Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Il y avait un pharisien nommé Nicodème ; c'était un notable parmi les Juifs.
Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit : « Rabbi, nous le savons bien, c'est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire, car aucun homme ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n'est pas avec lui. »
Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu. »
Nicodème lui répliqua : « Comment est-il possible de naître quand on est déjà vieux ? Est-ce qu'on peut rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois ? »
Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair n'est que chair ; ce qui est né de l'Esprit est esprit.
Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître.
Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l'Esprit. »
Cy, Aelf, Paris
Comment se peut-il qu'un homme érudit comme Nicodème n'ai pas compris d'emblée le langage de Jésus lorsque ce dernier lui déclare : "« Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu. » Il y a bien sûr un sens imagé à cette déclaration et il est nécessaire, pour comprendre, de sortir de l'interprétation littérale des textes. Et sans laisser à Nicodème le temps de réagir, il ajoute aussi cette superbe image du vent "qui souffle où il veut".
Parmi nous, nombreux ceux et celles qui, sans même s'en douter, sont nés de nouveau et vont ainsi, passent et laissent derrière eux, par leurs paroles ou leurs gestes (ou leur silence et leur impassibilité), comme un parfum de fraîcheur et de liberté, mais aussi de force généreuse.
Il faut se souvenir car ces personnes sont très discrète, en définitive. J'ai ainsi vu une dame se baisser et ramasser une tartine enveloppée dans un papier alu, qu'un étudiant venait de jeter de son sac dans le couloir où j'ai ma boutique. C'était l'heure du midi. Elle est passée et a filé droit vers le paquet abandonné: 'Tu n'en as pas besoin ?', a-t-elle demandé. Et l'autre, un peu surpris et gêné, a répondu : 'Non, non, ce n'est pas à moi !' 'Alors, a répondu la dame, je le prends, je connais quelqu'un nui n'a rien mangé hier' et en repartant, elle a encore dit avec un sourire: 'Mon bonjour à ta maman !"...
Il y avait au moins trois jours qu'en revenant de mon repas de midi, je me plaignais d'avoir à ramasser ces tartines abandonnées et les jeter. Mais après le passage de cette dame, l'incident ne s'est plus reproduit ... J'ai appris beaucoup par cet incident. Il m'est arrivé un jour de prendre un sac, d'enfiler des gants chirurgicaux et d'aller ramasser les canettes et les restes de paquets de frites jusqu'entre les jambes des étudiants. Réaction de l'un d'entre eux: "Mais qu'est-ce tu fais, M'sieur ?" et j'ai répondu : "Moi je vis ici, et donc c'est mon boulot de nettoyer". J'ai dit cela simplement, mais le lendemain, lorsque je me suis de nouveau avancer avec mon sac, c'est chacun des membres de leur groupe qui s'est mis à ramasser leurs propres déchêts
... A qui me dira que cette histoire d'éboueurs improvisés, n'a rien de spirituelle, et rien à faire dans un commentaire de l'Evangile, je réponds que les déchets et les ordures peuvent, eux aussi, être considérés dans un autre sens !