Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de l’après- midi, à la neuvième heure.
On y amenait alors un homme, infirme de naissance, que l’on installait chaque jour à la porte du Temple,
appelée la « Belle-Porte », pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient.
Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple, il leur demanda l’aumône.
Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui, et il dit : « Regarde-nous ! »
L’homme les observait,
s’attendant à recevoir quelque chose de leur part.
Pierre déclara : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen,
lève-toi et marche. » Alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses pieds et ses chevilles s’affermirent. D’un bond, il fut debout et il marchait.
Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait, et louait Dieu. Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.
On le reconnaissait : c’est bien lui qui était assis à la « Belle-Porte » du Temple pour demander l’aumône.
Et les gens étaient frappés de stupeur et désorientés
devant ce qui lui était arrivé.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le même jour (c’est- à- dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète
puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.
Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur.
Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ;
elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision :
des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ;
mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait- il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.
Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons,
qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Textes de l’Évangile au quotidien
Se tenir debout et cheminer avec Jésus : avec ces simples mots, nous tenons la signification "condensée" des textes de la liturgie de ce jour. L'homme qui était infirme de naissance nous ressemble comme deux gouttes d'eau du point de vue de la marche lorsque nous sommes nés, car ce n'est pas sorti du ventre de notre mère que nous nous sommes mis à marcher, évidemment. Et le don que fait Pierre à cet homme, de la part de Jésus, a infiniment plus de valeur que l'or et l'argent.
Et l'on passe ainsi du plan matériel et humain au plan spirituel de la marche. Je pourrais dire qu'avant ma conversion, je fus moi aussi l'un quelconque des disciples d'Emmaüs. Malgré mon baptême, malgré l'exemple donné par mes parents, malgré le catéchisme et les sacrements reçus, je n'ai pas compris durant longtemps comment la pratique religieuse pourrait m'aider à vivre dans qui avait d'autres "impératifs" que la foi. De sorte que je fus moi aussi un paralytique qui n'espérait que dans l'or et l'argent pour devenir un peu plus heureux.
Je ne répète pas mots pour mots l'homélie de notre prêtre, ce matin, mais le fond y est. Le moment le plus important d'une vie chrétienne, c'est celui où l'âme reconnaît qu'elle n'a jamais été totalement seule à chercher "la raison dernière" de tout ce qui lui est donné de vivre. Et c'est très souvent à l'occasion d'une crise intérieure (comme le fut la mort de Jésus sur la croix pour les disciples), que la délivrance des "embarras" du monde peut survenir. Et l'on passe d'une existence péniblement assumée, à la vie de la grâce, à l'étonnement du renouveau - et au "printemps de la vie éternelle". J'ai trouvé cette expression extraordinaire et je me suis dit que ce vieux prêtre de 90 ans a vraiment bien imité Jésus - sur notre propre chemin d'Emmaüs...
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