Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,20-26..
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Si je devais prendre à la lettre la Parole :"Laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.", je crois que cela prendrait tant de temps pour me réconcilier avec tous ceux et toutes celles dont j'ai le souvenir et qui - soit m'ont abandonné, soit dont je me suis écarté - je n'aurais jamais assez de ma vie pour arriver au bout de ces réconciliations.
Ainsi, qu'est devenu mon ami d'enfance, Philippe ? Lors du décès de son père, que j'ai bien connu, je lui ai écrit une longue lettre... à laquelle il n'a jamais répondu. Plus tard, je l'ai croisé à pieds sur le chemin de la gare. Nous avons bavardé et je l'ai invité à venir voir mon petit commerce, mais il m'a répondu: "Maintenant, je suis docteur en chimie, je ne peux pas visiter ta boutique !" C'était insultant, mais je le regrette tout de même, mon vieil ami.
Et donc, la Parole du Seigneur, dans cet Évangile, m'invite d'abord à me préparer pour l'Eucharistie en laissant de côté, dans mon cœur, toute idée de ressentiment, et si c'est possible: même mes regrets. Finalement, je dois venir présenter mon offrande... qui sera la conscience de ma pauvreté, de mon impuissance à résoudre seul mes difficultés.
J'ajoute, naturellement, que mon commentaire d'aujourd'hui ne vaut que si je n'ai pas gravement péché, la veille contre une personne proche. Dans un tel cas, il est certain que qu'aller communier comme si de rien n'était, ou sans regret aucun, serait ajouter un péché à un péché. (Hélas, il existe dans l'Eglise des fidèles qui s'imaginent que seul compte le rite, la façon de communier, et pas l'état de leur âme... hélas !)