Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,13-16.
On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Il nous faut retrouver l'esprit d'enfance. Sans l'esprit d'enfance, comment accueillir le royaume de Dieu ? C'est sans doute à cet esprit d'enfance que je dois, après ma conversion, d'avoir l'idée - que j'ai trouvée un peu "folle" sur le moment, de me promener pieds nus dans mes sandales. Et lorsque je marchais dans un jardin, je retirais ces sandales pour mieux sentir le gazon sur ma peau. Personne ne s'est retourné sur moi dans la rue ni à mon travail: c'était un mois d'août très chaud. J'ai continué au mois de septembre, puis au mois d'octobre - jusqu'à la fête de saint François.
Si les préceptes de l'Évangile sont parfois très difficiles à observer intégralement, c'est qu'ils nécessitent une foi d'abandon et de confiance. Par la suite, je me suis dit souvent que c'est comme apprendre à nager ou à rouler à vélo. On échoue cent fois et puis, tout d'un coup, çà y est: on a trouvé le "truc" ici pour tenir en équilibre sur deux roues, là pour évoluer dans l'eau sans plus de crainte. Que de fois j'avais cru me noyer ! Mais je suis certain que si, demain, je vais à la piscine - je ne sais même plus dire depuis quand je n'ai plus nagé, je me jetterai la tête la première pour goûter du premier goût la fraîcheur de l'élément liquide sur tous les pores de ma peau.
N'y a-t-il pas d'ailleurs, dans cet esprit d'enfance à retrouver, l'idée du vêtement de noces à revêtir ? Cela y ressemble beaucoup. Accueillir le royaume de Dieu à la manière d'un enfant, c'est 'revêtir le Christ', comme dit saint Paul. C'est muer, c'est changer de peau. Cela paraît très difficile à l'âge adulte, mais cela devient plus facile à chaque petit changement déjà adopté. Il y faut une volonté droite et ferme, mais l'Esprit saint vient à notre secours et la prière régulière finit par assouplir l'exercice. A la fin, on n'est plus le même homme, on n'est plus la même personne, tant et si bien qu'en prenant de l'âge, on finit par dire: "Père, que je sois en cette journée ce que tu veux que je sois, et qu'il m'en advienne en tout, non comme je veux, mais comme tu veux".
Lorsque j'atteindrai la soixantaine, je veux, je désire, je demande, je prie que toute peur soit chassée de mon esprit. Car la peur est bien l'une des caractéristiques de l'homme de ce monde. Cette peur lui vient de ce que le monde nous a soufflé dans l'oreille: "Attention, tu risques de perdre quelque chose". Plus je m'abandonnerai dans la confiance, plus je serai proche du Royaume, et c'est cela que je désire le plus aujourd'hui. Que le Seigneur m'entende !