Quelle nuit! Ce n'était pas prévu... Un ami non croyant qui me sait pratiquant m'avait demandé si je pensais aller à l'Oratoire. Comme c'est un couche-tard je lui ai dit qu'on serait mieux d'aller à la messe du samedi à 19h30 (plutôt qu'à celle du dimanche à 11h00). Je croyais qu'on aurait de la place; en fait, on est arrivé 15 minutes d'avance et il a fallu rester debout. Après je l'ai raccompagné au métro... et je suis revenu! L'article rapporte que des "dizaines" de personnes ont passé toute la nuit sur place, ce qui montre que le journaliste n'a pas été témoin de ce dont il parle; en fait, la crypte est contamment restée aussi pleine de monde; quelques personnes sont parties (malheureusement pour celles qui croyaient pouvoir revenir), d'autres gens sont arrivés tout au long de la soirée; à partir de 3h30 on ne pouvait quasiment plus circuler. En attendant la retransmission de la canonisation à 4h00, il y eut animation continue avec différents groupes de prière et communautés religieuses à toutes les heures. Et la preuve que les organisateurs ne s'attendaient pas qu'il y ait aurtant de monde, c'est que les animateurs n'avaient jamais assez de feuillets pour tous les assistants.
Une remarque en passant... S'il y a une chose que je crois avoir peut-être saisie, c'est la raison pour laquelle beaucoup de membres des communautés culturelles manifestent autant d'intérêt pour le frère André (ce type extrême, même s'il est sympathique, d'un certain vieux catholicisme canadien français): à cause de son parcours de vie qui doit être évocateur pour bien des immigrants à l'existence bousculée. Orphelin à 12 ans, lui et ses 9 frères et soeurs dispersés dans les familles de leur parenté, lui-même contraint à faire 36 métiers jusqu'à devoir s'exiler aux USA, et ensuite admis de peine et de misère dans une communauté religieuse qui l'a tenu à l'écart pendant des années et faillit le renvoyer plus tard à cause de sa vocation imprévue et perturbante de thaumaturge...
Cette soirée fut une occasion mémorable de communauté spontanée, légèrement bordélique sur les bords, mais oû la fatigue et les quelques frictions inévitables dans ce contexte n'ont jamais altéré la joie, la paix et la courtoisie entre des gens que les différences sociales, de culture ou d'âge n'ont pas empêché de former une assemblée vibrante. La fébrilité soudaine, l'énergie, les applaudissements, l'ovation à 4h45 après que Benoît XVI eut prononcé la canonisation formelle du frère André, c'était quelque chose après une nuit de veille! Bref, merci à mon ami incroyant; sans lui, j'aurais bien pu manquer ça...