C'est demain une fête importante pour tous les fils et filles du grand fondateur de l'ordre des Bénédictins (Cisterciens, Trappistes et Olivétains) puisqu'on fête le 11 Juillet la fête de St Benoît.
Saint Benoît est le père spirituel, le « Patriarche » des moines de l'Occident. Il doit ce titre à la Règle de vie, très célèbre, qui porte son nom. Ce document nous renseigne bien sur sa doctrine, mais c'est au pape saint Grégoire le Grand que nous devons sa biographie, qu'il a insérée dans son livre des Dialogues. Grégoire, qui écrivait cinquante ans après la mort de Benoît, ne l'a pas connu lui-même, mais, avant d'être pape, il a mené à Rome la vie monastique et a pu interroger des disciples directs du saint.
Benoît naquit vers 480 près du bourg de Nursie, à une quarantaine de kilomètres de Rome. Ses parents, propriétaires d'un domaine, étaient de condition très aisée. Après avoir assuré chez eux l'éducation première de leur fils, ils l'envoyèrent se perfectionner à Rome par l'étude de la rhétorique et du droit. Ils le firent accompagner par une domestique fidèle, sa « nourrice » selon saint Grégoire. Mais le garçon fut vite choqué par les moeurs très libres de la grande ville et, désireux de plaire à Dieu seul, il choisit de vivre en ascète.
Après un séjour, sans doute bref, à Enfide, il renvoya sa domestique et se rendit à Subiaco, probablement vers l'an 500. La vie solitaire qu'il y mena, dans une grotte, avec le soutien discret d'un moine des environs, fut particulièrement austère. Plusieurs années se passèrent dans la contemplation du mystère de Dieu ; mais sa présence fut découverte et un groupe de moines vint le demander comme supérieur. Ces religieux étaient si relâchés que Benoît dut bientôt regagner sa grotte. D'autres disciples vinrent, et, avec le temps, on s'organisa. Douze monastères furent créés dans les environs. La vie, selon saint Grégoire, y fut fervente, mais on connut aussi les difficultés et les fautes inhérentes à toute communauté. Les moines ne sont pas des saints ; ils s'efforcent de le devenir, avec la grâce de Dieu.
À une date difficile à déterminer, un prêtre de la région s'opposa à Benoît qui décida de s'éloigner avec quelques-uns de ses disciples. Il se rendit au Mont-Cassin et transforma en monastère un temple païen. La communauté se développa et Benoît lui donna une Règle de vie pleine de sagesse. C'est cette « Règle des monastères » qui devait, dans les siècles suivants, connaître une étonnante diffusion à travers toute l'Europe. Actuellement, de nombreux moines vivent encore de cette tradition bénédictine, non seulement dans l'ancien Occident, mais en Afrique, en Asie et même en Extrême-Orient. Les moines de Solesmes, qui présentent ce site internet, vivent sous cette Règle. Saint Benoît mourut au Mont-Cassin en 547.
On a souvent comparé Benoît à Abraham, le Père des croyants. Comme lui en effet, Benoît fut un homme de grande foi. « Chercher Dieu », pénétrer le mystère qui entoure sa vie éternellement bienheureuse, tel avait été le motif de sa vocation; et, selon la Règle, c'est aussi le désir premier qui anime tout vrai candidat à la vie monastique. Saint Benoît rappelle que le chemin qui mène à Dieu, c'est le Christ qui se présente dans l'évangile comme « le chemin, la vérité et la vie ». En contemplant la personne de Jésus, sa vie, sa doctrine, le moine découvre vite de quel amour Dieu nous a aimés. L'Esprit-Saint lui inspire de répondre à cet amour par l'amour. La vie monastique est organisée de telle sorte qu'il peut témoigner cet amour sous les formes les plus diverses : la prière liturgique sept fois par jour, mais aussi la méditation de la parole de Dieu dans la Bible, dans les écrits des Pères de l'Église ; il découvre et sert le Christ dans ses frères, dans les hôtes qui ne manquent jamais au monastère, dans les pauvres de passage ou les relations de travail. C'est dans le détail des nombreux chapitres de la Règle que le moine apprend comment vivre cette découverte au quotidien.
Animée par l'évangile, la vie du monastère présente un exemple concret de société chrétienne. Le sens de l'autorité comme service, la recherche du bien commun dans le travail, l'équilibre du repos et de l'activité, le respect de l'hôte, du pauvre et de l'étranger, le soutien mutuel des membres de la communauté y apparaissent clairement. Quand la Règle bénédictine se répandit à travers les peuples de l'Europe non encore unifiée, notamment aux 10ème et 11ème siècles avec les très nombreuses filiales des grandes abbayes Cluny et Cîteaux, clercs et laïcs trouvèrent là les éléments d'une nouvelle société, unie par l'évangile.
Aujourd'hui encore, il est facile de constater que le meilleur des valeurs dont pourrait s'inspirer une nouvelle Europe se trouve inscrit dans la Règle bénédictine. C'est pourquoi saint Benoît a été proclamé par l'Église « Patron de l'Europe », modèle de vie en société et intercesseur près de Dieu.
Pour écouter l'hymne Claris chanté à l'office de ce jour (grégorien) : http://www.abbayedesolesmes.fr/FR/liturgie/liturgie.php?js=1