Gestes

Bonjour à tous,

Je suis embarassée par quelque chose qui me tracasse.
Voilà mon problème: je vois les personnes faire une génuflexion à la messe ou chapelle devant l'autel et pour ma part, il m'est impossible de le faire. Je n'arrive pas encore à me trouver dans ce geste. De même que la prière les mains tendues. Je ne sais pas pourquoi.
Du coup, je me dis que je manque d'humilité ou peut-être de sincéritè, de foi...
Pourtant, je viens humblement à la messe, je prie selon mes moyens. Mais pour moi, même si je sais qu'être chrétien, c'est l'être dans la commnuauté aussi, j'ai l'impression que ma relation à Dieu est vraiment trop intime...
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre...
Qu'en pensez-vous?

Bonjour Coton,

Je suis à peu près dans le même cas que vous...

La prière les mains tendues est une coutume des Dominicains, je crois. Cela nous met en position d'accueillir ce que nous envoie le Seigneur, mais ce n'est pas une posture obligatoire ; moi-même je préfère joindre les mains, parce que dans la prière je supplie... Chacun se met comme il veut, l'important est d'être à l'aise.

Pour ce qui est de la génuflexion, je la fais en entrant dans l'église, en trempant mes doigts dans l'eau bénite pour me signer. Je m'agenouille encore avant de communier. Certains lecteurs s'inclinent en passant devant l'autel avant d'aller lire, c'est vrai que je ne le fais pas non plus, simplement parce que je n'y pense pas...

Mais je ne pense pas qu'il faille se troubler pour cela : Dieu connaît nos intentions, si vous savez au fond de vous que vous êtes sincère, Il le sait aussi... Il vaut mieux prier debout mais sincèrement qu'agenouillé mais du bout des lèvres et du cœur !

Bonne fin de journée à vous, dans la Paix du Christ.

Le Christ le premier s'est abaissé au plus bas, jusqu'à tomber par trois fois sur ses genoux pour me/te relever de mes/tes chutes. Si le Christ s'abaisse devant moi pour me laver les pieds (voir la dernière Cène), je peux faire un petit effort pour lui rendre amour pour Amour. C'est une question d'Amour : s'abaisser devant Dieu ne veut pas dire qu'Il nous écrase de sa Toute-Puissance ou que nous nous prosternons servilement devant une divinité qui fait peur mais... c'est parce qu'Il est descendu plus bas que nous, Il a voulu prendre la dernière place pour ne pas humilier personne. Moi, personnellement, ça me jette par terre que le Christ, Lui qui était de condition divine, soit descendu au plus bas pour moi (ce n'est donc pas dans les vapeurs tout là-haut que je dois regarder mais dans l'humus de ma vie parce que c'est jusque là qu'il est descendu pour me rejoindre afin que je m'élève avec Lui par sa seule grâce). Et moi je resterais droit debout à Le regarder me laver les pieds ? Il y a des temps prévus pour être à genoux, des temps pour être assis (le disciple qui écoute la Parole) et des temps prévues pour les postures de résurrection (debout) dans la liturgie dans les temps prescrits par les normes. S'il y a des choses, des gestes de la Messe qui nous rebutent (dans la mesure où il ne s'agit pas d'originalités personnelles du prêtre), il faut peut-être regarder du côté de notre docilité à l'Esprit qui inspire son Église. C'était justement le thème clé de ce premier dimanche du Carême : l'obéissance. Thérèse d'Avila dit que le démon sait très bien que l'obéissance est le chemin le plus court pour aller à Dieu. Voilà pourquoi il nous tente sans cesse à la désobéissance. C'est sa tactique number one depuis Genèse 3... et ça marche fort son truc !

Citation :

Du coup, je me dis que je manque d'humilité ou peut-être de sincéritè, de foi...
Pourtant, je viens humblement à la messe, je prie selon mes moyens. Mais pour moi, même si je sais qu'être chrétien, c'est l'être dans la commnuauté aussi, j'ai l'impression que ma relation à Dieu est vraiment trop intime...

ne vous accablez pas tant chère coton!
La relation à Dieu ne peut pas être "trop" intime! Si elle est juste et reste guidée par l'évangile et par l'église, donc n'est pas le fruit d'une improvisation 100% personnelle, tout va bien. Le seul risque est une relation "égotique", c'est à dire, avec l'égo qui tourne en boucle sans repère (re-père) extérieur. L'église et un bon prêtre aident à se recentrer, et valident que ce qui nous parle dansnotre intimité, c'est bien le patron, et non le barbu (comme disait Padre Pio)!

De là, la communauté agit dans la même logique : elle ne fait pas de vous un chrétien. Mais elle est un de ses repères externes, qui ancre votre foi, cette relation nécessairement intime à Dieu, dans la société. Pour moi, la communauté n'élève pas, mais elle ramène les pieds sur terre et parfois, guide. N'oublions pas que tout cela est destiné à vivre ici-bas, pas à se couper du monde. Le diviseur, encore un des noms du cornu...

Et idem pour nos corps. S'agenouiller, s'allonger, se mettre en position du poirier ou à 4 pattes signifie certes des choses et détermine une posture symbolique. Je partage tout à fait les explications d'Hélène. Mais je vois les choses dans l'autre sens, en termes d'importance : si nos corps sont des temples sacrés, si ils sont le lieux de LA rencontre, en les disposant de certaines manières, on s'ouvre mieux à "ça". On ne s'agenouille pas parce que l'on a la foi et que l'on en fait démonstration. Non, on s'agenouille car on explore notre foi incertaine, pour "voir" ce qui se passe : la position conditionne plein de choses, engendre des perceptions, des sensations différentes. Elle L'appelle. On parle avec nos corps.
Bref, outre le fait que pour moi, ça fait sens de "s'écraser" devant le patron, devant une telle puissance, une telle présence, je n'ai compris pourquoi je m'agenouillais qu'à la dixième fois ou je l'ai fait. A force d'orienter mon véhicule dans cette direction, j'ai fini par voir ce qu'il y avait derrière le pare-brise! Attendre de voir ce qu'il y a "par là" pour ensuite s'y tourner, ça marche pas : c'est pas le bon ordre.