Saint Jean d'Avila sur les Fins dernières :«réveillons-nous, pères, reveillons-nous sous l'effet de ce coup de tonnerre si puissant : des prêtres de Dieu vont en enfer !
Le Seigneur nous supporte et se tait, attendant que nous fassions pénitence ; que sa Miséricorde nous délivre davantage du risque d'encourir sa colère comme ce serviteur qui aurait utilisé, pour pécher davantage, le temps qui lui aurait été accordé pour faire pénitence. Il saura très exactement, car Il est très sage ; Il pourra, car il est tout-puissant et ne connaît personne qui Lui résiste ; comme Il est très juste, Il voudra châtier ce serviteur soit en le laissant mourir sans pénitence véritable bien qu'il ait, pour la faire, les conditions voulues de temps et de lieu, soit en le faisant périr subitement alors qu'il parle ou fait autre chose.
Baissons la tête, Pères ; que nos visages se couvrent de confusion ; qu'une épine de douleur perce notre coeur; demandons pardon à Dieu et au monde : à Dieu pour ne pas L'avoir servi conformément à la situation très élevée et pleine d'honneur dans laquelle Il nous a mis ; au monde pour ne pas lui avoir évité de nombreux maux ni procuré de nombreux biens ; si nous avions été ce que nous devions être, nous l'aurions délivré du mal par notre prière et nos sacrifices et lui aurions obtenu beaucoup de bien pour le corps et l'âme. C'est ainsi, Pères, c'est ainsi ; si ce point était bien compris, nous n'irions pas perdre du temps en futilités, nous n'oserions pas prononcer des paroles oiseuses ni garder les yeux en l'air, nous ne donnerions pas prise à d'autres soucis, car celui-là nous tiendrait tellement à coeur que, pour en tenir compte suffisamment, nous lâcherions les autres choses...
Efforçons-nous de remplir cet office très digne et très saint avec toute la diligence dont sera capable notre faiblesse, aidée par la grâce du Seigneur ; car en user sans aucun respect, - comme le font bien des personnes pour qui se prépare la damnation éternelle, comme ces gens méprisent le plus grand ministère, le plus grand office qui soit sur terre - est une chose ; et c'en est une autre de voir un prêtre qui, s'il ne passe pas les nuits en prière, consacre au moins à la prière des parties déterminées de son temps.
Ne pas tenir compte de ce que dit la conscience ou en tenir compte de manière négligeable est une chose; c'en est une autre d’avoir des moments fixés pour s'examiner et se juger, de conserver régulièrement le souci de ne pas offenser mortellement le Seigneur avant de progresser de bien en mieux, bien qu'en ce domaine on n'obtienne pas ce qu on désire... »
Source : Oeuvres spirituelles Tome I pages 393-398
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde