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 Règle de saint Benoît

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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 13:41

Je continue le sujet concernant le discernement et plus principalement : la vie Monastique :

La vie monastique n'est pas réservée à des "extra-terrestres".

Elle se vit sur la terre des hommes et dans leur chair. La question qu'elle pose est d'importance. Elle concerne une manière d'HABITER LE MONDE.
Qui ne cherche pas le BONHEUR : une manière juste d'habiter le monde ?
La Tradition Monastique, qui l'habite depuis si longtemps, enseigne une " science de la durée ". Quel est ce " chemin de vie " (Prologue de la Règle) où Saint Benoît invite à marcher ?
Dans le récit de la " Vie " de Saint Benoît, il est dit qu'il " habita avec lui-même ". Inutile de fuir ailleurs : il faut d'abord HABITER AVEC SOI-MÊME, à l'endroit de nous-même où nous existons en vérité, où nous sommes ouverts à la confiance. Cela implique un combat intérieur, un choix pour les forces de vie à travers les forces de mort. En effet, l'errance intérieure est aux prises avec la dispersion, la superficialité, la violence et la démobilisation. Mais la stabilité intérieure - luttant contre l'engourdissement, la fermeture et l'usure - fait peu à peu entrer dans une cohérence, un recueillement qui unifie le corps et le cœur, une fidélité souple, inventive, toujours nouvelle. Elle met en mouvement. La Règle de Saint Benoît propose d'habiter le monde ni comme un étranger qui n'est nulle part chez soi, ni comme un propriétaire qui serait purement et simplement chez soi, mais comme UN HÔTE. Être un hôte, c'est ne pas se donner à soi- même sa propre origine, mais se recevoir des autres, de l'Autre qui est Dieu, et vivre de ce DON. Voilà pourquoi la stabilité intérieure se traduit dans un comportement, une qualité de relation, une ÉTHIQUE. Elle est une aventure offerte à tout être humain, aux forts comme aux faibles. " Au monastère, l'abbé - l'Abbesse- doit guider et décider avec mesure. Alors les forts voudront faire d'avantage et les faibles ne se décourageront pas " (Règle, chapitre 64). Il ne s'agit pas que les forts deviennent faibles où que les faibles deviennent forts, ce qui serait une logique de course au rendement et de rivalité. Il s'agit de reconnaître que, dans le monde, et en nous même d'abord, il y a la FORCE ET LA FAIBLESSE, et que nous sommes appelés à les faire vivre ensemble. C'est l'alliance entre les deux qui crée la communauté et lui donne de tenir dans la DURÉE. Elles doivent être source de vie l'une pour l'autre et l'une par l'autre. Tenir ensemble force et faiblesse est une décision CONSTITUTIVE de toute personne, de toute communauté et de leur permanence dans l'histoire. Ce choix ne peut se faire et se vivre que dans L' HUMILITE. L'humilité est la force des faibles et la faiblesse des forts. Elle est VÉRITÉ, parce qu'elle apprend à rester ouvert à soi même, aux autres et à Dieu. La clôture monastique n'est pas fermeture. Elle ouvre un chemin vers l'Essentiel. Le monastère indique et transmet un sens: celui du MYSTÈRE DE LA RENCONTRE entre Dieu et l'humanité.
Il est un lieu de communion et de compassion, habité et travaillé par la souffrance et la joie des hommes, ouvert au Mystère de la VISITATION, à une Naissance toujours possible.

A celles qui se sentent touchées personnellement par ces réalités, notre Abbaye (Abbaye de Jouarre) offre la possibilité de creuser cet attrait et cet appel intérieurs à une aventure d'intériorité et d'amour. Par des séjours dans notre maison d'accueil, puis des partages de vie au sein de la Communauté, un apprivoisement, un approfondissement, peuvent se vivre et amener alors à prendre concrètement le chemin de la vie monastique.

Abbaye de Solesmes :
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Abbaye de la Pierre Qui Vire :
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Abbaye de Jouarre :
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Hélène
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 14:00

Merci Monachorum pour ce magnifique topo concernant la Règle de saint Benoît. I love you

Il y aurait peut-être lieu d'ouvrir un nouveau fil (dans le sujet "Écoute mon fils les préceptes du Maître") pour offrir aux participants de ce forum des "perles" de la Règle de saint Benoît... je me ferais complice avec toi si tu acceptes. Personnellement, je crois que cette Règle est si intemporelle, belle, réaliste et simple qu'elle peut rejoindre et être vécue par nous les laïcs engagés pour le Seigneur dans le monde. J'en suis qu'à mes débuts d'étude de la Règle et j'ai tant à apprendre ! Mais je pourrais vous partager un peu des réfléxions au fur et à mesure de mes apprentissages.

Union de prière,
Hélène
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 14:08

Oui et ce serait l'occasion en plus de mettre des passages de la règle, de les commenter et de les expliquer parce que vous allez voir que cette règle est d'une incroyable modernité.

VIVE ST BENOIT cheers
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Hélène
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Hélène



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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 14:15

Amen !! Merci Monachorum pour cette nouvelle inspiration ! sunny

Je vais tenter un sujet un peu plus tard...mais si tu as quelque chose déjà, n'hésite pas à nous nourrir de cette manne !

Hélène
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 14:23

Citation :
Homélie prononcée par le Très Révérend Père Dom Bertrand de Hédouville, Abbé de Notre-Dame de Randol (Auvergne), en la solennité de saint Benoît, 11 juillet 2006

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Frères et fils très aimés,
« Alleluia, vir Dei benedictus…l’homme de Dieu Benoît. »
Homme de Dieu est un titre glorieux, attribué dans la Sainte Ecriture à quelques prophètes, à Elie et surtout à Elisée.

« Alleluia, l’homme de Dieu Benoît fut rempli de l’esprit de tous les justes. » De même que l’esprit d’Elie reposa sur Elisée, de même saint Benoît fut rempli de l’esprit de tous les justes », lisons-nous dans sa vie écrite par saint Grégoire le Grand. La Séquence chantée entre l’Alleluia et l’évangile en est un résumé.

Dans sa cinquième strophe, ce chant nous a présenté Elie avec le corbeau qui lui apportait sa nourriture, tandis qu’il vivait dans une grotte : c’est ainsi qu’il apparaît au troisième livre des Rois.[1] Notre Bienheureux Père vécut en ermite dans une grotte étroite, que l’on visite à Subiaco. « A l’heure de son repas, un corbeau venait de la forêt voisine recevoir du pain se sa main. »[2] Que des saints puissent avoir des relations amicales avec des animaux sauvages est bien connu. Pensons à saint François d’Assise ou aux moines des déserts d’Egypte. Leur sainteté les ramène aux conditions du paradis terrestre.

« Va au torrent de Kérit, avait dit le Seigneur à Elie, tu boiras au torrent, et j’ordonne aux corbeaux de te nourrir. »[3] A Subiaco, un corbeau obéit de manière exemplaire à saint Benoît, qui le nourrit. La renommée de sa sainteté s’était si bien répandue que des disciples venaient à lui. Le prêtre du lieu en conçut de la jalousie. Pouvait-il admettre qu’un simple laïc fût plus saint que lui ? Un bon zèle, une sainte émulation, aurait pu l’inciter à viser une telle sainteté ; mais le zèle amer de l’envie le rendit de plus en plus mauvais, et il décida de faire disparaître Benoît et sa renommée. Il lui envoya comme pain bénit un pain empoisonné. Elie, à sa place, aurait, comme lui, deviné prophétiquement le poison caché dans le pain ; il aurait fait descendre le feu de ciel sur l’empoisonneur, dont il ne serait resté qu’un tas de cendres.[4] L’Esprit d’Elie était mitigé, en saint Benoît, par l’Esprit de Jésus-Christ. Il savait « de quel esprit il était »[5]. Il reçut le pain avec remerciements, espérant amener ainsi le coupable à résipiscence. A l’heure du repas, il jeta ce pain au corbeau en lui disant : « Au nom de Jésus-Christ Notre Seigneur, emmène ce pain là où personne ne pourra le trouver. » Sa prudence veillait à ce que la poison ne pût nuire à personne. Le corbeau tourna autour du pain en battant des ailes, comme pour dire : « Je veux obéir, mais ce n’est pas possible. » Une fois l’ordre réitéré, le corbeau prit le pain dans son bec et disparut. Il revint au bout de trois heures, mission accomplie, et reçut de l’homme de Dieu sa ration habituelle. C’est là, pour les disciples, un exemple de l’obéissance à un supérieur qui commande des choses difficiles ou impossibles : il est permis de lui suggérer les difficultés qui se présentent. Après quoi, si l’ordre est maintenu, on obéit, Dieu aidant.

Les moines, à commencer par saint Antoine, voient en Elie leur devancier.[6] A Elie, on associe Elisée. L’un et l’autre pouvaient dire : « Dieu devant qui je me tiens… », c’est-à-dire : « Je suis à sa disposition, prêt à obéir. » Tandis qu’Elie vivait en solitaire, Elisée est comme un abbé à la tête d’une communauté de prophètes, mais un abbé qui voyage beaucoup, ce que ne fera pas saint Benoît.

Elisée et sa communauté ont l’amour de la pauvreté. Pour couper le bois nécessaire à la construction de leur monastère, ils doivent emprunter une hache. Et voici que le fer se détache et tombe dans le Jourdain. « Elisée prit un morceau de bois, l’y jeta et fit surnager le fer. »[7] « On reconnaît Elisée quand le fer est rappelé du lit du torrent », avons-nous chanté dans la Séquence, référence à un miracle de saint Benoît : un moine débroussaillait de si bon cœur que le fer de son fauchard quitta le manche et disparut dans le lac voisin. Il vint s’accuser comme s’il était fautif. Saint Benoît plongea dans l’eau le manche et le fer se remit en place. Alors, ce bienheureux Père rend le fauchard au moine, le console et lui fait reprendre son travail.

Ses dons charismatiques – miracles, prophéties, lecture dans les consciences – étaient surtout destinés à la formation monastique de ses fils et à leur guérison spirituelle. « N’étais-je pas présent, dit-il à l’un d’eux, quand tu as reçu le cadeau que tu as caché dans ton sein ? »[8], comme Elisée à son serviteur indélicat : « Mon cœur n’était-il pas présent ? »[9] Bien qu’absent, saint Benoît pouvait surprendre un moine fautif ! Les abbés ne disposent pas toujours de ce don, mais savoir qu’en tout lieu Dieu nous regarde[10] doit suffire à la conscience d’un moine.

De même qu’Elie et Elisée, saint Benoît a fait nombre de miracles pour remédier à des infortunes ; mais il ne quittait pas son monastère ; c’est là qu’on venait faire appel à lui. Tel bon chrétien avait besoin de douze sous pour payer une dette. Notre Bienheureux Père ne les avait pas, mais il pria pendant deux jours et, le troisième, il peut remettre à ce débiteur en peine treize sous arrivés miraculeusement.[11] Un autre jour, un paysan vint exiger de lui la résurrection de son enfant ; et il l’obtint de lui, comme d’Elisée la bonne Sunamite.[12]

Elie et Elisée n’ont pas, comme Isaïe et Jérémie, annoncé la vie et la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils sont pourtant grands prophètes en Israël. Les prophètes sont avant tout de grands prédicateurs qui rappellent au peuple d’Israël et à ses chefs les exigences de la Loi de Moïse. Au lieu d’être tournés vers l’avenir, ils se réfèrent au passé, la naissance du Peuple de Dieu au Sinaï. Elie et Elisée dénoncent l’idolâtrie et les autres fautes contre la Loi. Le Seigneur ayant châtié Israël par une longue sécheresse, le roi Achab rencontre Elie : « Te voilà, toi, dit-il, le fléau d’Israël – Ce n’est pas moi qui suis le fléau d’Israël, répondit-il, mais c’est toi et ta famille, parce que vous avez abandonné le Seigneur pour les idoles. [13]

Depuis que l’Alliance du Sinaï a fait place à la Nouvelle et éternelle Alliance dans le Sang du Christ et à l’effusion de son Esprit, les prophètes ne nous renvoient plus à la Loi de Moïse, mais à Jésus-Christ qui est notre loi. Ainsi remis sur la bonne voie, il nous faut « repartir du Christ », selon le mot d’ordre que nous a laissé Jean-Paul II en ouvrant le troisième millénaire.

Nombreux sont ceux qui, après la Vierge Marie, Reine des Prophètes, participent à la fonction prophétique du Christ. Ils nous rappellent les exigences de la conformité au Christ et dénoncent les idoles qui nous écartent du Seigneur. Ainsi les grands fondateurs d’ordres religieux, à commencer, en Occident, par saint Benoît que nous fêtons aujourd’hui. Il nous enseigne à « ne rien faire passer avant l’amour du Christ »[14] ; il le répète avec insistance en terminant sa Règle : « Ne rien préférer au Christ, absolument rien » afin de nous préserver de toute idolâtrie. C’est toujours au Christ qu’il renvoie ses moines : dans leur Père Abbé, c’est le Christ qu’ils voient ; dans leurs frères aussi, surtout s’ils sont malades ; dans les hôtes enfin et les pèlerins. Il fut prophète, de son vivant, comme Elie et Elisée. Il l’est aujourd’hui en tous ceux qui suivent sa Règle. « Notre monde a besoin de ce témoignage prophétique, de cette affirmation du primat de Dieu et des biens à venir, qu’est l’imitation du Christ chaste, pauvre et obéissant, totalement consacré à la gloire de son Père et à l’amour de ses frères et sœurs, … de cet avertissement de ne pas sous-estimer les blessures du péché originel et de refuser la triple idolâtrie qui s’ensuit : le sexe, l’argent et le pouvoir. Notre monde a besoin de ce témoignage », disait il y a dix ans, le Pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire[15] ; l’Europe, confiée à Notre Bienheureux Père saint Benoît, en a particulièrement besoin de nos jours.

Saint Benoît, homme de Dieu, priez pour tous ceux qui vous sont confiés, et répandez sur eux l’esprit de tous les saints !

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.

Le Père Abbé de Randol que j'ai l'honneur de bien connaître (pour plusieurs raisons) a écrits une très belle homélie le jour de la Solennité de St Benoît, St Patron de l'Europe, Père du monachisme occidental et influencé par sa règle et le nombre incroyable de prélats et de pape bénédictins la vie de l'Eglise au cours des 1800 ans de la vie Bénédictine.

Tout cela méritait quand même bien un petit sujet. (merci hélène cheers )
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Hélène
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 14:33

Ah...ça donne soif d'en co-naître plus ! Merci !!
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 1 Oct 2006 - 15:53

Citation :
AUTHENTICITE MONASTIQUE : les valeurs identitaires (Abbaye d'en Calcat)

Pour suivre le Christ, tout quitter ! Rupture initiale qui lance le moine dans la solitude (moine veut dire seul, “monos”). La fidélité à cette rupture avec la famille, les amis, le monde restera condition pour l'authenticité de notre vie monastique. Rappelons-nous Thérèse d'Avila : elle n'a vraiment commencé sa vie de moniale que le jour où elle a rompu avec les parloirs et la famille, c.àd. après une vingtaine d'années de compromission.
Tout quitter ? La vie monastique est abandon de l'esprit mondain et de ses ambiguités par préférence pour l'évangile. Par exemple :
- quitter la recherche de sécurité pour préférer la confiance en la Providence ;
- passer de la perspective terrestre à la perspective de l'autre vie qui ne finira pas ;
- quitter l'esprit de compétition et de succès pour l'esprit de coopération et de partage ;
- préférer la vie cachée, anonyme, au renom, à l'ambition, à la domination...

Tout quitter, oui, mais pas pour rien ! Pour trouver. Ne rien préférer à l'amour du Christ, répète saint Benoît dans sa Règle ; elle n'est qu'un “chemin d'évangile” qui est quête de l'amour. “Attendre la Pâque avec la joie d'un désir spirituel” ; ce désir est l'âme de notre vie. Un jour Pascal dira : “Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé !” Petit à petit va se dérouler, presque inconsciemment, l'expérience spirituelle de la foi appuyée sur la Parole de Dieu lue amoureusement et sur les sacrements: présence mystérieuse de Celui qui se cache dans une absence qui reste fascinante, lumière progressive sur le Mystère qu'on n'a jamais fini d'admirer et de goûter. Peu importe que ce chemin soit parcouru dans un “nuage d'inconnaissance” ; le plus souvent il restera secret Tout quitter, oui, mais pas pour rien ! Pour trouver. Ne rien préférer à l'amour du Christ, répète saint Benoît dans sa Règle ; elle n'est qu'un “chemin d'évangile” qui est quête de l'amour. “Attendre la Pâque avec la joie d'un désir spirituel” ; ce désir est l'âme de notre vie. Un jour Pascal dira : “Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé !” Petit à petit va se dérouler, presque inconsciemment, l'expérience spirituelle de la foi appuyée sur la Parole de Dieu lue amoureusement et sur les sacrements: présence mystérieuse de Celui qui se cache dans une absence qui reste fascinante, lumière progressive sur le Mystère qu'on n'a jamais fini d'admirer et de goûter. Peu importe que ce chemin soit parcouru dans un “nuage d'inconnaissance” ; le plus souvent il restera secret et ineffable ; “est secretum mihi” disait Edith Stein à un journaliste trop curieux ! Il est constitutif de notre vie, il en signe l'authenticité.

Une manière très sûre de trouver la joie de Dieu est de Le servir dans nos frères : c'est l'amour mutuel réalisé. Il est fondé sur l'amour du Christ pour chacun. C'est pourquoi on évitera tout ce qui nuit à cet amour : l'indifférence, l'oubli, le mépris, le soupçon, la malveillance, les paroles qui blessent, déconsidèrent, et les passions qui divisent (jalousie, envie, ambition, colère...).
Saint Benoît, tout au long de sa Règle, saisit chaque occasion de la vie ensemble pour insister sur la délicatesse fraternelle durant nos vies entières, et ce n'est pas rien ! Sollicitude pour les enfants, les malades, les vieillards, les punis... Attention à chacun selon ses besoins, quelle humanité ! Il n'est que l'écho des recommandations de saint Paul aux premières communautés chrétiennes; quinze verbes pour qualifier la charité fraternelle : elle est patiente, serviable, ne cherche pas son intérêt, ne tient pas compte du mal, ne s'irrite pas ...(1 Co 13,4).
Aux Galates Paul énumère les fruits de l'Esprit, ce sont: la charité, la joie, la paix, la longanimité, la bonté, la douceur, la confiance dans les autres, la serviabilité, la maîtrise de soi... Aux jeunes chrétiens d'Ephèse ou de Colosses, il rappelle ces nuances de l'amour. Et aujourd'hui cette vie commune fraternelle est très significative pour les nouvelles générations. Jean-Paul II insiste : face à un monde menacé par l'individualisme, le témoignage d'hommes et de femmes capables de partager non seulement leurs biens, mais aussi leurs attentes, leurs idéaux à partir de la quotidienneté de l'existence et de la confrontation constante avec l'autre, peut être un signe qui raconte la vie trinitaire dans l'aujourd'hui de l'Eglise et du monde.

Autre valeur identitaire de la vie monastique : une vie de prière. “Ne rien préférer à la prière divine” (l'office des Heures), dit saint Benoît. Les Carmélites donnent traditionnellement beaucoup de temps à l'oraison personnelle ; pour les disciples de s. Benoît, l'office divin tient la première place avec la “lectio divina” qui se transforme et se prolonge en prière personnelle. Très tôt, Cassien propose la prière continue sous la forme de courtes invocations telle celle-ci : “ô Dieu, viens à mon aide - Seigneur hâte-toi de me secourir.” Dans ce domaine également une recherche de vérité s'impose dans le sens de la réforme conciliaire : donner la préférence au grand office, viser à la dévotion plutôt qu'aux dévotions particulières, respecter la vérité des Heures pour sanctifier la journée entière, que le cœur concorde avec la voix pour éviter toute prière “automatisée”...
Prière de l'Eglise, Corps du Christ ; cette fonction nous est confiée pour la louange de Dieu et les besoins du monde contemporain. Certains Israélites d'aujourd'hui reprochent aux chrétiens de prier pour leur salut individuel au lieu de prier pour l'humanité entière, les “nations”, comme le faisait leur propre tradition.
L'office divin célèbre les Mystères divins et l'horizon en est immense, à la dimension du monde et de l'amour que Dieu lui porte. De plus, l'insertion des intentions de prière dans les grandes Heures (Laudes et Vêpres) et dans l'Eucharistie favorisent une prière attentive aux besoins du temps et des événements, à condition de ne pas se contenter d'intentions stéréotypées qui gommeraient le caractère de vérité sinon d'authenticité. Que notre prière soit donc vraie et large, aux dimensions du Corps du Christ c.-à-d. de l'humanité à sanctifier !

Il y a enfin une autre valeur identitaire que nous ne pouvons pas taire quand il s'agit d'authenticité dans notre manière de vivre : c'est l'obéissance monastique qui est le prolongement du renoncement évangélique dans ce qu'il a de plus exigeant peut-être. Elle nous aide à rester dans la volonté du Père des cieux et la conformité à son Fils qui s'est fait obéissant jusqu'à en mourir. Benoît écrivait : “L'obéissance convient à ceux qui n'ont rien de plus cher que le Christ.”. C'est donc une manière de prouver notre amour au Seigneur : “Je préfère sa volonté à la mienne, comme Lui a préféré la volonté du Père à la sienne.”
L'obéissance d'amour a une très grande fécondité, comme le sacrifice du Christ nous le prouve : elle vient grossir le courant divin qui irrigue le monde pour lui donner la vie. Thérèse d'Avila ajoutait que l'obéissance donne des forces et l'expérience est là pour nous le prouver ; elle libère nos capacités parce qu'elle nous assure de la volonté de Dieu souvent difficile à découvrir.
Il y a enfin une autre valeur identitaire que nous ne pouvons pas taire quand il s'agit d'authenticité dans notre manière de vivre : c'est l'obéissance monastique qui est le prolongement du renoncement évangélique dans ce qu'il a de plus exigeant peut-être. Elle nous aide à rester dans la volonté du Père des cieux et la conformité à son Fils qui s'est fait obéissant jusqu'à en mourir. Benoît écrivait : “L'obéissance convient à ceux qui n'ont rien de plus cher que le Christ.”. C'est donc une manière de prouver notre amour au Seigneur : “Je préfère sa volonté à la mienne, comme Lui a préféré la volonté du Père à la sienne.” L'obéissance d'amour a une très grande fécondité, comme le sacrifice du Christ nous le prouve : elle vient grossir le courant divin qui irrigue le monde pour lui donner la vie. Thérèse d'Avila ajoutait que l'obéissance donne des forces et l'expérience est là pour nous le prouver ; elle libère nos capacités parce qu'elle nous assure de la volonté de Dieu souvent difficile à découvrir.
Dans ce domaine si important, nous avons également à discerner coutumes accumulées et vérité. Vatican II nous le demande pour que cette valeur nous rapproche du Christ, nous identifie à Lui et porte des fruits, cachés le plus souvent, mais qui se révèleront un jour avoir été “vitalisant” pour beaucoup. Cette valeur ne paraît pas être à la mode alors que domine la tendance primordiale à se réaliser soi-même; mais elle vient du Christ qui a ouvert ce chemin pour nous y précéder. Et nous ne pouvons pas nous permettre de la taire ni surtout de l'abandonner.

Voilà donc quelques valeurs identitaires qui authentifient notre vie. La longue histoire monastique enseigne que délaisser l'une d'entre elles, même avec la meilleure intention de répondre à un besoin de l'époque, peut avoir des conséquences graves : relâchement, tiédeur, voire absence de vocations et finalement disparition... Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas et ne devons pas nous ouvrir aux valeurs contemporaines et aux besoins de l'Eglise et des hommes, mais à notre manière ; nous tâcherons de chercher comment la prochaine fois.
(à suivre)

Deux idées maitresse dans ce passage : tout quitter et pourquoi tout quitter, et "ne rien préférer à l'amour du christ".

Ce premier passage m'interesse énormément parce que "tout quitter" est justement ce qui fait le plus peur aux personnes en discernement et pour en discuter avec d'autres, je me suis apperçu qu'on vit quasiment tous les mêmes peurs, les mêmes problèmes et les mêmes angoisses narcissique d'une volonté qui refuse au moins partiellement de ne plus rien contrôler et de tout faire reposer dans les mains du Seigneur.
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MessageSujet: Premier degré d'humilité   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 21 Jan 2007 - 16:58

Chapitre VII

De l'humilité

La divine Écriture, mes frères, proclame pour notre gouverne : "Quiconque s'élève sera humilié, et celui qui s'humilie sera glorifié." En tenant ce langage, elle nous montre que tout élèvement s'apparente à l'orgueil, et nécessite les précautions dont se munit le Prophète disant : "Seigneur, j'ai fui l'élèvement du coeur et les hautes ambitions; je n'ai point marché dans des voies prétentieuses, ni vers le mirage d'une condition supérieure à la mienne." Bien plus, il poursuit: "Si je n'entretiens de bas sentiments de moi-même, si je m'estime plus que je ne dois, tu me traiteras dans ta justice comme l'enfant trop tôt sevré, qu'on arrache des bras de sa mère.

Voulons-nous, par conséquent, mes frères, atteindre au somment de cette souveraine humilité, voulons-nous parvenir par une ascension rapide à ces hauteurs célestes où mène l'abaissement de la vie présente, il s'agit alors d'y monter par la gradation de nos oeuvres, et de dresser vers le ciel cette même échelle où Jacob vit en songe monter et descendre les anges. Il est ici hors de doute que monter et descendre signifient pour nous que l'on s'abaisse en voulant s'élever, et qu'on s'élève en s'abaissant. Quant à cette échelle dressée, c'est proprement notre vie d'ici-bas, pour autant que le Seigneur élève jusqu'au cieux le coeur qui s'humilie. Convenons maintenant que les deux côtés de l'échelle figurent notre corps et notre âme: entre ces montants, Dieu a inséré, nous invitant à les gravir, les échelons successifs de l'art spirituel qui porte nom humilité.

Règle de saint Benoît 0306_0

Le premier degré d'humilité est que, par l'effet d'une constante attention à la crainte de Dieu, on échappe résolument à la légèreté d'esprit et qu'on se remémore tous les préceptes divins. Si l'on ne cesse, en effet, de retrourner dans son esprit la menace de la géhenne où brûlent pour leurs péchés ceux qui méprisent Dieu, et la promesse de vie éternelle réservée à ceux qui le craignent, on saura se garder à toute heure des péchés et des vices, ceux des pensées, de la langue, des mains, des pieds, ceux de la volonté propre, ou encore des désirs de la chair. Que l'homme considère donc que Dieu le regarde à tout moment du haut du ciel. En quelque lieu que nous soyons, nos actions sont à découvert sous les yeux de la Divinité et lui sont à tout instant rapportées par les anges. Le Prophète nous donne à entendre cette vérité, et témoigne à quel point nos plus secrètes pensées sont à nu devant Dieu, quand il dit : "Dieu scrute les reins et les coeurs", et de même: "Le Seigneur connaît les desseins des hommes"; il dit encore: "Tu pénètres de loin mes pensées," et : "Tout ce qui s'agite en l'homme vient se déclarer devant Toi." Dès lors, pour exercer la vigileance sur ses pensées mauvaises, un frère avisé ne manquera pas de se redire au fond du coeur : Pour être sans tache devant Lui, il faut me bien garder de jamais l'offenser.

Quant à la volonté propre, nous trouvons dans l'Écriture cette défense expresse de la suivre : "Détourne-toi de tes volontés." Nous demandons d'ailleurs nous-mêmes à Dieu dans la prière que ce soit sa volonté qui s'accomplisse en nous. On voit par là combien justifiée est la doctrine du renoncement à la volonté propre; car on évite ainsi l'écueil signalé dans l'Écriture: "Il est des chemins qui aux yeux des hommes semblent droits, mais qui, au terme, vous plongent jusqu'au fond de l'enfer." Et nous serons bien inspirés d'envisager avec frayeur le sort de ceux qui se laissent aller à leurs penchants, et dont il est écrit qu'ils s'y "corrompent et y deviennent abominables à Dieu."

Enfin, pour maîtriser les désirs de la chair, recourons encore et toujours au sentiment de la présence de Dieu, et disons avec le Prophète: "Tous mes désirs, Seigneur, sont devant Toi." S'il faut ainsi nous garder du désir mauvais, c'est que la mort est postée sur le seuil même de l'accès au plaisir; d'où le précepte de l'Écriture: "Ne te laisse pas entraîner par tes convoitises."

En résumé, si les yeux du Seigneur observent sans cesse les bons et les méchants, si le Seigneur jette du haut du ciel ses regards sur les enfants des hommes pour discerner ceux qui se montrent attentifs à Le chercher, si enfin les anges établis sur nous font quotidiennement nuit et jour, rapport à Dieu de nos actions, il nous faut prendre garde à tout instant, mes frères, comme dit le Prophète dans les psaumes, que Dieu ne nous voie, à quelque moment, enclins à pécher, abusant de sa grâce, de peur que, nous ayant épargnés aujourd'hui par grande indulgence et parce qu'il nous laisse le temps de nous amender et de nous tourner vers lui, il ne nous dise un jour : "Voilà ce que tu as fait, et je patientais."

Règle de saint Benoît LATTER1

La nouvelle échelle de Jacob...
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MessageSujet: Second, troisième et quatrième degrés d'humilité   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 21 Jan 2007 - 18:35

Second, troisième et quatrième degrés d'humilité

Le second degré d'humilité consiste à se détacher assez de la volonté propre pour ne plus goûter la satisfaction d'en suivre les mouvements, et pour réaliser dans sa conduite ce que le Seigneur dit de lui-même : "Je ne suis pas venu faire ici-bas ma volonté, mais celle du Père qui m'a envoyé." L'Écriture dit ailleurs : "Courir au plaisir c'est encourir la peine, et plier sous la loi c'est gagner la couronne."

Le troisième degré d'humilité est que, pour l'amour de Dieu, on se soumette au supérieur avec une obéissance sans réserve, à l'imitation du Seigneur qui, nous dit l'Apôtre, "s'est fait obéissant jusqu'à la mort."

Au quatrième degré d'humilité, s'il arrive que, dans cette voie d'obéissance, on soit en butte à toute sorte de difficultés, de traitements durs ou même injustes, alors, au lieu de protester, on met tout son coeur à embrasser la patience, et à tout supporter sans lâcher prise ni reculer d'un pas, car l'Écriture dit : "Qui persévère jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé." Et en un autre endroit: "Que ton coeur s'affermisse, et soutienne les délais du Seigneur." Elle montre encore que l'âme fidèle doit, pour le Seigneur, tout endurer et jusqu'aux pires contrariétés, quand elle fait ainsi parler ceux qui sont dans l'épreuve: "C'est à cause de Toi qu'à longueur de journée nous sommes exposés à la mort et traités comme menu bétail de boucherie." Inébranlables toutefois dans l'espérance de la rétribution divine, ils poursuivent avec joie: "Mais en toutes ces rencontres nous gardons l'avantage, pour l'amour de Celui qui nous a aimés." Ailleurs on lit encore dans l'Écriture: "Tu nous as éprouvés, Seigneur, tu nous as fait passer par le feu, comme l'argent qu'on éprouve dans la fournaise; tu nous as fait prendre au lacet, tu as accumulé les tribulations sur nos épaules." Et qu'il nous faille ainsi subir le joug d'un supérieur, la suite du texte le montre bien: "Tu as placé des hommes comme un poids sur nos têtes." De fait, c'est par la patience au milieu des contradictions et des injustices qu'on accomplira jusqu'au bout le précepte du Seigneur: frappé sur une joue, on tendra l'autre; à qui ravit la tunique, on abandonne par surcroît le manteau; angarié pour une corvée d'un mille, on en fera deux; avec l'Apôtre Paul on supporte les faux frères, et à ceux qui maudissent, on adresse en retour des paroles de bénédiction.
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MessageSujet: Ve, VIe, VIIe, VIIIe et IXe degrés d'humilité   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 21 Jan 2007 - 20:19

Ve, VIe, VIIe, VIIIe et IXe degrés d'humilité


Le cinquième degré d'humilité est de ne rien cacher à son Abbé des pensées mauvaises qui se présentent à l'esprit, ni des fautes commises dans le secret. L'Écriture nous exhorte à pratiquer cette humble confession quand elle nous dit : "Expose devant Dieu ta conduite et espère en Lui," ou encore : "Confessez-vous au Seigneur, car il est bon, et sa miséricorde est éternelle." Le Roi Prophète dit aussi : "Je T'ai déclaré mon péché, et je n'ai pas caché mon iniquité ; j'ai dit : je prononcerai contre moi-même devant le Seigneur que j'ai offensé ; mais ta bonté corrigera la malice de mon âme."

Le sixième degré d'humilité est qu'un moine trouve son contentement dans tout ce qu'il y a de plus commun et de moindre. Dans les tâches où on l'emploie, il se regarde comme un piètre ouvrier et un incapable. Avec le Prophète il se dit: "Me voilà ramené à rien, et je ne sais rien; Tu le vois, je suis traité comme une bête de somme; mais je me tiens toujours avec Toi."

Règle de saint Benoît SAINT_JOSEPH_Charpentier_Le_Louvre_1593-1652_vers_1640_


Le septième degré d'humilité est que le moine, non en protestations purement verbales, mais par sentiment profond et une intime conviction du coeur, se reconnaisse comme le plus vil et le dernier de tous les êtres, et que s'abaissant jusqu'à terre il dise avec le Prophète: "Moi, je ne suis qu'un ver, et non un homme, la honte de l'humanité et le rebut du peuple. Je m'étais exalté, et me voici dans l'abjection et la confusion." Le Prophète dit encore : "Comme il est bon pour moi que Tu m'aies humilié ! par là j'ai appris à T'obéir."

Le huitième degré d'humilité est qu'un moine ne fasse rien qui ne soit conforme à la règle commune du monastère, ou encouragé par la tradition des anciens.

Le neuvième degré d'humilité est qu'un moine sache retenir sa langue et que, fidèle à la loi du silence, il attende pour parler qu'on l'interroge, d'autant que l'Écriture témoigne qu' "à parler beaucoup, on ne peut manquer de pécher" ; et que "le bavard ne trouve pas le droit chemin sur la terre."
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MessageSujet: Xe, XIe et XIIe degrés d'humilité   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 21 Jan 2007 - 20:40

Xe, XIe et XIIe degrés d'humilité

Le dixième degré d'humilité condamne l'habitude de rire à tout propos. Il est écrit : "Le rire bruyant trahit la sottise."

Le onzième degré d'humilité est que le moine, amené à parler, le fasse sans élever le ton ni badiner, avec une humble gravité, dans un langage sobre et sensé, et qu'il évite les éclats de voix. On dit en effet que "le sage, pour se faire connaître, n'a pas besoin de beaucoup de mots."

Au douzième degré, l'humilité dont le coeur du moine est rempli passe dans tout son extérieur, et se laisse apercevoir aux regards d'autrui.

À l'Oeuvre de Dieu, à l'oratoire, dans le cloître, au jardin, sur les chemins, par les champs, en tout lieu, qu'il soit assis, en marche ou debout, on le voit toujours penchant la tête fixant les yeux à terre, dans le grave sentiment de sa culpabilité et sous le poids de ses fautes, comme si, à cette heure même, il avait conscience d'affronter le redoutable jugement de Dieu. Dans son coeur il redit sans cesse les paroles que prononçait le publicain de l'Évangile, les yeux humblement baissés : "Seigneur, je ne suis pas digne, moi pécheur, de lever mes regards vers le ciel," et avec le Prophète il ajoute: "Je me tiens courbé et profondément humilié."

Lorsqu'enfin le moine a gravi tous ces échelons d'humilité, il atteint bien vite le sommet de la charité divine d'où est bannie la crainte. Tout ce qu'il ne pouvait accomplir au début sans l'appui de cette crainte, il se met à l'observer par amour, sans nul effort, et, pour ainsi dire, avec l'aisance de l'habitude acquise. Ce n'est plus la peur de l'enfer, c'est l'amour du Christ qui le meut, ainsi que l'entraînement au bien et le charme de la vertu. Cette oeuvre de l'Esprit-Saint, daigne le Seigneur la montrer achevée en celui qui avec son concours travaille à se purifier des vices et de ses péchés.

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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeLun 22 Jan 2007 - 9:28

Heureux les moines et les récluses qui se paient dès ici bas un tel paradis sur terre en priant pour nous tous.
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeLun 22 Jan 2007 - 22:30

Michel Ange a écrit:
Heureux les moines et les récluses qui se paient dès ici bas un tel paradis sur terre en priant pour nous tous.
Pas besoin d'être reclus ou moines pour vivre de cette Règle. C'est aussi pour nous les laïcs (ou oblats, qui veut dire "moines dans le monde")... cette Règle est tellement belle, simple et "flexible" qu'elle est une vraie école d'Évangile...un apprentissage quotidien à l'école de l'humilité...à l'école de Nazareth, là où Jésus s'est soumis durant les trente premières années de sa vie cachée au coeur du monde. Certains passage peuvent sembler révolus ou datés mais, lorsque nous recevons l'enseignement de ce que saint Benoît a voulu transmettre en comprenant l'ensemble de la Règle et le chemin dans lequel il nous engage (càd, celui de l'Amour pour le Christ et nos frères), elle n'est pas un fardeau et est tout à fait renouvelable dans l'actualité de notre quotidien.

Fraternellement en Christ,
Hélène
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeMer 24 Jan 2007 - 9:38

Heureux les pauvres en esprit et les riches en âme
Heureux les pauvres en convoitise matérielles et les riches en partages équitables
Heureux les pauvres en idôlatrie et les riches en adoration- communion par , avec et en notre Dieu unique
Bienheureux les coeurs purs car ils verront Dieu
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MessageSujet: Commentaires de la Règle de St Benoit   Règle de saint Benoît Icon_minitimeJeu 23 Aoû 2007 - 12:10

http://www.maredsous.be/index.php?id=190&L=0
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeJeu 23 Aoû 2007 - 17:56

Pour mon anniversaire, mon père spi m'a offert deux livres: la vie de st Benoît selon saint Grégoire le Grand, et la vie quotidienne slon la règle de saint Benoît qui reprend le texte intégral, le tout illustrépar une des cisterciennes de façon délicieuse.
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeVen 24 Aoû 2007 - 3:30

el Padrecito a écrit:
Pour mon anniversaire, mon père spi m'a offert deux livres: la vie de st Benoît selon saint Grégoire le Grand, et la vie quotidienne slon la règle de saint Benoît qui reprend le texte intégral, le tout illustrépar une des cisterciennes de façon délicieuse.

Et ben tu es gaté ! Very Happy
Quand tu les auras lu, tu pourras nous en donner une petite analyse ?
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeVen 24 Aoû 2007 - 5:31

J'essaierai.

En même temps, je ne vous apprendrais pas grand chose à Hélène et toi...
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeVen 24 Aoû 2007 - 6:03

Apprendre je ne sais pas, mais avoir un avis un peu personnel vis à vis de ton appréciation c'est interessant et puis, hélène et moi ne sont que deux intervenants parmis tant d'autres. Very Happy
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeMer 9 Avr 2008 - 17:01

Citation :
« A l’école de saint Benoît pour reconstruire l’Europe »
Catéchèse de Benoît XVI

ROME, Mercredi 9 avril 2008 (ZENIT.org) - « A l'école de saint Benoît pour reconstruire l'Europe », titre L'Osservatore Romano en italien du 10 avril, à propos de l'audience du mercredi.

Le pape a consacré sa catéchèse hebdomadaire, place Saint-Pierre à saint Benoît de Nursie, « père du monachisme occidental ».

Benoît XVI a souligné que saint Benoît, proclamé patron de l'Europe par Paul VI en 1964, a eu « une influence fondamentale sur la civilisation et sur la culture européennes ».

Il rappelait que « l'œuvre du saint et, en particulier sa Règle, se révélèrent détentrices d'un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l'Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l'unité politique créée par l'empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C'est précisément ainsi qu'est née la réalité que nous appelons ‘Europe' ».

« Paul VI, en proclamant saint Benoît Patron de l'Europe le 24 octobre 1964, voulut reconnaître l'œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne », a ajouté le pape.

Mais ce message est toujours actuel, comme l'a souligné Benoît XVI en disant : « Aujourd'hui, l'Europe - à peine sortie d'un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l'effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies - est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l'Europe ».

« En recherchant le vrai progrès, nous écoutons encore aujourd'hui la Règle de saint Benoît comme une lumière pour notre chemin. Le grand moine demeure un véritable maître à l'école de qui nous pouvons apprendre l'art de vivre l'humanisme véritable », a insisté Benoît XVI.

Le pape a rappelé que saint Benoît est né vers 480 à Nursie. Il étudia à Rome, puis il se retira dans la solitude, à la grotte de Subiaco, encore visible aujourd'hui dans le monastère actuel, « ne voulant plaire qu'à Dieu ».

« Ce temps fut pour lui, expliquait le pape, une période de maturation intérieure, qui lui permit de lutter contre les tentations ».

« Il décida alors de fonder ses premiers monastères près de Subiaco. En 529, il s'établit à Montecassino, sur une hauteur, montrant ainsi qu'un monastère, tout en étant loin, a aussi une finalité publique dans la vie de l'Église et de la société ».

« À sa mort, en 547, Benoît laisse, avec sa Règle et la famille bénédictine, un patrimoine qui portera du fruit dans le monde entier », a fait observer Benoît XVI.

« L'engagement premier du disciple de saint Benoît est, a conclu le pape, en soulignant l'actualité de saint Benoît, la recherche sincère de Dieu, sur le chemin tracé par le Christ humble et obéissant, à l'amour duquel il ne doit rien préférer. La Règle demeure étonnamment moderne, offrant des indications utiles pour tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En 1964, le Pape Paul VI a proclamé saint Benoît Patron de l'Europe ».

Anita S. Bourdin
Source : Zenit.org
👼
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeMer 9 Avr 2008 - 17:06

Citation :
Audience générale du 9 avril : Saint Benoît
ROME, Mercredi 9 avril 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l'audience générale, ce mercredi, place Saint-Pierre.

Catéchèse de Benoît XVI


Chers frères et sœurs,

Je voudrais parler aujourd'hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et aussi Patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît : « L'homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l'éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine » (Dial. II, 36). Telles sont les paroles que ce grand Pape écrivit en l'an 592 ; le saint moine était mort à peine 50 ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans le florissant Ordre religieux qu'il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. La source la plus importante à propos de la vie de ce saint est le deuxième livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand. Il ne s'agit pas d'une biographie au sens classique. Selon les idées de son temps, il voulut illustrer à travers l'exemple d'un homme concret - précisément saint Benoît - l'ascension au sommet de la contemplation, qui peut être réalisée par celui qui s'abandonne à Dieu. Il nous donne donc un modèle de vie humaine comme ascension vers le sommet de la perfection. Saint Grégoire le Grand raconte également dans ce livre des Dialogues de nombreux miracles accomplis par le saint, et ici encore il ne veut pas raconter simplement quelque chose d'étrange, mais démontrer comment Dieu, en admonestant, en aidant et aussi en punissant, intervient dans les situations concrètes de la vie de l'homme. Il veut démontrer que Dieu n'est pas une hypothèse lointaine placée à l'origine du monde, mais qu'il est présent dans la vie de l'homme, de tout homme.

Cette perspective du « biographe » s'explique également à la lumière du contexte général de son époque : entre le Ve et le VIe siècle, le monde était bouleversé par une terrible crise des valeurs et des institutions, causée par la chute de l'Empire romain, par l'invasion des nouveaux peuples et par la décadence des mœurs. En présentant saint Benoît comme un « astre lumineux », Grégoire voulait indiquer, dans cette situation terrible, précisément ici dans cette ville de Rome, l'issue de la « nuit obscure de l'histoire » (Jean-Paul II, Insegnamenti, II/1, 1979, p. 1158 ). De fait, l'œuvre du saint et, en particulier sa Règle, se révélèrent détentrices d'un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l'Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l'unité politique créée par l'empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C'est précisément ainsi qu'est née la réalité que nous appelons « Europe ».

La naissance de saint Benoît se situe autour de l'an 480. Il provenait, comme le dit saint Grégoire, « ex provincia Nursiae » - de la région de la Nursie. Ses parents, qui étaient aisés, l'envoyèrent suivre des études à Rome pour sa formation. Il ne s'arrêta cependant pas longtemps dans la Ville éternelle. Comme explication, pleinement crédible, Grégoire mentionne le fait que le jeune Benoît était écœuré par le style de vie d'un grand nombre de ses compagnons d'étude, qui vivaient de manière dissolue, et qu'il ne voulait pas tomber dans les mêmes erreurs. Il voulait ne plaire qu'à Dieu seul ; « soli Deo placere desiderans » (II Dial. Prol. 1). Ainsi, avant même la conclusion de ses études, Benoît quitta Rome et se retira dans la solitude des montagnes à l'est de Rome. Après un premier séjour dans le village d'Effide (aujourd'hui Affile), où il s'associa pendant un certain temps à une « communauté religieuse » de moines, il devint ermite non loin de là, à Subiaco. Ily vécut pendant trois ans complètement seul dans une grotte qui, depuis le Haut Moyen-âge, constitue le « cœur » d'un monastère bénédictin appelé « Sacro Speco ». La période à Subiaco, une période de solitude avec Dieu, fut un temps de maturation pour Benoît. Il dut supporter et surmonter en ce lieu les trois tentations fondamentales de chaque être humain : la tentation de l'affirmation personnelle et du désir de se placer lui-même au centre, la tentation de la sensualité et, enfin, la tentation de la colère et de la vengeance. Benoît était en effet convaincu que ce n'était qu'après avoir vaincu ces tentations qu'il aurait pu adresser aux autres une parole pouvant être utile à leur situation de besoin. Et ainsi, son âme désormais pacifiée était en mesure de contrôler pleinement les pulsions du « moi » pour être un bâtisseur de paix autour de lui. Ce n'est qu'alors qu'il décida de fonder ses premiers monastères dans la vallée de l'Anio, près de Subiaco.

En l'an 529, Benoît quitta Subiaco pour s'installer à Montecassino. Certains ont expliqué ce déplacement comme une fuite face aux intrigues d'un ecclésiastique local envieux. Mais cette tentative d'explication s'est révélée peu convaincante, car la mort soudaine de ce dernier n'incita pas Benoît à revenir (II Dial. 8 ). En réalité, cette décision s'imposa à lui car il était entré dans une nouvelle phase de sa maturation intérieure et de son expérience monastique. Selon Grégoire le Grand, l'exode de la lointaine vallée de l'Anio vers le Mont Cassio - une hauteur qui, dominant la vaste plaine environnante, est visible de loin - revêt un caractère symbolique : la vie monastique cachée a sa raison d'être, mais un monastère possède également une finalité publique dans la vie de l'Eglise et de la société, il doit donner de la visibilité à la foi comme force de vie. De fait, lorsque Benoît conclut sa vie terrestre le 21 mars 547, il laissa avec sa Règle et avec la famille bénédictine qu'il avait fondée un patrimoine qui a porté des fruits dans le monde entier jusqu'à aujourd'hui.

Dans tout le deuxième livre des Dialogues, Grégoire nous montre que la vie de saint Benoît était plongée dans une atmosphère de prière, fondement central de son existence. Sans la prière, l'expérience de Dieu n'existe pas. Mais la spiritualité de Benoît n'était pas une intériorité en dehors de la réalité. Dans la tourmente et la confusion de son temps, il vivait sous le regard de Dieu et ne perdit ainsi jamais de vue les devoirs de la vie quotidienne et l'homme avec ses besoins concrets. En voyant Dieu, il comprit la réalité de l'homme et sa mission. Dans sa Règle, il qualifie la vie monastique d'« école du service du Seigneur » (Prol. 45) et il demande à ses moines de « ne rien placer avant l'Œuvre de Dieu [c'est-à-dire l'Office divin ou la Liturgie des Heures] » (43, 3). Il souligne cependant que la prière est en premier lieu un acte d'écoute (Prol. 9-11), qui doit ensuite se traduire par l'action concrète. « Le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par les faits à ses saints enseignements », affirme-t-il (Prol. 35). Ainsi, la vie du moine devient une symbiose féconde entre action et contemplation « afin que Dieu soit glorifié en tout » (57, 9). En opposition avec une réalisation personnelle facile et égocentrique, aujourd'hui souvent exaltée, l'engagement premier et incontournable du disciple de saint Benoît est la recherche sincère de Dieu (58, 7) sur la voie tracée par le Christ humble et obéissant (5, 13), ne devant rien placer avant l'amour pour celui-ci (4, 21 ; 72, 11) et c'est précisément ainsi, au service de l'autre, qu'il devient un homme du service et de la paix. Dans l'exercice de l'obéissance mise en acte avec une foi animée par l'amour (5, 2), le moine conquiert l'humilité (5, 1), à laquelle la Règle consacre un chapitre entier (7). De cette manière, l'homme devient toujours plus conforme au Christ et atteint la véritable réalisation personnelle comme créature à l'image et à la ressemblance de Dieu.

A l'obéissance du disciple doit correspondre la sagesse de l'Abbé, qui dans le monastère remplit « les fonctions du Christ » (2, 2 ; 63, 13). Sa figure, définie en particulier dans le deuxième chapitre de la Règle, avec ses qualités de beauté spirituelle et d'engagement exigeant, peut-être considérée comme un autoportrait de Benoît, car - comme l'écrit Grégoire le Grand - « le saint ne put en aucune manière enseigner différemment de la façon dont il vécut » (Dial. II, 36). L'Abbé doit être à la fois un père tendre et également un maître sévère (2, 24), un véritable éducateur. Inflexible contre les vices, il est cependant appelé à imiter en particulier la tendresse du Bon Pasteur (27, 8 ), à « aider plutôt qu'à dominer » (64, 8 ), à « accentuer davantage à travers les faits qu'à travers les paroles tout ce qui est bon et saint » et à « illustrer les commandements divins par son exemple » (2, 12). Pour être en mesure de décider de manière responsable, l'Abbé doit aussi être une personne qui écoute « le conseil de ses frères » (3, 2), car « souvent Dieu révèle au plus jeune la solution la meilleure » (3, 3). Cette disposition rend étonnamment moderne une Règle écrite il y a presque quinze siècles ! Un homme de responsabilité publique, même à une petite échelle, doit toujours être également un homme qui sait écouter et qui sait apprendre de ce qu'il écoute.

Benoît qualifie la Règle de « Règle minimale tracée uniquement pour le début » (73, 8 ) ; en réalité, celle-ci offre cependant des indications utiles non seulement aux moines, mais également à tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En raison de sa mesure, de son humanité et de son sobre discernement entre ce qui est essentiel et secondaire dans la vie spirituelle, elle a pu conserver sa force illuminatrice jusqu'à aujourd'hui. Paul VI, en proclamant saint Benoît Patron de l'Europe le 24 octobre 1964, voulut reconnaître l'œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne. Aujourd'hui, l'Europe - à peine sortie d'un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l'effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies - est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l'Europe. Sans cette sève vitale, l'homme reste exposé au danger de succomber à l'antique tentation de vouloir se racheter tout seul - une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l'Europe du XXe siècle, comme l'a remarqué le Pape Jean-Paul II, « un recul sans précédent dans l'histoire tourmentée de l'humanité » (Insegnamenti, XIII/1, 1990, p. 58 ). En recherchant le vrai progrès, nous écoutons encore aujourd'hui la Règle de saint Benoît comme une lumière pour notre chemin. Le grand moine demeure un véritable maître à l'école de qui nous pouvons apprendre l'art de vivre l'humanisme véritable.

Puis le pape a lu le résumé de sa catéchèse, en français :

Chers Frères et Sœurs,

La vie et l'œuvre de saint Benoît, père du monachisme occidental, ont exercé une influence fondamentale sur la civilisation et sur la culture européennes. Né vers 480 à Nursie, il étudie à Rome, puis il se retire dans la solitude, ne voulant plaire qu'à Dieu. Ce temps fut pour lui une période de maturation intérieure, qui lui permit de lutter contre les tentations. Il décide alors de fonder ses premiers monastères près de Subiaco. En 529, il s'établit à Montecassino, sur une hauteur, montrant ainsi qu'un monastère, tout en étant loin, a aussi une finalité publique dans la vie de l'Église et de la société. À sa mort, en 547, Benoît laisse, avec sa Règle et la famille bénédictine, un patrimoine qui portera du fruit dans le monde entier. L'engagement premier du disciple de saint Benoît est la recherche sincère de Dieu, sur le chemin tracé par le Christ humble et obéissant, à l'amour duquel il ne doit rien préférer. La Règle demeure étonnamment moderne, offrant des indications utiles pour tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En 1964, le Pape Paul VI a proclamé saint Benoît Patron de l'Europe.

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. Je salue en particulier le groupe de la Vallée de l'Andelle dans le diocèse d'Évreux ainsi que les jeunes venus notamment de Neuilly, de Rueil-Malmaison et de Pontivy. A l'exemple de saint Benoît, donnez une place importante à la prière et à la contemplation du visage du Christ ressuscité présent et agissant dans votre vie! Bon temps pascal!

©️ Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican

Traduction réalisée par Zenit
Source : Zenit.org
J'aime Benoît XVI. J'aime saint Benoît. J'aime :JC:
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 12 Avr 2009 - 8:02

Bonjour à tous mes frères et soeurs dans le Christ!

Aujourd'hui Jésus est réellement présent dans la vie de chacun d'entre nous! cheers cheers

Cette réalité, cette évidence, qui nous fait brûler intérieurement, à mûrit en moi grâce à votre multitude d'échanges et messages fraternels de ce forum!
Que dis-je Smile de notre communauté sunny

Hélène, je te serai infiniment reconnaissante pour m'avoir guidé en communion avec l'Esprit Saint vers cette retraite que je commencerai cette après-midi : :bisou: :monstran: : à 17 h 30.

Je serai donc à la famille Saint-Joseph de Mont-rouge I love you

Et voilà sunny le grand jour est là!

Je suis super heureuse et bizarre à la fois!
Une semaine à se laisser transformer par dieu ...cela ne m'est jamais arrivée, je suis novice en la matière, mais en même temps ça fait tellement longtemps que j'en ressens le besoin...

Je prierai beaucoup pour vous tous I love you , comptez sur moi!

Je m'en vais à 15 H 30 , et serai de retour dimanche soir. : :bisou:




Je souhaite ainsi de tout coeur, prendre exemple sur saint Benoît avec un coeur humble et ardent, afin de me placer totalement et pour toujours auprès de Dieu, dans ma vie quotidienne.

Je souhaite que cette retraite, par la grâce du Saint esprit, améliore mon comporte quotidien et la qualité de mes relations aux autres.

Je reposte une partie du texte d'une audience sur la catéchèse de Benoît XVI, qu'Hélène nous avait donné donné le 9 avril 2008 I love you
Je part avec ce texte dans mon coeur!

Bonne fête de Pâques cher tous sunny

Fraternellement..... votre Françoise!

: :bisou:

Benoît XVI nous écrit:


Chers Frères et Sœurs,


La vie et l'œuvre de saint Benoît, père du monachisme occidental, ont exercé une influence fondamentale sur la civilisation et sur la culture européennes. Né vers 480 à Nursie, il étudie à Rome, puis il se retire dans la solitude, ne voulant plaire qu'à Dieu. Ce temps fut pour lui une période de maturation intérieure, qui lui permit de lutter contre les tentations. Il décide alors de fonder ses premiers monastères près de Subiaco. En 529, il s'établit à Montecassino, sur une hauteur, montrant ainsi qu'un monastère, tout en étant loin, a aussi une finalité publique dans la vie de l'Église et de la société. À sa mort, en 547, Benoît laisse, avec sa Règle et la famille bénédictine, un patrimoine qui portera du fruit dans le monde entier. L'engagement premier du disciple de saint Benoît est la recherche sincère de Dieu, sur le chemin tracé par le Christ humble et obéissant, à l'amour duquel il ne doit rien préférer. La Règle demeure étonnamment moderne, offrant des indications utiles pour tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En 1964, le Pape Paul VI a proclamé saint Benoît Patron de l'Europe.

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. Je salue en particulier le groupe de la Vallée de l'Andelle dans le diocèse d'Évreux ainsi que les jeunes venus notamment de Neuilly, de Rueil-Malmaison et de Pontivy. A l'exemple de saint Benoît, donnez une place importante à la prière et à la contemplation du visage du Christ ressuscité présent et agissant dans votre vie! Bon temps pascal!

©️ Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican

Traduction réalisée par Zenit
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Hélène
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Hélène



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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 12 Avr 2009 - 9:26

Chère Françoise,

Je souhaite de tout coeur que tu fasses une profonde rencontre avec ton Seigneur durant cette semaine de retraite et qu'Il panse tes blessures. Quelle grâce que de pouvoir la vivre durant ces jours bénis, ces jours de Pâques !

Christ est ressuscité alléluia !!! cheers

Bonne et sainte retraite... au loin nous intercédons pour toi et tous les retraitants !

Hélène I love you
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Françoise
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Françoise



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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeDim 12 Avr 2009 - 9:40

: :bisou: sunny
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Le_moine
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitimeMar 14 Avr 2009 - 3:47

Bonjour à tous,


avez vous des commentaires d'abbés sur la règle de saint Benoit ?

Idea
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MessageSujet: Re: Règle de saint Benoît   Règle de saint Benoît Icon_minitime

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