"Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis" (Jean 15:16)
Et cela se confirme chaque jour. Le choix du Seigneur sur ma pauvre personne a permis en moi l'éclosion, la naissance d'une autre personne. Et c'est le cas de la majeure partie d'entre nous.
Une fois de plus, je songe à ces chrétiens coptes massacrés à la sortie de leur église. L'article disait : "La fête de Noël copte a viré au drame en Égypte. Mercredi soir, trois individus ont ouvert le feu à la sortie de la messe de minuit devant une église copte orthodoxe du sud de Égypte, faisant au moins sept morts parmi les fidèles." (*)
Eh bien, il suffisait de ne pas se rendre à cette messe et de célébrer Noël dans l'intimité !
Cependant, si j'essaie de m'appliquer à moi-même cette "option de prudence", je ne m'y retrouve pas du tout. Car ma foi me pousse certes à me rendre à la messe - j'en ai besoin pour refaire mes forces, mais elle m'incite à tant d'autres choses en même temps ! Par exemple, en début d'après-midi, je suis sorti de chez moi et j'ai dit : "Non, je n'irai pas rendre visite à cette vieille tante hospitalisée, pas question !" Mais j'y suis allé. Et non seulement j'y suis allé, mais j'ai changé de la monnaie pour qu'elle ait de l'eau fraîche d'un distributeur situé à trente pas au moins. Ensuite seulement, je suis reparti.
Ma vie de chrétien est donc au-delà du strictement raisonnable et il m'arrive (comme à vous, certainement) d'accomplir des gestes qui me sont comme cachés à la mémoire: en effet, plusieurs personnes m'ont rappelé des événements que j'avais oubliés (parfois un simple salut ou une répartie) mais qui avaient compté pour elles. Cela m'étonne toujours, car il y a vraiment des mots qu'on "lâche comme çà" - c'est en ce sens que nous servons le Christ le mieux: sans le savoir.
Ce matin encore, comme j'attendais mon tour chez le coiffeur, j'ai rapporté comment à la fin des années 90, on m'a volé ma voiture - qui a été retrouvée endommagée à tel point que j'ai dû refuser de la vendre à une de mes relations - qui s'est fort fâchée sur le moment ! Je lui ai dit également qu'après une fouille minutieuse... les papiers des voleurs avaient été retrouvés dans la boîte-à-gants ! J'avais donc bon espoir d'être remboursé de mes frais (transport du véhicule à trois heures du matin, un dimanche... il y en avait pour plus de 15O euros en francs de l'époque), mais c'était sans compter que les braves petits étaient mineurs et que leurs parents étaient insolvables.
J'étais donc bien lancé dans ce récit de mes aventures ubuesques, quand ce monsieur m'a interrompu et m'a dit: "Ce qui est incroyable, c'est que vous me racontiez tout cela comme si cette mauvaise affaire avait été la plus amusante de toute votre vie !"... Et, en effet, ce n'est pas la première fois que quelqu'un me fait cette remarque. Je l'explique d'ailleurs facilement: le souvenir d'événements marquants, surtout lorsqu'ils ont été vexants sur le moment, peuvent prendre à la longue l'allure d'épisodes de vie dont on a été le héros, même involontaire. Mais cette explication n'a pas séduit mon voisin qui m'a dit: 'Moi, le premier qui touche à ma voiture...' et je n'ai pas insisté.
Bref, nous avons été choisis, et le Seigneur nous souffle très souvent de bonnes réparties, de même qu'une joie que les événements ne troublent pas. Dans ces conditions, cette messe de la nativité, aurais-je soudain été frappé d'un pressentiment sinistre ? Je n'en suis pas certain.
Et vous, qu'en dîtes-vous ?