la connaissance qui nous sera donnée au terme du voyage, où alors nous verrons Dieu immédiatement, et en lui tout ce qui procède de lui, surtout ce que ici-bas nous aurons surnaturellement aimé. Ainsi saint Dominique ou saint François voient en Dieu les destinées de leur ordre, et une mère chrétienne parvenue au ciel voit en Dieu les besoins spirituels de son fils encore sur la terre, et la prière qu'elle doit faire pour lui.

Cette sagesse correspond à la béatitude des pacifiques. Au ciel elle donnera la paix immuable unie à la joie parfaite; dès ici-bas, même lorsque nous n'avons pas la joie, elle donne la Paix, la tranquillité de l'ordre dans l'union à Dieu.

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU


Après avoir parlé de l'intelligence et de la sagesse de Dieu, pour avoir une juste idée de la Providence, il faut considérer ce qu'est sa sainte volonté et son amour pour lui-même et pour nous. La Providence en Dieu, comme la prudence en nous, suppose en effet l'amour du Bien suprême, auquel elle ordonne toutes choses.

Il n'y a pas de nom plus profané que celui de l'amour. S'il y a une sagesse charnelle, que saint Paul appelle une sottise et une folie, il y a aussi un amour inférieur, qui n'est que l'égoïsme le plus grossier et qui tourne parfois, en un clin d'œil, par la jalousie, à la haine la plus furieuse. Si bas pourtant que puisse descendre une âme, elle ne peut tout à fait oublier qu'il y a dans l'amour vrai une perfection si haute et si pure qu'on y chercherait en vain l'imperfection.

Si l'on nous demande : la tristesse peut-elle être en Dieu ? nous voyons tout de suite que non. Si l'on nous demande : la colère peut-elle être en Dieu ? nous comprenons vite qu'elle ne peut lui être attribuée que par métaphore, pour désigner la justice. Si l'on nous demande : l'amour est-il formellement en Dieu ? nous n'hésitons pas, nous affirmons que Dieu nous aime au sens propre et selon toute la plénitude du mot.

Voyons donc : 1° comment l'Amour est en Dieu, comment il s'aime lui-même et 2° ce qu'est l'Amour de Dieu pour nous. Nous suivrons toujours saint Thomas (Ia, q. 19 et 20) et en parlant de l'amour de Dieu pour nous, nous verrons avec lui ce qu'il faut entendre par la volonté de Dieu signifiée et par sa volonté de bon plaisir, distinction capitale pour bien comprendre ce que doit être l'abandon à la Providence.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMar 21 Jan 2020 - 16:09

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'amour de Dieu pour lui-même


L'Amour tel qu'il est en Dieu, ne peut pas être une passion ou émotion de sensibilité, si réglée même qu'on suppose cette émotion. Il n'y a pas en effet en Dieu de sensibilité, il est Esprit pur.

Mais l'intelligence divine, qui connaît le bien, ne peut pas exister sans la volonté divine qui veut le bien. Cette volonté ne peut être une simple faculté de vouloir; elle serait imparfaite, si elle n'était par elle-même toujours en acte, et l'acte premier de la volonté c'est l'amour du bien, amour tout spirituel comme l'intelligence qui le dirige. Tous les actes de la volonté, qu'ils s'appellent désirer, vouloir, consentir, choisir, utiliser ou même haïr, procèdent de l'amour, qui est l'éveil même de la volonté à son contact avec le bien, son objet (Ia, q. 20, a. 1).

Il y a donc nécessairement, en Dieu, un acte tout spirituel et éternel d'amour du Bien, et ce Bien, aimé de toute éternité, c'est Dieu même, son infinie perfection, qui est la plénitude de l'être. Dieu s'aime autant qu'il est aimable, c'est-à-dire infiniment, par un acte nécessaire, qui est au-dessus et non pas au-dessous de la liberté. Cet amour s'identifie même avec le Souverain Bien aimé par-dessus tout; son ardeur mérite le nom de zèle, il est comme une flamme ardente éternellement subsistante « Ignis ardens... » « Deus ignis consumens est » dit l'Écriture. Deut., IV, 24.

Il est bon de penser à cet amour ardent du bien qui existe de toute éternité en Dieu, surtout lorsqu'on voit tant d'injustices sur la terre, tant de haines, de jalousies, et lorsqu'on sent en son propre cœur l'amour du bien si faible parfois, si peu constant et persévérant.

Nous lisons dans l'Évangile : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés », c'est là l'amour ardent du bien, plus fort que toutes les contradictions, que toutes les lassitudes et tentations de découragement, fort comme la mort, plus fort qu'elle, comme nous l'avons vu en Notre-Seigneur et dans les martyrs.

Et cet amour si fort et si ardent du bien, qui doit arriver à dominer tout en nos cœurs, est comme une étincelle de ce brasier spirituel, qu'est l'amour incréé du Souverain Bien en Dieu.

Quelles sont les propriétés de cet amour ?

Il est d'abord souverainement SAINT, ou mieux il est la sainteté même; c'est-à-dire qu'il est absolument pur, et immuable dans sa pureté. Absolument pur, car évidemment ni le péché, ni l'imperfection, ne peuvent le souiller, ni l'altérer en rien; c'est trop clair, puisque le péché consiste à se détourner de Dieu ou de ses ordres, et l'imperfection à ne pas suivre ses conseils.

Cet amour est immuable en sa pureté, car Dieu ne peut cesser d'être le souverain bien, et il ne peut cesser de se connaître, ni par suite de s'aimer. Il s'aime nécessairement et non seulement son amour adhère immuablement au souverain bien, mais il s'identifie avec lui en l'aimant par-dessus tout. (Cf. Saint Thomas, Ia, q. 19, a. 3 et 7.)

Chose étrange, des philosophes, comme Kant, se sont égarés au point de voir dans cet amour par lequel Dieu se préfère à tout, non pas la Sainteté même, mais le comble de l'égoïsme. Aussi ont-ils prétendu que Dieu ne peut s'aimer ainsi par-dessus tout, et qu'il n'a pu nous créer pour sa gloire, mais seulement pour nous-mêmes; par suite ce que nous devrions aimer par-dessus tout, ce ne serait pas Lui, mais notre dignité personnelle.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeMer 22 Jan 2020 - 16:48

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

Quelles sont les propriétés de cet amour ?


Cette aberration inouïe, sous prétexte d'écarter de Dieu l'égoïsme, nous le conseille à nous comme idéal. Elle confond les deux extrêmes : la sainteté et l'égoïsme, parce qu'elle oublie de définir celui-ci.

L'égoïsme est l'amour désordonné de soi-même, par lequel on se préfère au Souverain Bien, à Dieu, ou encore à sa famille, à sa patrie. Mais comment Dieu pourrait-il se préférer au Souverain Bien ? Il s'identifie avec lui.

Lors donc que Dieu se préfère à tout, c'est le Souverain Bien qu'il préfère; s'il agissait autrement, ce serait un désordre intolérable, comme lorsque l'avare préfère son or à sa propre dignité. Si Dieu préférait à lui-même une créature, ce serait comme un péché mortel en Dieu, c'est-à-dire la dernière des absurdités.

Et donc lorsque Dieu crée, ce n'est nullement par égoïsme, c'est au contraire pour manifester sa bonté, et s'il subordonne tout à Lui, c'est au Souverain Bien qu'il nous subordonne, pour notre plus grand bonheur; notre béatitude est incomparablement plus grande, si elle consiste à posséder Dieu et à l'aimer, en le louant, que si elle consistait à nous complaire en notre dignité personnelle. De même notre gloire est d'autant plus grande que nous glorifions Dieu davantage.

« Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam » - Notre plus grande gloire, Seigneur, est de vous glorifier vous-même.

L'amour de Dieu pour lui-même, loin d'être entaché d'égoïsme, est donc la sainteté même.
Et non seulement il est absolument pur et impeccable, mais il s'accompagne d'une sainte haine du mal, qui en est la rigoureuse conséquence. On ne peut en effet vraiment aimer le bien, sans détester le mal; on ne peut aimer le Souverain Bien pardessus tout, sans détester souverainement le péché.

Dieu ne peut avoir le zèle très saint de sa Gloire, c'est-à-dire de la manifestation de sa bonté, sans détester le péché avec la même ardeur. C'est l'évidence même. Il ne peut en rien pactiser avec le mal, chercher un compromis avec lui. Dans le clair-obscur divin, c'est là le clair. Mais voici l'obscur : pourtant le mal arrive, et, à l'égard du mal obstiné, l'amour de Dieu, qui est la douceur même, devient terrible. Fortis est ut mors dilectio, dura sicut infernus æmulatio. Dieu a la haine brûlante du mal : elle n'est que l'envers de son ardent amour du Bien.

Sainteté attirante et redoutable, douce et terrible comme la maison de Dieu dont parle Jacob (Gen., 28, 17).

Cette sainteté implique toutes les perfections, même les plus opposées en apparence, comme l'infinie miséricorde et l'infinie justice, les deux grandes vertus de l'amour divin.
Il y a dans ce saint amour de Dieu pour lui-même une double leçon : 1° nous devons aimer Dieu plus que nous, puisqu'il est infiniment meilleur que nous, le préférer à nous au moins d'un amour d'estime, mais efficace, qui oriente toute notre vie vers lui. 2° Comme Dieu s'aime saintement, nous devons aimer saintement notre âme, aimer sa destinée ; elle est faite pour glorifier Dieu éternellement. Aimons-nous aussi saintement nous-mêmes en Dieu et pour Dieu, c'est la manière de combattre l'égoïsme qui est l'amour désordonné de soi-même. En un sens l'égoïste s'aime trop, en aimant trop la partie inférieure de lui-même, mais en un autre sens il ne s'aime pas assez, il n'aime pas assez la partie spirituelle de son âme, celle qui est faite pour chanter la gloire de Dieu. (Cf. Saint Thomas, Ia-IIae, q. 29, a. 4 ; IIa-IIae, q. 25, a. 7).

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeJeu 23 Jan 2020 - 16:34

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'Amour de Dieu pour nous


Si tel est l'amour de Dieu pour lui-même, comment peut-il se porter sur d'autres que lui ?
Des incrédules, les Déistes, prétendent que Dieu ne peut nous aimer au sens vrai de ce mot, qui ne serait ici qu'une métaphore. Ils disent : aimer un autre être, c'est être attiré par lui. Or Dieu, qui est la plénitude de tout bien, ne peut être attiré par nous, ne peut être passif sous l'attrait de ce bien infime que nous sommes.

La réponse à cette objection des Déistes est que l'Amour de Dieu pour nous n'est nullement passif, mais est essentiellement actif, créateur, vivificateur, tout de générosité et souverainement libre; c'est un véritable amour au sens le plus propre et le plus fort du mot.

Tout d'abord l'amour de Dieu pour nous ne saurait être en rien passif. Celui qui est la plénitude de tout bien ne peut certes pas être attiré par un bien créé, être passif sous l'attrait de ce bien infime, être captivé par lui. -

Ce n'est point parce qu'il nous a trouvés aimables que Dieu nous aime, mais c'est parce qu'il nous a aimés que nous sommes aimables à ses yeux. « Qu'avons-nous, que nous ne l'ayons reçu ? » dit saint Paul. Et saint Thomas ajoute : « Amor Dei est infundens et creans bonitatem in rebus ». (Ia, q. 20, a. 2).

Tout le bien naturel ou surnaturel, qui est en nous, ne peut nous venir que de Dieu, source de tout bien, ne peut nous venir que de son Amour créateur et vivificateur. Loin de supposer l'amabilité en nous, cet Amour la pose, la crée, la conserve et l'augmente, sans pourtant violenter notre liberté.

Pourquoi donc Dieu nous a-t-il ainsi aimés de cet amour créateur ? Pourquoi nous a-t-il donné l'existence, la vie, l'intelligence, la volonté ? Par pure générosité. N'est-ce pas une propriété du Bien de se répandre, de se donner généreusement : le Bien est essentiellement diffusif de soi, la bonté est naturellement communicative. Dans l'ordre physique, le soleil répand autour de lui sa lumière et sa chaleur fécondante; la plante et l'animal arrivés à leur perfection se reproduisent.

Dans l'ordre moral et spirituel, celui qui a la passion du bien, comme le saint, n'a de repos qu'il n'ait suscité chez les autres les mêmes aspirations, le même amour. Se peut-il que Dieu soit le Souverain Bien, la plénitude de l'être, l'amour éternel du Bien, le zèle ou l'ardeur de l'amour, et qu'il ne lui convienne pas hautement de répandre les richesses qui sont en lui, comme le chanteur est heureux de faire retentir au dehors toutes les harmonies de son chant ?

Il convient donc hautement que Dieu nous aime de cet amour créateur, en nous donnant l'existence et la vie.

S'ensuit-il que la création n'est pas libre ? que Dieu ne serait ni bon, ni sage, s'il ne créait pas ?

Non, l'Écriture nous dit que « Dieu opère toutes choses d'après le décret de sa libre volonté » (Eph., I, 11), et l'Église proclame la liberté absolue de l'Amour créateur. Il y a certes une haute convenance à ce que Dieu crée, mais à ce qu'il crée très librement, de telle sorte qu'il n'y aurait aucun inconvénient s'il n'avait pas créé; Dieu n'en serait pas moins, dans sa vie intime, infiniment bon et infiniment sage. Comme le dit Bossuet, Dieu n'est pas plus grand pour avoir créé l'univers. Sa perfection infinie n'a pu s'accroître en rien du fait qu'il nous a donné l'existence.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagra - Page 3 Icon_minitimeSam 25 Jan 2020 - 4:48

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'Amour de Dieu pour nous

La création est un acte d'amour absolument libre; et les dons naturels que nous avons reçus sont en ce sens gratuits.

Mais il y a en Dieu un acte d'amour plus grand et plus libre encore, celui par lequel il nous a fait ce don encore plus gratuit de la grâce, participation de sa vie intime, don nullement exigé par notre nature. Par cet amour vivificateur, il nous a rendus aimables à ses yeux, non seulement comme ses créatures, mais comme ses enfants, en nous disposant ainsi à Le voir et à jouir de Lui pour l'éternité.

Nous sommes beaucoup plus aimés de Dieu que nous ne pensons; pour savoir, à quel point il nous aime, il faudrait connaître pleinement le prix de la grâce qui s'épanouira dans la gloire, il faudrait avoir vu Dieu au moins un instant.

Le comble de l'amour de Dieu pour nous a été enfin l'Incarnation, la Rédemption, l'Eucharistie. Pour savoir combien Dieu nous aime, il faudrait parfaitement connaître le prix infini de l'Incarnation rédemptrice, des mérites de Notre-Seigneur pour nous, et de toutes les grâces spirituelles qui en dérivent.

Sainte Anne donnant le jour à Marie, était beaucoup plus aimée de Dieu qu'elle ne le pensait; elle ne pouvait prévoir que la fille que Dieu lui donnait serait la Mère du Sauveur et la Mère de tous les hommes.

De même, toute proportion gardée, Dieu nous aime beaucoup plus que nous ne pensons, surtout à ces heures d'épreuve, où il semble nous abandonner, et où il nous accorde ses grâces les plus précieuses, les plus profondes et les plus vivifiantes. A ces heures disons comme sainte Thérèse : « Seigneur, vous savez tout, vous pouvez tout et vous m'aimez ».

Tel est essentiellement l'amour de Dieu pour nous amour créateur, vivificateur, tout de générosité et souverainement libre.

Quelles sont les propriétés de cet amour ?

Quatre principales : Il est universel, il a pourtant ses libres préférences, pleines de sagesse, et il est invincible.

Cet amour est universel : il s'étend même aux créatures inférieures. Dieu les aime, comme le père de famille aime ses champs, sa maison, les animaux qui le servent. Mais l'amour de Dieu s'étend surtout aux âmes, à l'âme du pécheur qu'il porte à se convertir, à l'âme du juste pour le faire persévérer, à l'âme éprouvée pour la soutenir, à l'âme qui va paraître devant lui, au dernier moment de la vie (Ia, q. 20, a. 2 et 3).

Cet amour universel a pourtant ses libres préférences. S'il donne à toutes les âmes les grâces nécessaires et suffisantes pour le salut, il donne à certaines des grâces de prédilection, à saint Joseph, à saint Pierre, à saint Jean, à saint Paul, aux fondateurs d'ordres.

Et tous ces saints disent comme saint Paul : « Qu'avons-nous, que nous ne l'ayons reçu ? » (I Cor., IV, 7). « C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire selon bon plaisir » (Phil., II,13). Le Seigneur accorde à certains des grâces de prédilections, comme le chanteur donne quand il lui plaît des notes plus éclatantes. Dieu jette dans les âmes la semence divine plus ou moins belle, selon son bon plaisir.

Source : Livres-mystiques.com

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