Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 12, 35-37)
35 Quand Jésus enseignait dans le Temple, il déclarait : « Comment les scribes peuvent-ils dire que le Messie est le fils de David ?
36 David lui-même a dit sous l'inspiration de l'Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : 'Siège à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds !' David lui-même le nomme Seigneur.
37 D'où vient qu'il est également son fils ? » Et la foule, qui était nombreuse, l'écoutait avec plaisir.
Jésus s'en prend publiquement aux déclarations des scribes, mais pas seulement à cela. C'est la fermeture d'esprit derrière l'écriture qui est remise en question. Car David avait écrit ces choses dans un Psaume, sous l'inspiration de l'Esprit saint, tandis que les scribes tirent des conclusions contraignantes qui tendent à figer dans des règles strictes toute pratique de la religion. Jésus relève les contradictions dans les termes, sans affirmer quoi que ce soit de nouveau. On dirait ainsi qu'il dépoussière les textes anciens, gravés dans la pierre et recopiés à longueur de parchemins, afin d'en dégager la source, la Parole, qui est bien vivante, puisque lui-même en est l'incarnation.
L'évangéliste Marc, tout comme la foule, nombreuse, ressent un entraînement à suivre cette voix qui s'élève bien au-dessus de la poussière des âges, car elle s'adresse directement aux cœurs des auditeurs. Si mon commentaire ne vous a pas convaincu, il existe un moyen simple de ressentir combien un texte écrit devient autre chose lorsqu'il est récité. Prenez un poème, par exemple la description du jardin des Feuillantines ou a grandi Victor Hugo. C'est long à lire, rapidement fastidieux, on se surprend à sauter des vers en se disant: où veut-il donc nous conduire ? Mais à l'audition, si le lecteur est bon, quel bonheur ! La musique des mots rend "visibles" les vieilles pierres, les arbres, les plantes, les oiseaux et l'on est véritablement entraîné dans le souvenir du poète. S'il en est ainsi, quel bonheur d'écouter Jésus décortiquer les vieilles sentences et en faire jaillir la force de vie !