Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,45-52.
Aussitôt après avoir nourri la foule, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
Quand il les eut congédiés, il s'en alla sur la montagne pour prier.
Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.
Voyant qu'ils se débattaient avec les rames, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il allait les dépasser.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples crurent que c'était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris,
car tous l'avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »
Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient complètement bouleversés de stupeur,
car ils n'avaient pas compris la signification du miracle des pains : leur cœur était aveuglé.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Aujourd'hui, les images me sont venues clairement avec leur portée spirituelle. Jésus s'en est allé prier sur la montagne, ce qui veut dire qu'il ne nous paraît pas accessible, qu'il semble s'être retiré et ne reparaîtra plus. La barque, c'est l'Église. Elle est au milieu du lac, c'est-à-dire au milieu du monde et au milieu du 'siècle', comme on disait autrefois. Le vent contraire, ce sont les événements que nous traversons: le reniement de la foi par un grand nombre, les attaques que nous supportons de tous côtés; les ténèbres, c'est notre foi lorsqu'il nous semble que n'avançons plus, que le doute s'insinue, que la crainte grandit: 'Me serais-je trompé ?" Mais à la fin de la nuit (de nos vies sur terre, mais aussi : de l'Histoire), le Christ revient. Il marche sur les eaux agitées, car rien ne peut le retenir. Il remonte dans la barque, et aussitôt, le vent tombe, tout redevient tranquille.
Cet épisode, que Marc rapporte avec cette concision qui lui est particulière - car sa 'brièveté' révèle toujours plus qu'elle cache, montre bien comment notre progression est pénible de ce temps. Les fidèles s'émeuvent de toutes les accusations de perversion qui tombent sur les membres du clergé, les prêtres manquent, même le nombre des martyrs des premiers siècles est remis en question... et tout cela tandis que l'islamisation de l'Occident s'accélère. L'État qui se croit neutre et bienveillant envers tous les cultes sera livre pieds et poings liés au plus arrogant d'entre eux. Mais le Christ revient. On ne peut plus le mettre à mort : cela s'est déjà fait. On peut encore massacrer les chrétiens: cela se pratique chaque jour, mais ne fait que confirmer l'enseignement du Seigneur.
Pour ce qui me concerne, ce temps, j'y avance en aveugle, mais ma boussole indique toujours le même cap. S'il faut se lever à trois heures du matin pour se rendre à une Eucharistie, j'irai. S'il faut accepter d'être rejeté, mis à l'écart, condamné et mis à mort, je me dis que j'ai déjà bien assez vécu ainsi. En tout cas, du point de vue spirituel, tout demeure clair: le monde est le monde et il continue de mentir; la foi est la foi et ne change pas; la fin de la nuit approche et le Christ revient. Et du reste, à chaque jour suffit sa peine - et à chaque nuit aussi.