Jeudi du temps de Noël après l'Épiphanie
Première lettre de saint Jean 4,19-21.5,1-4.
Mes bien-aimés, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier.
Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c'est un menteur. En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas.
Et voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu'il aime aussi son frère.
Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu ; tout homme qui aime le Père aime aussi celui qui est né de lui. Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car l'amour de Dieu, c'est cela : garder ses commandements. Ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et ce qui nous a fait vaincre le monde, c'est notre foi.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,14-22a.
Lorsque Jésus, avec la puissance de l'Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l'habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »
Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Cy Aelf, Paris
En Galilée, au "carrefour des nations", Jésus est écouté avec intérêt et beaucoup font son éloge. Mais lorsqu'il revient à Nazareth, le pays où il a grandi, c'est le fils du charpentier que l'on attend. Il accomplit des miracles ailleurs, dit la rumeur, alors on bien voir ce qu'il dira et fera chez ceux qui croient le connaître ! Il y a dans cette expectative des juifs de Nazareth, quelque chose de commun à tous les juifs de l'Ancien Testament - et c'est, toujours: une remise en question. Encore aujourd'hui, que fait-on après avoir lu un texte de l'Ecriture dans la synagogue ? On se met à en discuter et la discussion peut durer des heures entières. De nos jours encore, nous a dit le prêtre, le jeune israélite qui désire échapper aux obligations du service militaire peut s'inscrire à l'école rabbinique: on y décrypte toujours les textes sacrés et cela dure cinq ans !
Bien sûr, Jésus sait bien ce qui l'attend en rentrant au village où il a été charpentier. Il sait qu'il est attendu de pied ferme et qu'il est supposé s'expliquer sur tout ce que la rumeur publique a fait connaître de lui. Mais il n'y aura pas de discussion. Le texte d'Isaïe n'a pas à faire l'objet de discussions, car le seul commentaire que donne Jésus, c'est que la prophétie est accomplie en sa personne. Et du coup, bien sûr, le murmure qui dit "n'est-il pas simplement le fils de Joseph, le charpentier ?" va permettre de le chasser comme un vulgaire imposteur doublé d'un manipulateur.
Pourquoi donc, dans de telles conditions, Jésus a-t-il pris la peine de revenir à Nazareth ? Parce qu'Il est bien celui qu'il prétend être. Or, comme dit encore saint Jean dans son épître : "celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas." Le courage dont a fait preuve Jésus en cette occasion est aussi présent pour ceux et celles qui, dans l'Eglise, sont des "recommençants" - car il n'est pas si simple de revenir après être parti. Mais c'est surtout à l'intérieur du coeur que la difficulté se manifeste.