Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,5-13.
Jésus disait à ses disciples : " Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : 'Mon ami, prête-moi trois pains : un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir. '
Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond : 'Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain', moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut.
Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte.
Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre.
Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ?
ou un scorpion, quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Je me souviens que dans un passé déjà lointain, je m'étais senti rebuté par cette parabole - et particulièrement en deux points. Le premier, c'est que Dieu peut faire "la sourde oreille" à mes demandes. En une occasion - parce que j'avais demandé le retour d'une amie que je voulais épouser - mais qui finalement ne m'a apporté que confusion et chagrin, j'ai attendu trois ans la réponse à ma prière. J'ai bien prié trois ans chaque jour qu'elle me revienne et je l'ai retrouvée, le jour de mon anniversaire, assise au bureau de mon magasin ! Mais à peine neuf mois plus tard, ce fut la rupture définitive.
C'est ainsi que j'ai, très concrètement, compris que c'est bien l'Esprit Saint qu'il faut demander. Ce fut l'occasion d'une "effusion" (est-ce bien un terme mystique ?). Le soir même où j'ai reconnu ma "déconfiture" totale, je me suis agenouillé devant le crucifix de ma conversion et j'ai dit: "Je reconnais ma folle présomption, Père. Je ne me sens plus qu'avec une moitié de coeur, car l'autre j'en suis amputé, mais désormais je Te consacre totalement l'autre moitié: ordonne, je t'obéirai sans me mettre à discuter encore. Et à ces mots murmurés, une onde profonde de joie et de douceur est descendue sur moi. J'ai rapidement repris des forces et j'ai compris que le Père voulait m'épargner cette épreuve - et je ne L'en ai que plus aimé.
C'est à partir de cette époque que j'ai recommencé de communier régulièrement. Mais pour que j'avance encore plus avant, il a fallu une autre épreuve: la dépression de la quarantaine. Pendant trois mois, je n'ai plus pu tenir mon magasin que durant la matinée. L'après-midi, j'avalais des cachets, je m'étendais sur mon lit et il me semblait que j'allais mourir. J'ai prié la "neuvaine irrésistible de Padre Pio" durant un mois. Et vers quinze heures, un jour, d'un seul coup je me suis levé et je me suis dit: tant pis, j'y vais. Autant mourir comme un cow-boy: avec ses bottes aux pieds. Je ne suis pas mort, bien sûr. Dans la dépression, il y a souvent un jeu du démon qui envoie sur l'esprit des sentiments d'incapacité qui ne sont que des illusions. J'ai jeté tous mes cachets d'un seul coup, dans la cuvette des toilettes, au grand dam de mon médecin. Et le lendemain matin, je me suis rendu au Couvent des Clarisses, pour dire merci. ... Finalement, je m'y suis rendu chaque jour durant vingt-cinq ans (jusqu'à la fermeture du couvent, sinon j'y viendrais encore).
Pour mon engagement dans la congrégation de la Miséricorde divine, il fut également précédé d’évènements contraires. J'ai été privé de travail durant le chantier de la grande surface - qui à duré quinze mois. Une amie du Canada, via internet, m'a parlé de la formation de quatre années. J'ai reçu à lire le Petit Journal de sainte Faustine mais, du fait de ma tête de bois, je ne l'ai pas bien lu la première fois. Il a fallu que je me brise un orteil et me retrouve de nouveau coincé sur mon lit pour que je le parcoure de nouveau et décide que "Oui, c'est pour moi". J'ai guéri et j'ai suivi les conférences durant quatre ans (j'ai même corrigé les pages de la traduction française).
Il apparaît ainsi que, souvent, pas forcément par mauvaise volonté - mais parce que l'Adversaire rôde toujours !, que la relation au Père soit comme "empêchée, entravée". Il y a une part de résistance de l'égo, mais il y a aussi "le monde" qui est un démon et qui ne veut pas qu'une âme progresse. Je pourrais encore rapporter l'étonnement de ma guérison de la tabagie - en une seule journée, qui signifie que quiconque étudie sincèrement cette théologie de la Miséricorde, se retrouve lui-même objet de miséricorde de la part du Père.
A noter, pour terminer, la dernière ligne de cet Evangile. L'Esprit Saint n'est pas une "chose" donnée une fois pour toute. L'oeuvre que l'Esprit Saint accomplit dans l'âme du croyant se poursuit jusqu'à que celle-ci se retrouve dans les Cieux.