Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,1-6.
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi.
Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Thomas, ce cher saint Thomas, si proche de nous lorsqu'il dit: "Je ne crois que ce que je peux voir et toucher !" Il souffre de la même étroitesse d'esprit que Philippe lorsqu'il disait à Jésus: "Montre-nous le Père, cela nous suffit".
En réalité, s'ils croient que Jésus est issu de Dieu, tout en étant Dieu, où irait donc Jésus sinon vers le Père ? Toutes ces incompréhensions, qui demeurent chez les disciples de Jésus, ceux-là mêmes qui ont eu ce bonheur de le rencontrer et de vivre auprès de lui durant les trois ans de sa vie publique... proviennent directement du péché originel.
Car en Ève, aussitôt que les hommes ont cru à la possibilité d'être eux-mêmes comme Dieu, en connaissant le bien et mal, ils sont sortis de la relation d'amour du Père à l'enfant et de l'enfant au Père. C'est justement cela que le Messie est venu rétablir. En adhérant à Jésus, nous retrouvons par Lui l'enfance surnaturelle qui avait été perdue.
Je me demande si nous nous représentons bien ce qui nous est arrivé en nous au moment où nous avons cru au Christ. Quand bien même nous tiendrons un journal de notre vie de foi - et beaucoup l'ont fait, nous ne saurions décrire les "bouleversements en cascade" qu'entraîne dans le monde, dans l'univers entier, une seule conversion !
C'est Bernanos qui écrivait : "Je crois que si Dieu nous donnait une petite idée de la solidarité qui nous lie aux autres dans le bien comme dans le mal, nous ne saurions plus vivre". Bernanos avait surtout en vue la solidarité dans le mal, mais je le plagierais facilement en disant: "Si Dieu nous donnait une idée assez claire de la contagion du bien qui devient possible à partir d'un seul geste de miséricorde, nous deviendrions tous des saints et notre premier désir serait de rejoindre au plutôt le Royaume où le Seigneur nous a réservé une place"...