Foi et Science

Je viens de découvrir qu'Albert Einstein croyait en Dieu. Sur wikipedia: "Je crois dans le Dieu de Spinoza" (voir ici une conférence sur le thème) :

http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/1/1/module_62.php

J'ai glané ici quelques citations d'Einstein, elles-mêmes extraites de: "Comment je vois le monde"... dont je vais essayer de me procurer un exemplaire.

- "Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don."

- "Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l'État te le demande."

- "Ce qui fait la vraie valeur d'un être humain, c'est de s'être délivré de son petit moi"

- "Je veux connaître les pensées de Dieu ; tout le reste n'est que détail"

- "Le problème aujourd'hui n'est pas l'énergie atomique, mais le cœur des hommes"

- "L'école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialiste."

- "Dieu est subtil, mais il n'est pas malveillant" (Ok, mais retiré de quel contexte ?)

- "Définissez-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j'y crois."
(Voici qui est plus intéressant mais me laisse sur ma faim...)

- "J'affirme que le sentiment religieux cosmique est le motif le plus puissant et le plus noble de la recherche scientifique."

- "Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito"

(Einstein a saisi quelque chose de fondamental: Dieu répond aux prières, mais il s'arrangera toujours pour que nous puissions dire un jour "En réalité, je ne crois plus, mais j'ai eu beaucoup de chances"... Simone Weil avait écrit : Dieu a tout créé tout créé mais en se retirant de tout)


- "La distinction entre le passé, le présent, le futur n'est qu'une illusion, aussi tenace soit-elle."

(J'aime particulièrement celle-ci car le jour où j'ai cessé de fumer, j'ai vécu une expérience toute particulière: j'ai sauté d'un instant à un autre durant tout une après-midi. Je définis l'instant comme la plus infime partie du temps tel que nous le mesurons et j'avais la sensation que c'est "là", dans l'instant qui fuit, que Dieu se tient, nous regarde et nous parle)

- "La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle."

- "Celui qui ressent sa propre vie et celle des autres comme dénuées de sens est fondamentalement malheureux, puisqu'il n'a aucune raison de vivre."

etc.

boisvert a écrit:

(Einstein a saisi quelque chose de fondamental: Dieu répond aux prières, mais il s'arrangera toujours pour que nous puissions dire un jour "En réalité, je ne crois plus, mais j'ai eu beaucoup de chances"... Simone Weil avait écrit : Dieu a tout créé tout créé mais en se retirant de tout)

Si Einstein croit au Dieu de Spinoza, peut-il croire à un Dieu personnel qui exauce des prières ?

D'ailleurs, il aurait aussi écrit ceci :

"The word God is for me nothing more than the expression and product of human weaknesses, the Bible a collection of honourable, but still primitive legends which are nevertheless pretty childish." ou "For me the Jewish religion like all other religions is an incarnation of the most childish superstitions." (The Guardian)
http://www.guardian.co.uk/science/2008/may/13/peopleinscience.religion

Je ne me prononcerais pas sur les convictions intimes d'Einstein. C'est un sujet sur lequel j'ai toujours vu plein de gens aligner des citations contradictoires, alors j'ai un peu laissé tomber !

boisvert a écrit:

Je viens de découvrir qu'Albert Einstein croyait en Dieu.

Ah ? Moi je m'en doutais... Lisez la citation que j'ai mise dans ma signature : elle est également d'Einstein.

Il a dit aussi : "Dieu ne joue pas aux dés", pour expliquer que rien, dans la nature, n'est laissé au hasard...

Citation :

Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don.

C'est pas mal, mais le totum évoqué par Einstein reste le mental. Le mental devrait-être pour le croyant un scintillement de la conscience,, un pâle reflet de l'intelligence du coeur, ordonné et associé à notre fonction cérébrale. L'intelligence du coeur est ce qu'il y a de plus proche de l'expression de notre âme, durant notre vie incarnée. Elle perdurera longtemps après que notre cerveau soit retourné à la poussière.
Or aujourd'hui, c'est l'inverse qui est proposé comme vérité : notre conscience n'est qu'un sous produit de notre mental. Raison et intuition ne sont que des cliquetis, de petites décharges électriques et un poil de chimie, issus de notre cortex. Le coeur est un muscle, une pompe... et tout cela est appelé à disparaître avec la fin matérielle de ces organes.

La science comme la raison sont plutôt antinomiques avec la foi qui est le plus souvent irraisonnée, voire mystique.

Que ce soit, notamment, la création de l'univers ou les nombreux mystères que renferme la religion chrétienne, la foi ne peut en donner une explication rationnelle (à mon avis)...

Si par rationnelle, vous entendez cartésienne et causale, je suis tout à fait d'accord avec vous.

Le prémisse à la religion et à la foi étant l'existence de Dieu, tout ce que l'on peut bâtir sur de telles fondations y est inféodé. Et science et raison collent plutôt mal avec ce genre de base...

DamienH a écrit:

Si par rationnelle, vous entendez cartésienne et causale, je suis tout à fait d'accord avec vous.

Le prémisse à la religion et à la foi étant l'existence de Dieu, tout ce que l'on peut bâtir sur de telles fondations y est inféodé. Et science et raison collent plutôt mal avec ce genre de base...

Un ancien curé de la paroisse St Eustache à Paris, déclarait récemment "je ne suis pas sûr de l'existence de Dieu mais j'ai bâti ma vie sur ce pari...".

C'est donc bien que même des chrétiens ayant choisi une vie religieuse peuvent être touchés par le doute du fait de réflexions et d'études scientifiques qui n'apportent aucune réponse sérieuse.

Citation :

Un ancien curé de la paroisse St Eustache à Paris, déclarait récemment "je ne suis pas sûr de l'existence de Dieu mais j'ai bâti ma vie sur ce pari...".

C'est donc bien que même des chrétiens ayant choisi une vie religieuse peuvent être touchés par le doute du fait de réflexions et d'études scientifiques qui n'apportent aucune réponse sérieuse.

Je crois que vous allez un peu vote en besogne : ce curé à fait un pari, mais son doute ne vient pas nécessairement de l'absence de preuve scientifique de Dieu. Ce serait certainement plus pratique si une équation prouvait qu'IL existe, mais cela réduirait la foi à l'état de connaissance algébrique et la liberté "d'aller vers..." à néant.

Le père de Jung était pasteur, et il s'est battu toute sa vie contre le vide de sa propre foi. La question est "le doute vous fait il souffrir ou nourrit-il votre pratique?".
Si comme le père de Jung, le doute vous domine et que vous devez faire un effort intellectuel constant pour conserver une attitude pseudo-pieuse, la vie comme la foi deviennent un non-sens et un jeu de dupes.
Si le doute ravive la flamme de votre croyance, comme un souffle sur des braises que l'on peut croire éteintes, mais qui reprennent de plus belle et réchauffent... vous êtes chrétien!

[quote="DamienH"]

Citation :

Un ancien curé de la paroisse St Eustache à Paris, déclarait récemment "je ne suis pas sûr de l'existence de Dieu mais j'ai bâti ma vie sur ce pari...".

Dans mon cas, au moment de ma conversion (il s'agissait en fait d'un retour à l'Église), j'ai dû faire un pari également. Mais j'avais reçu comme des "preuves par l'inverse". J'avais réalisé que "le monde" m'avait menti, et mentait sur la nature réelle de l'être humain. Je cherchais de tout mon cœur une vérité que je ne voulais pas rationnelle, mais "satisfaisante" pour l'humain. Or, la veille même de mon expérience spirituelle (j'ai vu, très brièvement, s'animer le christ de plâtre sur le mur de ma chambre), j'avais découvert comment le diable s'y était pris pour tromper Ève. Il n'a pas accusé Dieu tout de suite, mais il a joué l'ignorance : "Alors, Dieu vous a interdit de manger les fruits des arbres du jardin ?" C'était très finement amené... et cela m'a convaincu d'un énorme mensonge qui plane sur la nature même de l'humain et cela depuis le commencement. Or, s'il y avait mensonge, si le Christ appelle Satan le "père du mensonge" et "assassin dès le commencement", c'est qu'il y a une vérité et une seule. Finalement, mon propre pari fut d'acquiescer profondément du fond de mon obscurité; ce fut de dire: "Oui, j'ai trouvé et tout ce que je ne comprends pas encore, je le comprendrai plus tard."