Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,27-31a.
A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : " C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m'en vais, et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez.
Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le prince du monde va venir. Certes, il n'y a rien en moi qui puisse lui donner prise,
mais il faut que le monde sache que j'aime mon Père, et que je fais tout ce que mon Père m'a commandé. Levez-vous, partons d'ici.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La paix que Jésus donne, Il ne la donne pas à la manière du monde, mais c'est Sa paix. Elle est différente de la paix que le monde semble donner, que l'on pourrait nommer l'absence temporaire de conflits armés, mais qui n'est la paix d'aucune façon car ici-bas, puisque le prince du monde domine et fait la guerre aux âmes.
Nous voyons sur nos écrans les conflits qui se déroulent sur la planète, et il y en a tant que certains sont occultés car un attentat chasse un autre, car la libération d'un seul otage connu fait grimper le taux d'audience plus que le bombardement de populations civiles.
Mais il faudrait préciser mieux encore. De même que le Seigneur ne nous donne pas la paix à la manière du monde, de même la guerre que nous livre le monde ne prend pas seulement la forme de persécutions où le sang coule.
Dans la première lecture de ce jour, Paul s'est fait lapider. Eh bien, de nos jours également, l’Église se fait lapider ! Non seulement le Pape, les Évêques et les prêtres, mais les fidèles ont leur part. Le sang ne coule pas, mais simplement parce que l'expression 'jeter la pierre' n'est pas forcément à prendre au sens littéral.
Comme j'en parlais ce matin avec une des fidèles de ma messe quotidienne, elle me disait: "Au moins, nous sommes tranquilles dans nos familles !" Je lui ai répondu: "Mais de quelles familles parlez-vous ?" Et, en effet, combien de couples ne sont-ils pas écartelés entre huit heures de boulot pour elle comme pour lui, sans compter les déplacements ? Et comment éduquer les enfants quand les parents ne sont pas là ? Je connais au moins trois couples mariés à l'église, qui ne vont à la messe qu'une ou deux fois par an (Pâques ou Noël) car les dimanches et les jours de congé sont entièrement réservés aux retrouvailles. Mais la plupart des couples que je connaissais sont aujourd'hui "décomposés" et "recomposés". Et que dire encore de la persécution via les média ? Oui, le prince du monde est bien là !
La finale de cet Évangile donne un secret de santé spirituelle : pour ne pas tomber dans les pièges qui nous sont tendus, il faut faire comme Jésus l'ordonne aux disciples en leur disant: "Venez, partons d'ici !". Nous ne devons pas nous considérer comme établis ici-bas. Notre salut est dans le mouvement. J'ai reçu ces mots avec enthousiasme, car de jour en jour, je ne me reconnais plus dans les idées et les manières de vivre. Je vais devenir un excentrique - au sens propre de celui qui s'écarte du centre...