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| Poème : La sortie au désert | |
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boisvert Martyr du forum
| Sujet: Poème : La sortie au désert Ven 9 Nov 2012 - 13:34 | |
| Voici un poème qui rapporte quinze années de vie et de quête spirituelle.
« Vous irez au désert », m'a dit un jour mon conseil spirituel, le père Maurice Verhaege, paix à son âme. « Vous irez au désert, parce que le diable déteste les convertis - il réclame toujours à Dieu d'avoir sa part ! » Je n'ai pas compris sur le moment. Ce que je vivais à l'époque débordait de vie et de joie. Je me sentais comme je l'avais dit au début : « rempli d'une onde de pure énergie ... » Tout ce que je demandais en prière, je l'obtenais rapidement – mais ce n'était pas seulement pour moi, c'était surtout en faveur d'une bande de jeunes « défavorisés » qui m'avaient fait confiance et à qui je rendais toutes sortes de services (aidé par un assistant social et des membres d'une équipe sociale). Mais je suis bien parti au désert, et c'est ce que rapporte les quatre premières strohes de ce poème.
La sortie au désert 1985-1988
Ceux que j'ai rencontrés, je les ait tant aimés Je les ai tant veillés, attendus, espérés ! Du matin jusqu'au soir travaillant sans repos, J'ai servi, j'ai donné, j'ai partagé mon pain, Je n'ai pas mesuré quand ils voulaient du vin. Et jusque dans mes nuits, je n'ai songé qu'à eux Tellement j'avais faim de les vouloir heureux !
J'en ai vu, des visages ! Aux uns qui souriaient, J'ai souri moi aussi. Aux autres qui pleuraient, J'ai écrit des mots – doux comme des nids d'oiseaux ! J'ai porté leurs messages en traversant les eaux. Quand le ciel était noir, lorsque l'espoir vaincu Se mourrait dans leurs coeurs soudain tout dévêtus J'ai ouvert mon manteau pour gardeur leurs secrets Et essuyé leurs pleurs de mes propres regrets.
Et puis, ils sont partis. Celui-ci, celle-là, Un autre encore... Où étaient-ils, je ne sais pas. Je les ai attendus, je les ai espérés, J'ai allumé des feux, j'étais le naufragé De mon île au trésor, dont ils ne voulaient plus : L'amitié ! Tout donner sans compter, rester nu Pour s'habiller de joie et se chauffer de bleu : Du bleu des cieux nouveaux entrevus dans leurs yeux !
Mais tous s'en sont allés, pas un seul n'est resté. Mes feux se sont éteints, mon île d'amitié Ne fut plus qu'un rocher, un morceau de caillou Perdu dans le désert. J'avais donc été fou De croire en ce bonheur et d'en faire un destin ? J'avais même oublié, entre soirs et matins, De me vouloir du bien, du confort, du secours, Et je devins errant au Sahara d'amour.
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| | | boisvert Martyr du forum
| Sujet: Re: Poème : La sortie au désert Sam 10 Nov 2012 - 10:23 | |
| Les strophes qui suivent racontent cette "errance" partagée entre le sentiment de l'absence de Dieu et la plus grande difficulté de rencontrer autrui, il y eut chute et relèvement:
Durant douze ans, j'ai avancé, pas après pas, Cherchant une oasis et ne la trouvant pas. J'étais un inconnu dans ma propre maison, Un étranger, souvent, pour ma propre raison. Voyageur sans boussole, étonné d'être un homme Au pays des humains. J'avais franchi leurs normes En voulant les aimer ! Je n'étais plus d'ici Sans pouvoir être ailleurs - mais comment vivre ainsi ?
Enfin, je suis tombé sans avoir rien maudit. Et mon coeur s'arrêtant, j'ai crié: "C'est fini !" Ce n'était pas fini. Quand je me suis cru mort, Je revins à la vie ! J'ai redressé mon corps: Il me sembla plus lourd. Quand je fus à genoux, Je vis son ombre s'étaler. Enfin debout, Je sus qu'il avait pris le signe d'une croix: Voilà ce qu'il advient lorsqu'on ouvre ses bras !
Et je compris d'un coup ce qui s'était passé: J'avais aimé l'Amour qui n'est jamais nommé. L'amour qu'on n'aime pas, l'amour souffrant d'Amour, Celui qu'ils nomment Dieu en marchant à rebours Comme si ce Nom-là ne devait plus paraître Et n'être que rebuts de la conscience d'être. Un héritage ancien, devenu encombrant Et toujours repoussé, mais toujours revenant !
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| | | boisvert Martyr du forum
| Sujet: Re: Poème : La sortie au désert Sam 10 Nov 2012 - 10:32 | |
| La fin du poème n'est qu'une finale provisoire, je crois - mais je ne sais pas quand elle paraîtra ni quelle forme elle prendra.
L'Amour n'est pas aimé, mais demeure à jamais. Injurié, renié, blasphémé, cependant Il se tait. Il n'ouvre pas la bouche et il offre son dos. Il ne fait rien de mal, Il prend tous les fardeaux. Il rejette les sorts et Il va jusqu'au bout. Finalement cloué sur le bois du gibet, La mort ne l'atteint pas. Crucifié, Il renaît !
L'Amour n'est pas aimé, mais nous n'avons que Lui. Si nous ne l'avions pas, nous n'aurions que la nuit. Il est comme le vent: nul ne sait d'où Il vient, Ni peut dire où Il va. Il console, Il soutient, Il réveille, Il endort, Il conforte, Il relève Et sans jamais se plaindre, Il travaille sans trêve. Et tu auras beau dire: "Il n'a pas de visage": Ce visage est le tien et tu es Son image !
("L'amour ne consiste pas à sentir de grandes choses, mais à se tenir dans un grand dénuement et une grande souffrance pour l'Aimé" (Saint Jean de la Croix)
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