Le meilleur et le pire
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,53-56.
Jésus et ses disciples, ayant traversé le lac, abordèrent à Génésareth et accostèrent. Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : ils parcoururent toute la région, et se mirent à transporter les malades sur des brancards là où l'on apprenait sa présence. Et dans tous les endroits où il était, dans les villages, les villes ou les champs, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Marc conclut que tous ceux touchèrent, non pas sa tunique, mais 'ne serait-ce que la frange de sa tunique' étaient sauvés. Première nuance. Par la suite, ce qui change dans ce récit - si on le mettait en parallèle avec la guérison de la femme souffrant d'hémorragie et la résurrection de la fille de Jaïre, c'est qu'ici "les gens" se sont organisés pour déposer sur son passage les malades et les infirmes de leur pays. Ici, ce sont des personnes bien portantes et qui ne sont pas touchées de très près par un cas particulier, qui montrent leur foi.
En effet, première différence, ce sont ces 'organisateurs' qui vont jusqu'à supplier Jésus de laisser les malades le toucher de quelque façon possible... Seconde différence, c'est que Marc parle ici du salut comme englobant la guérison; il ne s'agit pas seulement d'une guérison d'un côté et d'une résurrection de l'autre. Mais tous obtiennent le salut.
Le récit nous transporte donc plus loin que les évidences premières. Il met en valeur des inconnus qui ne sont pas forcément des croyants, mais qui, connaissant le pouvoir attribué à Jésus, ont eu pitié d'autres qu'eux-mêmes. Or, en allant plus loin encore, ces 'intercesseurs' ont eux-mêmes acquis leur salut à cause de la compassion qui les a poussés à agir.
Selon moi, il existe donc des phénomènes d'entraînement et d'enchaînement de bienfaits de l'amour divin et de la charité, qui apparaissent pour contrecarrer ce que les hommes ont lié par leur pouvoir strictement humain et leurs appétits. D'ailleurs, il me semble que nous vivons de nouveau une de ces époques de l'histoire qui vont faire se rencontrer de nouveau et révéler le pire et le meilleur de ce qui est dans l'homme. Mais peut-être en est-il ainsi de chaque génération ? Ou peut-être, au contraire, allons-nous vers un sommet de cette lutte entre souffles de foi et d'amour et capacités d'écrasements et de malheurs ?