Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,16-21.
Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l'ange lui avait donné avant sa conception.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur... Révéillé à minuit par les pétards (je n'appelle pas ces explosions éparses sur les boulevards des feux d'artifice), je me suis mis à méditer moi aussi. De toute manière, j'entendais les fêtards discuter à hautes voix dans la rue, avec des coups de klaxon comme en plein midi.
Ma méditation de la nuit ne fut que sombre, mais tournée aussi vers les visages que j'ai rencontrés cette année: ceux et celles qui ont perdu leur emploi, l'homme violent de ces derniers jours qui marchait de long en large devant les vitrines, cette femme âgée qui conduisait un bébé dans une poussette en s'efforçant de suivre le jeune couple qui la précédait, un homme accidenté qui peinait et transpirait pour marcher jusqu'à l'escalator du supermarché... et ma propre vie que je juge si peu intéressante, si terne et désespérante, comme si elle devait s'achever vite (mais ce dernier motif de plainte, je sais que je ne dois y prêter aucune attention, car c'est une tentation qui me poursuit depuis trois ans et disparaît complètement en journée).
De fait, à la première messe de l'année, en écoutant ce que faisait Marie en engrangeant dans son coeur tous les événements de la naissance de Jésus, je me suis soudain souvenu que 2010 fut l'année du 25ème anniversaire de ma conversion. Le désir d'union au Christ s'est vivement réveillé au cours de l'année passée, d'une part par le rejet de toute sentimentalité dans certaines de mes relations, et d'autre part, à cause de cette énergie que je voudrais bien qualifier selon sa force. L'hiver, venu trop tôt, m'a trouvé désarmé un moment, mais ensuite mon esprit fut en alerte sans cesse et il l'est encore ce matin.
J'ai plusieurs souvenirs de ma conversion, mais quel est le principal ? J'ai envie de dire ceci: qu'à peine trois jours après l'événement, j'ai cru avoir rêvé. Ma raison raisonante et ronronante, m'a fait songer un moment que j'avais seulement vécu une sorte de "crise existentielle imagée". Mais aussitôt, je lui ai opposé des faits incontournables: je m'étais réconcilié avec toutes les personnes avec lesquelles j'entretenais des conflits; je m'étais rendu sur le champ trouver mon curé pour obtenir le sacrement de réconciliation; j'avais écrit jusqu'à six récits de l'apparition du Christ vivant sur sa croix - qui avait donné sa vie pour que je cesse d'être malheureux (en estimant que le dernier était le "moins mauvais", car les expérience surnaturelles résistent à tous les mots qu'on emploie pour les décrire); j'avais aussi troqué mes chaussures pour des sandales car je désirais être plus proche du sol: il me semblait que, pour un homme, se tenir le plus bas possible, c'est être en même temps le plus proche du Ciel, etc.
A présent commence une année qui sera riche en bouleversements divers, mais me voici prêt. Je sais bien qu'il me faudra me méfier beaucoup, me tenir prêt à tout, et malgré cela, avancer, ne pas hésiter, chercher toujours à aller vers l'avant. Comme je me sens pressé !
Je n'ai pas peur, je suis certain de mon Dieu. A la fin de la messe, le prêtre a voulu rappeler la première lecture, qui a tant suscité saint François d'Assise:
'Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix ! '