Un livre vient de paraître intitulé "Le prix à payer"
"Je m’appelle Mohammed al-Moussaoui, Irakien, chiite, descendant du prophète par le 7e imam. Mon père, chef du clan Moussawi, me destinait à lui succéder. J’étais très fier de mon rang, prêt à défendre l’islam et à combattre les non-croyants comme le prescrit le Coran. Le service militaire va toutefois changer ma destinée. Je fus placé dans une chambre avec un chrétien, Massoud. Ma première réaction fut un sentiment d’humiliation à tel point que pour éviter la souillure d’un contact avec un chrétien, j’écartai mon lit du sien. Je compris toutefois rapidement qu’Allah m’avait donné la mission de le convertir à l’islam. Je voulus donc obtenir des informations sur sa religion mais il refusa d’en discuter aussi longtemps que je n’avais pas lu et compris le Coran. J’étais jusqu’alors comme la grande majorité des musulmans; je lisais le Coran sans aucune réflexion ou critique. Mes yeux s’ouvrirent à la lecture de certains versets violents qui me firent douter de ma religion et je décidai de quitter l’islam. Je me retrouvais sans religion, jusqu’au jour où Massoud m’apporta l’évangile. La lecture de Saint Jean allait me transformer radicalement. Ma vie bascula : c’était en 1987. A l’annonce de ma conversion, Massoud pâlit. Quitter la religion musulmane, c’est risquer la mort et les chrétiens qui avaient été en contact avec moi pouvaient être accusés de prosélytisme et subir le même sort. J’étais donc condamné à vivre dans la clandestinité. Ma préoccupation était dorénavant de trouver un prêtre qui puisse me préparer au baptême. Je fis le tour de nombreuses églises à Bagdad mais les prêtres refusèrent de m’aider. Ils craignaient, en effet, que je sois un espion et que je puisse les dénoncer. Un prêtre me dit : "En demandant le baptême, tu risques ta propre vie mais aussi celles des chrétiens qui auront répondu à ta demande." Un jour, ma famille apprit ma conversion après que mon fils de 4 ans ait fait son signe de croix devant elle. Stupeur et colère ! Mon père ne put accepter la honte que représentait le fait d’avoir un fils chrétien. Ma mère, quant à elle, lâcha un terrible : "Tuez-le !" La plus haute autorité chiite du pays prononça une fatwa contre moi : "S’il se confirme qu’il est chrétien, alors il faudra le tuer, et Allah récompensera celui qui accomplira cette fatwa." Par ses contacts avec les services secrets, mon père parvint à m’emprisonner pendant plus d’un an. Je fus battu et torturé chaque jour pendant les 3 premiers mois pour que je donne les noms de ceux qui m’avaient mis en contact avec la foi chrétienne. A ma libération, un prêtre me conseilla de quitter l’Irak. Avec ma femme et mes 2 enfants, nous fuîmes en Jordanie. C’est là que nous avons eu la grande joie, après beaucoup de difficultés, de recevoir le baptême après 13 ans d’attente ! Le répit n’allait pas durer longtemps. En cherchant en ville un cadeau de Noël pour ma fille, je fus retrouvé par mon oncle et quatre de mes frères qui me conduisirent sur un terrain vague. Il me rappela la fatwa tout en sortant son arme et tira sur ma poitrine à bout portant. Par miracle, la balle ne m’atteignit pas. J’entendis une voie intérieure me disant de fuir à toute vitesse et je me mis à courir. Les balles sifflèrent. Alors que j’étais déjà assez loin, l’une d’entre elles me toucha au mollet. Je continuai à courir jusqu’au moment où je m’effondrai de douleur et m’évanouis. Je me réveillai à l’hôpital, conscient que j’avais échappé au pire, par chance ou par l’intervention de la Providence ? La situation devenait toutefois fort dangereuse pour toute la famille. Nous devions déménager fréquemment et vivre cachés. Mon souci était dès lors d’obtenir un visa pour la France pour nous quatre. Le 15 août 2001, nous arrivâmes à l’aéroport d’Amman. De nouvelles tracasseries nous firent croire jusqu’au dernier moment que nous ne pourrions monter dans l’avion. Grâce à l’intervention d’une religieuse intelligente et bienveillante, ces obstacles furent franchis et nous débarquâmes à Paris quelques heures plus tard. Une nouvelle vie commençait. Une vie de liberté mais aussi un devoir de témoignage. Toute ma vie, je risquerai la mort, à cause de la fatwa prononcée à mon égard. Tout musulman qui suit la règle coranique a le devoir de me tuer puisque j’ai quitté l’islam pour embrasser la religion chrétienne. J’aime mes frères musulmans qui sont les premières victimes d’une religion qui laisse peu de place à la liberté et à la critique. L’islam a été conçu pour englober toutes les préoccupations de l’homme, de sa façon de manger et de se laver jusqu’à sa façon de penser et de se comporter. La pression sociale est énorme et peu osent prendre distance par rapport au texte du Coran. De nombreux musulmans se sentent investis d’une mission d’étendre leur religion dans le monde. La liberté de religion et d’expression que l’Occident a conquise après une longue lutte n’est pas un bien définitivement acquis. Sous prétexte d’être tolérant, il faut éviter d’introduire l’intolérance. A l’examen de la situation dans les pays musulmans, il faut bien conclure que c’est seulement quand il est en minorité que l’islam est tolérant."
Mohammed AL-MOUSSAOUI, alias Joseph FADELLE
Auteur du livre “Le prix à payer”, Ed. L’Oeuvre, Paris, 2010