Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,46-52.
Jésus et ses disciples étaient venus à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route.
Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »
L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Rabbouni, que je voie. »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
J'ai commencé à écrire des méditations sur l'Evangile du jour au cours de l'année 2004, parce que cet exercice faisait partie intégrante de ma formation théologique. Mais à la fin de celle~ci, rien n'a pu me retenir: j'ai continué car j'avais remarqué le bienfait quotidien (comme une seconde communion, oui, vraiment) que cela m'apportait.
De ce point de vue, l'épisode de la guérison de l'aveugle Bartimée est vraiment comme une source de multiples découvertes mais aussi de joies profondes. Lors du dernier commentaire que j'avais publié, c'est l'élan de foi de l'aveugle qui m'avait frappé et aussi, ce curieux emploi des temps des verbes 'mettre' et 'suivre'. En effet, Marc écrit: "Il se mit (passé simple) et il suivait (imparfait de l'indicatif) Jésus. " Et j'en avais tiré cette conclusion joyeuse: Jésus ne l'a pas seulement guéri dans sa chair, mais à cause de son élan de foi, il l'a aussi guéri de la cécité intérieure, cette espèce de couche de ténèbres en nous qui semble arrêter la Lumière venue pour nous. Cette compréhension nouvelle m'avait gardé le cœur tout chaud durant toute ma journée...
Aujourd'hui encore, au vol, un mot m'a touché profondément; c'est : "L'aveugle jeta son manteau". Je me suis dit aussitôt : "C'est que l'hiver était fini pour lui".
Il n'y a pas seulement, dans la vie d'un homme, la cécité qui consiste au fait de ne pas croire et d'être comme saint Thomas, qui ne voulut pas croire avant d'avoir vu et touché le Christ ressuscité. Mais il y a aussi le froid dans lequel on tremble et gémit car, sans la foi, non seulement l'homme ne voit pas son salut, mais il tremble de froid, il grelotte par manque d'espérance.
Je dirais donc facilement que, si la foi apporte la joie, l'espérance apporte la douce chaleur d'un printemps qui s'éveille.
Amen, qu'il en soit ainsi. Puisse le début du carême être pour moi, spécialement cette année me préparer à rejeter avec vigueur le manteau de peine et de chagrin qui me pèse beaucoup. Ma mère, 86 ans, est atteinte de gonarthrose et souffre d'un peu partout. Lorsque
je prends mon repas de midi au home avec elle, je regarde autour de moi toutes ces vieilles mamans souffrantes, et je sais que la plupart d'entre elles n'ont que deux à trois visites par an. Mais pour moi, Dieu seul sait comment, tout s'est mis en place afin que je puisse demeurer plus proche d'elle, comme je l'avais fait auparavant pour mon père.
Autrefois, c'est-à-dire il y a une vingtaine d'années à peine, je me souviens qu'on appelait cela "l'esprit de famille"... la modernité nous à rattrapés !