Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.
Jésus déclarait à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,
les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La vie chrétienne ne constitue jamais en une élévation, mais au contraire en un abaissement de l'être, régulier et continu. Mais combien peu nombreux les fidèles qui la considèrent ainsi ! Je vois encore notre Évêque, juste après sa messe d'intronisation, monter sur une chaise pour saluer les caméras: il avait l'air d'être monté sur le podium d'une étape du tour de France ! A sa décharge, je dirai aussi que je l'ai croisé, en modeste tenue de clergyman, commander un paquet de frites sur la grand place, un samedi soir.
La meilleure illustration vécue de ce texte, je la retrouve dans le fameux épisode de la vie de saint François. Celui-ci avait fait convoquer tous les frères où qu'ils soient. Il leur fallait revenir à Assise afin de décider en commun de l'avenir de l'ordre. Et les uns et les autres se présentent jour après jour et s'installent. Il n'y avait sur place, à leur arrivée que le portier qui s'occupait d'eux autant qu'il pouvait. Au bout de plusieurs semaines, les voilà tous réunis à la grande table du conseil. Ils s'installent donc et, au bout d'un temps de nouvelles congratulations, l'un d'entre eux s'exclame: "Voilà, il ne manque plus que notre père François !" Et une petite voix se fait entendre au fond de la salle, d'un homme courbé en train d'allumer le feu : "Mais je suis là, mes frères, depuis le début", répond simplement François: il leur avait servi à tous de portier, de cuisinier, il leur avait lavé leur robe, et aucun d'entre eux ne l'avaient reconnu !
Pour moi, dans le jour que je vis, ce samedi, empêché de prendre mon repas avec ma mère ce midi, je me suis promis de passer plus tard et de lui consacrer mon après-midi. Justement, ce matin, bien que recru de fatigue, ayant prié les yeux dans le noir, j'ai commencé de ranger la maison comme pour la quitter. Au début, il ne devait s'agir que d'être là pour régler les papiers et effectuer les travaux habituels dans une maison, en concertation et avec le soutien et l'approbation du reste de la famille. Mais il ne s'est passé qu'une année comme il avait été convenu. Depuis deux ans, le labeur n'a pas cessé d'augmenter - crise oblige - et je perds mes forces à longueur de semaines. Le dernier défi étant de ne plus m'adresser la parole. Dans ses conditions, je prépare mon départ pour l'été prochain. Je ne pense pas m'écarter de l’Évangile du jour, car dans cette affaire, je suis peu à peu devenu comme ce portier dont les frères de François n'ont fait aucun cas.
Prions les uns pour les autres afin de ne pas devenir, les uns pour les autres, des hommes de pouvoir ! Des hommes de pouvoir, il y en a bien assez déjà !
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