Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1, 26-38)
« Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »
Cy Aelf, Paris
Je retiens seulement ce verset, car il replace, au centre de toutes les inquiétudes que je peux entendre - et lire, la seule attitude qui prévaut, qui a prévalu et qui prévaudra: celle de la confiance en la volonté divine, puisque la volonté de Dieu est que nous bénéficions tous de la largesse de sa miséricorde.
Qu'un événement contraire se produise, que je me brise de nouveau un petit os (comme ce fut le cas le 1er janvier 2004), je dirai encore: béni soit le Seigneur à cause de la richesse de sa miséricorde. En effet, si cet orteil brisé ne m'avait pas bloqué dix jours sur mon lit, jamais je n'aurais pris le temps de réfléchir sur mon engagement dans la congrégation "Faustinum". Et je rends grâce également pour l'accident de voiture qui s'est produit lors de mon premier mois au centre d’instruction de l'armée, en 1978, dont la conséquence finale fut la bienveillance d'un Lieutenant-Colonel, qui me prit sous son aile.
Tout homme et toute femme, sous le regard de Dieu, sont en tous temps l'objet de la bienheureuse miséricorde de Dieu. Accomplir la volonté de Dieu, ce n'est pas entreprendre quelque chose de pénible et de difficile, c'est tout simplement savoir reconnaître qu'il n'y a rien de meilleur qui puisse survenir dans sa vie.
Beaucoup l'ont compris et sont passés comme fous aux yeux de leurs proches. Et moi aussi, disons-le, je passe pour un insensé. A la mort de mon père et lorsque ma mère s'est retrouvée dans une maison de repos et de soins, j'ai de nouveau entendu autour la sagesse des hommes: "A présent, profite donc ! Vis ta vie !" Tous s'imaginaient que je reprendrais une vie aventureuse, car j'ai beaucoup voyagé.
Je me souviendrai toujours de cette réunion de famille, durant laquelle en me voyant arriver, une de mes cousines, Brigitte, s'est exclamée : "Ah voici l'homme qui n'a pas voulu faire sa vie !"... A son grand étonnement, j'avais ri et répondu aussitôt : "Comment as-tu su que c'est exactement ce que je pense ? Car en songeant à réussir leurs vies, les gens laissent derrière eux et gaspille tant de bonnes choses, qu'à moi il me suffit de me baisser pour les ramasser !..." Évidemment, je faisais allusion à ma boutique de livres de seconde main - mais pas seulement. La foi en Dieu fait également partie des bonnes choses que la plupart des hommes délaissent dans le but affiché de réussir dans la vie - or entreprendre de réussir sans Dieu, pratiquement, comment en sport, c'est effectuer un magistral faux départ ...
Et donc je peux reprendre les mots de Marie et dire dans l'allégresse (mais avec moins de force, car je suis pécheur - elle pas) : "Voici le serviteur du Seigneur, qu'il m'en soit fait, Ô Jésus, selon ta parole !"