Le lundi de la 4e semaine du temps ordinaire
Lettre aux Hébreux 11,32-40.
Par leur foi, ils ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu la réalisation de certaines promesses. Ils ont fermé la gueule des lions, éteint la flamme des brasiers, échappé au tranchant de l’épée, retrouvé leurs forces après la maladie, montré du courage à la guerre, mis en fuite des armées étrangères. (...) D’autres ont subi l’épreuve des moqueries et des coups de fouet, des chaînes et de la prison.Ils furent lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d’épée. Ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités (...)–mais en fait, c’est le monde qui n’était pas digne d’eux
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 5,1-20.
En ce temps-là, Jésus et ses disciples arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens.(...) Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde.» Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration.
Cy Aelf, Paris
Les lectures de ce jour nous montrent clairement l'obstacle qui demeure en nous dans le témoignage de la foi, tant par la parole que par les œuvres. L'obstacle de la crainte du jugement d'autrui, de la solitude, des moqueries et des rebuffades ou bien, encore: du simple simple du "respect humain" (très conventionnel !)- voici ce qui freine notre témoignage.
Pour les prophètes de l'Ancienne Alliance, comme pour les Géraséniens qui préfèrent que Jésus s'écarte, la reconnaissance d'une œuvre divine, surnaturelle, se heurte toujours à crainte - très humaine - d'une existence bouleversée par la grâce. De la sorte, Les prophètes avaient été reconnus comme tels, mais leurs paroles et leurs actes rencontraient l'obstacle de la crainte d'un nécessaire changement de vie. Ainsi furent-ils persécutés parce qu'ils appelaient le peuple à une conversion profonde, radicale, plutôt que le seul respect des règles de leur religion.
Le même obstacle est toujours présent en nous. Nous faisons du bien, soit, mais irions-nous jusqu'à partager, ne fut-ce qu'une journée, le quotidien des pauvres, des SDF ou des malades ? Je peux témoigner qu'après ma propre conversion, ce qui me fut le plus difficile, c'est de parcourir, de temps à autre, les couloirs d'une clinique toute proche... Je n'avais pas peur d'y rencontrer tel ou tel clients ou relations, non, mais ce que je craignais, c'est bien sûr de me confronter à mes propres phobies - dont celle de la maladie, bien sûr !
Or, il ne suffit pas de croire en Dieu pour sauver son âme, mais il faut plus sûrement apprendre à nous donner nous-mêmes et à laisser le Seigneur agir à travers nous - quiconque a tenté cela s'est heurté à un obstacle exceptionnel : lui-même !
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