J'aime ceux qui m'aiment

"J'aime ceux qui m'aiment" dit la Sagesse dans les Proverbes.

Saint Louis Grignon de Montfort dit que la Sagesse est personnifiée par la Sainte Vierge. La Sainte Vierge, c'est la Sagesse incarnée.

Il dit donc que ce que la Sagesse dit, c'est en fait la Sainte Vierge qui le dit.

Alors, moi je dis "j'aime ceux qui m'aiment", puisqu'il est légitime d'imiter la Sainte Vierge, même pour un homme, dans ce que son exemple a d'universel pour tout le genre humain, hommes et femmes.

On m'a beaucoup reproché de dire "j'aime ceux qui m'aiment", car cela irait à l'encontre du commandement d'aimer ceux qui ne vous aiment pas : les ennemis.

Pour moi, pourtant, il me semble que l'on doit aimer nos ennemis, non parce qu'ils sont nos ennemis, ce qui serait pervers, mais parce que ce sont des hommes comme nous, et donc qu'il sont faits à l'image de Dieu comme nous, qu'ils souffrent comme nous, que ce sont nos frères. (Saint Thomas d'Aquin dit cela, si mes souvenirs sont bons.)

J'aime donc mes ennemis, mais je préfère ceux qui m'aiment, car j'ai un titre supplémentaire à les aimer : l'amour que l'on doit se porter à soi-même.

J'aime ceux qui m'aiment. Et j'en suis fier.

Corollaire : si j'aime la Sainte Vierge, je sais qu'elle m'aime en retour: quelle consolation et quelle espérance !

[Tout ce post est fait de réminiscences de lectures. Les opinions de saint Louis Marie Grignon de Montfort sont tirées du Livre "L'Amour de la Sagesse Eternelle".]

Citation :

J'aime donc mes ennemis, mais je préfère ceux qui m'aiment.

Et pourtant n'est-il pas préférable de préférer aimer ses ennemis à ses amis puisque plus facile à aimer ?

Je comprends un peu ce que veut exprimer Bajulans...même si aimer nos ennemis est une perfection évangélique. Personnellement et humainement parlant, moi aussi j'aime ceux qui m'aiment...c'est plus facile de les aimer. Mais même à certains jours, ceux qui m'aiment...j'ai aussi du mal à les aimer ! C'est donc que l'amour, le vrai, ne vient pas de nous mais est à recevoir de sa Source : Dieu.

L'amour de réciprocité, c'est agréable...et le Seigneur ne nous en voudrait pas de vivre cette relation...mais l'amour agapè...là, c'est plus difficile et exigeant .

Mais, si je suis honnête avec moi-même, j'aime mieux ceux qui m'aiment que ceux qui me haïssent...sauf, si le Seigneur vient aimer en moi.

La question est : en Dieu, y a-t-il des ennemis ? Non... s'il y a des ennemis, c'est que nous ne sommes pas "en Dieu". Car pour Dieu, ils sont infiniement aimables nos ennemis ! Il a versé son Sang pour eux aussi autant que pour moi...

Comme disait Léon Bloy : la seule tristesse c'est de ne pas être des saints.

Hélène

Je suis d'accord mais je voulais juste signifier le fait qu'aimer ses amis c'est effectivement plus "facile" que d'aimer mes ennemis et peut être est-ce justement la la véritable compréhension de l'amour. Est ce que c'est dans la difficulté d'appréhender l'amour que j'arrive mieux à le concevoir et l'exercer ? Parce que l'amour n'est pas qu'un concept philosophique, c'est avant tout un exercice qualifiant notre vie de chrétien au service de l'évangile.
Je crois que la véritable difficulté se situe à ce niveau et c'est justement une grâce que nous pouvons demander au Seigneur de nous accorder.

Arriver à comprendre l'exercice de l'amour ou plutôt arriver à concevoir son véritable exercice.

Effectivement il est plus difficile à la nature d'aimer son ennemi, c'est même impossible sans une aide spéciale de Dieu.

Et on a évidemment plus de mérite à aimer ses ennemis que ses amis. Il est naturel de s'aimer et il est donc naturel d'aimer ceux qui vous aiment.

Mais il n'est pas interdit d'aimer ses amis. Et à mon avis on doit même plus les aimer que ses ennemis.

J'ai entendu un prêtre dans un sermon nous dire que Jésus nous demandait de nous aimer (nous et les autres) comme il nous avait aimé. Car certains ne s'aiment pas, malgré l'ordre de Dieu qui nous commande de nous aimer.

Proverbes XI

Citation :

17 L'homme charitable fait du bien à son âme, mais l'homme cruel afflige sa propre chair.

Il existe donc des gens qui ne s'aiment pas, alors Dieu nous dit "aimez-vous comme je vous ai aimé."

Pier. 1 IV

Citation :

8 Mais surtout ayez un ardent amour les uns pour les autres; car l'amour couvre une multitude de péchés.

Tout à fait. Contrairement à ce que notre monde met sous ce si beau vocable "amour" que l'on prend pour un sentiment, l'amour implique bien sûr l'affectivité mais il est avant tout : une perfection de la Volonté. C'est cette faculté qui est sollicitée et non l'affectivité.

C'est comme le combat de Thérèse de Lisieux : "je veux aimer", "je dois rechercher la compagnie des soeurs qui me sont le moins agréables", etc... c'est vraiment la volonté qui doit être travaillée par le Seigneur. C'est un réel combat contre soi-même ! Et viril en plus !

Sainte Thérèse, si mes souvenirs sont bons se forçait à aller vers une soeur qui lui tapait sur les nerfs. Si bien que la soeur lui a demandé ce qui l'attirait en elle. Je crois qu'elle n'avait su quoi répondre.

Ce n'était pas à proprement parler une ennemie, mais une personne qui l'agaçait par ses manières et sa façon de parler. Elle raconte ce secret dans sa biographie.

Vous savez Hélène, je crois qu'il y a des gens qui ne nous aiment pas et d'abord le pauvre diable qui nous déteste et vous particulièrement les femmes en inspirant la mysoginie aux hommes !

En un sens nous n'avons pas d'ennemis, mais en un autre sens nous en avons, c'est un peu libre comme option.

Ca me rappelle l'anecdote de la dernière monition du prêtre qui l'assistait au moment de sa mort, de saint Vincent de Paul. Le prêtre lui demande "Avez-vous pardonné à tout ceux qui vous ont offensé ?" "Il répond, "- Moi, mais personne ne m'a jamais offensé !"

Or quand il était étudiant, il partageait sa chambre avec un autre étudiant qui cachait son argent dans son armoire. Un garçon coursier de pharmacie, lors d'une maladie avait dérobé l'argent. Le colocataire, constatant la disparition de l'argent s'était emporté contre Vincent. "C'est ce s.... qui m'a pris mon argent" etc. Vincent était resté imperturbable.

On apprit plus tard que l'auteur du larcin était le coursier de la pharmacie, car il s'était dénoncé sur son lit de mort... Après ça dire : "moi, mais personne ne m'a jamais offensé !"

"Pas mal, non ?" comme dit Nancy Sinatra !

J'ai lu ça dans la biographie que Frossard avait consacrée à saint Vincent.

La valeur de votre philosophie, se juge à votre patience ! J'ai lu ça aussi, je ne sais plus où !

Effectivement Monsieur Vincent n'avait pas d'ennemi, parce qu'il n'avait pas bonne mémoire !

Je crois qu'effectivement nous pouvons tous méditer et faire comme la petite thérèse.

Oui, mais je crois que tout le monde n'est pas capable au cours des récréations de rechercher cette difficulté. Ca dépend du tempérament, des difficultés que l'on rencontre dans sa vie...

Il y a des degrés dans l'héroisme, on peut se contenter de choses moins difficiles pour assouplir notre nature.

Il faut dire que supporter les personnes ennuyeuses fait partie des oeuvres de miséricordes.

Moi, ce matin j'ai été estomaqué par une femme, genre bourgeoise qui claquait la bise ou serrait la main avec effusion aux clochards et vagabonds qui étaient à l'entrée de l'église à mendier juste avant la messe. Elle était gaie, enjouée, accompagnée de sa petite fille qu'elle semblait chérir, ce n'était pas un étégnoir !

Flute, moi j'aurais bien été incapable de faire ça ! Mince les clodos, ça pue et c'est casse-pieds... Non ?

Faut dire que probablement elle anime un groupe qui vient en aide aux sans abri ; et elle les connaissait, d'accord, mais elle m'a rempli d'admiration quand même !

On se sent bien loin d'être un saint quand on voit ça, on se sent tout petit, tout plein de préjugés et manquant toujours comme un timide et un imbécile les occasions de bonnes actions...