Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 4,14-22.
Lorsque Jésus, avec la puissance de l'Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l'habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération,
annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »
Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La réaction des membres de la synagogue de Nazareth sera finalement d'essayer de pousser Jésus dehors afin de le mettre à mort sans autre forme de procès. N'est-il pas simplement le fils de Joseph, le charpentier ? Pour qui se prend-il ? Faisons-lui rentrer un peu de bon sens dans la tête, de préférence à grands coups de pierres...
Or, c'est bien ainsi que le Christ s'est présenté à moi aussi, avec le même résultat: du haut de mes quinze ans, je l'ai renvoyé, d'une simple chiquenaude de la raison, aux oubliettes des histoires à dormir debout: qui peut croire un tel conte ?
C'est seulement cinq ans plus tard, en suivant le parcours étrange du jeune curé d'Ambricourt (*), qui je ne sais comment est entré dans ma vie au moment où j'ai quitté l'Église, que j'ai commencé à remettre en question ma propre raison. C'était peut-être ma raison qui avait tort, après tout ? Car comment se peut-il qu'un homme, plutôt que tenter de s'élever au-dessus du commun des mortels, réussisse mieux encore en s'abaissant en dessous ? Ce personnage maigrelet, un tantinet alcoolique et dépourvu de la plus petite once d'habileté à mener des hommes... Comment se peut-il qu'il finisse par briller d'une lumière tout à fait inespérée au-dessus du chagrin, de la honte et du malheur ? Quel était son secret ? J'ai voulu savoir... et c'est là que j'ai commence mon retour de fils prodigue.
En ce début de 2011, je constate aussi que l'humilité de Jésus, lorsqu'Il va tenter de nouveau d'aborder telle ou telle jeune âme, va recevoir le même accueil qu'à Nazareth. Comme je voyage souvent d'un forum à l'autre, je constate de même, et je l'accepte, que de se présenter comme chrétien catholique, équivaut à s'exposer à des jets d'ironies... parfois bien aiguisées. Mais puisque j'ai moi-même, autrefois, traité ainsi mon Maître, je ne me dérobe pas.
C'est vrai que ce n'est pas facile d'aller dire: "Puisqu'il me faut aimer Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces, et mon prochain comme moi-même, il faut que je sois capable d'aimer mon ennemi, celui qui me veut du mal.
Dans l'Évangile, Jésus développe cette surprenante logique: "Si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quel mérite avez-vous ? Les païens ne font-ils pas de même ?" et la pousse jusqu'à l'exaltation: "Heureux êtes-vous lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.
Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux; c'est ainsi en effet qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.'' Depuis la venue du Christ, la foi se transmet non pas au travers de la domination du plus fort, mais par l'élévation du plus faible...
(*) J'ai découvert un très beau portrait du personnage de Bernanos sur le blog dont lien ci-après:
http://mesterressaintes.hautetfort.com/archive/2010/05/31/cd510d7e4cd078a9afb682b8e9ee6f19.html
.... et je dois dire que je me suis fait les mêmes réflexions que ce monsieur et elles m'ont valu dans le passé d'être considéré par une de mes amies catholiques... comme un vieux retardataire.