Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 13,31-35.
Jésus proposa à la foule une autre parabole : " Le Royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde qu'un homme a semée dans son champ.C'est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches. » Il leur dit une autre parabole : « Le Royaume des cieux est comparable à du levain qu'une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu'à ce que toute la pâte ait levé. »
Tout cela, Jésus le dit à la foule en paraboles, et il ne leur disait rien sans employer de paraboles, accomplissant ainsi la parole du prophète : C'est en paraboles que je parlerai, je proclamerai des choses cachées depuis les origines.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Le Royaume des cieux est comparable... mais dans quelle mesure humaine ? Le Seigneur en parle, mais il ne va pas donner des "projections chiffrées", puisque les chiffres servent à définir des limites. Or, Dieu est indéfinissable - si Dieu était définissable, c'est-à-dire s'il pouvait faire l'objet d'une définition, il ferait partie du monde fini - mais le monde est-il fini ?
Les paraboles employées par Jésus parlent donc du mystère des choses infiniment petites et négligeables aux yeux des hommes, mais qui donnent des résultats incomparables. A celles dites par le Seigneur, j'ajouterais volontiers mon incompréhension d'enfant, véritable stupeur, lorsque j'ai découvert comment les chenilles, à partir d'une larve, deviennent papillons. Mais à quoi servent les papillons, demandais-je, sinon à faire joli dans un jardin ? Pourquoi, dans quel but ? Selon quelle utilité ? A quelle fin ?
De même, le rapport entre la pincée de levain - qui n'est en fait constituée que de bactéries et la levée de la pâte dans 'trois grandes mesures de farine'; de même aussi la graine de moutarde et l'arbre dans lequel les oiseaux viennent finalement nicher. La nature produit donc de très petites graines qui s'élèvent en grands arbres capables d'accueillir des nichées d'oiseaux ?
Des choses cachées depuis les origines, combien les sciences de l'homme en ont-elles explorées assez pour donner une idée exacte de l'univers depuis son commencement jusqu'à son aboutissement ? En réalité, très peu, et comme disait mon père, biologiste, mathématicien, chef de laboratoire: "La science ouvre une enveloppe qui en contient cinq; elles les ouvrent toutes et l'on parle de progrès. Et effectivement, il y a des applications concrètes à tirer des découvertes. Mais ces cinq enveloppes ouvertes avaient livré chacune cinq autres enveloppes, en sorte qu'en sciences les questions ne font jamais que se multiplier". Il disait cela et force est de reconnaître rien qu'en regardant le ciel que les prévisions de météo à cinq jours ne sont que peu fiables...
Dieu est inconnaissable et franchement, quel bonheur pour l'homme ! Maintenant encore, je me souviens de ce mot de Simone Weil qui avait observé la mer avec suffisamment d'attention pour dire : jamais les hommes ne seraient autant fascinés par la mer s'ils ne savaient que les vagues sont aussi capables d'engloutir les bateaux... et que notre admiration naît de notre vulnérabilité aussi !
Vivre dans le Royaume des cieux, c'est déjà aujourd'hui. Nous vivons tous dans l'inconnu de ce jour. Nous pensons avoir prise sur tant de choses alors qu'en l'espace d'une journée, tout peut s'effacer ! Ainsi avons-nous bien raison de nous tourner sans cesse vers le Seigneur car lui seul peut nous guider valablement.
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