Livre des Actes des Apôtres 1,15-17.20-26.
En ces jours-là, les frères étaient réunis au nombre d'environ cent vingt. Pierre se leva au milieu de l'assemblée et dit :
« Frères, il fallait que l'Écriture s'accomplisse : par la bouche de David, l'Esprit Saint avait d'avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus,
ce Judas qui pourtant était l'un de nous et avait reçu sa part de notre ministère.
Car il est écrit au livre des Psaumes : Que son domaine devienne un désert, et que personne n'y habite, et encore : Que sa charge passe à un autre.
Voici donc ce qu'il faut faire : il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous,
depuis son baptême par Jean jusqu'au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l'un d'entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection. »
On en présenta deux : Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias.
Puis l'assemblée fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel des deux tu as choisi
pour prendre place dans le ministère des Apôtres, que Judas a déserté en partant vers son destin. »
On tira au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut dès lors associé aux onze Apôtres.
La fête de saint Matthias a donné l'occasion à notre prêtre de revenir sur certains points de la trahison de Judas. Notamment sur celui-ci: Judas, que l'on a représenté souvent comme un personnage faible, au front et au regard fuyant, fut en réalité un très bon Juif. Judas ne peut être appelé un 'traître' que si l'on fait des douze des 'partisans'. L’évangile ne le présente d'ailleurs que comme étant "celui qui le livra", ce qui n'est pas exactement la même chose. Et lorsque Jésus le désigne lors du dernier repas, il s'adresse à lui en disant : "Ce que tu dois faire..."
Le manque de foi de Judas l'a conduit tout simplement à revenir à la manière de croire des maîtres en Israël: la connaissance et la stricte observances de la loi et des rites. Et n'est-ce pas tout à fait logique ? Lorsqu'une situation nouvelle, qui semblait avantageuse et profitable menace de se renverser, les hommes habiles oublient leurs sentiments pour en revenir à la raison, à ce qui est à gagner ou à perdre. Et Judas, après avoir entendu son maître parler ouvertement de sa mort, s'est posé quelques questions très logiques. Par exemple: si Jésus est vraiment Dieu, comme il l'affirme, pourquoi doit-il mourir comme un homme ? Si Dieu existe, il est immortel ! Or, la Loi dit que l'homme qui se dit Dieu doit être mis à mort... Du coup, livrer Jésus, aussi pénible que cela puisse paraître, devenait très logique.
J'ai songé à cela en moi-même et j'ai dû reconnaître que, confronté quelques fois à des problèmes qui risquaient de dégénérer, je me suis très souvent replié sur une position "raisonnable". J'ai pris des précautions et j'ai été félicité pour ma prévoyance. Cependant, ce que demande le Seigneur, ce n'est pas la raison, c'est l'amour et la confiance. Et : "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis". Et la confiance doit aller plus loin que la logique humaine puisque le même Jésus a dit : "Celui qui croit en moi, celui-là vivra, quand même il serait mort !"
J'ai donc pris une leçon d'humilité en ce début de semaine, et je trouve cela tout à fait adéquat: le monde ne va certes pas mieux aujourd'hui qu'hier, mais aujourd'hui comme hier, je désire, je veux et il faut que ma foi passe au-dessus des "raisons" en notre temps.