Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 10,25-37.
Pour mettre Jésus à l'épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu'y a-t-il d'écrit ? Que lis-tu ? »
L'autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Ce qui suit dans le texte, c'est l'histoire du Samaritain, probablement un marchand qui s'en retournait chez lui, qui est le seul, après un prêtre et un lévite, à s'être préoccupé de l'homme laissé pour mort au bord du chemin.
Il fut "saisi de pitié" suivant l'expression très souvent employée dans l'Evangile pour qualifié un sentiment éprouvé par le Christ lui-même. Aussitôt et sans calculer à la dépense, il va prendre soin de ce malheureux, laver ses plaies comme si le blessé eût fait partie de sa propre famille. Il ne reprend sa route que bien plus tard, après l'avoir déposer dans une hôtellerie et s'être engagé à revenir payé tous les frais encourus. La conclusion ne peut que nous interpeller: pour avoir part à la vie éternelle, pour avoir la vie, c'est ainsi qu'il faut agir.
Je dois bien reconnaître que j'en suis loin.
Un jour, j'ai vu de ma voiture une sorte de clochard qui traînait derrière lui une sorte de petit chariot à deux roulettes. Il s'était installé contre une des barrières de ciment faisant clôture à l'entrée de la gare. Je sortais d'une messe où j'avais justement entendu cet Évangile, mais en sortant, je n'avais rien donné à l'autre homme qui mendie chaque dimanche à la sortie de l'église. Bon sang, il m'avait plutôt agacé, celui-là ! Mais voici que se présentait à moi une occasion de me racheter. Je suis passé et je me suis garé à cent mètres à peu près, car je ne savais pas comment faire: ce second homme ne mendiait rien, mais il était certain, à sa mine et à son équipage, qu'il passerait une longue journée de dimanche à cet endroit... pourquoi là ? Ah oui, l'entrée du supermarché ouvert le dimanche - c'est là qu'il allait se rendre. Et puis, sur une intuition: j'ai fait demi-tour, je me suis arrêté et j'ai dis un gros mensonge : "Monsieur, monsieur, tenez, prenez ces deux billets : je viens de gagner à la loterie, çà me fait plaisir !" Puis nous avons échangé quelques mots et je suis rentré chez moi encore assez penaud, tout de même, car j'avais menti: je ne joue jamais à la loterie, j'avais inventé cela pour passer au-dessus de ma gêne.
Pour dire à quel point je peux être malhabile à la charité, en une autre occasion, un autre dimanche, j'ai abordé un homme couché sur un banc dans le parc situé devant une autre église. Cette fois-là, j'y suis allé et je lui ai proposé de quoi rentrer chez lui; mais il n'a rien voulu, il m'a regardé d'un air ahuri, puis a retiré son vélo caché derrière un feuillage et est reparti aussi vite: cette fois encore, je n'avais pas compris. Il ne s'agissait pas d'un mendiant, mais d'un étudiant qui avait trop bu la nuit précédente et qui avait trouvé bon de cacher son vélo et de 'récupérer' en se couchant sur ce banc.
Heureusement, j'ai appris plus tard comment devenir miséricordieux - en découvrant le petit journal de sainte sœur Faustine et sa prière:
"Je désire me transformer tout entière en ta miséricorde et être ainsi un vivant reflet de toi, O Seigneur ; que le plus grand des attributs divins, Ton insondable Miséricorde passe par mon âme et mon cœur sur le prochain.
Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d'après les apparences extérieures, mais que je discerne la beauté dans l'âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.
Aide-moi Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.
Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j'aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.
Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes actions afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.
Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude. Mon véritable repos est de rendre service à mon prochain.
Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain. Je ne refuserai mon cœur à personne. Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté, et moi, je m'enfermerai dans le Cœur très Miséricordieux de Jésus. Je tairai mes propres souffrances. Que ta Miséricorde repose en moi, O mon Seigneur.
C'est Toi qui m'ordonnes de m'exercer aux trois degrés de la miséricorde ; le premier : l'acte miséricordieux, quel qu'il soit ; le second : la parole miséricordieuse ; si je ne puis aider par l'action, j'aiderai par la parle ; le troisième : c'est la prière. Si je ne peux témoigner la miséricorde ni par l'action, ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière. J'envoie ma prière même là où je ne puis aller physiquement.
O mon Jésus, transforme-moi en Toi car tu peux tout. (163)"
Je termine en disant que si l'on veut pratiquer l'un ou l'autre acte de miséricorde qui soit véritable... il faut d'abord le demander à Dieu, car Lui connaît nos difficultés - pas seulement chez celui qui peut donner, mais aussi les difficultés psychologiques de celui qui a besoin mais n'ose pas demander.
Post Scriptum:
A peine deux minutes après avoir péniblement rédigé ce partage, un homme visiblement simple d'esprit, m'a demandé pour pouvoir appeler un numéro sur mon téléphone fixe. Explication: "Un copain" venait de lui "offrir" un téléphone portable ancien mais il n'avait plus d'argent... et ne savait pas comment faire fonctionner ce vieux 'Nokia'. J'ai donc appelé à sa place l'institution dans lequel il est placé et indiqué où je l'ai envoyé afin qu'on le retrouve facilement.
Merci, Jésus, c'est toi qui as écrit le bon commentaire d’Évangile, aujourd'hui !