Voilà un point très d’actualité pour l’Église missionnaire qui doit agir dans des sociétés déchristianisées. Avant la catéchèse (donc les sacrements) il faut évangéliser. Parce que les sacrements sont devenus davantage du folklore qu’un rythme et une pratique de la vie chrétienne, un signe sensible de l’amour de Dieu.
Il y a 10 ou 15 ans, dans le diocèse de Montréal, certains prêtres déposèrent une requête à l’archevêque de Montréal afin de décréter un moratoire de 5 ans sur l’administration des sacrements (surtout ceux de l’initiation chrétienne). Le tout à été porter au vote du synode diocésain en 1997-98 et à été rejeté. Même si le synode est strictement consultatif, l’archevêque n’a pas renversé la décision. Des groupes de pressions (surtout des personnes âgées) croyaient qu’on voulait supprimer les sacrements, et les rumeurs les plus farfelues fusaient de tout côté à ce sujet. Nous venions de passer à côté d’une chance inouïe pour l’Église de Montréal d’amorcer une grande réflexion sur la pratique des sacrements et de rejoindre le document de travail déposé en 1991 par les Dominicains «Risquer l’Avenir» sur la situation de l’Église au Québec. Tout est dans une vision ecclésiologique des sacrements, ce qu’ils veulent signifier pour le monde et les défis d’aujourd’hui.
À propos des sacrements, le document «Risquer l’Avenir» recommandait d’évangéliser ceux que nous pouvons évangéliser et les conduire aux sacrements par la suite. Ce qui forçait les évêques à prendre des positions claires et des décisions ferment et réviser toute la pratique sacramentaire au Québec, (on ne doit pas oublier qu’au Québec, depuis le Régime Français (1534), le catholicisme était religion d’état jusqu’aux années ’60. La religion catholique était entièrement enseignée dans les écoles et établissements scolaires jusqu’à la fin des études universitaires). Le problème c’est que nos évêques ne prennent jamais de décisions, ils ont peurs des médias.
Nous devrions cesser nos évangélisations de masse, donner les sacrements à tout prix sans discernement pastoral. Autrement dit mettre de côté ceux qui ne sont pas intéressés ou ne manifestent pas un désir profond de les recevoir mais sont poussés par des tiers. Ce qui permettrait aux sacrements de prendre toutes leurs valeurs et leurs richesses et un nouveau souffle de vie. Au lieu de cela, nous faisons des premières communions à des enfants qui ne sont par intéressés, encore moins les parents. Un évêque auxiliaire avait déclaré à ce sujet : « Il est préférable de donner les sacrements aux enfants peu importe la situation sinon nous allons les perdre». Je n’ai jamais compris la logique de cette déclaration puisque d’une manière ou d’une autre nous les perdons, ils ne reviennent plus à l’église après. Le but du moratoire était de retirer les sacrements du carcan folklorique dans lequel il était enserré au Québec. En 2000, l’archevêque a établis les parcours de catéchèse pour les enfants de 8 à 12 ans. Il a fait venir à grand renfort les documents des diocèses de Lyon et d’Angers pour implanter la catéchèse dans toutes les paroisses. Il faut préciser ici qu’ils l’ont fait par la force des choses puisque la décision des commissions scolaires de déconfessionnaliser les écoles avait été prise depuis 1 an avec le placet de l’Assemblée Nationale à Québec. Depuis la situation s’est quelque peu améliorée, mais ce n’est pas encore suffisant.
La célébration des sacrements au Québec est devenue tellement pénible à vivre, que des prêtres ne savent plus sur quel pied danser. Il n’est pas étonnant de voir célébrer maintenant des mariages sans l’eucharistie, tout d’abord pcq la majorité des couples ne pratiquent pas et que lors de la communion toute l’assistance vient communier, même les non catholiques et les non chrétiens. J’ai même vu des jeunes (adolescents) aller communier et apporter l’hostie dans leur banc et commencer à la grignoter comme une croustille. Je n’en veux pas au prêtre, le pauvre, il est souvent seul pour distribuer la communion, il ne peut pas faire la surveillance et la discipline en même temps.
C’est vrai, comme le dit el Padrecito qu’on ne peut priver quelqu’un d’un sacrement, mais lorsque le signe devient insignifiant, il me semble qu’il est préférable de s’arrêter un instant et de se demander où allons nous avec tout ça???