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 Veille de la Pentecôte

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2 participants
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boisvert
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boisvert



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MessageSujet: Veille de la Pentecôte   Veille de la Pentecôte Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 12:07

En cette veille de la Pentecôte, je n'ai pas résisté à l'idée de partager ce texte de l'Abbé Jean Lafrance, qu'il nous a laissé ("Jour et Nuit" fut son livre testament) et qui nous fait pénétrer dans le cénacle en prière pour la venue du Saint-Esprit. Très beau texte, que j'ai bien dû lire dix fois après ma conversion. Ce livre est pour moi parmi ceux que je n'ai jamais vraiment lâché des mains, c'est un de ces livres qui traversent toute une vie.

Veille de la Pentecôte Books?id=m-rfxWZ7v2YC&printsec=frontcover&img=1&zoom=5&edge=curl&imgtk=AFLRE70NhY_TChOSAAHn39PlzEThP3_oEpdadsOGAwa4mlGp2i45cTJRS1nivBUmYZgJDEwZZwCf2bj1g9B3Nvp4-qWApklJO4b1ZZLK78RDoP3rAjSya_o

Tant que le Christ était sur terre, sa prière était présente avec son être même. Tout en reliant des hommes à la Trinité, elle rendait le ciel présent sur la terre. A l'Ascension, une nouvelle phase va commencer. Les apôtres vont se réunir autour de la Vierge et pendant dix jours la prière sera encore ininterrompue grâce à la présence de Marie : Tous d'un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères (Actes 1, 14). C'est Marie, la Mère du Seigneur, qui assure la présence et la cohérence de la prière des disciples.Il nous faudra revenir sur la prière de Marie après Pâques, car c'est dans cette étape qu'elle remémore dans son cœur les événements de la vie de son Fils et les transforme en prière. Elle est vraiment le modèle et le type même des élus qui crient vers Dieu jour et nuit, en un mot elle apparaît comme la Mère de la prière continuelle. Et ceux qui dans l’Église sont appelés personnellement à revivre cette prière auront toujours les yeux tournés vers elle et vers le Christ qui l'a choisie pour mère de ses disciples.

Pour le moment, elle est au Cénacle et elle prie dans l'attente de la force d'en haut promise par le Christ et qui doit descendre sur les apôtres. Sûrement reprend-elle avec les disciples les paroles de Jésus après la Cène, qui sont surtout des prières. Après avoir vu le Christ rejoindre son Père, elle ne peut oublier ses paroles ; avec les disciples elle a encore sous les yeux ce « Jésus » en prière durant sa vie terrestre, et elle sait, parce que lui-même l'a affirmé, que là-haut, Il priera le Père d'envoyer l'Esprit-Saint à ses apôtres. Elle sait aussi que cet Esprit n'est pas extérieur aux disciples, mais qu'il habite leur cœur : Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour être avec vous à jamais, l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit ni ne le connaît. Vous vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous et qu'il est en vous (Jn 14, 16-17).

Tout en reprenant les paroles du Seigneur, on peut se demander, comme pour le Christ, quel est le fond de cette prière ; j'ai envie de dire la note dominante, ce qui donne la tonalité à sa prière. Le mot des Actes livre en partie la réponse, il est dit qu'ils étaient assidus à la prière, un adjectif qui indique la continuité, la durée, en un mot la persévérance. On peut facilement penser que la prière de Marie au Cénacle devait ressembler à celle de Jésus à l'agonie qui murmurait sans cesse le nom du Père : Abba. Prière toute simple, faite d'une répétition inlassable qui creuse le cœur et fait jaillir la prière de l'Esprit, telle une source cachée. C'est une prière très unifiée qui cherche ses racines plus dans la supplication que dans le discours.C'est la prière des pauvres, des malades et des pécheurs de l’Évangile qui se résume en un cri adressé au Sauveur : Jésus, aie pitié de moi.

Si la prière du Christ s'adressait toujours au Père, la prière de Marie et des disciples doit surtout s'adresser à Jésus, Seigneur de gloire. Et l'objet de cette prière est la promesse même de Jésus de leur envoyer l'Esprit-Saint. On pourrait dire que c'est Jésus lui-même qui leur a prescrit de prier de cette manière : Il leur enjoignit de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis, ce que, dit-il, je vous appris : Jean, lui, a baptisé avec de l'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit-Saint que vous serez baptisés sous peu de jours (Act 1, 4-5). Avec Marie, les apôtres ne peuvent rien demander d'autre à Jésus que l'envoi de l'Esprit, puisque lui-même a promis de prier à cette intention (Jn 14,16) C'est aussi dans ce contexte de saint Jean que Jésus a beaucoup parlé de la prière faite en son nom : Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Leur prière se résume donc en une seule parole : Seigneur Jésus, envoie-nous ton Esprit.

Comme nous l'avons dit plus haut, il est intéressant de remarquer que dans sa prière, Jésus s'adresse toujours au Père, mais que les disciples et les apôtres se tournent vers Jésus pour l'invoquer. Cela apparaît clairement dans le martyre d’Étienne, il voit les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite du Père. Sa prière va alors s'adresser directement à Jésus avec les mêmes paroles que Jésus durant la Passion, lorsqu'il remet son esprit entre les mains du Père, mais ici Étienne remet son esprit à Jésus et comme lui demande pardon pour ses bourreaux : Et tandis qu'on le lapidait, Étienne faisait cette invocation : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis il fléchit les genoux et dit dans un grand cri : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché. » Et en disant cela, il s'endormit (Act 7, 59-60).

Ceci est intéressant de noter pour notre prière. Quand nous sommes en prière avec Marie, c'est vers Jésus que nous devons porter notre regard et c'est son saint Nom qu'il faut invoquer, puisqu'il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés (Act 4,12). Il n'y a rien de plus facile que d'invoquer le nom de Jésus, mais, en même temps, il n'y a rien de plus difficile que de durer et de prier sans cesse avec ce Nom. En ce sens que, lorsque Jésus parle de ces élus qui crient vers Dieu jour et nuit, il pense à ces hommes qui, tout en continuant à vivre comme tout le monde, se sont consacrés uniquement à l'invocation de son nom, dès que la tâche qui leur est assignée les laisse libre pour la prière. Ces hommes-là sont très rares, non à cause de la difficulté de la prière (au fond, il n'y a rien de plus simple que d'invoquer le le nom de Jésus), mais parce que très peu d'hommes croient en cette vocation. Et cependant le Christ compte sur ces hommes et c'est de leur prière incessante que dépend la foi sur la terre : Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ?

Cette accumulation de désir et de prière va attirer l'esprit de Jésus et c'est l'événement de la Pentecôte à Jérusalem tel qu'il est rapporté dans les Actes.

A partir de ce moment-là, quelque chose a changé. On peut dire que la face de la terre a été bouleversée : l'Esprit du Seigneur emplit l'univers et change la face de la terre.

Jusqu'à l’Ascension, la prière de Jésus était présente au cœur du monde; désormais, c'est la prière de l'Esprit qui est présente au cœur de l'univers et dans le cœur de chaque croyant. Très peu de chrétiens et même de prêtres ont conscience de cela lorsqu'ils parlent de la prière. Ils y voient surtout l'activité de l'homme, même aidée par l'Esprit Saint pour chercher le visage de Jésus et du Père.

Alors que c'est le contraire, ce n'est pas l'homme qui prie, c'est l'Esprit présent au cœur du monde qui ne cesse de prier. Chaque fois que nous nous mettons à prier, nous devrions prendre conscience de cette prière de l'Esprit qui est déjà là en nous, nous devance et continue même lorsque nous cessons de prier. Qu'on le veuille ou non, depuis la Pentecôte (ou même de l'effusion de l'Esprit au soir de Pâques), la prière ne cessera plus un instant sur la terre, jusqu'à la parousie. Nous vivons dans un univers pétri et saturé par la prière.

Assurément, les hommes n'ont pas conscience de cette présence de la prière de l'Esprit au cœur du monde. Bien des chrétiens eux-mêmes n'ont pas conscience de la présence de la prière dans leur cœur: qu'ils dorment, qu'ils veillent, qu'ils boivent, mangent ou se détendent, la prière ne cesse d'animer leur cœur. Surtout elle ne dépend pas de la conscience que nous en avons.

De là est née la race des Pères neptiques (en grec nepsis veut dire éveil): ces Pères disent que nous sommes des endormis, inconscients de la prière qui nous habitent, et que toute l'activité spirituelle consiste à devenir conscients de ce que nous portons déjà en nous. D'où l'exercice de la prière de Jésus, les veilles, les jeûnes, les métanies (*), sans parler de l'humilité, de la douceur, du renoncement et du pardon des offenses, qui nous maintiennent dans un état d'éveil et libèrent la prière présente en nous. Chaque prière que nous faisons a pour but de nous faire devenir plus conscients de cette prière permanente qui ne cesse de couler dans notre cœur, jusqu'au jour où la prière ne cessera plus d'envahir le champ de notre conscience.

Mais il ne suffit pas de le vouloir, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps pour devenir un de ces hommes de la prière qui ne sont plus occupés intérieurement par autre chose que la prière. Quand Dieu met ce désir dans le cœur d'un homme, c'est le signe qu'il veut lui faire cette grâce, car "Dieu ne fait rien désirer qu'il ne veuille nous donner" (saint Jean de la Croix), mais il requiert aussi notre collaboration, car si ce don est gratuit, il n'est pas arbitraire. Dieu attend que nous nous mettions chaque jour à rechercher cette perle précieuse. Normalement, on commence à voir porter les fruits de cette grâce entre cinquante et soixante ans. Mais alors, celui qui la reçoit n'a plus conscience du tout qu'il prie puisqu'il est plongé dans la prière incessante de l'Esprit. C'est comme l'enfant caché dans le sein de sa mère, il vit en elle et par elle, mais il ne voit pas son visage. Ainsi, l'homme de prière incessante est totalement caché
en Dieu et surtout caché aux yeux des autres et à ses propres yeux.

Pour l'instant, nous nous bornons à affirmer cette présence de la prière permanente au cœur du croyant et de l'univers. Il faudrait, bien sûr, à l'aide de saint Paul, montrer comment "fonctionne" ce cœur de prière, mais disons simplement que l'Esprit se joint à notre propre esprit pour prier en nous et attester que nous sommes fils de Dieu. C'est lui qui scrute les profondeurs de Dieu et de nos propres profondeurs et nous fait prendre conscience des dons que Dieu nous a faits.

Surtout, il nous faut prendre conscience que nous ne savons pas prier comme il faut et, en l'appelant du dehors, il fait jaillir en nous ses gémissements ineffables. C'est alors que notre cœur de prière s'éveille à la prière même de l'Esprit : Et celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu (Rm 8,27). Tout en étant nôtre, parce qu'elle épouse nos propres profondeurs, cette prière est surtout celle de l'Esprit en nous, la seule qui plaise à Dieu.



(*) La métanie est un geste pénitentiel qui accompagne souvent la prière, notamment chez les chrétiens d'Orient. Le terme provient du grec metanoia, conversion. On distingue la petite métanie où l'on s'incline en touchant le sol de la main droite et la grande métanie où l'on se prosterne totalement en touchant le sol avec le front ; les deux se terminent par un signe de croix. Quand on se redresse on inspire en disant intérieurement « Seigneur Jésus Christ », en accueillant Sa Vie, et quand on se baisse on expire en disant intérieurement « prends pitié de moi pécheur ».



Dernière édition par boisvert le Mer 30 Mai 2012 - 13:12, édité 3 fois
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pascal
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MessageSujet: Re: Veille de la Pentecôte   Veille de la Pentecôte Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 3:32

Merci Etienne. harpe
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