Texte de réconfort que m'a adressé le Père Alain, en vue des fêtes de Pâques de l'année 2005. Après avoir suivi deux années de formation théologique à la Miséricorde divine, je venais d'apprendre que ma candidature avait été enregistrée comme simple "volontariat" et non comme futur "membre" de la congrégation Faustinum, dont le siège est Cracovie. Cette nouvelle m'avait profondément atteint et continue parfois de me perturber. Il faut dire que les courriers reçus de Cracovie cette année, par lesquels on me proposait de nouveau de fournir des documents et des témoignages... susceptibles de me faire accéder "éventuellement" à une reconnaissance par la Congrégation... n'ont fait que rouvrir une blessure ouverte il y a bien longtemps !
J'ai heureusement retrouvé cette lettre du Père Alain, de Montréal qui me conforte dans l'idée que le Seigneur voit plus loin que moi et que je dois garder, en Lui, toute ma confiance.
Voici ce que me disait cette lettre :
Bonjour Bruno,
Je te souhaite une bonne montée vers Pâques, ce ne doit pas être facile pour toi de vivre cette étape. Je pense qu'il y a une invitation à t'unir spécialement au Christ durant la montée des jours saints. Je vais prier pour toi et ta famille (mon père était décédé moins d'un an auparavant) pour ce que vous vivez sur le plan familial.
Tu sais, je ne crois pas que tu vas trouver un refuge pour te mettre à l'abri du monde, Dieu ne veut pas que l'on se cache. La preuve, c'est la prière de Jésus que Jean nous rappelle au chapitre 17 (la prière sacerdotale de Jésus). Il prie pour que l'on soit protégé par le Père. Il ne demande pas que l'on soit retiré du monde, mais que l'on y vive et que l'on soit Lumière au cœur des ténèbres. Je te le concède, ce n'est pas confortable, et je crois que tous, nous aimerions être à l'abri. J'ai le même désir et parfois, tout comme le curé d'Ars, j'aimerais bien partir me réfugier dans la prière, dans un monastère.
Ce serait plus facile à vivre ? C'est faux de penser ainsi, en pensant que cela peut régler tous les problèmes. Vivre en état de vie consacré, c'est accepter de devenir ce que Dieu a toujours voulu que l'on devienne.
Ce que tu vis depuis des années - et je sais que tu as cherché ta place à plusieurs endroits, cet appel profond que tu ressens et qui ne te lâche pas, c'est un appel véritable d'être en Dieu. Ta vocation découle toujours de ta relation à Dieu. Si tu n'as pas de relation à Dieu, tu ne peux pas vivre ta vocation et tu ne la réaliseras jamais.
Tu as cherché longtemps (depuis 1985), tu le croyais dehors, mais il est au-dedans de toi.
Je sais que je ne t'apprends rien. Toi et moi allons réaliser notre vocation en devenant ce que Dieu a voulu que l'on soit. C'est une vocation à Etre. Donc, le seul endroit où tu puisses te réfugier, c'est en Dieu, afin de devenir ce que tu es selon la volonté bien aimante du Père. C'est pourquoi, je crois que tu ne trouveras pas d'endroit où te retirer. Tu n'as pas été créé pour être caché au monde. Tout comme la lampe, ta lumière doit briller.
Alors, brille de tous tes feux, Bruno, et sois ce que Dieu a toujours voulu que tu sois. c'est-à-dire fils de Dieu à part entière. Ta force, ton rocher, c'est le Christ. Cela ne te dit pas quelle est ta vocation, car si Dieu veut que tu deviennes prêtre ou religieux, ou n'importe quoi d'autre, tu vas le trouver en réalisant en toi ce que Dieu a toujours voulu que tu deviennes. J'ai vu dernièrement le film sur la vie de sainte Thérèse de Lisieux et elle dit qu'elle a compris finalement que Dieu voulait simplement qu'elle devienne elle-même. Eh bien, il en va de même pour toi. Le dessein de Dieu n'apparaîtra vraiment qu'à la fin.
Aie confiance. Le Christ te comblera de ses grâces par l'Esprit Saint qui te donne la vie de Dieu.
Signé A. M., prêtre, le 19 mars 2005