Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 9 Avr 2013 - 13:52
Humilité d'un frère franciscain
"Lundi, je devais recevoir un religieux, à six heures de l'après-midi. J'avais déjà une visite, un ami que je vois souvent. Je lui dis: "Il est six heures moins le quart, reste jusqu'à six heures moins le quart, reste jusqu'à ce que mon franciscain soit là." Mais il préfère partir, ouvre la porte, trouve le religieux assis la chasse du palier, lui demande d'entrer. Le religieux répond avec un sourire : "Mr. Green m'a dit six heures, et j'attends qu'il soit six heures". "Mais il fait froid là". "Cela n'est rien", dit le frère avec humilité. Il est enfin entré et seul avec moi m'a fait la confidence de ses difficultés... Il parle simplement, doucement, avec un sourire d'enfant, me dit qu'il garde l'espérance et n'a jamais pensé qu'il serait perdu; sur ce point, je suis entièrement d'accord avec lui. Il est plus près de la sainteté que beaucoup de catholiques qui sont la rigueur même et se prennent personnellement pour l'Eglise."
(22 novembre 1967)
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 9 Avr 2013 - 14:02
Ignorance de Dieu
Aujourd'hui, conversation à la radio avec Jean-François Noël. Je lui dis: "N'est-il pas curieux qu'en 1967, on puisse attirer l'attention sur soi en parlant des vérités du catéchisme ? On a l'air d'un étranger venu d'un pays lointain et qui garde l'accent de ces régions-là. Je lui cite des phrases de Nietzsche sur le souffle du vide qui frappe le visage de l'incroyant, puisque "Dieu est mort" 28 novembre 1967
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Dieu le Souverain des coeurs
"Lu dans le père Lallemant une page d'une concision remarquable qui résume selon moi toute vie spirituelles : "Il n'y a que Dieu qui ait droit de souveraineté sur les cœurs. L'Église même n'étend pas jusque-là son domaine. Ce qui s'y passe ne relève point d'elle. Dieu seul en est le Roi... C'est là qu'il établit le trône de sa grâce... Dieu s'applique plus au gouvernement surnaturel d'un cœur où il règne qu'au gouvernement naturel de tout l'Univers... Il n'y a que Dieu qui puisse contenter notre cœur. Notre cœur a un vide qui ne peut être rempli que de Dieu. Les délices de Dieu sont de converser avec les cœurs. C'est là son lieu de repos. Heureuse la vie intérieure qui fait vivre Dieu seul dans les cœurs." (26 décembre 1967)
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 9 Avr 2013 - 14:08
Une enquête réussie !
Par deux fois, dans son Journal, fin 1967 et début 1968, Julien Green parle d'un homme âgé qu'il croise à la rue du Bac "aux Missions". Je cite ces deux passages du Journal:
- 23 septembre 1967 "Il y a aux Missions de la rue du Bac, dans un coin de l'église, un vieil orant vêtu d'un manteau de berger. Son beau visage blanc, ses yeux d'un bleu pâle qui ne s'arrêtent sur personne, fon de lui un personnage singulier. Onn medit qu'il est là depuis 1900, presque toute la journée, et cela depuis sa jeunesse, tout occupé de Dieu. Si j'osais, je lui demanderais de se souvenir de moi."
- 15 janvier 1968 "Celui que j'appelle le vieux berger et que nous voyons, Anne et moi, tous dans le même coin de la chapelle des Missions, près de la porte, enfoui dans son immense cape noire, levant vers le monde un admirable visage émacié, aux yeux d'azur, celui-là est sans doute un saint comme le Moyen Age en a produit. Nous voit-il ? J'en doute. Il a d'ordinaire son chapelet entre les doigts et ses lèvres remuent imperceptiblement. Le frère portier a dit à Anne que c'était un frère convers et qu'il se tenait là, dans la chapelle, près de la porte, depuis 1900. Quand il est malade, il disparaît dans une chambre qu'on lui a donnée. Il ne se plaint jamais, il prie. Sa chair est couleur d'ivoire, ses cheveux d'un blanc de neige, il a l'air d'être déjà de l'autre côté. Le regarder, c'est lire l'Evangile à la page des Béatitudes. Le seul mot qui me vienne à l'esprit en pensant à lui est celui de lumière."
Julien Green ne connaissait pas le nom de celui qu'il appelait "le vieux berger". Cependant grâce au web, il m'a été possible de contacter une responsable de la chapelle des Missions qui m'a envoyé ce message :
Monsieur,
Le Frère en question est le Frère Bénoni Maurice Boittiaux, fervent de la Sainte Eucharistie et de la Sainte Vierge Marie . Son intercession vous aidera sûrement car je ne doute pas qu'il soit auprès du Seigneur et de sa Sainte Mère, en compagnie des Saints et des Anges.
Si vous me communiquer votre adresse, je pourrai vous envoyer des informations sur le Frère.
Cordialement. Brigitte APPAVOU
... et l'enquête se poursuit!
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mer 10 Avr 2013 - 9:20
Julien Green et Simone Weil
"Dans un livre de Jacques Cabaud sur Simone Weil, je note cette phrase: "Plus est réel le désir de Dieu... plus est violent le soulèvement de la partie médiocre de l'âme; soulèvement comparable à la rétraction d'une chair vivante qu'on serait sur le point de mettre dans du feu". La première partie de cette phrase, au moins, décrit exactement mon expérience et surtout mes déboires spirituels". (15 janvier 1968)
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Julien Green et Baudelaire
'Pensé à Baudelaire qui pour écrire ses poèmes semble s'être servi des mots dont personne ne voulait, les plus ordinaires, et leur a conféré une noblesse incomparable' (22 janvier 1968)
Note : J'ai pris "les Fleurs du Mal" et suis tombé sur le poème l'Horloge. De fait, à part le mot "Sylphide", l'auteur n'a employé que des mots que tous connaissent - tout en parvenant à un ensemble d'un caractère puissant et magnifique :
en lisant "L'Horloge", j'ai trouvé qu'en effet, le poète a employé des mots simples (mise à part la sylphide, peut-être) pour parvenir à un fantastique puissant:
L'horloge
Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi !" Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison
Trois mille six cents fois par heure la Seconde Chuchote: Souviens-toi!- Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto memor! ( Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi, Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi! La gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide,
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encore vierge, Où le Repentir même ( oh! la dernière auberge! ), Où tout te dira : Meurs vieux lâche! il est trop tard!
Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)
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L'assassinat de Martin Luther King
Avant-hier, l'affreuse nouvelle de l'assassinat de Martin Luther King. Il parlait à un confrère, d'un balcon, et s'entretenait du programme d'une réunion qui devait avoir lieu ce soir-là. Il a demandé : "Chantera-t-on : Le Seigneur me prendra par la main ?" On lui répond que oui. Il a le temps de dire : "Très bien". Et au même instant, une balle lui traverse la tête. On a montré à la T.V. des photos de lui. Il avait les yeux et tout le visage d'un enfant. Sa mort a été suivie d'une flambée de terrorisme. A Washington, des morts, des incendies, à Chicago aussi. L'assassin court encore. L'Amérique semble à la veille d'une épreuve qui va sans doute l'affaiblir. Pensé avec tristesse à toute ma famille dans le Sud. Tout le monde là-bas est menacé"
'Pierre Emmanuel élu à l'Académie. A la TV, une demoiselle l'interroge. Elle l'informe d'abord qu'elle n'a pas la foi, que lorsqu'elle mourra, tout sera fini. Il lui dit que non, que tout commencera. J'écris à Pierre Emmanuel un mot pour le féliciter d'avoir dit à cette personne qui se croit promise au néant qu'elle est indestructible, que cela lui plaise ou non." (3O avril 1968)
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Julien Green évoque sa conversion
"Un jeudi après-midi que je travaillais dans sa chambre à je ne sais quoi, l'idée me vint tout à coup d'aller dans la salle de bains. Je me mis à penser à ma mère et il me sembla que d'une façon inexplicable elle était présente. Comment décrire ces impressions que les mots ne peuvent que maladroitement désigner ? Dès qu'on essaie d'en parler, elles paraissent s'évanouir dans un sorte de brume où le langage ne les atteint pas. J'attendis un moment devant le meuble où mon père rangeait ses chemises, puis par une impulsion subite, j'écartais un des rideaux. Sous une des chemises, à moitié dissimulé, comme un objet qu'on veut garder pour soi, un livre attira mon attention. C'était un abrégé de toute la doctrine catholique à l'usage des nouveaux convertis, par le Cardinal Gibbons, de Baltimore. je commençai à le lire. Immédiatement ? Je ne sais pas, je ne me rappelle plus, mais, ce que je puis affirmer, c'est que dans l'espace de dix à quinze jours", j'avais dévoré le livre entier. Depuis le premier mot jusqu'au dernier, je crus tout ce qui était contenu dans ces pages, je le crus avec force et avec joie. Il me sembla qu'alors que je mourais de soif, une eau fraîche m'était versée d'une source intarissable, une eau délicieuse qui répandait la joie. Ce que je voulais savoir, je le savais enfin, ce que je voulais croire m'était prodigué, je regrettais seulement qu'il n'y en eût pas plus. Cette eau plus enivrante que le vin me transforma d'un seul coup, je devins catholique de désir, sans hésitation aucune, dans un immense élan vers Dieu." (Extrait de "Jeunes années")
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Mise en garde sur les mots qui trompent !
A propos de la foi, quelqu'un me redit cette phrase spécieuse et suspecte qui est en circulation depuis quelque temps, à savoir que 'beaucoup se figurent avoir la foi et ne l'ont pas', formule propre à semer le doute: c'est d'ailleurs son objet. La réponse est que la preuve de la foi, c'est le changement radical de la vie. (30 janvier 1969) La phrase malfaisante sur ceux qui croient avoir la foi sans l'avoir, s'accompagne de cette autre, qui est vraie et semble continuer la première, qui est fausse : 'beaucoup pensent n'avoir pas la foi, qui l'ont malgré tout'. C'est en mélangeant le vrai au faux qu'on fait passer le faux. (27 janvier 1969)
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 7 Mai 2013 - 10:44
LETTRE À DIOGNÈTE Les chrétiens dans le monde.
Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres ; ils n'emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de singulier. Leur doctrine n'a pas été découverte par l'imagination ou par les rêveries d'esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d'autres, les champions d'une doctrine d'origine humaine.
Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l'existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n'est pas une table ordinaire.
Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c'est ainsi qu'ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu'ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu'on les châtie, ils se réjouissent comme s'ils naissaient à la vie. Les Juifs leur font la guerre comme à des étrangers, et les Grecs les persécutent ; ceux qui les détestent ne peuvent pas dire la cause de leur hostilité.
En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L'âme habite dans le corps, et pourtant elle n'appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n'appartiennent pas au monde. L'âme invisible est retenue prisonnière dans le corps visible ; ainsi les chrétiens : on les voit vivre dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans que celle-ci lui ait fait de tort, mais parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs ; de même le monde déteste les chrétiens, sans que ceux-ci lui aient fait de tort, mais parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs.
L'âme aime cette chair qui la déteste, ainsi que ses membres, comme les chrétiens aiment ceux qui les détestent. L'âme est enfermée dans le corps, mais c'est elle qui maintient le corps ; et les chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde, mais c'est eux qui maintiennent le monde. L'âme immortelle campe dans une tente mortelle : ainsi les chrétiens campent-ils dans le monde corruptible, en attendant l'incorruptibilité du ciel. L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif ; et les chrétiens, persécutés, se multiplient de jour en jour. Le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu'il ne leur est pas permis de le déserter.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 7 Mai 2013 - 13:40
Et voici l'intégralité de la lettre à Diognète !!!
http://www.croixsens.net/livres/diognete.php
L'extrait cité plus haut correspond aux cinquième et sixième chapitres. Mais il estiIntéressant de lire tout cela en détail !
Les écrits des Pères Apostoliques - Lettre à Diognète
Datant des environs de 160, cette épître anonyme adressée à un païen de haut rang est une des plus ancienne apologies qui nous soit parvenues. Quoique l'on ignore tout de son auteur, elle est généralement classée parmi les écrits des Pères apostoliques.
I. Je vois, Excellent Diognète, le zèle qui te pousse à t'instruire sur la religion des Chrétiens, la clarté et la précision des questions que tu poses à leur sujet : à quel Dieu s'adresse leur foi ? Quel culte lui rendent-ils ? D'où vient leur dédain unanime du monde et leur mépris de la mort ? Pourquoi ne font-ils aucun cas des dieux reconnus par les Grecs et n'observent-ils pas les superstitions judaïques ? Quel est ce grand amour qu'ils ont les uns pour les autres ? Enfin pourquoi ce peuple nouveau - ce nouveau mode de vie - n'est-il venu à l'existence que de nos jours et non plus tôt ? 2. Je te félicite de cette ardeur et je prie Dieu, de qui nous vient le don et de parler et d'entendre, qu'il m'accorde le langage le plus propre à te rendre meilleur, toi qui m'écoutes, et qu'il te donne de m'écouter de manière à ne pas être un sujet de tristesse pour moi qui te parle.
II. Quand donc tu auras purifié ton esprit de tous les préjugés qui l'assiègent, quand tu te seras dépouillé des habitudes trompeuses, quand tu seras devenu un homme nouveau semblable à celui qui vient de naître - puisque c'est un langage nouveau, tu en conviens toi-même, que tu t'apprêtes à entendre -, considère non seulement avec les yeux, mais aussi par la raison, quelle est la substance ou la forme de ceux que vous appelez et reconnaissez dieux. 2. L'un n'est-il pas une pierre semblable à celle qu'on foule aux pieds ? L'autre du bronze, sans plus de valeur que les ustensiles fondus pour notre usage ? Cet autre du bois, et déjà pourri, ou de l'argent - il a besoin d'un homme posté à sa garde de crainte des voleurs -, ou du fer rongé par la rouille, ou de la terre cuite, sans plus d'apprêt que celle dont on se sert pour le plus vil usage ? 3. Tous ne sont-ils pas faits de matière corruptible ? Façonnés par le fer et par le feu ? N'est-ce pas un sculpteur qui a fait celui-ci ? Un fondeur celui-là ? Un orfèvre ? Un potier ? Avant d'avoir été façonnés en forme de dieux par ces techniques, est-ce que chacun de ces matériaux n'avait pas déjà changé de forme sous la main de son artisan et ne le peut-il pas encore maintenant ? Les ustensiles actuels, faits de la même matière qu'eux, ne pourraient-ils pas devenir eux aussi des dieux, s'ils rencontraient le même artisan ? 4. Inversement, ces dieux que vous adorez en ce moment ne pourraient-ils pas être transformés par la main des hommes en ustensiles pareils aux autres ? Ne sont-ils pas tous sourds, aveugles, inanimés, insensibles, incapables dé se mouvoir ? Ne sont-ils pas tous sujets à la corruption, à la pourriture ? 5. Voilà ce que vous appelez des dieux, ce que vous adorez et à quoi vous finissez par devenir semblables ! 6. C'est pour cela que vous haïssez les Chrétiens : parce qu'ils ne les considèrent pas comme des dieux. 7. Pourtant, vous qui les croyez et estimez tels, ne les méprisez-vous pas bien davantage que ne le font les Chrétiens ? Bien plus qu'eux vous les raillez, les outragez les idoles de pierre ou d'argile, vous les adorez sans leur donner de gardes ; celles d'argent et d'or, vous les tenez sous clef pendant la nuit et le jour, vous postez des gardiens à côté d'elles de peur qu'on ne les dérobe ! 8. Et les honneurs que vous croyez leur rendre sont plutôt pour ces dieux un désagrément, s'ils sont doués de sentiment ; qu'ils ne sentent rien, vous le faites bien voir par le sang et la graisse fumante de vos sacrifices ! 9. Qui de vous endurerait, qui tolérerait qu'on lui rende de tels honneurs ? Il n'y aura personne pour supporter de bon gré un tel désagrément, car l'homme est doué de sentiment et de raison. La pierre, elle, le supporte car elle ne sent rien : vous faites donc bien voir qu'elle est insensible. 10. Sur le refus des Chrétiens d'adorer de tels dieux, j'aurais encore beaucoup à dire, mais si ce qui précède ne paraît pas suffisant, je juge inutile d'en dire davantage.
III. J'en viens à ce qui distingue le culte chrétien de celui des juifs : c'est, je crois, ce que tu désires surtout apprendre. 2. Quand les juifs s'abstiennent de l'idolâtrie dont je viens de parler, ils ont certes bien raison de croire en un Dieu unique et de le vénérer comme maître de l'univers. Mais, quand suivant l'exemple des païens dont je viens de parler, ils lui rendent le même genre de culte, ils sont dans l'erreur. 3. En faisant de telles offrandes à des idoles insensibles et sourdes, les Grecs manquent de bon sens ; les juifs, qui les présentent à Dieu en s'imaginant qu'il en a besoin, devraient bien plutôt penser que c'est là extravagance et non piété. 4. Car " celui qui a créé le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment ", qui nous donne gracieusement à tous ce dont nous avons besoin, ne saurait lui-même avoir besoin de ces biens qu'il accorde lui-même à ceux qui s'imaginent les lui donner. 5. A coup sûr, ceux qui s'imaginent lui rendre un culte par le sang, la graisse fumante et les holocaustes et l'honorer par de telles cérémonies, ne me paraissent en rien différer de ceux qui déploient la même libéralité à l'égard d'idoles sourdes qui ne peuvent prendre part à ces honneurs. S'imaginer faire des présents à Celui qui n'a besoin de rien !
IV. Quant à leur crainte scrupuleuse concernant la nourriture, leur superstition au sujet du sabbat, l'orgueil qu'ils tirent de la circoncision, la fausse humilité de leur jeûne et des néoménies, choses ridicules et indignes de mention, je suppose que tu n'as pas besoin que je t'en intruise. 2. En effet, parmi les créatures que Dieu a faites pour l'usage des hommes, accueillir les unes comme réussies, rejeter les autres comme inutiles et superflues, comment cela peut-il être permis ? 3. Accuser Dieu de défendre d'accomplir une bonne action, n'est-ce pas impie ? 4. Tirer vanité d'une mutilation charnelle comme d'un signe d'élection, comme si cela les faisait tout particulièrement aimer de Dieu, n'est-ce pas ridicule ? 5. Quant à surveiller le cours des astres et de la lune pour régler l'observance des mois et des jours, quant à distribuer selon leurs propres désirs les plans divins et les vicissitudes des temps en jours de fêtes et jours de pénitence, est-ce faire preuve de piété ? N'est-ce pas bien plutôt de la sottise ? 6. C'est donc bien avec raison que les Chrétiens s'abstiennent de la légèreté et de l'erreur générales " comme du ritualisme indiscret et de l'orgueil des juifs. je suppose t'en avoir assez appris là-dessus. Mais ce qu'est leur religion à eux, c'est un mystère : n'espère pas pouvoir jamais l'apprendre d'un homme.
V. Car les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. 2. Ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de singulier. 3. Ce n'est pas à l'imagination ou aux rêveries d'esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d'autres, les champions d'une doctrine humaine. 4. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. 5. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. 6. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveau-nés. 7. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. 8. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. 9. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. 10. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois. 11. Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. 12. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. 13. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. 14. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. 15. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent. 16. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie. 17. Les juifs leur font la guerre comme à des étrangers ; ils sont persécutés par les Grecs et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine.
VI. En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde. 2. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde. 3. L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde. 4. Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible : ainsi les Chrétiens, on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. 5. La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs : de même le monde déteste les Chrétiens qui ne lui font aucun tort, parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs. 6. L'âme aime cette chair qui la déteste, et ses membres, comme les Chrétiens aiment ceux qui les détestent. 7. L'âme est enfermée dans le corps : c'est elle pourtant qui maintient le corps ; les Chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde : ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde. 8. Immortelle, l'âme habite une tente mortelle : ainsi les Chrétiens campent dans le corruptible, en attendant l'incorruptibilité céleste. 9. L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif : persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus. 10. Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de déserter.
VII. Comme je l'ai dit plus haut, leur tradition n'a pas une origine terrestre, ce qu'ils professent conserver avec tant de soin n'est pas l'invention d'un mortel, ni ce qui est confié à leur foi une dispensation de mystères humains. 2. Mais c'est en vérité le Tout-Puissant lui même, le Créateur de toutes choses, l'invisible, Dieu lui-même qui l'envoyant du haut des cieux, a établi chez les hommes la Vérité, le Verbe saint et incompréhensible et l'a affermi dans leurs coeurs. Non, comme certains pourraient l'imaginer, qu'il ait envoyé aux hommes quelque subordonné, ange ou archonte, un des esprits chargés des affaires terrestres, ou de ceux à qui est confié le gouvernement du ciel, mais bien l'Artisan et l'organisateur de l'univers : c'est par lui que Dieu a créé les cieux, par lui qu'Il a enfermé la mer dans ses limites : c'est lui dont tous les éléments cosmiques observent fidèlement les lois mystérieuses ; lui de qui le soleil a reçu la règle qu'il doit observer dans ses courses journalières ; lui à qui obéit la lune, brillant pendant la nuit ; lui à qui obéissent les astres qui accompagnent la lune dans son cours ; c'est de lui que toutes choses ont reçu disposition, limites et hiérarchie : les cieux et tout ce qui est dans les cieux ; la terre et tout ce qui est sur la terre, la mer et tout ce qui est dans la mer, le feu, l'air, l'abîme, le monde d'en haut, celui d'en bas, les régions intermédiaires : c'est lui que Dieu a envoyé aux hommes. 3. Non certes, comme une intelligence humaine pourrait le penser, pour la tyrannie, la terreur et l'épouvante ; 4. nullement, mais en toute clémence et douceur, comme un roi envoie le roi son fils, Il l'a envoyé comme le dieu qu'il était, il l'a envoyé comme il convenait qu'il le fût pour les hommes - pour les sauver, par la persuasion, non par la violence : il n'y a pas de violence en Dieu. 5. Il l'a envoyé pour nous appeler à lui, non pour nous accuser : il l'a envoyé parce qu'il nous aimait, non pour nous juger. 6. Un jour viendra où il l'enverra pour juger, et qui alors soutiendra son avènement ? .......................................... 7. Ne vois-tu pas qu'on jette les Chrétiens aux bêtes pour leur faire renier le Seigneur et qu'ils ne se laissent pas vaincre ? 8. Ne vois-tu pas que plus on fait de martyrs, plus les Chrétiens se multiplient par ailleurs ? 9. De tels exploits ne peuvent passer pour l'oeuvre de l'homme : ils sont les effets de la puissance de Dieu, ils sont la preuve manifeste de son avènement.
VIII. Car y eut-il jamais, parmi les hommes, quelqu'un qui ait su ce qu'est Dieu, avant qu'il ne fût venu lui-même ? 2. A moins d'accepter les vanités et les sottises de ces beaux parleurs de philosophes ! Les uns ont enseigné que Dieu c'était le feu, - ils appellent dieu ce feu auquel ils sont destinés - Pour d'autres, c'est l'eau ou quelqu'autre des éléments créés par Dieu. 3. Cependant, si l'une de ces doctrines était recevable, chacune des autres créatures pourrait au même titre être proclamée Dieu. 4. Mais tout cela n'est que fable et mensonge de ces charlatans. 5. Nul d'entre les hommes ne l'a vu ni connu : c'est lui-même qui s'est manifesté. 6. Et il s'est manifesté dans la foi qui seule a reçu le privilège de voir Dieu. 7. Car le Maître et Créateur de l'Univers, Dieu, qui a fait toutes choses et les a disposées avec ordre, s'est montré pour les hommes non seulement plein d'amour mais aussi de patience. 8. Lui a toujours été tel qu'il est et sera : secourable, bon, doux, véridique ; lui seul est bon. 9. Mais, ayant conçu un dessein d'une grandeur ineffable, il ne l'a communiqué qu'à son Enfant. 10. Tant qu'il maintenait dans le mystère et réservait son sage projet, il paraissait nous négliger et ne pas se soucier de nous. 11. Mais quand il eut dévoilé par son Enfant bien-aimé et manifesté ce qu'il avait préparé dès l'origine, il nous offrit tout à la fois : et de participer à ses bienfaits, et de voir, et de comprendre ; qui de nous s'y serait jamais attendu ?
IX. Dieu avait donc déjà tout disposé en lui-même avec son Enfant, mais jusqu'à ces derniers temps, il a souffert que nous nous laissions emporter à notre gré par des mouvements désordonnés, séduits par les voluptés et les passions, nullement parce qu'il éprouvait un malin plaisir à nous voir pécher ; seulement il tolérait, non qu'il l'approuvât, ce règne de l'iniquité. Bien au contraire, il préparait le règne actuel de la justice, afin que, ayant bien prouvé, dans cette première phase, que nos propres oeuvres nous rendaient indignes de la vie, nous en devenions maintenant dignes par l'effet de la bonté divine, et que, nous étant montrés incapables d'accéder par nous-mêmes au royaume de Dieu, la puissance de Dieu nous en rende maintenant capables. 2. Lorsque notre perversité fut à son comble et qu'il fut devenu pleinement manifeste que la récompense qu'on en pouvait attendre était le supplice et la mort, alors arriva le temps que Dieu avait marqué pour y manifester désormais sa bonté et sa puissance : quelle surabondance de la bonté pour les hommes et de l'amour divins ! Il ne nous a pas haïs, il ne nous a pas repoussés, ni tenu rancune, mais au contraire il a longtemps patienté, il nous a supportés. Nous prenant en pitié, il a assumé lui-même nos propres péchés ; il a livré lui-même son propre Fils en rançon pour nous, livrant le saint pour les criminels, l'innocent pour les méchants, le juste pour les injustes, l'incorruptible pour les corrompus, l'immortel pour les mortels. 3. Quoi d'autre aurait pu couvrir nos péchés, sinon sa justice ? 4. En qui pouvions-nous être justifiés, criminels et impies que nous étions, sinon par le seul Fils de Dieu ? 5. Ô doux échange, opération impénétrable, ô bienfaits inattendus : le crime du grand nombre est enseveli dans la justice d'un seul et la justice d'un seul justifie un grand nombre de criminels. 6. Il a d'abord, au cours du temps passé, convaincu notre nature de son impuissance à obtenir la vie ; maintenant il nous a montré le Sauveur qui a la puissance de sauver même ce qui ne pouvait l'être : par ce double moyen, il a voulu que nous eussions foi en sa bonté et que nous vissions en Lui nourricier, père, ,naître, conseiller, médecin, intelligence, lumière, honneur, gloire, force, vie - sans plus nous inquiéter du vêtement et de la nourriture.
X. Si toi aussi tu désires ardemment cette foi et si tu l'embrasses, tu commenceras à connaître le Père. 2. Car Dieu a aimé les hommes : pour eux il a créé le monde ; il leur a soumis tout ce qui est sur la terre ; il leur a donné la raison et l'intelligence ; à eux seuls il a permis d'élever les regards vers le ciel ; il les a formés à son image ; il leur a envoyé son Fils unique ; il leur a promis le royaume des cieux qu'il donnera à ceux qui l'auront aimé. 3. Et quand tu l'auras connu, quelle joie, songes-y, remplira ton coeur ! Combien tu aimeras celui qui t'a ainsi aimé le premier 4. En l'aimant, tu seras un imitateur de sa bonté, et ne t'étonne pas qu'un homme puisse devenir un imitateur de Dieu : il le peut, Dieu le voulant 5. Tyranniser son prochain, vouloir l'emporter sur les plus faibles, être riche, user de violence à l'égard des inférieurs, là n'est pas le bonheur et ce n'est pas ainsi qu'on peut imiter Dieu ; bien au contraire, ces actes sont étrangers à la majesté divine. 6. Mais celui qui prend sur soi le fardeau de son prochain et qui, dans le domaine où il a quelque supériorité, veut en faire bénéficier un autre moins fortuné, celui qui donne libéralement à ceux qui en ont besoin les biens qu'il détient pour les avoir reçus de Dieu, devenant ainsi un dieu pour ceux qui les reçoivent, celui-là est un imitateur de Dieu. 7. Alors, quoique séjournant sur la terre, tu contempleras Dieu régnant dans la cité céleste, tu commenceras à parler des mystères de Dieu alors tu aimeras et admireras ceux qui sont torturés parce qu'ils ne veulent pas renier Dieu ; alors tu condamneras l'imposture et l'égarement du monde quand tu connaîtras ce qu'est vraiment vivre, quand tu mépriseras ce qu'ici-bas on appelle la mort, quand tu redouteras la véritable mort, réservée à ceux qui seront condamnés au feu éternel, châtiment définitif de ceux qui lui auront été livrés. 8. Alors tu admireras ceux qui endurent le feu d'ici pour la justice et tu les proclameras bienheureux, quand tu auras appris à connaître cet autre feu . . . . .
XI. Je ne dis rien d'étrange, je ne recherche pas le paradoxe, mais docile aux leçons des Apôtres, je me fais le docteur des Nations. je transmets exactement la tradition à ceux qui se font les disciples de la Vérité. 2. Qui, en effet, dûment instruit et engendré par la bienveillance du Verbe, ne s'empresse pas d'apprendre pleinement tout ce que le Verbe a clairement enseigné à ses disciples. Le Verbe, se manifestant, le leur a manifesté, s'exprimant ouvertement, incompris des incrédules, s'expliquant à ses disciples qui reconnus par lui comme ses fidèles reçurent la connaissance des mystères du Père. 3. C'est pour cela que le Verbe a été envoyé : pour qu'il se manifestât au monde, Lui qui, méprisé par son peuple, a été prêché par les apôtres et cru par les nations. 4. Lui qui était dès le commencement, il est apparu comme nouveau et fut trouvé ancien et il renaît toujours jeune dans le coeur des saints. 5. Éternel, il est aujourd'hui reconnu Fils. Par lui l'Église s'enrichit, la grâce, s'épanouissant, se multiplie dans les saints, conférant l'intelligence, dévoilant les mystères, révélant la répartition des temps ; elle se réjouit à cause des fidèles, elle s'offre à ceux qui la recherchent en respectant les règles de la foi et en ne transgressant pas les bornes des Pères. 6. Et voici que la crainte de la Loi est chantée, la grâce des Prophètes reconnue, la foi dans les Évangiles affermie, la tradition des Apôtres conservée et que la grâce de l'Église bondit d'allégresse. 7. Cette grâce, ne la contraste pas, et tu connaîtras les secrets que le Verbe révèle par qui il veut, quand il lui plaît. 8. Tout ce que la volonté du Verbe nous ordonne, nous inspire de vous exposer avec zèle, nous le partageons avec vous, par amour pour la révélation que nous avons reçue.
XII. Approchez-vous, prêtez une oreille docile, et vous saurez tout ce que Dieu octroie à ceux qui l'aiment ' véritablement. Ils deviennent un jardin de délices. Un arbre chargé de fruits, à la sève vigoureuse, grandit en eux et ils sont ornés des plus riches fruits. 2. Car c'est là le terrain où ont été plantés l'arbre de la science et l'arbre de la vie, mais ce n'est pas l'arbre de la science qui tue, non : c'est la désobéissance qui tue. 3. Car ce n'est pas sans raison qu'il a été écrit que Dieu, au commencement, planta au milieu du jardin l'arbre de la science et l'arbre de la vie, nous montrant dans la science l'accès à la vie. Les premiers hommes, qui ne surent pas bien en user, furent mis à nu par l'imposture du serpent. 4. Car il n'y a pas de vie sans la science, ni de science sûre sans la véritable vie : c'est pourquoi les deux arbres ont été plantés l'un près de l'autre. 5. Ce sens, l'Apôtre l'avait bien vu quand, blâmant la science qui s'exerce sans obéir aux préceptes de vie que donne la Vérité, il dit : " La science enfle, mais l'amour édifie. " 6. Car celui qui croit savoir quelque chose sans la véritable science, celle à qui la vie rend témoignage, celui-là ne sait rien : le Serpent le trompe parce qu'il n'a pas aimé la vie. Mais celui chez qui la science est accompagnée de crainte et qui recherche ardemment la vie, celui-là plante dans l'espérance et peut se promettre des fruits. 7. Que la science s'identifie à ton coeur ; que le Verbe de vérité, reçu en toi, devienne ta vie. 8. Si cet arbre grandit en toi et si tu désires son fruit, tu ne cesseras de récolter ce qu'on souhaite recevoir de Dieu, ce que le serpent ne saurait atteindre ni l'imposture infecter. Ève n'est plus séduite, mais demeurant vierge, proclame sa foi. 9. Le salut se montre, les Apôtres comprennent, la Pâque du Seigneur approche, les temps s'accomplissent, l'ordre cosmique s'établit, le Verbe se plaît à enseigner les saints ; par Lui le Père est glorifié, à lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Les souvenirs de ma grand-mère (manuscrit retrouvé !) Lun 13 Mai 2013 - 10:14
Grand-mère Hélène :
C'est pour répondre au désir exprimé par Anne-Marie que je vais essayer de rassembler mes souvenirs lointains.
La maison existe encore au no 18 de la rue de Stambruges à Grandglise. Elle est située devant l'ancienne maison en retrait habitée par mes grands-parents paternels: Adolphonse Delcourt epoux de Joséphine Maquet et leurs enfants: Evelina, Célina, Aléa et Vital.
Mes parents se sont mariés le 9 septembre 1901 après de courtes fiançailles, de mai à septembre. Maman m'a ranconté qu'elle n'avait eu aucune inquiétude d'accepter papa pour mari. Elle le connaissait de longue date, étant amie de tante Aléa et le considérait comme un frère. Mais il hésitait à se présenter chez ses futures beaux-parents, ceux-ci ayant la réputation d'êtres sévères. C'est une dame amie, l'épouse du chef de gare, qui l'a incité et l'a décidé.
En juin 1902 est né le petit Vital, qui ne devait vivre que vingt-trois mois aux cheveux noirs, très éveillé... c'est de maman que je tiens cette description. Ce fut, on le conçoit, un profond chagrin pour ces jeunes époux si unis, dont ils eurent bien de la peine à se relever.
Le 16 septembre 1904 leur arrivait une petite Hélène et trois ans après, en 1907, une petite Léa qui ne vécut que neuf mois, à la suite d'une mauvaise grippe. Nouvelle peine profonde pour mes parents.
Mon papa était comptable à la Brasserie Manfroy et, après avoir suivi les cours de musique de l'école Saint Grégoire de Tournai, devint clerc organiste à l'église de Grandglise. Il était très estimé de tous ceux qui le connaissaient, toujours prêt à rendre service, m'a-t-on dit plus tard.
Mon plus ancien souvenir d'enfant, ce fut le berceau d'enfant, garni de bleu, où reposa ma petite soeur si tôt décédée. J'avais à peine trois ans et demi.
Papa était très pieux et, avec maman, ils ont décidé de me consacrer, moi, leur petite Hélène, à la Sainte Vierge, ce qui exigeait que l'enfant ne porte que des vêtements bleus jusqu'à l'âge de sept ans.
(A suivre)
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 23 Juil 2013 - 11:52
Herr, unser Herrscher, dessen Ruhm In allen Landen herrlich ist! Zeig uns durch deine Passion, Dass Du, der wahre Gottessohn, Zu aller Zeit, Auch in der größten Niedrigkeit, Verherrlicht worden bist! --------------------------------------- Seigneur, notre Maître, dont la Gloire Domine en tous pays! Montre-nous par ta Passion Que Toi, le vrai Fils de Dieu, De tous temps, Même dans la plus profonde humiliation, As été glorifié ! --------------------------------------- Lord, our Ruler, whose Glory Is magnificent everywhere! Show us through your Passion, That you, the true son of God, At all times, Even in the most lowly state, Are glorified!
----------------------
O, Sang et Eau, qui avez jailli du côté du Christ en source de miséricorde pour nous, j'ai confiance en Vous !"
Cette petite oraison, pourquoi la fixer à quinze heures ? Parce que c'est l'heure de la miséricorde - l'heure où le légionnaire romain Longinus perçà de sa lance le coeur de Jésus, après avoir constaté qu'il était mort, et qu'il était donc inutile de lui briser les jambes, comme on le lui avait ordonné. Et voici le récit qu'en fit la Bienheureuse AC Emmerich, décédée en 1824 - et le récit qu'elle de cet événement fut pour moi d'un magnifique éclairage sur le choix que le Seigneur fit du don de cette brève oraison:
Les archers paraissaient encore douter de la mort de Jésus, et l'horrible manière dont on avait brisé les membres des larrons, avait encore augmenté chez les amis de Jésus la crainte que les bourreaux ne revinssent à son corps ; cette crainte faisait trembler les saintes femmes pour le corps du Sauveur. Mais l'officier inférieur Cassius, appelé plus tard Longin, homme de vingt-cinq ans, très actif et très empressé, dont la vue faible et les yeux louches lorsqu'il se donnait un air affairé et important excitaient souvent les moqueries de ses subordonnés, reçut une inspiration soudaine. La férocité ignoble des archers, les angoisses des saintes femmes, l'ardeur subite qu'excita en lui la grâce divine, lui firent accomplir une prophétie. Il saisit sa lance et dirigea vivement son cheval vers la petite élévation où se trouvait la croix. Je le vis s'arrêter devant la fente du rocher, entre la croix du bon larron et celle de Jésus. Alors, prenant sa lance a deux mains, il l'enfonça avec tant de force dans le côté droit du Sauveur, que la pointe alla traverser le coeur et ressortit un peu sous la mamelle à gauche. Quand il la retira avec force, il sortit de la blessure du côté droit une grande quantité de sang et d'eau, qui arrosa son visage comme un fleuve de salut et de grâce. Il sauta à bas de son cheval, s'agenouilla frappa sa poitrine et confessa hautement Jésus en présence de tous les assistants.
La sainte Vierge et ses amies dont les regards étaient toujours fixés vers Jésus, virent avec angoisse l'action inopinée de cet homme, et, lorsqu'il donna son coup de lance, se précipitèrent vers la croix en poussant un cri. Marie tomba entre les bras des saintes femmes, comme si la lance eût traversé son propre coeur, pendant que Cassius louait Dieu à genoux, car les yeux de son corps comme ceux de son âme étaient guéris et ouverts à la lumière. Mais en même temps tous furent profondément émus à la vue du sang du Sauveur, qui avait coulé, mêlé d'eau, dans un creux du rocher au pied de la croix. Cassius, Marie les saintes femmes et Jean recueillirent le sang et l'eau dans des fioles et essuyèrent la place avec des linges.
(Extrait du livre XLVIII. OUVERTURE DU CÔTÉ DE JÉSUS. MORT DES LARRONS)
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Sam 30 Nov 2013 - 13:40
Citations de Julien Green extraites du "Pamphlet contre les catholiques de France"
Tout catholicisme est vrai s'il est dément, s'il crucifie la nature, s'il heurte l'homme dans ses affections, s'il est dur, s'il est véhément, s'il damne et s'il sauve dans la même minute. Tout catholicisme est suspect s'il ne dérange pas la vie de celui qui le pratique, s'il ne le marque pas aux yeux du monde, s'il ne l'accable pas, s'il ne fait de sa vie une passion renouvelée chaque jour, s'il n'est pas difficile et odieux à la chair, s'il n'est pas insupportable.
°°°
Une foi qui ne conçoit pas le doute est bien lamentable. Je me méfie de ceux qui n'ont jamais éprouvé de difficultés à croire; il faut qu'ils n'aient pas bien compris de quoi il s'agit.
°°°
Notre raison est la plus sûre occasion de péché, la plus redoutable ennemie du genre humain. Le ciel la contredit sur presque tous les points.
°°°
Le ciel ne parle pas selon la raison humaine, il a sa raison à lui qui est inconnaissable. Mais il parle à l'homme comme si l'homme pouvait le comprendre et raisonner, non humainement mais divinement."
°°°
"J'aime mieux l'attitude des incrédules qui trouvent que le catholicisme est absurde, que celles des catholiques qui trouvent qu'il est naturel. Je dirais même que l'attitude des incrédules est la seule qui soit dans l'esprit du catholicisme. Il faudrait être tous les jours fraîchement converti à la vérité catholique, avoir une foi surprise."
°°°
"La force d'une religion est dans sa magie. Les autres religions ont tenu leur magie secrète et ne l'on confiée qu'à leurs initiés, mais la religion chrétienne a révélé à tout le monde ce dont les religions païennes eussent fait un mystère. Elle a initié tout le monde, et en initiant tout le monde, elle a gardé sa doctrine plus secrète que si elle l'eût consignée dans des livres indéchiffrables, cachés sous une pierre, au fond d'un temple inaccessible. Un secret n'est pas mieux gardé que lorsqu'il est livré à tout le monde, car il perd son air de secret, et le monde qui s'attache au mystérieux se détourne d'une chose aussi publique et ne se donne pas la peine de l'approfondir, et oublie ce qu'il en sait. "
°°°
"Ce qui fait la grandeur de l'homme, ce n'est pas sa raison, c'est la connaissance qu'il a des choses qui sont au-dessus de sa raison et de ses faclutés imaginatives. Le créateur l'a pris dans sa confidence."
°°°
Votre raison vous dit que le catholicisme est faux ; elle est dans son rôle, mais votre raison est un petit instrument dont vous ne pourrez jamais vous servir pour mesurer le ciel, et qui n'empêchera pas que le ciel existe, et tous ses abîmes et les mystères de sa religion. Vous dites que votre raison est votre seul guide et que vous ne sauriez en avoir d'autre parce que vous êtes une créature raisonnable, mais avant d'être raisonnable vous êtes surnaturel. Votre grandeur est faite de ce qu'il y a en vous quelque chose de supérieur à votre raison et qui est l'intuition des hcoses divines. Si vous en appelez à la raison, vous dérogez, et vous perdez.
°°°
La raison peut condamner le catholicisme, si elle veut, mais la pensée le justifie, car la pensée est d'essence divine ; elle est ce qui établit la ressemblance entre le Créateur et l'homme, et les abîmes qui la séparent de la raison ne se mesurent pas. La raison peut analyser et calculer, mais la pensée a l'intuition des choses importantes, elle se doute du ciel, elle n'a de repos qu'en son Créateur.
°°°
La catholicisme, élixir trop fort pour une âme affaiblie par les raisonnements, la raison l'appelle folie, et elle n'a pas tort."
°°°
"Si les Français vont en enfer, je crois qu'ils finiront par s'y habituer. Ils se sont bien habitués à ce catholicisme qui est tout aussi redoutable et tout aussi surprenant. " "Quoi que vous fassiez, vous êtes immortel. Il ne vous a pas été demandé si vous le vouliez ou non ; vous auriez sans doute refusé, aussi le ciel vous force à être grand, et vous l'êtes malgré vous ; votre liberté n'y a aucune part. Naturellement, vous êtes médiocre et vous ne savez désirer que des biens médiocres, mais surnaturellement vous êtes grand et l'on vous force à désirer de grandes choses.
°°°
Vous comprendrez que vous vous êtes damné pour de petites choses et qu'il n'y avait aucune proportion entre ces choses et vous. Il n'y a rien sur cette terre qui soit digne de vous ; ce monde n'a aucun plaisir digne de vous y attacher, aucune souffrance digne de vous affliger. Tout est ailleurs.
°°°
Si vous vous damnez, damnez-vous pour quelque chose qui en vaille la peine, c'est-à-dire, voyez s'il y a quelque chose qui vaille la peine que vous renonciez à la contemplation éternelle de la vérité. Cette faculté de désirer des biens infinis est votre gloire, et elle sera votre enfer. Si vous étiez moins grand, l'enfer vous tuerait, mais vous êtes fait pour souffrir éternellement, jouir éternellement, et il n'y a pas de mesure qui puisse vous convenir.
°°°
Ce quelque chose de non terrestre nous tourmentera jusqu'à la mort, ou s'il ne nous tourmente point, c'est que notre indifférence l'aura vaincu. Cette victoire sera notre damnation."
°°°
"Lorsqu'un homme est tenté, c'est comme si la Passion tout entière recommençait pour lui et en lui. S'il tombe, c'est mon Sauveur humilié dans l'outrage du monde, et s'il se vainc, c'est mon Sauveur exalté dans sa cricifixion.
°°°
Mais cette infinie souffrance, nous ne l'endurons sur terre qu'en partie, car sur terre nous ne ressentons rien parfaitement ; la véritable souffrance de la tentation, nous la ressentirons dans sa plénitude soit au purgatoire, soit en enfer."
°°°
"Tout est important dans la Bible et tout s'y tient si fortement que tout y est, peut-être et pour ceux qui savent lire, de la même importance. C'est la clef du livre.
°°°
Ce n'est pas au hasard que les différentes paroles s'en sont assemblées, et s'il y en a qui manquent ou qui nous sont parvenues incomplètes, ce n'est pas non plus un effet du hasard. Si l'on y découvrait quelque inadvertance manifeste, non de la part des hommes qui ont écrit la Bible, car la Bible ne manque pas de ces inadvertances humaines, et elles sont utiles, mais une inadvertance de la part de celui qui a inspiré la Bible, il y aurait lieu de se tranquilliser et de ses dire que c'est qu'une oeuvre humaine et faillible.
°°°
Mais au-dessus des écrivains bibliques qui ont pu se tromper quelquefois, il y a quelqu'un qui ne se trompe pas, qui fait que les prophéties se réalisent les unes après les autres et d'une façon si juste et si précise que la première partie de la Bible est écrite comme si ses auteurs en avaient lu la seconde.
°°°
Le Nouveau Testament se retrouve dans l'Ancien comme le visage d'un homme dans un miroir. Si les auteurs de l'Ancien Testament avaient eu connaissance du Nouveau, ils n'auraient pas pu écrire leurs histoires et leurs prophéties d'ue manière différente, ni plus exacte en ses figures.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mer 2 Avr 2014 - 14:18
Postulat "Faustinum"
Lorsque j'ai connu « Faustinum », je croyais que des études de théologie ressemblaient aux autres études. : il y aurait beaucoup de choses à apprendre, à retenir, à pouvoir exposer ensuite lors d'un examen. J'ai donc été très étonné de découvrir qu'avant de lire chaque conférence, il fallait se mettre à prier.
C’est cela qui m'a touché d'abord : la prière avant l'effort intellectuel. Au lieu de « concentrer » son esprit, il fallait l'ouvrir, comme on ouvre une porte.
Ensuite, c'est le petit carnet (où je devais noter mes « chutes » et mes « victoires » de chaque jour) qui a fini de me convaincre. Car cela m'a conduit tout droit à ma délivrance du tabac.
Chaque année au printemps, je faisais une nouvelle tentative pour cesser de fumer. J'échouais systématiquement. Mais le 13 mai 2004 fut différent. Lorsque j'ai commencé de ressentir le manque du tabac, au lieu de concentrer ma volonté, je me suis abandonné.
J'ai dit « Jésus, je m'en remets à Toi. » Je me souviendrai toujours de la Joie qui m'a envahi à ce moment-là. C'était la même Joie que celle de ma conversion de 1985. J'ai souffert beaucoup ce jour-là. Mais je savais aussi que j'étais en train autre homme, qui ne fumerait plus jamais. Ce n'était pas une guérison, mais une nouvelle création. Toujours moi, mais transformé. Je n'ai jamais plus fumé – mais je n'en ai rien dit à personne avant plusieurs mois.
Le reste est tout simple. Je ne comprenais pas bien comment Dieu pouvait tout à la fois être « Amour, Sainteté, et Justice ». Qu'est-ce qui venait en premier ? Comment un pécheur peut-il être justifié ? C'est parce que l'Amour de Dieu s'appelle Miséricorde. Au moment du jugement particulier, la Sainteté de Dieu réclame la Justice, mais la Justice est comme « retenue » par l'Amour de miséricorde.
Et à partir de ce moment-là, j'ai eu la certitude absolue que la Congrégation Faustinum de la Miséricorde divine est ce que j'avais toujours recherché.
Je n'ai pu me présenter à l'examen final en 2008, du fait du décès de mon père le 9 avril.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Quinze jours avec Simone Weil Lun 2 Fév 2015 - 10:01
Quinze jours avec Simone Weil (1909-1943)
Leçon du 1er jour : La prière comme pureté de l'attention :
- Tous les contresens dans les versions, toutes les absurdités dans la solution des problèmes de géométrie, toutes les gaucheries dans les devoirs de français... tout cela vient de ce que la pensée s'est précipitées hâtivement sur quelque chose et n'a plus été disponible pour la vérité. On a voulu être actif, chercher, devenir maître... mais les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés, mais tout simplement : attendus. Selon le philosophe Malebranche, pour que l'homme puisse être distrait de la quête de la Vérité par le seul bourdonnement d'une mouche. Celle-ci ayant pénétré dans notre lieu de méditation, nous tout entiers concentrés à ne pas l'entendre, ou à rechercher comment se débarrasser de l'insecte devenu le symbole de notre indisponibilité aux choses essentielles. Car selon Nicolas Malebranche, l'attention est "une prière naturelle", elle est "la voie sûre mais exigeante qu'il faut emprunter à la recherche de la Vérité.
C'est ce que Simone Weil comprit très tôt : à l'âge de 14 ans, écrasée par le génie de son frère André, désespérée de ne pas pouvoir le suivre, elle fut saisie par l'idée selon laquelle, "même si les facultés naturelles sont presque nulles, un être humain peut pénétrer dans le royaume de la vérité réservé au génie - mais il lui faut la désirer et accomplir un effort perpétuel d'attention afin de l'atteindre". En effet, ils étaient deux, écrit Sylvie Weil, la fille d'André dans son livre : "Chez les Weil". André et Simone, le frère et la sœur. Simone Weil la philosophe et André Weil le mathématicien, une sorte de génie bicéphale. (1)
Devenue professeur de Philosophie au lycée du Puy, Simone Weil déclarait : "Peu importe vos résultats, pourvu que, par l'attention à vos exercices scolaires, vous acquériez cette disposition intérieure à la faveur de laquelle la vérité d'un problème ou d'une poésie consent à se livrer à vous". Dans son livre "Attente de Dieu", elle écrit encore : "Les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés mais attendus. Pour un adolescent capable de saisir cette vérité, et assez généreux pour désirer ce fruit plus que tout autre, les études auraient la plénitude de leur efficacité spirituelle en dehors même de toute croyance religieuse".
Ces vérités viennent à l'homme pour peu qu'il leur offre son attention. C'est l'acquis pour ce premier jour : la pureté de l'attention préside à toute véritable prière. Comme dit Samuël : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute". De même, la prière qui demande : "Que ta volonté soit faite" nécessite que l'on se présente donc à Dieu les mains vides, et vides parce qu'ouvertes.
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 3 Fév 2015 - 10:28
Leçon du deuxième jour : il faut effectuer un tri entre les idoles et le vrai Dieu.
Quel est le bien, extérieur à lui-même, vers lequel se tournent même les athées ? Les marxistes ont cru en une sorte d'infaillibilité de l'histoire. Beaucoup de scientifiques identifient presque systématiquement les nouvelles découvertes à de nouveaux progrès qui ne peuvent que servir le bonheur de l'homme. On se propose d'envoyer des hommes et des femmes dans l'espace pour des voyages sans retour: la vérité et le bonheur ne seraient-ils pas forcément extérieurs au monde ? La consommation de drogue suscite des états de conscience altérés qui, bien qu'éphémères et néfastes pour l'organisme, procurent une jouissance inédite.
Sur ce thème, Simone Weil écrit : "Nul être humain n'échappe à la nécessité de concevoir un bien vers lequel se tourne la pensée dans un mouvement de désir, de supplication et d'espoir. Par conséquent, il y a seulement le choix entre l'adoration du vrai Dieu et l'idolâtrie..."
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mer 1 Juil 2015 - 9:38
POUR MIEUX VENIR A BOUT DÉPRESSIONS ET DIVERSES SENSATIONS DE "MAL-ÊTRE"
Moi qui suis passé par une dépression qui m'a coûté quelques mois sans quitter mon lit (j'y demeurais chaque après-midi, en m'efforçant de ne pas bouger, pas même d'un clin d'oeil !), je n'ai pas trouvé d'aide efficace, à l'exception de la prière.
Je viens de découvrir un fameux petit ouvrage rédigé par un l'Abbé Léon Robichaud. Ce petit livret est plein de pépites pour celles et ceux qui souffrent de leur "existence" (puisque vivre, lors d'une dépression, ce n'est souvent plus qu'exister).
D'abord un petit mot pour présenter l'auteur : c'est un Abbé québecois, membre de l'institut Voluntas Dei, établi au Québec.
http://www.voluntasdei.org/index.php/fr/accueil2
L'ouvrage (intitulé "Guérir sa blessure") que j'ai en ma possession ne contient que 78 pages, mais dans mon cas, c'est le plus intéressant parmi ceux qui me sont passés entre les mains.
Il contient une foule de conseils et de remarques - en ayant ceci de différent des autres ouvrages de psychologie qu'il se fonde également sur la foi. Et c'est une toute autre perspective. Sans doute parce que ce prête (est) (fut) également aumônier d’hôpital, qu'il côtoie les souffrances chaque jour et connaît bien tous les aspects de la "déchirure"...
C'est un fil que je commence... j'y reviendrais un peu chaque jour.
A noter que petit livre semble encore disponible :
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Jeu 2 Juil 2015 - 11:59
Présentation (par C.N. Gabriel, médecin, spécialiste en médecine interne)
Le deuil, dans le sens élargi du mot et tel que décrit par Léon Robichaud, a touché ou touchera presque chacun d'entre nous. En effet, rares ceux qui n'auront pas éprouvé, à un moment ou l'autre de leur vie, ce sentiment de désarroi ou de désespoir, suite au décès d'un être qui nous était cher ou encore, suite à une séparation, un divorce, une perte d'emploi ou de santé.
Avec les expressions de sympathie de nos parents, amis, médecins et autres, une sensation de vide absolu peut nous envahir. Avec son approche spirituelle et scientifique démontrée dans son livre, Léon Robichaud vient justement combler ce vide. De par son travail d'aumônier à un grand centre hospitalier et de par son expérience de prêtre, il est bien qualifié pour aborder ce sujet.
Mais il y a plus que cela. Ceux qui l'ont connu et vu oeuvrer de près n'auront pas pu s'empêcher de remarquer, en lui, ce don de sentir, de comprendre, de sympathiser et d'aider son entourage quand le besoin survient.
Voilà pourquoi, en lisant ce livre, on sent un "bras-ami" qui nous prend à l'épaule pour nous guider à travers les étapes plus difficiles d'un deuil et nous sortir de notre solitude.
Pour cela, nous lui sommes très reconnaissants.
C.N.Gabriel, médecin Spécialiste en médecine interne.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Ven 3 Juil 2015 - 9:20
POUR LIRE
Introduction
Un livre peut changer votre vie
En lisant, nous décidons souvent :
- de mémoriser certains passages - de changer quelque chose dans notre vie - et d'aider une autre personne
Cependant, quelques semaines plus tard, nous avons complètement oublié nos bonnes résolutions.
Voici quelques suggestions pour transformer vos intentions en agir pratique :
° Procurez-vous des petites cartes. Écrivez les phrases ou les idées principales que vous avez l'intention de mémoriser. Emportez vos cartes avec vous où que vous alliez. Lisez-les en attendant le bus, le thérapeute, le moment de dormir, etc.
° Soulignez certains passages et relisez les passages soulignés.
Il existe un vieux dicton qui dit :
° Ecoutez quelque chose... et vous l'oublierez Voyez quelque chose... et vous vous en rappellerez Faîtes quelque chose... et vous le comprendrez.
C'est pourquoi il est important de lire, de relire et de lire encore ce que vous voulez reellement assimiler. Car assimiler, c'est réellement "ajouter à sa personne" ce que l'on veut retenir.
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Sam 4 Juil 2015 - 9:20
AVANT DE MARCHER
PRÉAMBULE
Nous passons la plus grande partie de notre vie à travailler et à acquérir des choses qui donnent un sens à notre existence.
Le travail, la santé, les amis, un conjoint, des enfants, une maison sont autant d'êtres et de choses qui enrichissent notre passage sur cette terre. Soudain, la maladie, la séparation ou un évènement tragique, nous enlève un être qui nous est important.
Voilà qu'un sentiment de vide, de désarroi, de solitude ou de dépression nous envahit.
La perte d'un être cher nous fait peut-être vivre l'expérience d'un grand chagrin. La vie nous semble-t-elle indifférente, voire même insupportable ?
Ce livre pourrait changer votre vie. Il est le fruit d'un vécu. Au cours de mes voyages, de mes prédications, de mon ministère auprès des personnes en difficulté, au cours de mon travail auprès des mourants, j'ai rencontré encore beaucoup de gens incapables de se guérir de leurs blessures intérieures.
Parmi ces personnes blessées, plusieurs sont souvent séparées, divorcées, veuves ou orphelines. Seules, elles sont incapables d'aimer ou d'être aimées.
D'autres souffrent de désespoir, de culpabilité, de peur, de dépression, d'alcoolisme ou de grands désordres sexuels.
D'une façon ou d'une autre, nous sommes tous plus ou moins blessés. C'est ma plus grande conviction. Par conséquent, nous avons tous besoin d'une certaine guérison. Pour ce faire, nous avons aussi besoin de savoir comment sortir de notre chagrin et trouver ainsi le chemin de la paix intérieure. Je demande donc à Dieu de vous aider à trouver le chemin de la guérison, du cœur, de l'âme et de l'esprit.
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Sam 4 Juil 2015 - 11:48
SE SITUER
NOMMER LA BLESSURE
Qu'est-ce que le deuil ? Le deuil est d'abord une réaction naturelle et nécessaire à la suite d'une perte ou d'un changement significatif dans la vie d'une personne. En d'autres mots, c'est une attitude de protection que se donne un individu face à une ou à des situations, telles que :
- Décès d'un être cher - Peine d'amour - Divorce ou séparation - Maladie ou perte de son honneur - Changement de ville ou de pays - Perte de son travail ou de sa santé - Abandon du foyer par les enfants - Rêve ou objectif de perfection non réalisé.
Mais avant tout, émotivement, le deuil est une grande souffrance intérieure, une réaction douloureuse naturelle et nécessaire, suite à une perte importante ou à un changement significatif dans la vie de quelqu'un.
IMPORTANCE DE COMPRENDRE
Pourquoi est-il important de comprendre la structure du deuil ?
C'est une expérience que chaque individu fait à un moment donné de sa vie. Il atteint chacun de nous. Personne n'en est exclu. Comprendre le deuil aide à faire face d'une façon plus positive et enrichissante aux émotions qui s'y rattachent ou en découlent, telles que : l'ennui, la peur, l'angoisse, la dépression et le désespoir.
Vivre heureux
Peut-on vraiment exister ou revivre heureux après une perte signifiante qui a brisé le cœur de notre vie ?
Pour s'aider soi-même, il faut prendre quelques décisions.
- D'abord, parlez-en à des personnes discrètes. Il est important d'exprimer tout haut des sentiments. Les garder à l'intérieur peut poser d'autres problèmes.
- Acceptez l'aide des amis qui vous l'offrent. Compréhension et support peuvent soulager dans les moments difficilesL
- N'hésitez pas à recourir aux professionnels de la santé psychique, morale et spirituelle, tels un psychologue, un prêtre... Pour certains, la communauté de foi ou les groupes de soutien psychologique peuvent êtra aussi d'un grand réconfort.
- Enfin, ne négligez pas d'aller consulter un médecin du corps s'il y a lieu.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Lun 6 Juil 2015 - 11:59
Croire à la guérison
Est-il permis de croire à la guérison du cœur ?
Il ne faut jamais cesser d'y croire. C'est un impératif. Mais pour y arriver sürement, soyez bons pour votre corps. Celui-ci est le premier contenant de tout le reste. Ecoutez alors ses S.O.S. Soyez attentifs à vos petits problèmes de santé tels : maux de tête, perte de poids, nausées, tremblements, perte d'énergie et de sommeil. Ces petits maux ne sont pas un drame mais des signes révélateurs de stress. Prenez alors beaucoup de repos.
Gardez-vous en forme par une bonne alimentation et des exercices physiques non violents.
Evitez les tranquillisants, l'alcool ou toute dépendance en apparence inoffensive.
Surveillez votre apparence physique. Quelques séances de massothérapie peuvent aussi être un traitement valable. Si ces moyens s'avèrent inutiles, voyez votre médecin et, si nécessaire, un bon thérapeute.
N'oubliez pas: un esprit sain et saint dans un corps sain.
QUI SOUFFRE ?
La liste des blessé est longue car tous les humains naviguent dans le même bateau de la souffrance universelle.
° Parmi les premiers, figurent les noms de ceux qui souffrent dans leur corps d'une grave maladie: cancer, diabète, arthrite, phobies, dépression, sida, etc.
° Les douleurs physiques affectent souvent moralement et vice-versa. Ainsi en est-il des enfants battus ou abusés, des parents ridiculisés, des conjoints battus ou délaissés, des vieillards isolés parce qu'abandonnés par leurs enfants, des alcooliques, des homosexuels, des handicapés de toutes sortes tels les malentendants, les aveugles, etc.
° A ceux-ci s'ajoutent les pauvres matériellement : les victimes de la faim, du froid, les sans-travail, etc bref, tous les pauvres matériellement. Même ceux qui semblent riches et rieurs portent au fond d'eux-mêmes certaines blessures. Certains multiplient les rencontres sociales, les repas somptueux, l'alcool, les biens matériels, fruit d'un travail excessif. Tout cela n'est souvent que des façons enjolivées, des compensations pour couvrir les plaies.
Donc, qui que nous soyons, d'une manière ou d'une autre, nous avons tous notre croix à porter. Pour certains, celle-ci est plus lourde, mais chacun d'entre nous doit apprendre à porter la sienne.
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 7 Juil 2015 - 10:43
PRENDRE LE POULS
Ai-je un cœur tendre ou un cœur de pierre ? Les gens ne sont rarement blessés qu'une seule fois dans leur vie. Cependant, certains le sont pus souvent que d'autres. A cause des peines accumulées, certains cœurs sont doublement chagrinés. Ainsi en est-il de celui qui n'a pas de carapace pour se protéger. Les cœurs durs, fermés comme des huitres confondent souvent tendresse et faiblesse.
Les cœurs ouverts et confiants sont habituellement plus faciles à être blessés. Malheureusement, le monde est plein d'hommes et de femmes incapables d'accueillir les cœurs tendres.
Ces cœurs fermés et durs ne font confiance à personne, donnent très peu, demandent des preuves à l'amour, calculent continuellement ce qu'ils donnent et reçoivent, manipulent, exploitent, et sont rarement blessés. Jamais des cœurs de pierre. Ces derniers vont dans la vie brisant les cœurs tendres et fragiles.
Comme ils sont insensibles, ils ne connaissent ni la joie, ni la peine, ni la tendresse et ils nient l'amour. Le sage biblique dirait d'eux : "Ils ont des yeux et ne voient pas. Des oreilles et n'entendent pas".
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 7 Juil 2015 - 11:08
Discerner les amis
Leur aide
Les ami(e)s qui ne comprennent pas la profondeur de votre chagrin offriront des solutions faciles et inefficaces. Ils seront souvent impatients et irrités. Souvent très attentifs au début de votre deuil, ils vous soupçonneront quelques jours plus tard de faire de l'apitoiement sur vous-même.
Ils vous rappelleront que le monde est rempli de gens ayant de plus gros problèmes que les vôtres.
Certains diront: "Si vous aviez une plus grande foi, tout rentrerait dans l'ordre". Tout cela semble très bien à première vue, mais c'est là l'attitude des gens ayant tendance à faire de la morale parce qu'ils n'ont jamais connu la souffrance du cœur.
Dans leur vie de chaque jour, ils sont comme les gardiens de Job (13,4)
Ils semblent connaître toutes les réponses mais ne peuvent rien faire pour libérer les affligés de leurs peines. Ces amis sont bien intentionnés, mais s'ils vivaient, ne serait-ce qu'une heure de votre agonie, leur langage serait transformé. Quand les ami(e)s sont là à vous faire rire, à vous désennuyer, il y a un soulagement physique et temporaire. Mais la nuit, la peine est toujours pire. Quand le soleil se couche, la solitude augmente. Que dire de la solitude en fin de semaine ? Le chagrin vous submerge...
Personne autre que Dieu
Quand vous êtes blessés profondément, personne en ce monde ne peut fermer la porte de vos peurs et angoisses. Même le meilleur de vos amis ne peut pas réellement comprendre l'acuité de votre souffrance intime. Seul Dieu peut vous sortir de votre dépression ou culpabilité. Seule une force divine peut vous sortir de votre chagrin. C'est Lui qui doit intervenir comme un père aimant, chassant les nuages qui assombrissent votre vie.
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mer 8 Juil 2015 - 11:35
REPORTER A PLUS TARD
Nous connaissons tous le vieux cliché" Le temps arrange tout". Cette phrase est consolante à première vue. Seul, le temps ne guérit rien.
Mais aide-toi et le ciel t'aidera. Dieu seul guérit. Le temps peut anesthésier votre blessure pour une certaine durée. Les jours passent et votre agonie demeure. Le temps peut pousser votre douleur plus profondément dans votre esprit en vous laissant croire un moment à votre guérison.
Et voila qu'un évènement anodin vient agir comme déclencheur et fait ressurgir l'ancienne douleur à la surface. Même si le temps ne guérit pas, Dieu peut guérir dans le temps. Le chrétien, lui, croit que Dieu peut guérir le cœur blessé, qu'Il peut redonner vie à un mariage et qu'Il peut libérer l'endeuillé de son chagrin.
Eliminer les "Pourquoi moi ?"
Cela n'arrive pas rien qu'à vous. Votre situation n'est pas unique. Ce qui vous arrive est le sort commun de notre espèce humaine. C'est la condition de la nature humaine. Que vous ayez tort ou raison ne changera rien à la situation. A ce moment-ci, vous êtes ce que vous êtes. Blessé. Ce qui est important, c'est que vous soyez désireux de vous tourner vers Dieu avec foi, de le supplier de vous redonner la paix intérieure.
Voici ce que dit la Bible :
"Très chers, ne jugez pas étrange l'incendie qui sévit au milieu de vous pour vous éprouver, comme s'il vous survenait quelque chose d'étrange. Mais dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa Gloire, vous soyez aussi dans la joie et l'allégresse"." (1 Pierre, 4, 12-13)
Dieu n'a fait aucune promesse de vous donner une vie sans souffrance humaine. Il vous a promis une façon de vous en libérer ou de la porter avec profit. Au meilleur de votre connaissance, vous avez probablement fait, jusqu'ici, ce qu'il était possible de faire. "Au moment où vous avez agi, c'était le plus parfait que vous pouviez être", dit encore l’Écriture.
Vous n'avez donc pas à vous culpabiliser. A ce moment-ci, l'important c'est d'en sortir. Ce qui est demeure ce qui est. Rien ne sert de chercher la cause de votre chagrin. Vous souffrez, alors cessez de vous culpabiliser. Cessez de vous condamner ou de condamner les autres. Ce qui compte, c'est de vous tourner vers la Toute-Puissance divine qui vous dit:
"Demandez et vous recevrez. Frappez et l'on vous ouvrira" "Je suis avec vous tous les jours. Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte." "Et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde"
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Jeu 9 Juil 2015 - 12:02
NE PAS CULPABILISER DIEU
Vous êtes capables de supporter ce qui vous arrive. Dieu le Père vous dit : "Aucune des tentations ne vous est survenue qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces, mais avec la tentation, Il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter." (1 Co 10, 13)
Le plus grand des blasphèmes est de s'imaginer que Dieu est la cause de votre malheur<;
Croire que Dieu vous éprouve pour vous amener à une meilleur conscience est un affront à la miséricorde du Père aimant. Dieu n'est pas plus responsable de votre malheur que vous ne l'êtes. C'est tout simplement les conséquences de la faiblesse humaine. Il a promis à ceux et à celles qui lui font confiance d'effacer leurs larmes et de leur redonner sa force : "Sa colère est d'un instant, sa faveur pour la vie: au soir la visite des larmes, au matin les cris de joie". (Ps 30, 6)
Pleurer à chaudes larmes est un des signes que votre deuil est en voie de se résorber. Allez-y, pleurez ! Les larmes libèrent. Implorez Dieu jusqu'à ce que vos larmes disparaissent. Attention: vos larmes doivent provenir uniquement de votre cœur blessé et non de l'apitoiement sur vous-même. La vie continue. Avec l'aide de Dieu, vous serez surpris de voir tout ce que vous pouvez porter. Le bonheur n'est pas de vivre sans peine et sans blessure. Le bonheur est d'apprendre à vivre une journée à la fois, en dépit des difficultés de la vie. Le bonheur c'est la capacité de se réjouir, peu importe le passé. Vous pouvez vous sentir rejeté, vous pouvez vous sentir abandonné.
Votre foi peut paraître défaillante. Vous pouvez vous sentir vide, peiné, Dieu est toujours présent.
Dieu existe toujours.
Sans Lui, vous ne pouvez pas arrêter votre mal. Mais si vous ouvrez votre coeur, Dieu vous délivrera de vos soucis, même de votre peur de mourir. Il vous révèlera son amour sans fin. Affermissez votre foi. Dieu est avec vous. Rien ni personne ne peut vous dominer si vous accueillez Dieu dans votre cœur.
La ligne dominante est votre foi. Vous êtes ce que vous croyez : "Aucune arme forgée contre toi ne saurait être efficace. Toute langue qui t'accuserait en justice, tu la confondras. Tel est le lot des serviteur de Yahvé, la victoire que je leur assure. Oracle de Yahvé. (Is 54, 17)
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Ven 10 Juil 2015 - 10:45
RECONNAÎTRE LE CHAGRIN
Les visages du chagrin sont multiples.
Chagrin normal Le chagrin normal provoque des sentiments de colère, de peur, de panique, de déprime, etc. La vie est sérieusement perturbée. L'intérêt au travail est annulé. Avec un peu d'aide, un bon support, la personne reprendra le goût de vivre.
Chagrin prolongé Le chagrin prolongé est en quelque sorte un chagrin anormal. La culpabilité devient excessive, voire névrotique. C'est un état devenu pathologique, une incapacité à sortir de son sentiment de perte. C'est une maladie. Elle peut durer longtemps. Consulter un médecin et un bon thérapeute s'avère nécessaire.
Chagrin refoulé Le chagrin refoulé est celui de la personne incapable d'exprimer ses émotions. C'est un état de refoulement. Cette inhibition peut amener de graves désordres à l'organisme. Dans ce cas, la première règle à suivre est de parler de son deuil. Se trouver une personne capable d'écouter attentivement s'avère nécessaire.
Chagrin réduit Le chagrin réduit est un refus de vivre sa peine. C'est la réaction de l'homme qui remplace la perte de son épouse par un mariage précipité. C'est une sorte de fuite. Un jour ou l'autre, l'endueillé(e) devra faire face à son chagrin.
Chagrin anticipé Certains anticipent leur chagrin en vivant une partie de la peine de la perte annoncée avant qu'elle ne se produise. C'est le cas du médecin qui soigne sa mère depuis plusieurs mois alors qu'elle est en phase terminale. La peine d'une séparation prévue d'avance, dans la souffrance, est souvent vécue comme une délivrance. Plus la perte est attendue, moins le chagrin est bouleversant lors de la séparation.
Chagrin retardé Pour toutes sortes de raisons, certaines personnes décident de ne pas s'arrêter au chagrin de la perte. Elles le mettent entre parenthèses. Mais un jour, un événement anodin agira comme déclencheur et le chagrin resté en profondeur refera surface. Il peut être malsain de retarder impunément son chagrin.
Il existe autant de façons de faire son deuil qu'il existe de personnalités. L'habileté de la personne à se réajuster, sa maturité, sa santé, sa foi, son tempérament et sa culture sont autant d'éléments déterminant la profondeur et la durée d'un deuil.
*****
Tout me semble lié, je viens de recevoir le texte qui suit de la part de ma soeur cadette, qui sait ce que j'endure en anticipation du deuil qu'il me faudra faire lorsque ma mère (90 ans) nous aura quittés :
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Sam 11 Juil 2015 - 11:33
REAGIR AUX PERTES
La vie est une succession de pertes. Plus la vie est longue, plus les pertes sont nombreuses. Chaque perte amène une réaction émotionnelle. Notez que réaction à la perte est différent de réaction de perte.
La réaction à la perte permet de mettre en fonction le processus du deuil. La réaction de la perte est l'état de dépression. Réagir à la perte consiste en un ajustement, une réadaptation à la situation nouvelle. Mais une incapacité ou un refus de réadaptation peut conduire à une désintégration de la personne.
Quelques réactions à la perte :
- La perte est vécue comme une fuite et conduit à l'isolement. C'est l'évasion de la vie habituelle. Il y a refus d'affronter la réalité. - L'inaction s'installe. Découragé, l'individu n'entreprend rien. - L’endeuillé devient déprimé, le temps semble s'arrêter. Le découragement devient une manière de sentir, la déprime un mode de fonctionnement.
- A un moment donné, la déprime est surmontée. Une reprise à la vie s'opère. La personne se réajuste et l'espoir s'installe. Pour qui a la foi, l'espérance fait surface et devient une disponibilité à l'avenir. L'humilité, petite soeur de l'espérance, prend place et fait jaillir la lumière. Dans ce sens-là, l'humilité est une attitude positive face à ses pertes. Alors l'expérience de la perte devient aussi une expérience de croissance. Du tombeau jaillit la vie.
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boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !) Mar 14 Juil 2015 - 10:53
ÉCOUTER SES EMOTIONS
Permettez-vous de vous abandonner totalement à vos émotions et elles s’intégreront. En soi, l'émotion est le résultat d'une résistance à quelque chose. L'émotion demeure tant que dure a résistance. La colère est une résistance à quelque chose que vous sentez devoir faire. Résister à faire ce que vous croyez devoir faire, c'est de la colère. Si vous résistez à un souvenir agréable, vous ferez naître de la tristesse. La tristesse est une résistance à un changement. La peur est la résistance à un futur possiblement sombre auquel vous résistez. Si vous résistez de rencontrer votre dentiste, que vous craignez à cause de ..., vous aurez peur. Si vous le rencontrer, vous ferez disparaître la peur. La frustration est la résistance à cette résistance à l'humilité. Face à votre erreur, vous serez soit humble, soit frustré.
L'humilité est une attitude positive face à ses faiblesses ou à ses peurs. La frustration, elle, est la résistance à accepter ses limites. Ecoutez vos émotions. Vous êtes vos émotions. Elles vous disent tout de vous.
Sortir de sa solitude
Depuis qu'il est parti, vous vous sentez seul. Vous faîtes l'atroce expérience de la solitude de l'endeuillé(e).
Vous pouvez vous sentir seul, mais ne vous, isolez pas. Votre isolement est fuite de la relation.
Rapprochez-vous de votre famille de sang. Joignez-vous à un groupe de soutien. Communiquez avec votre Eglise, avec votre centre hospitalier, avec votre groupe AA ou tout autre groupe social. Peu importe le nom, ne restez pas seul, allez vers des personnes attentives ou des groupes accueillants.
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Sujet: Re: Vos meilleures documents (hors musique !)