Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,1-8.
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage.
Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite :
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Par deux fois en quelques jours, je retrouve des textes que j'avais déjà commentés, ce qui me pose un problème, du moins si je laisse ma raison décider de ce qu'il faut faire. Dès lors, j'en appelle au Seigneur, au sacrement reçu, à ma Joie, et ce qui me vient à l'esprit et dans mes doigts, je l'écris.
Dans ce monde en perpétuel mouvement vers un avenir qui semble toujours périlleux, le verbe demeurer - demeurer dans le Christ comme le Christ demeure en moi, me paraît très réconfortant. Outre qu'il me rassure, il m'indique également que le secret de la croissance, de la floraison et des fruits que peut porter un homme, tient tout entier dans le fait qu'il demeure ou qu'il ne demeure pas dans l'amour de son Maître.
Si par nous-mêmes, nous ne pouvons rien faire, c'est bien du fait de que notre cœur est presque constamment distrait. Et c'est ainsi que je m'explique comment ceux et celles qui ont une vocation monastique, font autant pour le Seigneur que ceux qui sont dans le monde, tout secoués par les événements du quotidien.
Demeurer, cela me fait songer aussi à un point d'équilibre placé assez bas. Ne sommes-nous pas terrestres ? Ce fut une des découvertes de ma conversion: plus mes pieds étaient proches de la terre (dans les premiers jours, j'ai marché pieds nus dans l'herbe de mon jardin), mieux mon cœur et mon esprit s'élevaient - un peu comme une vapeur, en louanges vers le Seigneur.
Demeurer, c'est encore être stable. Je ne peux que remercier Dieu pour m'avoir donner une règle à suivre. Par l'intermédiaire des responsables de ma Congrégation - laquelle ne peut aucunement vérifier ce que je fais, c'est la règle et son observance. Sans la règle, lorsqu'il m'arrivait de retomber, cela me prenait beaucoup de temps pour me relever; et non seulement cela, mais dans mon désir de ne plus chuter, je prenais des résolutions pus dures que ce que je savais supporter.
Demeurer, du moins pour moi, c'est enfin m'abandonner. Pour se défaire d'une mauvaise habitude comme pour en acquérir une autre, on vous dira souvent: il faut avoir de la volonté ! Eh bien, j'ai découvert que dans la foi, c'est presque l'inverse: il s'agit plutôt de s'abandonner. C'est ainsi que j'ai été délivré de ma tabagie à partir du moment où j'ai cessé de vouloir cesser de fumer : ce n'était pas du tout la même démarche. Dans la volonté, c'est le moi qui garde le contrôle; tandis que l'abandon, consiste à laisser faire Dieu en nous.
Et en définitive, le fruit que nous donnerons, est issu de la profondeur de notre lien au Seigneur. Plus donc nous creuserons en afin de demeurer en Jésus, plus le Seigneur nous fera donner du fruit sans même que nous en ayons conscience.
Tout est grâce !