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 ST-JEAN DE LA CROIX

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francesco
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MessageSujet: ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeJeu 13 Sep 2007 - 19:19

Bonjour,j'aime bcp ST-Jean de la Croix car,sa vision de la vie spirituelle avec ces nuits est celle qui m'a le plus aider dans mon cheminement et je veux vous entretenire des écrits de ce grand docteur de l'église.Pour se faire,je me propose de vous partagez regulierement des parties de texte de ce mystiqe tres humble.je débute aujourd'hui par un texte sur la vie d'union a Dieu qui est le but de la vie de tout catholique convaincu.Francesco.Citation:
VERS L’UNION PARFAITE





AVANT-PROPOS



Le 24 août 1926, notre saint Père le Pape Pie XI déclarait saint Jean de la Croix Docteur de l’Eglise universelle ; comblant par là les vœux de toute la Famille du Carmel en présentant à l’Eglise un saint déjà vénéré, en affirmant « insigne la sainteté de sa vie, et éminente sa doctrine ».

S’il est vrai de dire que notre Docteur mystique a pensé plus spécialement à son Ordre en écrivant, il est vrai d’ajouter qu’il s’adresse à tous les chrétiens résolus à marcher par les voies d’un très grand détachement, pour arriver à la bienheureuse union avec Dieu, essence de la sainteté [1].

Et cependant, qui d’entre nous n’a entendu dire, n’a pensé peut-être, que saint Jean de la Croix était de ces Saints inabordables dont les écrits sont réservés à une élite restreinte d’âmes privilégiées… que les voies dans lesquelles il engage ne sont pas les plus sûres, et que la grande majorité des âmes intérieures doit les ignorer ?

Cette erreur est très préjudiciable aux personnes d’oraison, et nous voudrions contribuer à la dissiper. Beaucoup d’âmes admirablement douées ne font que piétiner sur place, [2] parce qu’elles manquent de lumière, parce qu’elles n’ont pas des idées justes sur les moyens de parvenir au but suprême auquel elles aspirent : l’union à Dieu. Il semble que ces âmes attirées vers la vie intérieure, vers l’oraison, vers la contemplation, soient plus nombreuse que jamais à l’heure actuelle dans notre milieu traditionnel… ! N’est-il donc pas bien opportun de leur montrer qu’elles trouveront, dans la sublime et lumineuse Doctrine de saint Jean de la Croix, la réponse à leurs aspirations intimes ; qu’elles ont tort de s’effrayer ; et que les écrits du grand Docteur leur seront une mine précieuse à exploiter ?... Tous les détails de la vie intérieure y sont synthétisés, en sorte que tout s’unifie. Aux bonnes volontés qui seraient peut-être exposées à ne pas assez distinguer l’accidentel de l’essentiel, à confondre ce qui est secondaire avec ce qui est principal, il propose un moyen unique qui les conduira sûrement au grand but de la vie : l’union avec Dieu, — et ce moyen, c’est la prière [3].

La prière, voilà le grand devoir de tous les chrétiens : « Qui prie se sauve, qui ne prie pas se damne », répétait constamment saint Alphonse de Liguori, un autre Docteur de l’Eglise.

Quand faut-il prier ? Comment faut-il prier ? Notre-Seigneur a répondu à ces deux questions dans l’Evangile. — Quand ? « Oportet semper orare et non deficere » (Luc. XVIII, 11) : toujours.

Comment ? « Spiritu et veritate » (Jean. IV, 23) : En esprit et en vérité.

Mais si ce double précepte est pour tous, il y a des manières bien différentes de l’observer. Les degrés de cette échelle qui doit nous élever jusqu’à l’union sont innombrables ; on peut cependant les grouper en trois étages sans discontinuité, s’il m’est permis de parler ainsi : il y a la prière mentale des commençants, celle des avancés et celle des parfaits.

La première est la méditation. Saint Jean de la Croix l’appelle « l’exercice des commençants » [4]. On se met par la foi en la présence de Dieu et de quelque grande vérité ; on exprime à Dieu les sentiments que ces vérités excitent, les résolutions qu’elles provoquent, et on supplie le Seigneur de les bénir, de nous accorder la grâce de les mettre en pratique [5].

Saint Jean de la Croix parle peu de cette sorte d’oraison : beaucoup d’auteurs ont traité ce sujet abondamment. Il s’adresse à ceux qui, ayant persévéré quelque temps dans cet exercice, sont déjà arrivés à embrasser d’un seul regard la vérité qu’ils devaient auparavant fouiller, disséquer, pour tirer le suc [6]. Ils en sont maintenant pénétrés et nourris. Cette oraison très simple a reçu le nom d’oraison de simple regard ; parfois on lui donne déjà le nom de contemplation, contemplation acquise. Dans cette oraison, il n’y a rien qui excède l’exercice naturel de nos facultés ; mais c’est un terrain excellemment préparé pour la contemplation infuse. En effet, cette simplicité de regard, cette tranquillité d’esprit, rendent l’âme apte à recevoir le rayon de contemplation infuse.

La contemplation est déjà l’oraison des avancés : les commençants ont fait le premier pas ; ils sont devenus les progressants de la voie spirituelle. Dieu purifiera la partie sensible en leur donnant « une connaissance obscure, générale, amoureuse », qui tiendra leurs facultés dans l’aridité et la sécheresse ; mais Il les instruira secrètement dans les voies plus élevées. Et, quand Il lui plaira, Il donnera la contemplation manifestement mystique, moyen efficace d’union avec Dieu. C’est toujours le développement de l’oraison mentale.

Remarquons cependant que cette connaissance obscure, générale, amoureuse et purifiante ne dépend déjà plus de l’activité des facultés humaines ; et moins encore la contemplation proprement dite, qui est infuse à l’âme. Comme d’ordinaire, cette connaissance n’est donnée que par intermittences, surtout au commencement de la purification, et qu’entre-temps l’âme peut encore faire oraison comme autrefois, et que jamais la passivité des facultés n’est complète, certains auteurs, disciples et commentateurs de saint Jean de la Croix, ont cru pouvoir donner à cette oraison des « avancés » le nom de « contemplation acquise », par opposition à la contemplation infuse des parfaits, qui est complètement passive, et dont ils jouissent constamment sans avoir aucun travail préalable à fournir [7].

L’expression est juste si on la rapporte à la part de préparation active de l’âme : mais il ne faut pas oublier que la connaissance amoureuse de Dieu, qui est la caractéristique de cette oraison des avancés est surnaturelle, elle excède la portée naturelle de nos facultés, personne ne peut se la procurer à son gré : si Dieu n’intervient pas en mettant en exercice les dons de Sagesse et de l’Intelligence, tous nos efforts seront vains [8] .

Cette contemplation, dans son fond, est donc infuse déjà, il y a déjà un peu de passivité puisque l’âme ne peut plus — à certains moments du moins — se servir de son intelligence comme autrefois, pour échafauder des concepts et des raisonnements.

Saint Jean de la Croix fait remarquer que ce commencement de contemplation infuse est accordé généralement à beaucoup d’âmes [9] qui persévèrent depuis quelque temps dans la méditation et qui veillent à la pureté de leur cœur. Ceux qui sont retirés du monde, la reçoivent ordinairement très vite [10] ; c’est déjà une « contemplation » [11] qui apporte à l’âme les fruits les plus abondants [12]. Le saint Docteur excelle à donner les conseils propres à développer ce germe mystique, ou plutôt, à écarter tous les obstacles qui peuvent s’opposer à sa croissance [13].

Si beaucoup d’âmes parviennent à cet état de contemplation semi passive, bien peu, dit encore saint Jean de la Croix, atteignent la contemplation parfaite, strictement infuse, complètement passive, pas même la moitié de ceux qui ont reçu les premières grâces mystiques [14].

Bien rares sont celles à qui Dieu enlève définitivement et complètement l’exercice humain de leurs facultés, et qui sont en tout mues par l’Esprit-Saint. Bien peu, en effet, permettent à Dieu de les purifier assez profondément, assez vigoureusement pour que la grâce puisse tout envahir ; bien peu consentent pratiquement à perdre leur moi humain — dans l’ordre d’opération, cela s’entend, car dans l’ordre de la substance, c’est impossible — pour trouver l’exercice de leurs facultés dans la vie même de la Sainte Trinité, par une union ineffable qui échappe à toute analyse [15].

*

Dans cet état de transformation, l’âme reçoit des lumières si abondantes et si vives, qu’elle est comme introduite dans une région céleste où elle contemple, dans un regard absolument simple et ardemment affectueux, les choses divines. Sa volonté confirmée dans le bien [1] se porte sans effort à toutes les vertus dans ce qu’elles ont de plus héroïque. Cet état, pour être très rare, exceptionnel, ne doit pas être regardé pour cela comme extraordinaire, car l’âme y parvient par l’exercice des vertus théologales et des dons du Saint-Esprit. C’est le sommet du développement de la grâce sanctifiante [2].

L’Union mystique est donc un état admirable. Peut-on nourrir dans son cœur le désir d’y parvenir ? N’est-ce pas présomption, orgueil ?...

Il ne saurait y avoir présomption et orgueil à désirer ardemment, mais humblement la grâce de la contemplation infuse, car il faut s’y disposer et tendre à l’Union divine. Mais il y en aurait à désirer les faveurs accessoires et les phénomènes accidentels qui peuvent l’accompagner, tels que révélations, visions corporelles ou imaginaires (ainsi nommées parce qu’elles sont produites dans l’imagination), esprit de prophétie, paroles surnaturelles… grâces qui peuvent être sujettes à illusion, et qui, en tout cas, en elles-mêmes ne constituent pas la sainteté et ne lui sont pas nécessaires. Dieu accorde ces faveurs quand Il veut, comme Il veut et à qui Il veut, et sa divine Sagesse sait mieux que nous les voies où il convient de marcher [3].

Pour saint Jean de la Croix, le but à atteindre, but qu’il décrit avec une maîtrise si parfaite, c’est « L’union d’amour avec Dieu » [4]. Pour lui, le seul moyen d’arriver à ce but, c’est la contemplation [5].

Toute l’ascèse du grand Docteur, sa doctrine du « rien » [6] consiste à éliminer des puissances de l’âme ce qui pourrait les troubler, ce qui serait un obstacle [7] à la connaissance quasi-expérimentale, [8] d’un Dieu présent au centre de notre être [9] et désireux de s’unir à nous [10].



Vers l’Union Parfaite

Explications préliminaires



Un saint est un héroïque serviteur, plus que cela, un Ami de Dieu : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai donné le nom d’amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». ( Jean. XV, 15).

L’amitié suppose un amour mutuel, et dans ce double amour, l’âme puise une énergie surhumaine et divine qui la vivifie, la spiritualise et la déifie sans anéantir la nature, mais la transformant, l’achevant.

La perfection, dit saint Jean de la Croix, c’est « l’union d’amour avec Dieu » [11] à laquelle la contemplation conduit sûrement. Le saint Docteur la place à la base de la sainteté.

Plus nombreuses qu’on ne le croit parfois superficiellement, sont les âmes que Dieu appelle à l’union mystique en cherchant à les purifier passivement [12], et, comme nous le feront remarquer plus loin, la nuit obscure passive est un commencement [13] de contemplation mystique, au sens strict du mot. Or, selon le Saint, si beaucoup d’âmes appelées à la perfection n’y parviennent pas ; ce n’est pas toujours par mauvais vouloir, « cela vient de leur ignorance, ou parce qu’elles cherchent, sans le trouver, un guide averti capable de les conduire au sommet » [14]. Certains confesseurs ne voient que « mélancolie et faiblesse » [15] là où il y a action divine, et ils entravent cette action, et par conséquent le progrès des âmes qui ont mis en eux leur confiance…

Saint Jean de la Croix entreprit de suppléer à leur insuffisance [16]. Il le fit avec une grâce toute spéciale reçue du Ciel, jointe à une profonde science acquise et une vertu éminente. Ses écrits le placent dans la sainte Eglise comme le guide le plus sûr et le plus lumineux dans les chemins obscurs et parfois douloureux qui conduisent à l’union divine [17]…..





--------------------------------------------------------------------------------
<endif>
[1] Nuit obscure, liv. II, ch. XVIII, p. 118.

[2] Montée du Carmel, Prologue de l’auteur,P. 2.

[3] Cantique spirituel, 1eres Demeures, ch. I, p. 46.

[4] Vive Flamme d’Amour, strophe III, § 5, p. 209.

[5] Montée du Carmel, liv. II, ch. XI, p. 99. — Les épines de l’Esprit, Edit. crit. Tom. III, ch. VII, b. 17.

[6] Montée du Carmel, II, ch. V, p. 75.

[7] R. P .R. Garrigou-Lagrange. Préface de l’essai sur l’Oraison par le R. P. Théodore de St Joseph. Voir encore p. 74, note 36).

[8] Voir notre Essai sur l’Oraison, p. 87.

[9] Nuit Obscure, 1.I, ch. VIII, p.27-29. — Vive Flamme, strophe III, 3e vers, p. 210.

[10] Nuit Obscure, 1. I, ch. VIII, p. 29. — Vive Flamme, strophe III, 3e vers, p. 210.

[11] Nuit Obscure, 1. I, ch. IX, p. 31.

[12] Nuit Obscure, 1. I, ch. XII, XIII, Titre.

[13] Montée du Carmel. Titre.

[14] Nuit Obscure, liv. I, ch. IX, p. 34 ; ch. XIV, p. 51.

[15] Nuit Obscure, liv. I, ch. XIV, p. 51. — Liv. II, ch. XX, p. 125. — Vive Flamme, strophe I, 4e vers, p. 161. Strophe II, 5e vers, p. 185, 187. — Cantique Spirituel, strophe XXVI, p. 162. Strophe XXIX, p. 183.



--------------------------------------------------------------------------------

[1] Cantique Spirituel, strophe XXII, p. 141.

[2] Vive Flamme, strophe II, vers VI, p. 189-190.

[3] P. Théodore de St-Joseph. Essai sur l’Oraison, p. 121 etc. — Joseph a Spir. S., Mystica Isagoge, Lib. I, Synt. IV, n°168-172.

[4] Montée du Carmel, Exposition du Sujet (Edit. Critique). — Liv. II, Ch. IV, p. 177. — Ch. XXIV, p. 182,

— Nuit Obscure, Exposition du Sujet (Edit. Critique), tom. II, p. 238.

[5] Montée du Carmel, liv. II, ch. XXII, p. 177.

[6] Montée du Carmel, liv. I, ch. XIII.

[7] Montée du Carmel, Titre.

[8] Montée du Carmel, liv. II, ch. XXIV, p. 185. — Vive Flamme, strophe IV, vers I et II, p. 250. — Cantique Spirituel, strophe XI, p. 68, 69.

[9] S. Thomas, I, XIII. — Montée du Carmel, liv. II, ch. IV, p. 68, 69. — Ch. XIV, p. 120. — Nuit Obscure, liv. II, ch. XXIII, p. 137. — Vive Flamme, strophe IV, vers I et II, p. 245, 249. — Cantique spirituel, strophe I, p. 23. — Strophe XI, p. 68, 69. — Connaissance de Dieu et Union d’Amour, ch. X, p. 79 (Trad. P. Théodore de St-Jos) — Sainte Thérèse, Château Intérieur, 1e Demeures, ch. II.

[10] Vive Flamme, strophe I, vers III, p. 155.

[11] Nuit Obscure, Exposition du Sujet (Edit. Critique), tom. II, p. 238.

[12] Vive Flamme, strophe II, vers V, p. 184.

[13] Nuit Obscure, liv. I, ch. IX, p. 31.

[14] Montée du Carmel, Prologue, p. 2.

[15] Ibid. p. 3.

[16] Montée du Carmel, Prologue, p. 4. — Vive Flamme, stophe III, vers 3, §§ IV, VIII, XIII.

[17] Mente perfusa radiis ab alto.

Montis ascensum, tenebrasque noctis.

Et facem vivam recolens amoris.

Alta revelas (Office de la Fête, IIes Vêpres).
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francesco
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MessageSujet: ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeSam 15 Sep 2007 - 10:36

Citation :
Les pratiques saintes portent à l'humilité, et cependant, comme nos débutants se sentent pleins de ferveur et de zèle pour les choses spirituelles et les exercices religieux, il advient, par un effet de leur imperfection, qu'un rejeton d'orgueil se fait secrètement jour dans leur coeur. Vous les verrez très satisfaits d'eux-mêmes et de leurs oeuvres : ils éprouvent un désir plein de vanité de parler devant d'autres des choses spirituelles, un penchant à enseigner plutôt qu'à s'instruire, à condamner intérieurement ceux qu'ils ne voient pas pratiquer le genre de dévotion qu'ils apprécient.
Souvent le démon, en vue de faire grandir en eux l'orgueil et la présomption, accroît leur ardeur pour telle ou telle oeuvre extérieure, car il sait très bien que les bonnes oeuvres et les pratiques de vertu accomplies dans ces conditions n'ont aucune valeur et sont même mauvaises.
Leurs maîtres spirituels viennent-ils à désapprouver leur esprit et leur conduite, ces débutants, qui entendent qu'on estime et qu'on loue leur spiritualité, déclarent que leurs confesseurs -ou leurs supérieurs- ne les comprennent pas et qu'ils ne sont pas spirituels, puisqu'ils ne les approuvent ni ne les favorisent. Là-dessus ils se mettent en quête d'autres maîtres plus à leur goût, car c'est la pente de l'esprit humain de communiquer volontiers avec les personnes qu'on voit disposées à vous louer et à canoniser vos voies. Ceux-ci fuient comme la mort les maîtres qui, pour les mettre dans un chemin sûr, visent à les rabaisser, et ils les prennent quelquefois en véritable aversion. Leur présomption fait qu'ils se proposent d'ordinaire de grandes choses, mais ils n'en réalisent qu'une très faible partie. Ils s'efforcent de captiver l'attention et la préférence des confesseurs, d'où naissent des jalousies et des inquétudes sans fin. Parfois ils vont trouver un confesseur étranger pour s'accuser à lui de ce qui les humilie : ainsi leur confesseur ordinaire ne verra en eux que vertu...
Tantôt ils se soucient peu des fautes dans lesquelles ils tombent, tantôt ils s'attristent outre mesure de se voir encore sujets à des défauts ; car, dans leur pensée, ils devraient déjà être des saints... Ils détestent donner des louanges aux autres et aiment extrêmement qu'on les loue. De ces imperfections, il en est qui passent à d'autres, bien plus graves. Elles ont des degrés divers.
Ceux qui, en ce même temps, s'attachent à la perfection véritable procèdent d'une tout autre manière et sont dans une disposition d'esprit bien différente. Comme ils sont très humbles, ils ne font aucune estime de leurs propres voies. Dans la sérénité de leur humilité, ils ont grande envie qu'on leur donne un enseignement dont ils puissent profiter, bien différents de ceux dont nous avons parlé, qui voudraient en remontrer à tout le monde et qui, au moment où vous vous disposez à leur enseigner quelque chose, vous coupent la parole comme sachant déjà parfaitement ce dont il s'agit.

Imperfections relatives à l'avarice spirituelle.
On en voit un grand nombre insatiables de direction, de livres qui traitent de spiritualité : à quoi les commençants donnent plus d'importance qu'à la mortification et à la pauvreté d'esprit. Ils se plaisent à se charger d'images, de chapelets, de croix, de reliques, d'agnus dei, etc, qu'ils veulent d'un beau travail et de prix...
Ce que je blâme en cela, c'est l'attache du coeur, l'importance donnée à la façon ou au nombre et à la beauté des objets, chose très contraire à la pauvreté d'esprit. La pauvreté d'esprit ne considère que l'essentiel de la dévotion ; elle use de ce qui la favorise, mais n'a que du dégoût pour la multiplicité et la recherche. C'est que la vrai dévotion vient du coeur ; elle se préoccupe de la réalité substantielle que représentent ces objets pieux. Tout le reste n'est qu'attache, propriété imparfaite, qu'il faut nécessairement retrancher pour arriver à l'état de perfection.
Ceux qui, dès le début, s'engagent ainsi dans la bonne voie ne s'attachent guère aux instruments visibles de la prière, et ne se chargent pas d'un grand nombre d'objets. Ils ne se soucient pas non plus de savoir plus qu'il ne leur en faut pour bien agir. Leur unique préoccupation est de se mettre bien avec Dieu et de lui plaire. C'est là que tendent tous leurs désirs. Aussi donnent-ils avec libéralité ce qu'ils ont ; leur joie est de savoir s'en priver pour Dieu et leur prochain, qu'il s'agisse de biens spirituels ou de biens temporels. Je le répète, ils ne s'attachent qu'à la vraie perfection intérieure, qui consiste à plaire à Dieu, non à se satisfaire soi-même.
Des imperfections qui naissent de l'avarice spirituelle, comme de toutes les autres, l'âme ne peut se purifier entièrement si Dieu ne l'introduit dans la purification passive de "la nuit obscure". Cependant elle doit faire ce qui dépend d'elle pour se purifier et se perfectionner, en vue d'obtenir de Dieu qu'il lui fasse subir ce divin traitement, qui guérit l'âme des maux dont elle est impuissante à se défaire elle-même. En effet, elle a beau faire effort, elle est incapable, par sa seule activité, de se purifier de manière à obtenir la moindre disposition proportionnée à l'union d'amour parfait. Il faut que Dieu la prenne, pour ainsi dire, par la main et la purifie lui-même dans ce feu obscur...

Imperfections relatives à l'impureté spirituelle.
...L'affection a-t-elle pour principe une passion sensuelle, elle produit des effets tout opposés : à mesure que l'affection sensuelle prend des accroissements, l'amour de Dieu diminue, ainsi que le souvenir de Dieu. Que dans ce cas cet amour de Dieu se refroidisse et tombe dans l'oubli, c'est chose bien facile à constater, et en même temps la conscience se plaint. Au contraire, quand l'amour de Dieu grandit dans une âme, les affections humaines se refroidissent et se perdent de vue. Ces deux amours étant opposés, il n'y a entre eux ni accord ni assistance réciproque. Celui qui prédomine éteint et anéantit l'autre : c'est ce que nous disent les philosophes. Le Christ lui-même n'a-t-il pas déclaré : "Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit (Jn 3,6) ? En d'autres termes, l'amour né de la sensualité se termine à la sensualité, tandis que l'amour né de l'esprit se termine à l'esprit et fait croître la grâce.

La colère. Se trouvent-ils privés du plaisir qu'ils goûtaient dans les choses spirituelles, vous les verrez tomber dans le mécontentement. Ils s'irritent, par un zèle désordonné, contre les mauvais penchants d'autrui. Ils observent leur prochain et parfois se sentent portés à le reprendre aigrement. Il leur arrive même de le faire, s'établissant ainsi juges de la vertu. Tout cela est contraire à la douceur spirituelle.
D'autres encore, se voyant imparfaits, s'irritent avec orgueil contre eux-mêmes. Leur impatience est si grande qu'ils voudraient se voir saints en un jour.
Parmi ceux-là, il en est un bon nombre qui ont de grands projets de sainteté, qui font des plans magnifiques ; mais comme l'humilité leur manque et qu'ils présument d'eux-mêmes, ils font des chutes d'autant plus graves qu'ils se sont proposé de monter plus haut : sur quoi, leur irritation croît de plus belle. Ces gens-là n'ont pas la patience d'attendre l'heure de Dieu, qui leur donnera la vertu quand il le trouvera bon, et cela est également opposé à la mansuétude spirituelle. La purification de la "nuit obscure" remédie à toutes ces imperfections.
Par contre, il en est qui sont si peu impatients d'avancer, si lents à faire des progrès, que Dieu verrait volontiers en eux un peu plus d'ardeur.
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MessageSujet: NUIT DES SENS SELON ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeDim 16 Sep 2007 - 14:16

Citation :
LA NUIT (ou purification) DU SENS
Cette nuit n'est autre que la contemplation. Elle produit chez les spirituels deux sortes de ténèbres ou de purifications, qui ont rapport aux deux parties dont l'homme est composé : la partie sensitive et la partie spirituelle.
La première nuit ou la première purification sera donc sensitive. Elle aura pour effet de purifier et de dénuder l'âme selon le sens et d'adapter la partie sensitive à l'esprit. La seconde nuit sera une purification spirituelle. Elle aura pour effet de purifier et de dénuder l'âme selon l'esprit, et de la disposer à l'union d'amour avec Dieu.
La nuit sensitive est le fait de beaucoup, et elle est propre aux commençants : nous en traiterons tout d'abord. La nuit spirituelle n'est le fait que d'un très petit nombre et déjà exercés et avancés : nous en traiterons en second lieu.
La première nuit ou la première purification est amère et terrible pour le sens. La seconde est incomparablement plus amère, elle est effroyable pour l'esprit. Nous parlerons brièvement de celle qui se produit la première, je veux dire la sensitive, parce qu'étant assez répandue, elle a été souvent décrite. Quant à la nuit spirituelle, nous en traiterons à fond, parce qu'on en parle fort peu, soit de vive voix, soit par écrit ; surtout on n'en parle guère par expérience.
Le chemin que suivent les commençants est assez bas ; il est fort entaché d'amour propre et de goût propre, comme nous l'avons montré plus haut. Mais Dieu veut les faire passer plus avant et les conduire d'un degré d'amour encore bas à un degré plus élevé ; il veut les affranchir du bas exercice du discours sensible (méditation), par lequel ils le cherchent d'une manière très restreinte et mêlée de tant d'imperfections ; il veut les initier à un exercice vraiment spirituel, qui leur permette de communiquer avec lui plus largement ; il veut enfin les délivrer des nombreux défauts auxquels ils sont encore sujets. Ils se sont exercés quelque temps sur le chemin de la vertu ; ils ont persévéré dans la méditation et la prière à cause du goût et de la saveur qu'ils y ont trouvés, ils se sont détachés des choses du monde ; ils ont pris en Dieu quelques forces spirituelles, qui les ont mis en état de refréner un peu l'amour des créatures, en sorte qu'ils sont maintenant à même d'endurer pour Dieu quelques sécheresses et quelques peines, sans retourner en arrière. Lors donc qu'ils s'adonnent avec beaucoup de plaisir et de satisfaction à leurs exercices spirituels, et tandis que brille pour eux dans tout son état - du moins ils en jugent ainsi - le soleil des divines faveurs, voici que Dieu obscurcit cette lumière et ferme pour eux la source de cette eau si suave, dont ils s'abreuvaient en Dieu autant de fois et pour autant de temps qu'ils le souhaitaient. Et par le fait, à cause de leur faiblesse, il n'y avait pas, selon la parole de saint Jean dans l'Apocalypse, de porte fermée pour eux (Ap,3,Cool. Les voilà maintenant dans une obscurité si profonde qu'ils ne savent plus de quel côté porter le travail de leur imagination ni sur quoi exercer leur discours. Les voilà incapables de méditer. Leurs facultés intérieures sont plongées dans les ténèbres ; leur aridité est telle que les choses spirituelles et les exercices de dévotion, qui faisaient leurs délices, n'ont plus pour eux aucune saveur : ils n'y rencontrent qu'amertume et répugnance. C'est que Dieu, les voyant un peu grandis, veut les fortifier et les dégager des langes de l'enfance. Il les détache donc de son sein plein de douceur, les fait descendre de ses bras et les oblige à marcher. Une transformation si complète les déconcerte étrangement.
Chez les personnes qui vivent loin du monde, elle a lieu plus promptement que chez les autres, parce qu'elles sont affranchies des occasions qui pourraient les faire retourner en arrière, et aussi parce qu'elles réforment plus tôt les appétits des choses du siècle, toutes conditions requises pour être introduit dans cette bienheureuse nuit du sens. D'ordinaire, pour ces personnes, il ne s'écoule pas un long temps avant qu'elles y entrent, et la plupart d'entre elles y entrent. C'est donc chose très ordinaire de voir les personnes qui se trouvent dans ces conditions en proie à ce genre de sécheresses.
Il serait facile d'allèguer un grand nombre de textes de l'Ecriture s'appliquant à cette purification sensitive, si généralement répandue, car on les rencontre à chaque page des livres saints, spécialement des psaumes et des prophètes.




Cette nuit des sens ou purification est la premiere purification de l'etre avant celle de l'esprit qui sera plus profonde.Francesco
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MessageSujet: CONDUITE POUR CEUX QUE DIEU CONDUIT DS LA NUIT OBSCURE   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeLun 17 Sep 2007 - 20:06

Citation :
Dans le temps des sécheresses de la nuit sensitive, alors que Dieu fait subir à l'âme cette transformation qui consiste à passer de la vie du sens à la vie de l'esprit, et où les puissances deviennent incapables de discourir sur les choses de Dieu, parce qu'il s'agit de passer de la méditation à la contemplation, les spirituels souffrent à l'extrême, non tant des sécheresses qu'ils endurent, que de la crainte d'être égarés, de la pensée que les biens spirituels sont perdus pour eux, et que Dieu les a délaissés. Ces sombres pensées viennent de ce qu'ils ne trouvent plus ni goût ni appui dans les choses saintes. En proie à cette affliction, ils font effort pour procurer à leurs puissances quelque goût sensible, pour les appliquer à quelque travail discursif, se persuadant que tout consiste à se sentir agir. Cet effort leur cause intérieurement beaucoup de dégoût et de répugnance, parce qu'ils sentent un besoin de repos, d'oisiveté, d'inaction des puissances.
Ainsi, en tâchant de se servir de leurs puissances, d'une part ils dérangent l'oeuvre en cours et de l'autre ne gagnent rien ; ils ne font que perdre le bienfait de la tranquillité et de la paix. Telle une personne qui déferait ce qui est fait, pour recommencer à le faire, ou qui sortirait d'une ville pour y rentrer, ou qui laisserait la proie qu'elle tient pour en poursuivre une autre. Vains efforts. Ils ont beau chercher à reprendre leur première manière de faire, ils restent aussi vides qu'auparavant.
Si dans cet état ils ne trouvent personne qui les comprenne, ils retourneront en arrière, quitteront le chemin de l'esprit ou n'y marcheront que d'un pas languissant. A tout le moins, ils n'avanceront pas. Voyez-les en lutte avec eux-mêmes pour continuer la méditation discursive : ils se fatiguent, ils se lassent à l'excès, dans la persuasion que tout le mal vient de leur négligence et de leurs péchés. Peine inutile, car Dieu les mène à présent par un autre chemin, tout différent du premier, puisque c'est celui de la contemplation. Alors tout reposait sur la méditation discursive ; maintenant il n'y a plus rien à voir avec l'imagination et le discours.
Que ceux qui se trouvent en cet état se consolent et persévèrent avec patience. Qu'ils ne s'affligent pas, mais se confient en Dieu. Il n'abandonne pas ceux qui le cherchent d'un coeur simple et droit ; il leur donnera toujours le viatique indispensable à la route, et finira par les amener à la pure et brillante lumière de son amour. Il se servira pour cela de la seconde nuit, celle de l'esprit, s'ils sont assez heureux pour s'y voir introduits.
Ce qu'ont à faire les personnes qui se trouvent dans la nuit du sens, c'est de ne se soucier nullement de la méditation discursive, car, ainsi que je l'ai dit, ce n'en est plus le temps. Qu'elles laissent leur âme en repos et en quiétude, même s'il leur semble qu'elles ne font rien, qu'elles perdent leur temps et que cette envie de ne penser à rien est un effet de leur lâcheté. Elles font beaucoup lorsqu'elles prennent patience et persévèrent en oraison dans l'inaction. Qu'elles visent uniquement à laisser leur âme libre, dégagée, reposée de toute considération et de toute imagination, sans se mettre en peine de refléchir et de méditer. Qu'elles se contentent d'une simple attention à Dieu, amoureuse et paisible, sans anxiété, sans effort, sans désir de sentir et de goûter. Toute préoccupation de ce genre ne fait qu'inquiéter l'âme et la distraire du paisible repos, de la suave oisiveté de la contemplation, que Dieu se prépare à lui accorder.
Je le répète, quelque scrupule qui survienne, quelque crainte qu'on éprouve de perdre son temps, on ne doit pas s'y arrêter. S'il vient en pensée qu'il vaudrait mieux prendre une autre occupation, puisque dans la prière on est incapable de rien faire et de penser à rien, on doit prendre patience et rester en repos, comme quelqu'un qui n'a rien à faire qu'à vivre sans souci et à se dégager l'esprit. Par le fait, si on voulait de soi-même mettre ses puissances intérieures en mouvement, on ferait obstacle aux trésors que Dieu, par le moyen de cette paix et de cette oisiveté, établit et imprime dans l'âme. Voici un artiste qui est en train de peindre et de parfaire un portrait. Si le visage qu'il reproduit remue et s'agite, il ne peut rien faire et son oeuvre est entravée. De même, lorsqu'une âme se trouve dans la paix et l'oisiveté intérieure, toute opération, toute application, toute attention, quelle qu'elle soit, la distrait, l'inquiète et fait éprouver à la partie sensitive sécheresse et vide. Plus en effet l'âme veut alors prendre appui sur une affection ou une connaissance, plus elle sentira cet appui lui manquer, parce que ce n'est plus par cette voie qu'elle peut l'obtenir.
Que cette âme ne se mette donc pas en peine de voir ses puissances privées de leurs opérations. Qu'elle s'en réjouisse au contraire, car si elle a soin de ne pas entraver l'oeuvre de contemplation infuse que Dieu opère en elle, elle la recevra avec plus d'abondance et de paix, et donnera lieu à l'esprit d'amour de s'allumer et de s'embraser en elle. C'est en effet cette obscure et secrète contemplation qui le lui apporte et lui fait jeter des flammes.

La contemplation, en effet, n'est autre chose qu'une infusion secrète, pacifique et amoureuse de Dieu en l'âme ; et cette infusion, lorsqu'elle ne rencontre pas d'obstacle, embrase l'âme de l'esprit d'amour. C'est ce qu'elle donne à entendre dans le vers suivant : D'angoisses d'amour enflammée.
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MessageSujet: CONDUITE A SUIVRE...(SUITE ET FIN)   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeMer 19 Sep 2007 - 20:11

Citation :
D'ordinaire cet embrasement d'amour ne se sent pas tout d'abord, soit que la nature, qui n'est pas encore purifiée, l'empêche de s'enflammer, soit que l'âme, faute de comprendre sa voie, ne lui offre pas la tranquillité voulue. Malgré tout, elle éprouve par moments un ardent désir de Dieu et graduellement elle s'embrase davantage, sans comprendre d'où lui vient cet amour ni comment il est produit en elle. Par intervalles cet embrasement, qui lui fait désirer Dieu avec angoisse, s'accroît violemment. David, se trouvant dans cette même nuit, disait parlant de lui-même : "Mon coeur s'est enflammé" de cet amour de contemplation, et "mes reins ont été changés" (Ps 72, 21-22). En d'autres termes : mes affections ont été transférées de la partie sensitive à la partie spirituelle par la sécheresse et la cessation de tout acte. Il ajoute : "J'ai été réduit à rien et je n'ai plus su". L'âme en effet, comme nous l'avont dit, ne sait plus où elle va, elle se trouve comme anéantie par rapport à ce qu'elle avait coutume de goûter, soit des choses d'en haut, soit des choses d'en bas. Elle se sent seulement enflammée d'amour, sans savoir de quelle manière.
Quand l'embrasement d'amour prend de puissants accroissements dans l'esprit, la soif de Dieu devient si véhémente que les os semblent se dessécher, la chair se flétrir, la chaleur et les forces naturelles s'éteindre, par la violence de ces amoureux désirs. L'âme sent toute vive en elle cette soif d'amour que David éprouvait, lui aussi, lorsqu'il disait : Mon âme a soif du Dieu vivant (Ps 41,3). Ce qui revient à dire : Combien vive est la soif que j'ai de Dieu ! La véhémence de cette soif est telle qu'on peut dire avec vérité qu'elle fait mourir. Cependant la soif à ce degré violent n'est pas continuelle ; elle ne se fait sentir que par intervalles. L'état ordinaire dont nous parlons comporte la soif, mais à un degré moindre. J'ai déjà dit qu'au début cet amour ne se sent pas : on n'éprouve que la sécheresse et le vide. Au lieu de cet amour, qui ne s'embrasera que graduellement, l'âme sent, nonobstant la sécheresse et le vide de ses puissance, une préoccupation habituelle de Dieu, accompagnée d'une anxiété douloureuse de ne pas le servir comme elle le devrait. Or c'est un sacrifice singulièrement agréable à Dieu qu'un esprit plongé dans la tribulation (Ps 50,19), et en même temps anxieux de l'aimer.
Cette anxiété, produite dans l'âme par la contemplation secrète, dure jusqu'à ce que le sens (ou la partie sensitive) commençant à se purifier de son activité et de ses attaches naturelles, grâce aux sécheresses que cette même contemplation opère en lui, l'amour divin vient à s'embraser graduellement dans l'esprit. En attendant, l'âme, semblable au malade soumis à un douloureux traitement, est livrée à la souffrance au sein de cette nuit obscure et de cette sèche purification de l'appétit. C'est alors qu'elle se guérit de ses imperfections, qu'elle acquiert de nombreuses vertus, et qu'elle devient peu à peu capable de l'amour parfait. C'est ce que nous allons dire à propos du vers suivant : Oh, la bienheureuse fortune !

Si Dieu met l'âme dans cette nuit sensitive, c'est afin de purifier en elle le sens et la partie inférieure, d'assujettir ensuite cette dernière, de l'adapter et de l'unir à l'esprit. C'est dans ce but qu'il la plonge dans les ténèbres et suspend en elle le travail discursif. Plus tard, afin de purifier l'esprit et de l'unir à Dieu, il l'introduira dans la nuit spirituelle.
L'âme acquiert déjà dans la première nuit de si grands avantages qu'elle chante son bonheur de s'être affranchie, au sein de cette bienheureuse nuit, de la captivité du sens et de la partie inférieure, et s'écrie : "Oh, la bienheureuse fortune !" Il convient d'exposer les avantages que l'âme a tirés de cette nuit et qui la portent à se féliciter d'y avoir été introduite. Ils sont tous contenus dans le vers suivant : Je sortis sans être aperçue

Cette sortie de l'âme représente sa délivrance de l'assujettissement à la partie sensitive, assujettissement qui lui faisait chercher Dieu au moyen d'opérations faibles, limitées, contingentes, comme le sont toutes celles de cette partie inférieure. A chaque pas, en effet, l'âme se heurtait à je ne sais combien d'imperfections et d'ignorance, ainsi que nous l'avons marqué en passant en revue les sept mauvais penchants de l'homme. De tout cela l'âme se voit affranchir, parce que durant cette nuit les goûts des choses d'en haut et de celles d'en bas se sont éteints et que le discours a pris fin. De plus, elle se trouve enrichie d'innombrables biens par l'acquisition des vertus, ainsi que nous allons le dire. Ce sera un grand plaisir, une vive consolation pour ceux qui marchent par cette voie de voir combien d'avantages dérivent d'un état si rigoureux, si pénible, si opposé au goût de l'âme.
Ces biens s'obtiennent, nous l'avons dit, quand l'âme, par le moyen de cette nuit, sort, quant à l'affection et quant aux actes, de toutes les choses créées et s'avance vers les éternelles. C'est réellement pour elle un immense bonheur, d'abord parce que c'est un inestimable avantage d'éteindre en soi l'appétit qui incline nos affections vers les créatures ; ensuite parce que fort petit est le nombre de ceux qui sont assez persévérants et assez forts pour " entrer par la porte étroite et suivre l'étroit chemin qui conduit à la vie ", comme dit notre Saveur (Mt 7,14). La porte étroite, c'est la nuit du sens. L'âme, pour y entrer, doit se dépouiller et se dénuder de tout ce qui est sensitif, en s'appuyant sur la foi, qui n'a rien à voir avec les sens. Elle marchera ensuite par le chemin étroit, qui est la nuit de l'esprit. L'âme y pénètre pour s'avancer vers Dieu dans la foi pure, qui est le moyen adéquat de l'union avec Dieu. Mais ce chemin est si étroit, si obscur, si épouvantable - car il n'y a nulle comparaison à faire entre les peines de la nuit du sens et les ténèbres, les tourments de la nuit de l'esprit - ce chemin, dis-je, est si épouvantable que bien moindre est le nombre de ceux qui le suivent. A la vérité, les biens qu'il procure sont aussi de beaucoup supérieurs.




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MessageSujet: Re: ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeVen 21 Sep 2007 - 16:10

Cher francesco,

Je vous remercie pour ces méditations du Docteur de l'Amour... vraiment, elles font un grand bien à l'âme. Même si parfois, la vérité de notre être est amère...

Bien fraternellement,
Hélène
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MessageSujet: Merci   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeVen 21 Sep 2007 - 21:08

Merci Hélene,je quitte pour une retraite de 8 jours et je vais continuer ces textes de St-Jean de la Croix a mon retour.Francesco
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MessageSujet: Re: ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeSam 22 Sep 2007 - 8:58

Belle retraite avec le Seigneur ! Profitez-en bien pour vous laisser aimer... Very Happy
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MessageSujet: LA NUIT OBSCURE DE L'ESPRIT(DE LA FOI)   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeDim 30 Sep 2007 - 16:00

Citation :
L'âme que Dieu a dessein de mener plus avant, n'est pas introduite par Sa Majesté dans la nuit de l'esprit immédiatement au sortir des sécheresses et des peines de la première purification ou nuit du sens. Il se passe d'ordinaire bien du temps, des années même, pendant lesquelles l'âme, sortie de l'état des commençants, s'exerce en celui des progressants. Alors, comme une personne qu'on a tirée d'une étroite prison, elle se comporte dans les choses de Dieu avec beaucoup plus de dilatation et de satisfaction, elle y trouve une jouissance intérieure bien plus abondante qu'elle ne faisait avant de passer par cette nuit; son imagination et ses puissances ne sont plus liées à l'acte discursif et au labeur spirituel comme ils l'étaient auparavant. En effet, c'est avec grande facilité qu'elle trouve en son esprit une paisible et amoureuse contemplation, une saveur spirituelle qui n'est point amenée par le pénible travail du discours. Cependant, comme la purification de l'âme n'est pas entière -il y manque le principal qui est la purification de l'esprit- et comme (à cause de la communication qu'il y a entre les deux parties, qui, après tout, ne font qu'un seul composé humain), la purification sensitive, si forte qu'elle ait été, n'est point parfaitement achevée, l'âme ne laisse pas d'éprouver par moments des peines, des sécheresses, des ténèbres et des angoisse, parfois même plus intense que les prédédentes. Ce sont comme des avant-coureurs et des messagers de la future nuit de l'esprit.
A la vérité, ces peines ne sont pas de durée, comme la nuit qui se prépare. En effet, après un moment ou des moments, et même quelques jours, de nuit et de tempête, on recouvre sa sérénité ordinaire. C'est ainsi que Dieu purifie certaines âmes qui ne doivent pas s'élever à un si haut degré d'amour que les autres. Celles-là, il les place alternativement dans cette nuit de contemplation ou de purification spirituelle et les en retire, faisant se succéder souvent la nuit et le lever du jour, afin d'accomplir ce que dit David : qu'il envoie son cristal, c'est-à-dire sa contemplation, comme par bouchées (Ps 147,17). Cependant ces bouchées d'obscure contemplation n'atteignent jamais l'intensité de cette horrible nuit de contemplation dont nous aurons à parler, et dans laquelle Dieu tient à introduire l'âme en vue de la conduire à la divine union. Cette saveur et ce goût intérieur, que les progressants trouvent avec facilité au-dedans d'eux-mêmes, se communiquent à eux avec bien plus d'abondance qu'autrefois et avec beaucoup plus d'intensité qu'avant la purification sensitive. Comme le sens est devenu plus pur, il perçoit plus aisément, à sa manière, les goûts de l'esprit. Mais après tout, cette partie sensitive de l'âme est infirme et incapable des fortes opérations spirituelles. De là vient que, chez les personnes dont il s'agit, la communication des grâces spirituelles à la partie sensitive produit en elles de grandes défaillances, des lésions et des faiblesses d'estomac, accompagnées de peines pour l'esprit. Le Sage nous assure que le corps qui se corrompt appesantit l'âme (Sg 9,15). Aussi les communications que reçoivent ces personnes ne peuvent être aussi fortes, aussi intenses, aussi spirituelles que le requiert l'union avec Dieu, et cela par suite de la faiblesse et de la corruption de la sensualité qui y participe.
De là viennent les ravissements, les transports, les dislocations des os, qui accompagnent toujours les communications qui ne sont pas purement spirituelles, c'est-à-dire qui ne s'adressent pas à l'esprit seulement, ainsi qu'il arrive chez les parfaits, déjà purifiés par la seconde nuit, celle de l'esprit. Ceux-là n'ont plus de ravissements de ce genre, accompagnés de souffrances corporelles ; ils jouissent de la liberté de l'esprit, sans obscurcissement ni bouleversement du sens.

Pour montrer le besoin qu'ont ces personnes d'entrer dans la nuit de l'esprit, nous allons indiquer quelques-unes des imperfections auxquelles sont sujets ceux que nous avons appelés les avancés, et quelques-uns des périls auxquels ils se sont exposés.
N'oublions pas que rien d'impur ne rentrera de la vision parfaite de Dieu(ie le Ciel).Francesco
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MessageSujet: LA NUIT OBSCURE DE L'AME   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeMar 9 Oct 2007 - 20:02

Citation :
Nous appliquerons maintemant cette strophe à la purification de l'esprit, à la contemplation obscure, à la nudité et à la pauvreté spirituelle, ce qui n'est ici qu'une seule et même chose.
L'âme donc, en proie à l'indigence, au délaissement, à la privation de toute connaissance, se plaint de l'obscurité de son entendement, de l'angoisse de sa volonté, de l'affliction de sa mémoire ; elle se déclare plongée dans les ténèbres de la pure foi, qui est une nuit obscure pour ces puissances naturelles. Ma volonté, dit-elle, saisie de douleur et altérée de l'amour de son Dieu, est sortie d'elle-même, de sa basse manière d'entendre, de sa faible manière d'aimer, de son étroite et misérable manière de goûter Dieu, et sa sortie n'a été entravée ni par la sensualité ni par le démon.

Pour mon bonheur et par un heureux sort, tandis que mes puissances, mes appétits, mes affections qui me faisaient connaître et goûter Dieu si bassement se trouvaient anéantis et dans le repos, je suis sortie de l'étroite relation et opération humaine pour passer à une relation et opération divine.
En d'autres termes, mon entendement est sorti de lui-même. D'humain et de naturel il est devenu divin, parce que, s'étant uni à Dieu par le moyen de cette purification, il ne connait plus désormais par sa capacité naturelle, mais par la divine Sagesse à laquelle il est uni.
Ma volonté est sortie d'elle-même et est devenue divine, parce qu'unie au divin amour, elle n'aime plus bassement et selon sa capacité naturelle, mais par la vigueur et la pureté de l'Esprit Saint, en sorte qu'elle ne se porte plus vers Dieu d'une façon humaine.
Ma mémoire de même s'est transformée, elle s'est remplie de notions éternelles et glorieuses.
Ainsi, grâce à cette nuit et à cette purification du vieil homme, toutes les énergies et toutes les affections de l'âme se sont renouvelées et imprégnées de délices divines.


Cette contemplation obscure n'est pas seulement une nuit pour l'âme, elle est encore pour elle une cause de peine et de tourment.
Au milieu d'une nuit obscure
Cette nuit obscure est une influence de Dieu sur l'âme, et cette influence la purifie de ses ignorances et de ses imperfections habituelles, soit naturelles, soit spirituelles. Les contemplatifs lui donnent le nom de contemplation infuse ou de théologie mystique, parce que Dieu y instruit l'âme en secret et lui enseigne la perfection de l'amour, sans aucun travail de sa part et sans qu'elle comprenne la nature de cette contemplation infuse.
Comme c'est la sagesse amoureuse de Dieu qui en est la source, Dieu même en opère les effets dans l'âme ; en la purifiant et en l'illuminant, il la dispose à l'union d'amour avec lui. Ainsi, la même sagesse qui purifie les esprits bienheureux en les illuminant, purifie et illumine cette âme par cette obscure contemplation.

On peut se demander pourquoi cette âme donne le nom de nuit obscrure à la divine lumière qui l'illumine et la purifie de ses ignorances.
Nous répondrons qu'il y a deux raisons pour lesquelles la divine Sagesse est pour l'âme une nuit ténébreuse et tout à la fois une cause de tourment. La première est la sublimité de cette divine Sagesse, qui excède la capacité de l'âme et, pour ce motif, la plonge dans les ténèbreS. La seconde est la bassesse et aussi l'impureté de l'âme, qui lui rendent l'action de la divine Sagesse pénible et douloureuse, en même temps qu'obscure.

Pour éclaircir la première raison, rappelons ce principe posé par le Philosophe Aristote : plus les choses divines sont en elles-mêmes claires et manifestes, plus elles paraissent à l'âme ténébreuses et cachées. Il en est de même de la lumière naturelle : plus elle est éclatante, plus elle aveugle la pupille de l'oiseau de nuit ; plus l'homme regarde le soleil en face, moins sa puissance visuelle est capable de voir, parce que sa faiblesse ne peut supporter un éclat qui la surpasse.
De même, lorsque cette divine lumière de contemplation investit une âme qui n'est pas encore totalement illuminée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, et parce qu'elle l'excède, elle la prive de l'acte de l'intelligence naturelle. De là vient que saint Denis et d'autres théologiens mystiques appellent cette contemplation infuse un "rayon de ténèbres", ce qui doit s'entendre à l'égard d'une âme non encore illuminée et purifiée. Cette grande lumière surnaturelle excédant la capacité intellective naturelle, elle l'en prive et ne lui permet plus d'en faire usage.
C'est dans ce sens que David disait : "Il y a autour de Dieu des nuages et de l'obscurité" (Ps 96,2). Non que la réalité soit telle, mais parce que nos faibles entendements, ne pouvant atteindre une pareille sublimité, se trouvent offusqués et aveuglés par l'immensité de cette lumière. David s'explique davantage encore, en disant : "A cause du puissant éclat de sa présence, les nuages ont passé" (Ps 17,13) entre Dieu et notre entendement. Ainsi, lorsque Dieu envoie sur une âme non encore transformée cet éclatant rayon de sa sagesse secrète, il fait à son entendement l'effet de profondes ténèbres.
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MessageSujet: Re: ST-JEAN DE LA CROIX   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeMer 10 Oct 2007 - 17:21

Saint Jean de la Croix est un grand maître. En tant que contemplatif, je suis resque obligé de me ilariser ec lui. En même temps, les grands spécialistes de saint Jean de la Croix nous avertissent : il faut un bon guide pour entrer dans la lecture du Docteur. En effet, une lecture même fervente de ses écrits peut présenter de réelles dangers soit de découragement soit à l'opposée d'illusion spirituelle (orgueil).

Les introductions aux livres de saint Jean sont presque plus importantes que les extes eux-mêmes.

Sint Jean voit loin, il est impossible de le suivre. Il faut
du réalisme à ce sujet et avoir une vision d'ensemble de son oeuvre pour avoir une juste application dans l'ascèse et la prière.

Cette vision d'ensemble n'est possible que si on est vraiment un grand spirituel (cela demande un certain âge), que l'on soit docte dans la théologie spirituelle, et enfin
que l'on ait assimilé toute la doctrine du saint en une vue globale.

C'est ce que j'ai appris de la part de mes maîtres... je vous le partage.
A vous la parole...

Joy
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MessageSujet: Hum   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeMer 10 Oct 2007 - 19:00

Citation :
Les introductions aux livres de saint Jean sont presque plus importantes que les extes eux-mêmes.

Je pense que ca dépend des gouts et,les gouts ne se discuttent pas.Personnelement,je préfere les écrits de st-Jean lui meme aux introductions car,plus simples et complets que ceux qui essaient de l'expliquer.Et,il y fait énormément mention des éceuils et pieges de la vie spirituelle.En fait,je pense que st-Jean de la Croix est aussi abordable que n'importe quel autres auteurs mystiques ,le tout dépends des gouts et affinités.Moi,j'ai de la misere un peu avec ste-Thérese d'Avila pourtant décrite comme plus simple que st-Jean de la Croix...Comme quoi,tous les gouts et affinités sont ds la nature.Francesco
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MessageSujet: ET POURTANT   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeMer 10 Oct 2007 - 19:02

Citation :
Cette vision d'ensemble n'est possible que si on est vraiment un grand spirituel
Et pourtant,je ne suis pas un grand spirituel ni grand connaisseur en spiritualité mais lui,a force de le lire et de méditer ses textes,et bien ca rentre.Francesco
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MessageSujet: LA NUIT OBSCURE DE L'AME(FIN)   ST-JEAN DE LA CROIX Icon_minitimeLun 22 Oct 2007 - 20:10

Citation :
Que la contemplation obscure soit au début pénible à l'âme, c'est parfaitement compréhensible. Cette divine contemplation infuse est d'une souveraine excellente, et l'âme qui la reçoit sans être purifiée est entachée d'une souveraine misère. Or deux contraires sont incompatibles en un même sujet, et l'âme étant le sujet où se combattent ces deux contraires, il faut nécessairement qu'il y ait souffrance. C'est la conséquence de la purification des imperfections de l'âme qu'opère cette contemplation.
Expliquons ce qui se passe alors.
Il y a ici deux causes de souffrances. D'abord la lumière et la sagesse infusée par cette contemplation est très brillante et très pure, et l'âme qu'elle investit est ténébreuse et impure : de là une très vive souffrance pour l'âme. Tels des yeux chargés d'humeur, malades et impurs, souffrent de l'éclat du jour.
cette souffrance que l'âme endure par suite de son impureté lorsque cette divine lumière l'investit puissamment, est réellement inexprimable. Cette lumière enveloppant l'âme pour expulser son impureté, la pauvre âme sent avec une intensité extrême sa souillure et sa misère. Il lui semble que Dieu lui est opposé, qu'elle-même est contraire à Dieu et que Dieu l'a rejetée.
C'est pour elle une torture indicible. Job, soumis à une semblable épreuve, se plaignait de ce tourment avec la dernière amertume. Il disait à Dieu : "Pourquoi m'as-tu mis en opposition avec toi et suis-je devenu à charge à moi-même" (Jb 7,20) ? Au sein des ténèbres où elle est plongée, l'âme voit dans une éclatante lumière l'impureté qui est en elle ; elle reconnaît avec la dernière évidence qu'elle est digne du mépris de Dieu et de celui des créatures. Ce qui augmente encore sa douleur, c'est la pensée que son état misérable durera toujours et que tous les biens sont irrévocablement perdus pour elle. Cette conviction naît de son immersion dans la connaissance et le sentiment de ses maux, de ses misères. cette divine et ténébreuse lumière dont elle est enveloppée les lui découvre dans tout leur jour, et elle connaît clairement qu'elle est incapable d'en sortir. On peut entendre dans ce sens la parole de David : "Tu as repris l'homme à cause de son iniquité ; tu as fait sécher son âme comme l'araignée à laquelle on a arraché les entrailles" (Ps 38,12).

La seconde cause de souffrance pour l'âme vient de sa faiblesse naturelle, morale et spirituelle. Comme cette divine contemplation l'investit puissamment afin de la dompter, sa faiblesse est torturée au point de la faire défaillir, surtout à certains moments où la lumière est plus intense. Alors le sens et l'esprit, accablés d'un poids énorme et ténébreux, se débattent sous l'étreinte d'une agonie si amère que la mort leur serait un soulagement et une délivrance. Job, qui avait expérimenté cet excès de douleur, s'écrit : "Que Dieu n'agisse pas à mon égard dans sa force, de crainte que je ne sois opprimé du poids de sa grandeur" (Jb 23,6).

Dans cet accablement, l'âme se voit privée de tout secours. Il lui semble, et non sans raison, que ses anciens appuis se sont dérobés avec tout le reste et que nul ne lui porte compasssion. Job dit encore à ce sujet : "Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins qui êtes mes amis, car la main du Seigneur m'a touché" (JB 19,21).
Chose surprenante et digne de larmes ! La faiblesse et la souilllure de l'âme sont telles que la main de Dieu, par elle-même si bénigne et si douce, lui parait souverainement pesante et rigoureuse. Cependant, loin de la frapper, elle la touche seulement, et encore dans sa miséricorde, puisqu'elle veut non la châtier, mais la combler de grâces.
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