Je ne voudrais pas que, pour aller à la vérité, vous cherchiez d'autres voies que les voies ouvertes par Celui qui, étant Dieu, a vu la faiblesse de nos pas. La première de ces voies c'est l'humilité ; la seconde, l'humilité ; la troisième, l'humilité ; toutes les fois que vous m'interrogerez, je vous répondrai la même chose.
Ce n'est pas qu'il n'y ait d'autres préceptes ; mais si l'humilité ne précède, n'accompagne et ne suit tout ce que nous faisons de bien; si elle n'est pas comme un but vers lequel se portent nos regards, si elle n'est pas près de nous pour que nous nous attachions à elle, et au-dessus de nous pour nous réprimer dans la satisfaction de quelque bonne action, l'orgueil nous arrache tout de la main.
Les autres vices naissent des péchés ; l'orgueil est redoutable dans le bien même : ce qu'on a fait de louable est perdu par le désir de la louange. De même donc qu'un illustre orateur, à qui on demandait quel était le premier précepte à observer dans l'éloquence, répondit que c'était la prononciation ; interrogé sur le second précepte, il répondit encore : la prononciation ; et comme on lui demandait quel était le troisième, il dit qu'il n'y en avait pas d'autre que la prononciation ; ainsi chaque fois que vous m'interrogerez sur les préceptes de la religion chrétienne, je voudrais répondre qu'il n'y en a pas d'autre que l'humilité.
St Augustin
Lettre 118, 22
(J'aurais vraiment aimé l'avoir comme prof' de religion, saint Augustin !) Mais je me souviens que Simone Weil avait encore dit plus succinctement :
"L'humilité, c'est refuser d'exister hors de Dieu".