boisvert Martyr du forum
| Sujet: Les témoignages de "bébés-éprouvettes" Ven 1 Fév 2013 - 10:41 | |
| Un grand point commun : qui suis-je ?
Les témoignages de "bébés d'éprouvettes" - Qui suis-je ?
Ninon J’ai appris il y a de cela 21 jours que j\’étais non pas un simple bébé éprouvette comme on me l’avait toujours dit, mais un bébé PMA.
Mon père m’a dit que si je voulais des renseignements sur le donneur, je pouvais, du moins il m’en donnait le droit. Quant à moi, ma première réaction a été de lui assurer que je ne voulais rien savoir et que j’étais comblée avec lui.
Or le lendemain et les jours suivants s’est installé en moi le désir et presque le besoin de connaître cette personne.
Je me suis rendue compte que si je me cherchais sans m’être encore trouvée, que si je souffrais de crises d’hypocondrie depuis quelques années c’était peut être parce qu’au fond de moi je sentais qu’il y avait un vide.
Une chose me révolte dans cette interdiction qui nous est faite : je peux comprendre que certaines personnes, que certains donneurs, ne veuillent pas que l’on s’introduise dans leur vie privée. Même si je considère cela comme irresponsable de leur part que de ne pas assumer la vie qu’ils ont contribué à créer, je trouve d’autant plus aberrant le fait que la politique de notre pays empêche des dizaines de demi–frères et demi–sœurs de se retrouver.
Témoignages à découvrir sur : - Spoiler:
http://www.pmanonyme.asso.fr/temoignages.php
Camille née en 1992 Il y a 3 mois et 5 jours je ne savais pas ce que voulait dire IAD. Le mot "donneur" ne m’évoquait rien. Et je pensais ressembler à mon père. Le 30 mai, alors que j’étais hospitalisee, j’ai reçu une lettre avec une partie ecrite par ma mère et l’autre par mon père. Il m’ont envoyé une lettre car j’étais sur Paris et eux habitent loin.Je me souviens...l’infirmière est entrée en me disant "Camille, vous avez reçu une lettre, elle contient des choses très importantes, je vais rester avec vous pendant que vous la lisez". J’ai pas pu la lire jusqu’au bout. C’est l’infirmière qui m’a aidée à prendre conscience de la nouvelle et m’a lu le reste de la lettre. Une de mes premières pensées a été "je veux rencontrer le donneur". Naïve, je m’imaginais que ça marchait comme dans les films américains. Sauf qu’on est pas aux USA. Et sauf qu’en France on ne peut pas rencontrer son père biologique. On m’a vite remise a ma place: tu ne connaitras jamais rien de cet homme, et c’est mieux comme ça. Mon père reste mon père. Dès les premiers jours je l’ai intégré. C’est lui qui m’a élevée et m’a aimée. Et puis "la génétique c’est moins fort que l’amour"....je suis d’accord. Sauf quand je me regarde dans la glace et que mon visage me brule tellement je ne me reconnais plus en mes parents. Sauf quand j’arrive pas a avancer en m’disant que la moitié de ma personne vient d’un inconnu. Sauf quand je ressens ce vide, comme un trou béant qu’ont laissé des questions en suspend : qui est il? A quoi ressemble–t–il? Est ce que je lui ressemble ? Est ce qu’il a oublié son don? Est ce qu’il s’en fout ? Et les autres enfants ? Savent ils ? Sont ils heureux ? QUI SONT TOUS CES GENS ? Je ne recherche pas un père –je l’ai déja et il me comble d’amour– je recherche des réponses à toutes ces questions.
Un dernier :
"J’ai de bons souvenirs d’enfance avec mon père qui nous gardait le week end. Je me rappelle d’une enfance simple avec lui sans émotions excessives. Ma mère a par la suite de nombreuses aventures. Mon père et ma mère se remarie durablement vers mes 10 ans. Et mon père a un "3ème" enfants avec sa nouvelle femme. Surprise pour lui ! Il se croyait stérile et pensait que ma sœur avait été conçu certes hors IAD mais avec l’aide plus "traditionnelle" d’un autre homme... Cela met en lumière l’absence de communication de mes parents.
Enfant puis adolescent, je suis à la recherche de père d’adoption au sens symbolique du terme : mon grand père, mon prof de judo, mon chef scout, etc...
Je fais ma 1ère dépression à l’age de 20 ans. Accablé d’angoisse, je demande de l’aide à mon père. "Courage" me dit il et s’en va. Rongé par le secret il est incapable de faire face à ma douleur.
Je fais ma 2ème dépression peu avant la naissance de ma fille. Je me sens alors incapable d’être père. Ma mère et mon père, plus de 20 ans après leur séparation, passent de nombreuses heures au téléphone assez régulièrement à ce sujet.
A la naissance de mon fils, je dis souvent à ma femme qu’il ne peut pas être mon fils mais que je l’accepte complétement. Cela créé des tensions et je ne m’explique pas ce "fantasme". Elle me propose des tests de paternité.
L’année dernière, lors du commencement de ma 3ème dépression, ma mère m’avoue enfin mon origine. Le choc est immense et je ne le réalise que depuis 1 mois. Sur le papier ma vie est formidable, mais ce secret m’a énormément fragilisé. Je me rapproche de ma sœur qui sait qu’elle est génétiquement la fille de mon père (elle a la même maladie rare que lui). Elle m’avoue qu’elle s’est faite quasiment violée à l’age de 13 ans par le même médecin qui avait déclaré mon père stérile."
etc. | |
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Hélène Administrateur
| Sujet: Re: Les témoignages de "bébés-éprouvettes" Ven 1 Fév 2013 - 12:19 | |
| Eh oui... et on croît qu'élever des enfants nés de cette manière, même avec tout l'amour du monde et les soins impeccables, à l'intérieur d'un couple de même sexe (et/ou hétérosexuel) que ça n'a pas d'incidence sur la personne. Alors que celle-ci à un besoin vital de connaître d'où elle vient mais, surtout, derrière cela, le besoin vital de savoir si elle a été désirée... aimée, voulue pour elle-même et ce, gratuitement. Ce désir renvoie à quelque chose au-delà de l'amour que peut nous prodiguer des parents adoptifs. Il est à la racine de l'être, à la racine de l'identité. C'est de connaître son origine ontologique qui renvoie au sens de la vie, et, plus profondément encore, à Dieu. Oui, à Dieu. Car les parents sont les premiers médiateurs pour transmettre et incarner l'amour de Dieu pour moi. Le maillon manquant sera toujours une cassure dans mon être. On a beau rapiécer les morceaux, tant qu'on ne sait pas qui est à l'origine de notre vie, le vide est là... jusqu'à ce qu'on puisse se laisser adopter à nouveau par un Père de qui toute paternité tire son nom. | |
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