Note sur l’amour et la souffrance acceptée
J'ai découvert que la plus grande souffrance, ce n'est pas de savoir qu'on ne peut plus espérer aucun secours de la part de telle personne proche. Non, c'est même l'inverse : le coeur de la souffrance, ce n'est pas que cette personne manque et nous manquera, mais c'est qu'elle ne nous permettra plus de prendre soin d'elle et de lui rendre service.
Cette attitude de refus d'assistance, du refus de recevoir de moi, c'est cela qui fait le plus mal, car l'on sent le coeur se bloquer, et c'est comme si l'espérance elle-même allait en être retirée. Alors, le coeur peut s'affoler et cela devient n'importe quoi. On peut essayer de rendre la pareille, de se rendre soi-même absent, ce qui fait souffrir en plus - mais c'est encore dans l'espérance de susciter une réaction de retour.
Ou pire: on se surprend à rêver d'un gros malheur, de quelque chose qui forcerait un changement. Mais c'est une mauvaise pensée, car c'est une pensée qui retire du sens, plutôt que d'en rendre.
Finalement, quelle est la solution ?
La solution, c'est de continuer d'aimer, de souffrir chaque jour dans le silence et de ne pas chercher de solution. Parce que cette souffrance, de ne plus recevoir et de ne même plus pouvoir donner, c'est une souffrance sainte, c'est la souffrance même de Dieu. Et aussi longtemps qu'une âme je demeure dans cette souffrance, c'est en Dieu qu'elle demeure. Or, ainsi, tout est sauvé ! Car rien ne dépasse ni ne peut vaincre l'amour de Dieu.
Mais si l'on sort de cette souffrance, on sort de Dieu, on retourne dans le monde, on n'est plus que le jouet de sa passion, et le jouet du prince de ce monde, l'Adversaire...
"Si vous voulez aimer, ne vous tenez pas hors de l'Amour !" (Bernanos)