En grec, il existe trois termes pour désigner le mot amour :
Eros : amour naturel, érotique, des sens, affectif (implique les sens, les sentiments)
Philia : amour réciproque, donnant/donnant (implique les sens et les sentiments également)
Agapè: amour inconditionnel, sans retour sur soi, livré (ne va pas forcément dans le sens de nos sens et de nos sentiments ! Voire il peut être crucifiant...)
Je crois que l'amour auquel vous faites référence par le terme latin caritas est l'agapè en grec. Il est celui retenu pour décrire l'Amour que Dieu, Jésus, a pour nous. Cet Amour, nous y avons accès mais il est au-delà de nos capacités naturelles. Il est en quelque sorte un Amour surnaturel. Je crois que le seul qui peut nous y introduire est Jésus (voire la Trinité) qui s'est livré totalement pour nous. Le Père se donne tout entier au Fils et le Fils, ne gardant rien pour Lui-même, se livre tout entier au Père et, cet élan d'Amour s'appelle l'Esprit. Là est tout le combat du chrétien : essayer de vivre l'amour agapè tel que Jésus lui demande :
aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. Ouf ! Facile à dire Jésus !
Déjà, aimer ceux qui m'aime, c'est pas toujours facile... alors imagine, s'il faut que j'aime mon ennemi, celui qui me veut du mal... voilà ce qui fait l'originalité du christianisme. Ce n'est pas un amour diffus cosmique universel "peace and love" mais l'Amour (Agapè) des ennemis ! Aïe... mais comment faire ? Apprendre à l'école de Celui qui nous a aimé le premier. Se laisser saisir par cet Amour inouï (que nous ne méritons pas...mais qui est gratuit... chose dont nous avons du mal). Ça ne se fait évidemment pas du jour au lendemain... c'est un Chemin toutefois ex-zèle-lent.
Maintenant, au jour le jour... eh ben oui, nous sommes tentés sans cesse d'agir - soi disant par amour - pour recevoir en retour (satisfaction, glorification personnelle, sentiments de bien-être, etc.). Nous sommes un peu mal fichus en ce sens. C'est ce que Thérèse d'Avila appelle "l'humilité orgueilleuse" ou l'orgueil de la vertu si vous voulez... et c'est redoutable. Le démon attend toujours pour nous flatter dans le sens du poil. Et peut faire usage de nos actions "bonnes" pour nous faire tomber dans la vaine gloire ou le désir d'être reconnus. Bah ! Il faut pas trop avoir de scrupules et plutôt s'en remettre à la Miséricorde pour qu'Elle nous "humblifie" et nous fasse dire comme Catherine de Sienne : "Seigneur, sans toi je ne suis plus que moi-même". Je crois qu'on avance le jour où on se rend compte - le nez dans la poussière du sol - que nous sommes bien incapable d'aimer en Vérité tant que le Christ n'a pas planté sa Croix glorieuse dans toutes les terres de notre coeur/psychisme pour laver et purifier tout ce qui est retour sur soi. J'aime beaucoup cette parole de la petite Thérèse de Lisieux (en substance, de mémoire): "au soir de ma vie, je me présenterai devant vous les mains vides, n'ayant pour seuls mérites que les mérites de Jésus-Christ".
Pour méditer sur l'Amour Agapè/Caritas : 1 Corinthiens 13 est délicieux et bien sûr, l'Évangile et les lettres de saint Jean.
Bon courage ma soeur !