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Article du magazine PELERIN info
Texte lu dans les églises le dimanche 11 mars, 3ème dimanche de Carême
Carême : il n'est jamais trop tard pour porter du fruit
Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l'affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu'ils offraient un sacrifice. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ! Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. Et ces dix-huit personnes, tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. »
Jésus leur disait encore cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n'en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : 'Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?' Mais le vigneron lui répondit : 'Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir. Sinon, tu le couperas.' »
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 13, 1-9)
Le commentaire du Frère Bertrand Lebouché
dominicain (couvent de la Tourette, l'Arbresle, Rhône).
Le malheur ne vient pas de Dieu
On vient rapporter à Jésus deux catastrophes : la police de Pilate a tué des Galiléens et un édifice de Jérusalem s'est écroulé en écrasant dix-huit personnes. Elles sont mortes par malchance, en étant au mauvais endroit au mauvais moment.
Il y a des malheurs dans la vie. Viennent-ils de Dieu ? Par deux fois, Jésus pose la question : « Pensez-vous que ces victimes étaient de plus grands pécheurs que les autres ? »
Il refuse d'associer la tragédie au péché des victimes ou de laisser croire que la volonté de Dieu pourrait suffire à expliquer les catastrophes.
Sa réponse est claire : Ne tuez pas vos frères une deuxième fois en les rendant coupables du malheur qui les frappe, mais servez-vous de ces événements pour changer vos vies sans tarder.
L'homme est souvent le propre artisan de ses malheurs et de ceux des autres. Ce n'est donc pas Dieu qui tue mais souvent le péché. Comme le figuier stérile qui ne porte pas de fruit, le péché empêche l'autre de s'humaniser.
Si l'incertitude est constitutive de notre vie, Jésus nous appelle à la laisser s'imprégner de la confiance en Dieu. Alors, même si Jésus laisse intact le mystère de la souffrance des innocents, il envoie ses disciples auprès des victimes comme Dieu a envoyé Moise (Ex 3, 5) : « N'approche pas d'ici ! Retire tes sandales car le lieu que foulent tes pieds est une terre sainte ! »
Les victimes habituellement comptées pour rien deviennent terre sacrée et ne peuvent laisser les chrétiens indifférents. Nous sommes un peuple « élu » afin de poursuive l'oeuvre de Dieu, pour que les gens vivent, malgré les malheurs.
Et, devant ce figuier qui tarde à porter du fruit, s'exprime toute la tendresse et la douceur d'un Dieu qui espère, malgré tout, en nous. Dieu est prêt à nous attendre, mais il y a urgence à porter du fruit pour les victimes de notre monde, qui tombent sous les balles du mal.