Le sourire de ma mère, ce matin, lorsque je lui ai proposé de la conduire dans le parc et d'en faire le tour ! Deux minutes plus tôt, elle m'avait dit : "C'est pour me consoler que tu restes jusqu'à la fin du repas ?" Car elle a ses chagrins qu'elle garde secrets, pour elle-même, de peur de ne plus avoir de visites.
Bref, ce sourire et ce regard valent pour moi toutes les fatigues endurées ces derniers jours. Surpris par la tournure des derniers événements (encore un membre âgé de la famille qu'il m'a fallu veiller en plus...) j'avais demandé à ma mère si elle ne voudrait pas 'tester' en ma faveur : je me suis rendu compte qu'en réalité, je pensais en fait à une forme de récompense pour tous ces mouvements et cette fatigue supplémentaire qui m'ont troublé. Mais j'y ai renoncé, parce que j'ai constaté que derrière mon sentiment de compassion, c'était de l'intérêt qui pointait le bout du nez...
J'ai renoncé et le bleu pétillant de son regard fut déjà une récompense. Il faut l'avoir vécu pour comprendre. Je prie le Seigneur, qu'un jour lorsque la santé m'aura abandonné, que l'argent auquel j'avais un moment songé, soit remplacé par des grâces, car je voudrais réussir "l'épreuve qui nous est proposée" (comme dit saint Paul).
Du reste, c'est bien de notre temps d'avoir pu convaincre, non seulement que les hommes et les femmes, mais aussi les enfants, doivent être productifs et rentables, tandis que les malades, les handicapés et les personnes âgées "ont déjà vécu, après tout", et peuvent être tenus à l'écart.
Aujourd'hui, Jésus habite un home pour personnes âgées - ou un "centre de protection de la jeunesse"... où les enfants sont traités rudement. Il habite aussi les prisons bien sûr ! J'en connais une dans la quelle les cellules sont occupées par cinq au lieu de deux 'en temps normal', avec un seau hygiénique derrière un petit paravent - et dans laquelle les promenades dans la cour sont réduites à une par semaine...
Ô Dieu misércordieux, rends-moi miséricordieux à mon tour !