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| La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou | |
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ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 27 Juin 2020 - 17:50 | |
| CHAPITRE III
Article V - DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION
La fuite en Egypte
Saint Matthieu (II, 13) rapporte qu'après l'adoration des Mages, un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil et lui dit : « Lève-toi, prends l'Enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'Enfant pour le faire périr. » De fait, Hérode ordonne le massacre des enfants de deux ans et au dessous qui étaient à Bethléem et aux environs.
L'enfant Jésus est la terreur de ce roi, qui craint là où il n'y a rien à craindre, et qui ne redoute pas les châtiments de Dieu qu'il devrait redouter. Marie et Joseph ont part déjà aux persécutions qui s'élèvent contre Notre-Seigneur. « Auparavant ils vivaient tranquilles et gagnaient doucement leur vie par le travail de leurs mains ; mais aussitôt que Jésus leur est donné, il n'y a point de repos pour eux... Il faut prendre part à ses croix[191].» Par là, ils grandissent beaucoup dans l'amour de Dieu. Les saints innocents participent aussi à la croix de Jésus ; leur massacre nous montre qu'ils étaient prédestinés de toute éternité à la gloire du martyre. Puis Hérode étant mort, un ange du Seigneur annonce en songe à Joseph que l'heure est venue d'aller à Nazareth en Galilée (Matth., II, 20-23).
La vie cachée de Nazareth
Marie reçoit incessamment une augmentation de grâce et de charité lorsqu'elle porte l'enfant Jésus dans ses bras, le nourrit, lorsqu'elle reçoit ses caresses, entend ses premières paroles, soutient ses premiers pas.
« Cependant, dit saint Luc (II, 40), l'Enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui. » Quand il eut atteint sa douzième année, ayant suivi Marie et Joseph à Jérusalem pour la Pâque, au moment du retour, il resta dans la ville, sans que ses parents s'en fussent aperçus. Ce n'est qu'au bout de trois jours qu'ils le retrouvèrent dans le temple au milieu des docteurs. Et il leur dit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois aux choses de mon Père. » « Mais, remarque saint Luc (III, 50), ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. » Marie accepte dans l'obscurité de la foi ce qu'elle ne saurait encore comprendre ; le mystère de la Rédemption se révélera progressivement à elle dans toute sa profondeur et toute son étendue. C'est une joie de retrouver Jésus, mais cette joie fait pressentir bien des souffrances.
Au sujet de la vie cachée de Nazareth, qui se prolonge jusqu'au ministère de Jésus, Bossue fait ces remarques : « Ceux qui s'ennuient pour Jésus-Christ, et rougissent de lui faire passer sa vie dans une si étrange obscurité, s'ennuient aussi pour la sainte Vierge, et voudraient lui attribuer de continuels miracles. Mais écoutons l'Evangile : « Marie conservait toutes ces choses en son cœur » (Luc, II, 51). ... N'est-ce pas un assez digne emploi, que celui de conserver dans son cœur tout ce qu'elle avait vu de ce cher Fils ? Et si les mystères de son enfance lui furent un si doux entretien, combien trouva-t-elle à s'occuper de tout le reste de sa vie ? Marie méditait Jésus..., elle demeurait en perpétuelle contemplation, se fondant, se liquéfiant, pour ainsi parler, en amour et en désir... Que dirons-nous donc à ceux qui inventent tant de belles choses pour la Sainte Vierge ? Que dirons-nous, si ce n'est que l'humble et parfaite contemplation ne leur suffit pas ? Mais si elle a suffi à Marie, à Jésus même, durant trente ans, n'est-ce pas assez à la Sainte Vierge de continuer cet exercice. Le silence de l'Écriture sur cette divine mère est plus grand et plus éloquent que tous les discours. O homme ! trop actif et inquiet par ta propre activité, apprends à te contenter en te souvenant de Jésus, en l'écoutant au dedans, et en repassant ses paroles... Orgueil humain, de quoi te plains-tu avec tes inquiétudes, de n'être rien dans le monde ? Quel personnage y faisait Jésus ? Quelle figure y faisait Marie ! C'était la merveille du monde, le spectacle de Dieu et des anges : et que faisaient-ils ? De quoi étaient-ils ? Quel nom avaient-ils sur la terre ? Et tu veux avoir un nom et une action qui éclate ? Tu ne connais pas Marie, ni Jésus. ... Et tu dis : Je n'ai rien à faire, quand l'ouvrage du salut des hommes est en partie entre tes mains : n'y a-t-il point d'ennemis à réconcilier, de différends à pacifier, de querelles à finir, où le Sauveur dit : « Vous aurez sauvé votre frère » (Matth., XVIII, 15). N'y a-t-il point de misérable qu'il faille empêcher de se livrer au murmure, au blasphème, au désespoir ? Et quand tout cela te serait ôté, n'as-tu pas l'affaire de ton salut, qui est pour chacun la véritable œuvre de Dieu ? »
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 28 Juin 2020 - 18:05 | |
| CHAPITRE III
Article V
- DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION
La vie cachée de Nazareth
Quand on réfléchit à la vie cachée de Nazareth, et, dans ce silence, au progrès spirituel de Marie, puis, par opposition, à ce que le monde moderne a souvent appelé le progrès, on en vient à cette conclusion : on n'a jamais tant parlé de progrès que depuis qu'on a négligé celui qui est de tous le plus important, 1e progrès spirituel. Qu'est-il alors arrivé ? Ce qu'a souvent remarqué Le Play, que le progrès inférieur recherché pour lui-même s'est accompagné, en facilitant le plaisir, l'oisiveté et le chômage, d'un immense recul moral vers le matérialisme, l'athéisme et la barbarie, comme le montrent manifestement les dernières guerres mondiales.
En Marie, au contraire, nous trouvons la réalisation toujours plus parfaite de la parole évangélique : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc, X, 27). Plus elle avance, plus elle doit aimer Dieu de toutes ses forces, en voyant, pendant le ministère de Jésus, la contradiction s'élever contre lui, jusqu'à la consommation du mystère de la Rédemption.
La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes
Quelle fut la cause profonde des douleurs de Marie au Calvaire ? Toute âme chrétienne, habituée à faire son chemin de croix, répondra : la cause profonde de ses souffrances comme de celles de Jésus fut le péché. Bienheureux les cœurs simples pour qui cette formule exprime une vérité de vie, et qui éprouvent une vraie douleur de leurs fautes, bonne souffrance que seule la grâce peut produire en nous.
Nous comprenons peu les souffrances de Marie, parce que nous ne souffrons guère que de ce qu'éprouve notre corps et des blessures faites à notre amour-propre, à notre vanité, à notre orgueil. Nous souffrons aussi et tout naturellement de l'ingratitude des hommes, des injustices qui affligent notre famille et notre patrie. Mais nous souffrons trop peu du péché, de nos propres fautes, en tant qu'elles sont une offense à Dieu.
Théoriquement, nous concevons que le péché est le plus grand des maux, puisqu'il atteint l'âme même et toutes ses facultés, comme une folie, un aveuglement, une lâcheté, une ingratitude, qui nous prive de nos meilleures énergies et puisqu'il est la cause de tous les désordres que nous déplorons dans les familles et la société ; il est la cause évidente de la lutte parfois si âpre entre les classes et entre les peuples. Mais, malgré cette vue, nous n'éprouvons pas une bien grande douleur des fautes personnelles par lesquelles nous coopérons plus ou moins au désordre général. Notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de prendre vivement conscience de ce final qu'est le péché, sa profondeur nous échappe, précisément parce qu'elle est très grave elle passe inaperçue pour les esprits superficiels. Le péché qui ravage les âmes et la société ressemble à ces maladies qui atteignent les organes les plus essentiels et que nous portons parfois en nous sans les soupçonner, comme le cancer ; nous n'en souffrons pas encore, tandis que nous crions pour une piqûre sans gravité.
Pour ressentir très vivement la bonne souffrance, qu'est celle de la détestation du péché, il faudrait avoir un amour très profond de Dieu que le péché offense et des âmes que le péché détourne de leur fin.
Les saints souffrent du péché dans la mesure de leur amour de Dieu et du prochain. Sainte Catherine de Sienne reconnaissait les âmes en état de péché mortel à l'odeur insupportable qu'elle sentait en leur présence. Mais pour comprendre jusqu'où peut aller la souffrance causée par le péché, il faudrait demander ce secret au cœur immaculé et douloureux de Marie.
La mesure de sa douleur fut celle de son amour pour Dieu offensé, pour son Fils crucifié, pour nos âmes â sauver.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 29 Juin 2020 - 16:27 | |
| CHAPITRE III
Article V DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION
La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes
Or cet amour de Marie dépassait la plus ardente charité des grands saints, de saint Pierre, saint Paul, saint Jean. En elle, la plénitude initiale de charité dépassait déjà la grâce finale de tous les saints réunis, et depuis lors elle n'avait cessé de grandir, jamais la moindre faute vénielle n'avait ralenti l'élan de son amour, et chacun de ses actes méritoires, plus fervent que le précédent, avait multiplié l'intensité de sa charité selon une progression que nous ne saurions imaginer.
Si telle était la ferveur de l'amour de Dieu dans l'âme de Marie, combien dut-elle souffrir du plus grave de tous les maux, dont notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de nous affliger. Elle voyait incomparablement mieux que nous ce qui cause la perte éternelle de beaucoup d'âmes : la concupiscence de la chair, celle des yeux, l'orgueil de la vie. Elle en souffrait dans la mesure de son amour pour Dieu et pour nous. C'est la grande lumière qui se trouve ici dans ce clair-obscur.
La cause de ses douleurs, ce fut l'ensemble de tous les péchés réunis, de toutes les révoltes, de toutes les colères sacrilèges portées en un instant à leur paroxysme dans le péché du déicide, dans la haine acharnée contre Notre-Seigneur, qui est la lumière divine libératrice et l'Auteur du salut.
La douleur de Marie est aussi profonde que son amour naturel et surnaturel pour son Fils, qu'elle aime avec un cœur de Vierge, le plus pur et le plus tendre, qu'elle aime comme son unique enfant miraculeusement conçu et comme son Dieu.
Pour se faire une idée vive des souffrances de Marie, il faudrait avoir reçu, comme les stigmatisés, l'impression des plaies du Sauveur; il faudrait avoir participé à toutes ses souffrances physiques et morales, par les grâces crucifiantes qui font faire le chemin de la croix en revivant les heures les plus douloureuses de la Passion. Nous y reviendrons plus loin, en parlant de Marie médiatrice et corédemptrice, ou de la réparation qu'elle a offerte avec son Fils par lui et en lui.
Notons seulement ici que ces très grands actes d'amour méritoires pour nous, l'étaient aussi pour elle, et augmentèrent considérablement sa charité et toutes les autres vertus de foi, de confiance, de religion, d'humilité, de force et de mansuétude ; car elle pratiqua alors toutes ces vertus au degré le plus difficile, le plus héroïque ; elle devint par là même la Reine des martyrs.
Sur le Calvaire du Cœur de Jésus la grâce et la charité surabondent sur le cœur de sa sainte Mère ; c'est lui qui la fortifie, comme elle-même soutient spirituellement saint Jean. Jésus offre son martyre à elle avec le sien, et elle s'offre avec son Fils qui lui est beaucoup plus cher que sa propre vie. Si le moindre des actes méritoires de Marie pendant la vie cachée de Nazareth augmentait l'intensité de sa charité, quel dut être l'effet de ses actes d'amour au pied de la croix !
La Pentecôte
La résurrection glorieuse du Sauveur, ses diverses apparitions marquent certainement de nouveaux progrès en l'âme de sa sainte Mère, qui y voit la réalisation de plusieurs prophéties de Jésus lui-même et sa victoire sur la mort, signe de celle qu'il remporta le Vendredi saint sur le démon et sur le péché.
Le mystère de l'Ascension élève de plus en plus les pensées de Marie vers le ciel. Au soir de ce jour, retirée avec les Apôtres au Cénacle (Act. Ap., I, 14), elle dut sentir comme eux que la terre était singulièrement vide depuis le départ de Notre-Seigneur, et entrevoir toute la difficulté de l'évangélisation du monde païen à convertir au milieu des persécutions prédites. Devant cette perspective, la présence de la Sainte Vierge dut être un grand réconfort pour les Apôtres. En union avec Notre-Seigneur, elle leur mérita d'un mérite de convenance les grâces qu'ils allaient recevoir, en ce Cénacle où Jésus avait institué l'Eucharistie, ou il les avait ordonnés prêtres, et où il était apparu après sa résurrection.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 30 Juin 2020 - 17:57 | |
| CHAPITRE III Article V DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION
La Pentecôte
Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit en descendant sur elle et sur les Apôtres, sous la forme de langues de feu, vint les éclairer définitivement sur les mystères du salut et les fortifier pour l'œuvre immense et si ardue à accomplir (Act. Ap., II).
Si les Apôtres en ce jour sont confirmés en grâce, si saint Pierre manifeste alors par sa prédication qu'il a reçu la plénitude de la contemplation du mystère du Fils de Dieu, du Sauveur et de l'auteur de la vie ressuscité, si les Apôtres, loin de rester craintifs, s'en vont maintenant « joyeux d'avoir à souffrir pour Jésus-Christ », quelle ne doit pas être la nouvelle augmentation de grâce et de charité que reçoit Marie en ce jour, elle qui doit être ici-bas comme le cœur de l'Eglise naissante !
Personne autant qu'elle ne participera à l'amour profond de Jésus pour son Père et pour les âmes ; elle doit aussi par sa prière, sa contemplation, sa générosité incessante, porter en quelque sorte l'âme des Douze, les suivre ainsi comme une Mère dans leurs travaux et toutes les difficultés de leur apostolat, qui s'achèvera par le martyre. Ils sont ses fils. Elle sera appelée par l'Eglise Regina apostolorum, et elle a commencé dès ici-bas de veiller sur eux par sa prière et de féconder leur apostolat par l'oblation continue d'elle-même, unie au sacrifice de son Fils perpétué sur l'autel.
Marie modèle de dévotion eucharistique
Il convient particulièrement d'insister sur ce que dut être pour la Mère de Dieu le sacrifice de la messe et la sainte communion qu'elle recevait des mains de saint Jean. Pourquoi au Calvaire fut-elle confiée par Notre-Seigneur à saint Jean plutôt qu'aux saintes femmes qui étaient au pied de la croix ? Parce que Jean était prêtre et qu'il avait un trésor qu'il pouvait communiquer à Marie, le trésor de l'Eucharistie.
Pourquoi parmi tous les Apôtres, saint Jean est-il choisi plutôt que Pierre ? Parce que Jean est le seul des Apôtres qui soit au pied de la croix, où il a été attiré par une grâce très forte et très douce, et parce qu'il est, dit saint Augustin, le modèle de la vie contemplative, de la vie intime et cachée, qui a toujours été celle de Marie et qui sera la sienne jusqu'à sa mort.
La vie de Marie n'aura pas le même caractère que celle du prince des Apôtres, saint Pierre, elle n'interviendra point dans le gouvernement des fidèles. Sa mission sera de contempler et d'aimer Notre-Seigneur resté présent dans l'Eucharistie, d'obtenir par ses incessantes supplications la diffusion de la foi et le salut des âmes. Elle sera ainsi vraiment sur terre comme le cœur de l'Eglise naissante, car personne n'entrera comme elle dans l'intimité et la force de l'amour du Christ.
Suivons-la dans cette vie cachée, à l'heure surtout où saint Jean célébrait devant elle le sacrifice de la messe. Marie n'a pas le caractère sacerdotal, elle ne peut en exercer les fonctions, mais elle a reçu, comme le dit M. Olier, « la plénitude de l'esprit du sacerdoce » qui est l'esprit du Christ rédempteur, aussi pénétrait-elle bien plus profondément que saint Jean le mystère de nos autels. Son titre de Mère de Dieu dépasse du reste le sacerdoce, des ministres du Sauveur, elle nous a donné le prêtre et la victime du sacrifice de la Croix et elle s'est offerte avec lui. La sainte messe était pour elle à un degré que nous ne soupçonnons pas le mémorial et en substance la continuation du sacrifice de la Croix. C'est que sur le Calvaire, Marie avait eu le cœur transpercé par le glaive de la douleur ; la force et la tendresse de son amour pour son Fils lui avaient fait subir un véritable martyre. La souffrance avait été si profonde que le souvenir ne pourrait rien perdre de sa vivacité, et il était rappelé par une lumière infuse.
Or, sur l'autel, lorsque saint Jean célèbre, Marie retrouve la même victime que sur la croix. C'est le même Jésus, qui est là réellement présent ; ce n'est pas seulement une image, c'est la réalité substantielle du corps du Sauveur, avec son âme et sa divinité. Il n'y a plus, il est vrai, d'immolation sanglante, mais il y a l'immolation sacramentelle, réalisée par la consécration séparée du corps et du précieux sang ; le sang de Jésus est sacramentellement répandu sur l'autel. Et cette figure de la mort du Christ est des plus expressives pour celle qui ne peut oublier, qui a toujours au fond de son âme l'image de son très cher Fils maltraité, couvert de plaies, pour celle qui entend encore les injures et les blasphèmes.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 1 Juil 2020 - 17:36 | |
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Marie modèle de dévotion eucharistique
Cette messe célébrée par saint Jean, à laquelle assiste Marie est la reproduction la plus frappante du sacrifice de la croix perpétué en substance sur l'autel.
Marie voyait aussi dans le sacrifice de la messe le point de conjonction du culte de la terre et de celui du ciel
C'est en effet la même victime qui est offerte à la messe et qui, au ciel, présente pour nous ses plaies glorieuses au Père céleste. Le corps du Christ ne cesse pas d'être au ciel, il ne descend pas du ciel à proprement parler, mais, sans être multiplié, il est rendu réellement présent sur l'autel par la transsubstantiation de la substance du pain en lui.
C'est aussi au ciel et sur la terre, le même prêtre principal « toujours vivant pour intercéder pour nous » (Hébr., VII, 25) ; le célébrant n'est en effet que le ministre qui parle au nom de Jésus en disant : ceci est mon corps; c'est Jésus qui parle par lui.
C'est Jésus, comme Dieu, qui donne à ces paroles la puissance transsubstantiatrice. C'est Jésus, comme homme, par un acte de sa sainte âme qui transmet cette influence divine, et qui continue de s'offrir ainsi pour nous, comme prêtre principal. Si le ministre est quelque peu distrait par quelque détail du culte qui peut manquer, le prêtre principal n'est pas distrait, et Jésus, comme homme, en continuant de s'offrir ainsi sacramentellement pour nous, voit ce qui nous échappe, tout le rayonnement spirituel de chaque messe sur les fidèles présents ou éloignés et sur les âmes du purgatoire.
Il agit actuellement par son ministre, c'est lui qui continue de s'offrir par ces paroles sacramentelles ; l'âme du sacrifice de nos autels est l'oblation intérieure qui est toujours vivante au cœur du Christ, par elle il continue de nous appliquer les mérites et la satisfaction du Calvaire au moment opportun. Les saints, en assistant à la messe, ont parfois vu, au moment de là consécration, à la place du célébrant, Jésus qui offrait le saint Sacrifice.
Marie l'a saisi plus que tous les saints; plus qu'eux tous elle a compris que l'âme du sacrifice de la messe est l'oblation toujours vivante au cœur de son Fils. Elle entrevoyait que lorsqu'à la fin du monde la dernière messe sera achevée, cette oblation intérieure durera éternellement au coeur du Sauveur, non plus comme supplication, mais comme adoration et action de grâces, ce sera le culte de l'éternité exprimé déjà à la messe par le Sanctus en l'honneur du Dieu trois fois saint.
Comment Marie s'unissait-elle à cette oblation de Jésus prêtre principal ? Elle s'y unissait, nous le dirons plus loin, comme médiatrice universelle et corédemptrice. Elle continuait de s'y unir comme à la croix, en esprit d'adoration réparatrice, de supplication et d'action de grâces. Modèle des âmes hosties, elle continuait d'offrir les peines très vives qu'elle éprouvait devant la négation de la divinité de Jésus, pour la réfutation de laquelle saint Jean écrivait le quatrième évangile.
Elle rendait grâces pour l'institution de l'Eucharistie, pour tous les bienfaits dont elle est la source. Elle suppliait pour obtenir la conversion des pécheurs, pour le progrès des bons, pour soutenir les Apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances jusqu'au martyre.
En tout cela Marie est notre modèle, pour nous apprendre à devenir « des adorateurs en esprit et en vérité ».
Que dire enfin de la communion de la Sainte Vierge ? La condition principale d'une fervente communion est d'avoir faim de l'Eucharistie; de même le pain ordinaire ne renouvelle vraiment nos forces physiques que si nous le mangeons avec appétit.
Les saints ont faim de l'Eucharistie; on refuse à sainte Catherine de Sienne la sainte communion, mais son désir est si fort qu'une parcelle de la grande hostie se détache et à l'insu du célébrant est portée miraculeusement à la sainte. Or la faim de l'Eucharistie était incomparablement plus grande, plus intense en Marie que dans les âmes les plus saintes. Pensons à la force de l'attrait qui porte vers Jésus l'âme de sa sainte Mère.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Jeu 2 Juil 2020 - 17:42 | |
| CHAPITRE III
Article V DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION
Toute âme est attirée vers Dieu, puisqu'il est le souverain Bien pour lequel nous sommes faits. Mais les suites du péché originel, le péché actuel et mille imperfections diminuent l'admirable convenance entre Dieu et les âmes, affaiblissent en nous le désir de l'union divine.
L'âme de Marie n'a subi l'atteinte ni du péché originel, ni du péché actuel; aucune infidélité, aucune imperfection ne vient diminuer l'ardeur de sa charité qui l'emporte sur celle de tous les saints réunis. S'oubliant elle-même, Marie s'élance vers Dieu d'un élan irrésistible, qui grandit chaque jour avec ses mérites.
C'est le Saint-Esprit, agissant en elle, qui la porte infailliblement à se donner librement à Dieu et à le recevoir; cet amour, comme la soif ardente, s'accompagne d'une souffrance qui ne cessera que par la mort d'amour et l'union de l'éternité. Telle était la faim de l'Eucharistie en la Sainte Vierge.
Jésus de son côté avait le plus grand désir de la sanctification définitive de Marie. Il ne demande qu'à communiquer les trésors de grâces dont son cœur déborde. S'il pouvait souffrir dans sa gloire, il souffrirait de trouver tant d'obstacles en nous à cette divine communication. Or, en Marie, il n'y avait aucun obstacle.
Cette communion était comme la fusion aussi intime que possible ici-bas de leurs deux vies spirituelles, comme le reflet de la communion de la sainte âme du Christ au Verbe auquel elle est personnellement unie, ou encore, c'était comme l'image de la communion des trois personnes divines à la même vérité infinie et à la même bonté sans limites.
Marie an moment de la communion redevenait le tabernacle vivant et très pur de Notre-Seigneur, tabernacle doué de connaissance et d'amour, mille fois plus précieux qu'un ciboire d'or; elle était vraiment tour d'ivoire, arche d'alliance, maison d'or.
Quels étaient les effets de la communion de Marie ? Ils dépassaient de beaucoup ce que sainte Thérèse dit de l'union transformante dans la VII° demeure du Château intérieur.
On a comparé cette union qui transforme en quelque sorte l'âme en Dieu par la connaissance et l'amour, à l'union du fer et du feu, ou à celle de l'air et de la lumière qui le pénètre. Ici en Marie les rayons de lumière et de chaleur surnaturelles partis de l'âme de Jésus éclairaient de plus en plus son intelligence et enflammaient sa volonté.
Ces biens spirituels, cette sagesse et cette bonté, l'humble vierge ne les pouvait en aucune façon rapporter à elle-même, elle en faisait hommage à celui qui est son principe et sa fin : « Qui manducat me, ipse vivet propter me » (Joan., VI, 58); celui qui mange ma chair, vit par moi et pour moi, comme je vis par mon Père et pour lui.
Chacune des communions de Marie était plus fervente que la précédente, et, produisant en elle une plus grande augmentation de charité, la disposait à une communion plus fructueuse encore.
Si la pierre tombe d'autant plus vite qu'elle se rapproche de la terre qui l'attire, l'âme de Marie se portait d'autant plus généreusement et promptement vers Dieu, qu'elle. se rapprochait de lui et qu'elle était plus attirée par lui.
Elle était comme un miroir très pur, qui réfléchissait vers Jésus la lumière et la chaleur qu'elle recevait de lui, qui condensait aussi cette lumière et cette chaleur pour la répandre sur nos âmes.
En cela elle était le plus parfait modèle de dévotion eucharistique. C'est pourquoi elle peut nous apprendre sans bruit de paroles, si nous nous adressons à elle, ce qu'est l'esprit d'adoration réparatrice ou de sacrifice dans l'acceptation généreuse des peines qui se présentent, ce que doit être notre désir de l'Eucharistie, la ferveur de notre supplication pour les grandes intentions de l'Eglise, et ce que doit être aussi notre action de grâces pour tant de bienfaits.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Ven 3 Juil 2020 - 19:13 | |
| CHAPITRE III
Article VI LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE
Pour mieux voir ce qu'a été la plénitude de grâce en la Sainte Vierge, surtout vers la fin de sa vie, il convient de considérer quelle fut la perfection de son intelligence, spécialement ce que fut sa foi éclairée par les dons de sagesse, d'intelligence, de science, quelle fut aussi l'élévation de ses principales vertus, qui, étant connexes avec la charité, se trouvaient en elle comme celle-ci à un degré proportionné à celui de la grâce sanctifiante. Pour compléter cette synthèse, nous parlerons brièvement aussi des grâces gratuites d'ordre intellectuel qu'elle reçut, notamment de la prophétie et du discernement des esprits.
La foi éclairée par les dons en Marie
Si l'on pense à la perfection naturelle de l'âme de la Sainte Vierge, la plus parfaite de toutes après celle du Sauveur, il faut admettre que son intelligence naturelle était déjà douée d'une grande pénétration, d'une non moins grande rectitude, et que ces qualités naturelles ne cessèrent de se développer au cours de sa vie.
Sa foi infuse était à plus forte raison très profonde du côté de l'objet par la révélation qui lui fut faite immédiatement, au jour de l'Annonciation, des mystères de l'Incarnation et de la Rédemption, par sa sainte familiarité de tous les jours avec le Verbe fait chair.
Subjectivement sa foi était en, outre très ferme, très certaine et très prompte dans son adhésion, car ces qualités de la foi infuse sont d'autant plus grandes que celle-ci est plus élevée. Or Marie reçut la foi infuse la plus haute qui ait jamais existé, il faut en dire autant de son espérance, car Jésus, qui eut la vision béatifique dès le premier instant de sa conception, n'avait pas la foi ni l'espérance, mais la pleine lumière et la possession des biens éternels qui nous sont promis.
Nous ne saurions donc nous faire une idée de l'élévation de la foi de Marie. A l'Annonciation, dès que la vérité divine sur le mystère de l'Incarnation rédemptrice lui a été suffisamment proposée, elle y a cru. Aussi sainte Élisabeth lui dit-elle peu après (Luc, I, 45) : « Heureuse celle qui a cru, car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur. »
A Noël, elle voit son Fils naitre dans l'étable, et elle croit qu'il est le créateur de l'univers ; elle voit toute la fragilité de son corps d'enfant, et elle croit à sa toute-puissance ; lorsqu'il commence à balbutier, elle croit qu'il est la sagesse même ; lorsqu'elle doit fuir avec lui devant la colère du roi Hérode, elle croit pourtant qu'il est le roi des rois, le seigneur des seigneurs, comme le dira saint Jean.
Au jour de la Circoncision et à la présentation au temple, sa foi s'ouvre de plus en plus sur le mystère de la Rédemption. Marie vit ici-bas dans un clair-obscur perpétuel, distinguant nettement les ténèbres d'en bas, qui proviennent de l'erreur et du mal, et l'obscurité d'en haut, celle qui dépasse la lumière divine accessible sur terre, et qui fait pressentir ce qu'il y a de plus élevé dans les mystères divins que contemplent à découvert au ciel les bienheureux.
Pendant la Passion, quand les Apôtres, à l'exception de Jean, s'éloignent, elle est au pied de la croix, debout, sans s'évanouir ; elle ne cesse pas un instant de croire que son Fils est vraiment le Fils de Dieu, Dieu même, qu'il est, comme l'a-dit le Précurseur, « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde », qu'en apparence vaincu, c'est lui qui est vainqueur du démon et du péché et que dans trois jours il sera vainqueur de la mort par sa résurrection, comme il l'a annoncé.
Cet acte de foi de Marie au Calvaire, à cette heure la plus obscure, fut le plus grand acte de foi qui ait jamais existé : celui dont l'objet était le plus difficile : que Jésus remportait la plus grande victoire par la plus complète immolation.
Cette foi était admirablement éclairée par les dons qu'elle avait à un degré proportionné à celui de sa charité. Le don d'intelligence lui faisait pénétrer les mystères révélés, leur sens intime, leur convenance, leur harmonie, leurs conséquences ; il lui faisait mieux voir leur crédibilité ; en particulier pour les mystères auxquels elle participa plus que personne, comme celui de la conception virginale du Christ et de l'Incarnation du Fils de Dieu, par suite pour les mystères de la Sainte Trinité et l'économie de la rédemption.
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| Sujet: 4 juillet Bienheureux Pier Gorgio Frassati Ven 3 Juil 2020 - 19:30 | |
| [/url] 4 juillet : Bienheureux Pier Gorgio Frassati : Laïc Pier Gorgio naquit le 6 avril 1901 à Turin dans une famille aisée dont le père agnostique a fondé le journal "La Stampa". Pier Gorgio poursuivit ses études malgré des difficultés. Rapidement il se mit au service de la foi et de la charité en secourant les plus pauvres dans les taudis de la ville sans que sa famille n'en soit au courant. Il contracta la poliomyélite et mourut une semaine après le déclenchement de la maladie, le 4 juillet 1925, à 24 ans. Pier Gorgio Frassati a été béatifié par Saint Jean Paul II le 20 mai 1990. Prions pour avoir une volonté forte!http://archive.krakow2016.com/fr/pier-giorgio-frassati-prions-pour-avoir-une-volonte-forte.html Biographie de Pier Gorgio Frassatihttp://paroleetlumiere.blogspot.fr/2012/12/lhomme-des-huit-beatitudes.html L'homme des huit béatitudeshttp://www.synod.va/content/synod2018/fr/jeunes-temoins/pier-giorgio-frassati--lhomme-des-huit-beatitudes.pdf Neuvaine à Pierre Georgio Frassat http://lectures49.over-blog.com/2018/06/neuvaine-pier-giorgio-frassati-25-juin-au-4-juillet.html "A nous il n'est pas permis de vivoter"http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-bienheureux-pier-giorgio-frassati-a-nous-il-n-est-pas-permis-de-vivoter-65389370.html SAINTS DU JOURhttps://nominis.cef.fr/contenus/fetes/4/7/2019/4-Juillet-2019.html Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde[url=https://servimg.com/view/16596928/1123] | |
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 5 Juil 2020 - 3:08 | |
| CHAPITRE III Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE La foi éclairée par les dons en Marie
Le don de sagesse, sous l'inspiration du Saint-Esprit, lui faisait juger des choses divines par cette sympathie ou connaturalité qui est fondée sur la charité[194]. Elle connaissait ainsi expérimentalement combien ces mystères correspondent à nos aspirations les plus hautes et en suscitent toujours de nouvelles pour les combler. Elle les goûtait à proportion de sa charité, qui ne cessait de grandir, de son humilité et de sa pureté. En Marie se réalisèrent éminemment les paroles : « C'est aux humbles que Dieu donne sa grâce », « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », ils l'entrevoient dès ici-bas.
Le don de science, par un instinct spécial de l'Esprit-Saint, lui faisait juger des choses créées, soit comme symboles des choses divines au sens où les cieux racontent la gloire de Dieu, soit pour en voir le vide, la fragilité et mieux apprécier par contraste la vie éternelle.
Privilèges particuliers de son intelligence A sa foi et à ces dons du Saint-Esprit, qui se trouvent à des degrés divers en tous les justes, comme fonctions de l'organisme spirituel, s'ajoutaient en Marie, comme chez beaucoup de saints, les grâces gratuites (gratis datae), ou charismes accordés surtout pour l'utilité du prochain. Ce sont plutôt des signes extérieurs pour confirmer la révélation et la sainteté, que des formes de la vie surnaturelle, c'est pourquoi on les distingue. A ce sujet les théologiens admettent généralement ce principe : plus que tous les autres saints Marie reçut tous les privilèges que de hautes convenances réclament pour elle, et qui n'avaient rien d'incompatible avec son état. En d'autres termes, elle ne saurait être à ce titre dans une condition d'infériorité par rapport aux autres saints, qu'elle dépassait de beaucoup par le degré selon lequel elle avait la grâce habituelle, les vertus infuses et les sept dons. Encore faut-il bien entendre ce principe et non pas d'une façon trop matérielle. Si, par exemple, des saints ont vécu de longs mois sans nourriture, ou s'ils ont marché sur les eaux pour venir au secours de quelqu'un, il ne s'ensuit pas que la Sainte Vierge l'ait fait aussi; il suffit que de tels dons soient contenus dans des grâces d'ordre supérieur. Mais en vertu du principe énoncé, on doit lui attribuer plusieurs charismes, soit d'une façon certaine, soit avec une grande probabilité. Tout d'abord on doit admettre qu'elle a eu par privilège, mieux que les autres saints, la connaissance profonde de l'Ecriture, surtout de ce qui se rapporte au Messie, à l'Incarnation rédemptrice, à la Sainte Trinité, à la vie de la grâce et des vertus, à la vie éternelle. Bien qu'il n'appartint.pas à Marie d'exercer le ministère officiel, elle dut éclairer saint Jean et saint Luc sur bien des choses relatives à la vie d'enfance et à la vie cachée de Jésus. Quant aux objets d'ordre naturel, elle dut en avoir la connaissance claire et profonde qui était de quelque utilité; il n'est pas nécessaire de savoir que le sel ordinaire est du chlorure de sodium, ou que l'eau est composée (l'hydrogène et d'oxygène, pour bien connaître leurs propriétés naturelles, et même leur symbolisme supérieur. Marie avait des choses naturelles la connaissance qui sert à mieux pénétrer les vérités morales et religieuses, ce qui manifeste l'existence de Dieu, de sa Providence universelle s'étendant au moindre détail, ce qui manifeste aussi la spiritualité et l'immortalité de l'âme, notre libre arbitre, notre responsabilité, les principes et les conclusions de la loi morale, les rapports de la nature et de la grâce. Elle voyait admirablement la finalité de la nature, l'ordre de la création, la subordination de toute cause créée à la cause suprême; elle ne confondait pas cette subordination avec ce qui ne serait que coordination de l'action de la créature à celle du Créateur. Elle voyait que tout bien vient de Dieu, jusqu'à la libre détermination de nos actes salutaires et méritoires, et que nul ne serait meilleur qu'un autre, s'il n'était plus aimé par Dieu, ce qui est le fondement mérite de l'humilité et de l'action de grâces. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 5 Juil 2020 - 17:19 | |
| CHAPITRE III
Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Privilèges particuliers de son intelligence La connaissance de Marie sur terre avait des bornes, surtout à l'origine; c'est ainsi qu'elle ne comprit pas d'abord toute la portée des paroles de Jésus enfant touchant les affaires de son Père (Luc,II, 48). Mais, comme on l'a dit souvent, c'étaient là des limites plutôt que des lacunes; ce n'était pas de l'ignorance, car ce n'était pas la privation d'une connaissance qu'il aurait convenu qu'elle possédât à ce moment. La Mère de Dieu, aux différentes époques de sa vie, savait ce qu'il convenait qu'elle sût.
A plus forte raison, ne fut-elle jamais sujette à l'erreur; elle évitait toute précipitation dans le jugement, et suspendait celui-ci tant qu'elle n'avait pas la lumière suffisante; et, si elle n'était pas certaine, elle se contentait de considérer la chose comme vraisemblable ou probable, sans affirmer même intérieurement qu'elle fût vraie. Par exemple, il est dit en saint Luc (II, 44) que lorsque Jésus âgé de douze ans était resté à Jérusalem, elle estimait ou supposait qu'il était dans le cortège des parents et amis. C'était une supposition vraisemblable, vraiment probable, en cela elle ne se trompait pas.
Nous avons vu plus haut qu'elle eut très probablement, selon beaucoup de théologiens, au moins de façon transitoire, dès le sein de sa mère, la science infuse pour avoir l'usage du libre arbitre, le mérite qui faisait fructifier la plénitude initiale de grâce. Si cette science infuse lui fut ainsi très probablement accordée, il est bien difficile de dire qu'elle en fut privée ensuite, car elle serait devenue moins parfaite au lieu de progresser incessamment dans cette voie du mérite.
La même raison de convenance, nous l'avons vu, ibidem, a porté beaucoup de théologiens à affirmer avec saint François de Sales et saint Alphonse qu'elle gardait l'usage de cette science infuse pendant son sommeil pour continuer de mériter.
Parmi les grâces gratuites, on ne saurait non plus refuser à Marie la prophétie, qui est du reste manifestée par le Magnificat, en particulier par ces paroles : « Voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheureuse » (Luc, I, 48). La réalisation de cette prédiction est aussi évidente et constante depuis des siècles que l'énoncé en est précis. Ce ne fut pas sans doute la seule prophétie dans la vie de la Sainte Vierge, puisque ce don est très fréquent chez bien des saints, comme on le voit par la vie du Curé d'Ars et de saint Jean Bosco.
Enfin, comme beaucoup de saints, elle dut avoir le don du discernement des esprits, pour reconnaître l'esprit de Dieu, le distinguer de toute illusion diabolique ou de l'exaltation naturelle, polir pénétrer aussi les secrets des cœurs, surtout lorsqu'on lui demandait conseil, pour répondre toujours de façon juste, opportune et immédiatement applicable, comme le faisait si souvent le saint Curé d'Ars et beaucoup d'autres serviteurs de Dieu. Plusieurs théologiens reconnaissent encore à Marie le don des langues, lorsqu'elle eut à voyager en des pays étrangers, en Egypte et à Ephèse.
A plus forte raison, depuis l'Assomption, Marie a-t-elle la plénitude de ce don, c'est ainsi que, dans les apparitions de Lourdes, de la Salette et d'autres endroits, elle a parlé le dialecte de la région où elle apparaissait, dialecte qui était du reste la seule langue connue des enfants auxquels elle apportait un message du ciel.
On s'est demandé si Marie avait eu sur terre, ne serait-ce que quelques instants, la vision immédiate de l'essence divine, dont jouissent au ciel les bienheureux. Les théologiens enseignent communément contre Chr. Véga et François-Guerra, que certainement elle ne l'a pas eue de façon permanente, en quoi elle diffère de NotreSeigneur, car, si elle l'avait eue ainsi, elle n'aurait pas eu la foi.
A-t-elle eu cette faveur, vers la fin de sa vie, de façon transitoire ? Il est difficile de répondre avec certitude. Elle a dit avoir une vision intellectuelle de la Sainte Trinité supérieure à celle que reçut sainte Thérèse et bien d'autres saints parvenus à l'union dite transformante (VII° demeure de sainte Thérèse); mais cette vision intellectuelle, si élevée soit-elle, reste de l'ordre de la foi, elle est inférieure à la vision immédiate de l'essence divine, et se fait par idée infuse. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 6 Juil 2020 - 16:18 | |
| CHAPITRE III
Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Privilèges particuliers de son intelligence
On sait que, selon saint Augustin et saint Thomas, il est probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, lorsque, dit-il (II Cor., XII, 2), « il fut ravi jusqu'au troisième ciel (dans son corps ou sans son corps, il ne sait) enlevé dans le paradis et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de révéler ».
Saint Augustin et saint Thomas remarquent que le troisième ciel, selon les Hébreux, n'est pas celui de l'air, ni celui des astres, mais le ciel spirituel où Dieu habite et est vu par les anges, le paradis, comme dit saint Paul lui-même dans le texte cité. Aussi ces deux grands docteurs considèrent comme probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, car il était appelé à être le Docteur des Gentils, celui de la grâce, et qu'on ne peut pleinement connaître le prix de la grâce, germe de la gloire, sans avoir joui un instant de celle-ci. Il y a là une sérieuse probabilité qui se recommande de l'autorité des deux plus grands théologiens de l'Eglise, qui reçurent eux-mêmes de très grandes grâces mystiques, et qui pouvaient juger beaucoup mieux que nous de la réponse à faire à une pareille question.
Cette opinion de saint Augustin et de saint Thomas n'est pourtant pas acceptée par Estius, par Corneille de la Pierre. Des exégètes modernes, comme le P. B. Allo, O.P., dans son commentaire de la II° Ep. aux Corinthiens, se contentent de dire que « saint Paul fut alors élevé sur les hauts sommets de la contemplation divine, il dut chanter les chants indicibles des bienheureux autour du trône de Dieu ».
Pour revenir à la Sainte Vierge, il faut remarquer avec le P. Hugon, que, s'il reste probable que saint Paul a reçu un moment ce privilège, il est bien difficile de le refuser à la Mère de Dieu, car sa maternité divine, la plénitude de grâce, et l'absence de toute faute la disposaient plus que personne à la béatitude de l'éternité. Si l'on ne peut affirmer avec certitude qu'elle a eu ici-bas pendant quelques instants la vision béatifique, la chose reste très probable.
Ce simple aperçu suffit pour donner une idée de ce que furent pendant sa vie terrestre les dons intellectuels de la Sainte Vierge.
Les principales vertus de Marie
Nous avons parlé un peu plus haut de sa foi; il convient de dire brièvement ce que furent en elle l'espérance, la charité, les quatre vertus cardinales; puis l'humilité et la douceur. L'espérance par laquelle elle tendait à posséder Dieu qu'elle ne voyait pas encore, était une parfaite confiance, qui s'appuyait, non pas sur elle-même, mais sur la Miséricorde Divine et la toute-puissance auxiliatrice.
Ce fondement lui donnait une certitude très ferme, « certitude de tendance », dit saint Thomas qui fait penser à celle qu'a le navigateur, après avoir pris le bon chemin, de tendre effectivement vers le but de son voyage, et qui augmente dans la mesure où il s'en rapproche. En Marie cette certitude augmentait aussi par les inspirations du don de piété par lesquelles, en suscitant en nous une affection toute filiale pour lui, « le Saint-Esprit rend témoignage à notre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu » (Rom., VII, 16), et que nous pouvons compter sur son secours.
Cette certitude de l'espérance était d'autant plus grande en Marie, qu'elle était confirmée en grâce, préservée de toute faute, et donc de toute déviation, aussi bien du côté de la présomption que de celui de la dépression et du manque de confiance en Dieu.
Cette espérance parfaite, elle l'a exercée lorsque dans sa jeunesse elle avait le désir ardent de la venue du Messie, lorsqu'elle la demandait pour le salut des peuples, ensuite quand elle attendait que le secret de la conception virginale du Sauveur fut manifesté à Joseph son époux; quand elle dut fuir en Egypte; plus tard au Calvaire, lorsque tout paraissait désespéré et qu'elle espéra la parfaite et prochaine victoire du Christ sur la mort, comme lui-même l'avait annoncée. Sa confiance soutint enfin celle des Apôtres au milieu de leurs luttes incessantes pour la diffusion de l'Evangile et la conversion du monde païen. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 7 Juil 2020 - 17:39 | |
| CHAPITRE III
Article VI LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Les principales vertus de Marie
Sa charité, son amour de Dieu pour lui-même et des âmes en Dieu, dépassait dès le début la charité finale de tous les saints réunis, puisqu'elle était au même degré que la plénitude de grâce, et que Marie était toujours plus intimement unie au Père, comme sa fille de prédilection, au Fils comme sa Mère Vierge, étroitement associée à sa mission, au Saint-Esprit par un mariage spirituel qui dépassait de beaucoup celui qu'ont connu les plus grands mystiques. Elle était, à un degré que nous ne pouvons entrevoir, le temple vivant de la Sainte Trinité. Dieu l'aimait déjà plus que toutes les autres créatures ensemble, et elle répondait parfaitement à cet amour, après s'être consacrée pleinement à lui dès le premier instant de sa conception, et en vivant toujours dans la plus complète conformité de volonté à son bon plaisir.
Aucune passion désordonnée, aucune vaine inquiétude, aucune distraction ne venaient ralentir l'élan de son amour pour Dieu, et son zèle pour la régénération des âmes était proportionné à cet élan; elle s'offrait incessamment et offrait son Fils pour notre salut. Cette charité éminente, elle l'a exercée d'une façon continuelle et plus spécialement lorsqu'elle s'est consacrée totalement à Dieu, puis lorsqu'elle fut présentée au temple et fit le vœu de virginité, s'en remettant à la Providence pour le lui faire observer parfaitement; ensuite quand à l'Annonciation elle donna son consentement avec une parfaite conformité à la volonté de Dieu et par amour pour toutes les âmes à sauver, de même en concevant son Fils, en lui donnant le jour; en le présentant au temple, en le retrouvant plus tard au milieu des docteurs, enfin en l'offrant au Calvaire, en participant à toutes ses souffrances pour la gloire de Dieu, en esprit de réparation et pour le salut de tous. Au moment même où elle entendit les cris : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », elle s'unit à la prière du Sauveur pour ses bourreaux : « Père; pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (Luc, XXIII, 34).
Aussi l'Eglise lui applique-t-elle ces paroles de l'Ecclésiastique (XXIV, 24, 17) : « Je suis la Mère du pur amour, de la crainte de Dieu, de la sagesse et de la sainte espérance ».
Les vertus morales infuses sont en tous les justes à un degré proportionné à celui de leur charité : la prudence dans la raison pour assurer la rectitude du jugement pratique selon la loi divine, la justice dans la volonté pour rendre à chacun ce qui lui est du, la force et la tempérance dans la sensibilité pour la discipliner et faire descendre en elle la rectitude de la droite raison éclairée par la foi. A ces quatre vertus cardinales se rattachent les autres vertus morales infuses.
Quant aux vertus acquises, qui sont d'ordre naturel, elles facilitent l'exercice des précédentes, auxquelles elles sont subordonnées, comme chez l'artiste l'agilité des doigts facilite l'exercice de l'art, qui est dans l'intelligence.
La prudence en Marie dirigeait tous ses actes vers la fin dernière surnaturelle, sans aucune déviation; tous ses actes étaient délibérés et méritoires. L'Eglise l'appelle Virgo prudentissima. Elle exerça particulièrement cette vertu éclairée par le don de conseil à l'Annonciation, lorsque « troublée par les paroles de l'ange, elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation (Luc, I, 29), puis quand elle interrogea : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme »; et après avoir été éclairée, lorsqu'elle dit « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. » La justice, elle l'exerça en évitant toute faute contraire à cette vertu, en observant toutes les prescriptions de la loi, même de la purification alors qu'elle n'avait aucun besoin d'être purifiée, et en ordonnant toute sa vie au plus grand bien de l'humanité à régénérer et de son peuple.
Elle a pratiqué de la façon la plus haute la justice à l'égard de Dieu, c'est-à-dire la vertu de religion, unie au don de piété, en se consacrant totalement au service de Dieu dès le premier instant, en faisant le vœu de virginité, en offrant son Fils à la présentation au temple, plus encore en offrant sa mort sur la croix. Elle offrit ainsi avec lui le plus grand acte de la vertu de religion le sacrifice parfait, l'holocauste d'une valeur infinie. Elle a pratiqué de même l'obéissance parfaite à tous les commandements, accompagnée de la plus généreuse promptitude à suivre tous les conseils et inspirations du Saint-Esprit. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 8 Juil 2020 - 16:45 | |
| CHAPITRE III
Article VI LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Les principales vertus de Marie
Cette justice en elle fut toujours unie à la miséricorde, avec son Fils, elle pardonna toutes les injures qui lui étaient faites, et montra la plus grande commisération pour les pécheurs et pour les affligés. Aussi l'Eglise l'appelle-t-elle : Mère de Miséricorde, Notre Dame du perpétuel secours, titre que redisent des milliers de sanctuaires dans les divers pays du monde ; par elle se réalise cette parole du psalmiste : « Misericordia Dei plena est terra. »
La force ou la fermeté de l'âme qui ne se laisse pas abattre par les plus grands dangers, les plus durs travaux et les plus pénibles, afflictions, apparut en Marie à un degré non moins éminent, surtout pendant la Passion du Sauveur, lorsqu'elle resta debout au pied de la croix, sans défaillir, selon le témoignage de saint Jean (XIX, 25).
On sait que Cajetan a écrit un opuscule De spasmo Virginis contre l'opinion d'après laquelle Marie se serait évanouie sur le chemin du Calvaire. Médina, Tolet, Suarez et l'ensemble des théologiens, ont également rejeté cette opinion.
La Sainte Vierge fut soutenue par les inspirations du don de force au point qu'elle a mérité par le martyre du cœur d'être appelée Reine des martyrs, du fait qu'elle a intérieurement participé aux douleurs de son Fils plus profondément et plus généreusement que tous les martyrs dans leurs tourments extérieurs. C'est ce que l'Eglise rappelle en la fête de la Compassion de la Sainte Vierge, et en celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, particulièrement dans le Stabat, où il est dit :
Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ, Passionis fac consortem Faites-moi partager sa passion Et plagas recolere. et vénérer ses saintes plaies.
Fac me plagis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessures Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix Et cruore Filii. et du sang de votre Fils.
C'est le plus haut degré de la force, de la patience et de la magnanimité ou grandeur d'âme dans la plus extrême affliction.
La tempérance sous ses différentes formes, en particulier la virginité parfaite, apparut dans son angélique pureté, qui assurait en tout la prédominance de l'âme sur le corps, celle des facultés supérieures sur la sensibilité, de telle sorte que Marie était de plus en plus spiritualisée; l'image de Dieu resplendissait en elle comme en un très pur miroir sans trace aucune d'imperfection.
L'humilité n'eut jamais en elle à réprimer le moindre premier mouvement d'orgueil ou de vanité, mais elle, la portait à l'acte propre de cette vertu, à reconnaître pratiquement que par elle-même elle n'était rien et ne pouvait rien, sans la grâce, dans l'ordre du salut, aussi s'inclinait-elle devant l'infinie majesté de Dieu et devant ce qu'il y avait de lui en tout être créé. Plus qu'aucune autre créature elle a mis sa grandeur en Dieu, en elle se réalise éminemment cette parole du Missel - Deus humilium celsitudo.
Le jour de l'Annonciation elle dit : « Je suis la servante du Seigneur » et dans le Magnificat elle rend grâces au Très-Haut d'avoir daigné regarder son infime condition. Au jour de la purification, elle se soumet à une loi qui n'a pas été portée pour elle.
Toute sa vie son humilité se manifeste par tout son extérieur, sa parfaite modestie, sa pauvreté volontaire, les travaux manuels très simples qu'elle accomplit, alors qu'elle a reçu les plus grandes grâces qu'aucune autre créature ne recevra jamais.
Sa douceur correspondait à son humilité selon cette parole de la liturgie : Virgo singularis inter omnes mitis ; même à l'égard de ceux qui crucifiaient son Fils elle n'a proféré aucune parole d'indignation, mais avec lui elle leur a pardonné en priant pour eux; c'est la plus grande perfection de la douceur, unie à celle de la force. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Ven 10 Juil 2020 - 18:13 | |
| CHAPITRE III
Article VI LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Les principales vertus de Marie
Cette justice en elle fut toujours unie à la Miséricorde, avec son Fils, elle pardonna toutes les injures qui lui étaient faites, et montra la plus grande commisération pour les pécheurs et pour les affligés. Aussi l'Eglise l'appelle-t-elle : Mère de Miséricorde, Notre Dame du perpétuel secours, titre que redisent des milliers de sanctuaires dans les divers pays du monde ; par elle se réalise cette parole du psalmiste : « Misericordia Dei plena est terra. »
La force ou la fermeté de l'âme qui ne se laisse pas abattre par les plus grands dangers, les plus durs travaux et les plus pénibles, afflictions, apparut en Marie à un degré non moins éminent, surtout pendant la Passion du Sauveur, lorsqu'elle resta debout au pied de la croix, sans défaillir, selon le témoignage de saint Jean (XIX, 25).
On sait que Cajetan a écrit un opuscule De spasmo Virginis contre l'opinion d'après laquelle Marie se serait évanouie sur le chemin du Calvaire. Médina, Tolet, Suarez et l'ensemble des théologiens, ont également rejeté cette opinion.
La Sainte Vierge fut soutenue par les inspirations du don de force au point qu'elle a mérité par le martyre du cœur d'être appelée Reine des martyrs, du fait qu'elle a intérieurement participé aux douleurs de son Fils plus profondément et plus généreusement que tous les martyrs dans leurs tourments extérieurs. C'est ce que l'Eglise rappelle en la fête de la Compassion de la Sainte Vierge, et en celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, particulièrement dans le Stabat, où il est dit :
Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ, Passionis fac consortem Faites-moi partager sa passion Et plagas recolere. et vénérer ses saintes plaies.
Fac me plagis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessures Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix Et cruore Filii. et du sang de votre Fils.
C'est le plus haut degré de la force, de la patience et de la magnanimité ou grandeur d'âme dans la plus extrême affliction.
La tempérance sous ses différentes formes, en particulier la virginité parfaite, apparut dans son angélique pureté, qui assurait en tout la prédominance de l'âme sur le corps, celle des facultés supérieures sur la sensibilité, de telle sorte que Marie était de plus en plus spiritualisée; l'image de Dieu resplendissait en elle comme en un très pur miroir sans trace aucune d'imperfection.
L'humilité n'eut jamais en elle à réprimer le moindre premier mouvement d'orgueil ou de vanité, mais elle, la portait à l'acte propre de cette vertu, à reconnaître pratiquement que par elle-même elle n'était rien et ne pouvait rien, sans la grâce, dans l'ordre du salut, aussi s'inclinait-elle devant l'infinie majesté de Dieu et devant ce qu'il y avait de lui en tout être créé. Plus qu'aucune autre créature elle a mis sa grandeur en Dieu, en elle se réalise éminemment cette parole du Missel - Deus humilium celsitudo.
Le jour de l'Annonciation elle dit : « Je suis la servante du Seigneur » et dans le Magnificat elle rend grâces au Très-Haut d'avoir daigné regarder son infime condition. Au jour de la purification, elle se soumet à une loi qui n'a pas été portée pour elle.
Toute sa vie son humilité se manifeste par tout son extérieur, sa parfaite modestie, sa pauvreté volontaire, les travaux manuels très simples qu'elle accomplit, alors qu'elle a reçu les plus grandes grâces qu'aucune autre créature ne recevra jamais.
Sa douceur correspondait à son humilité selon cette parole de la liturgie : Virgo singularis inter omnes mitis ; même à l'égard de ceux qui crucifiaient son Fils elle n'a proféré aucune parole d'indignation, mais avec lui elle leur a pardonné en priant pour eux; c'est la plus grande perfection de la douceur, unie à celle de la force.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 12 Juil 2020 - 2:40 | |
| CHAPITRE III
Article VI LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE Les principales vertus de Marie
Toutes les vertus, même celles qui sont en apparence opposées, s'unissaient en elle avec une parfaite harmonie, qui fait penser à la simplicité éminente de Dieu où se fondent ensemble les perfections absolues les plus différentes comme l'infinie justice et l'infinie Miséricorde.
Tels sont les dons intellectuels de Marie et ses principales vertus, qui ont fait d'elle le modèle de la vie contemplative, unie au plus grand dévouement à l'égard du Verbe incarné, et à l'apostolat caché le plus profond et le plus universel, puisque personne n'a été associé comme elle à l'œuvre immense de la rédemption, comme nous le verrons plus loin en parlant de sa médiation universelle.
Ce que nous venons de dire des principales vertus de Marie, de ses dons intellectuels et de leur harmonie nous montre plus concrètement ce qu'a été en elle le progrès spirituel, et comment la plénitude de grâce a considérablement augmenté en elle à l'instant de l'Incarnation et dans les principaux mystères qui ont suivi : à la nativité du Sauveur, à la présentation de Jésus au temple, lors (le la fuite en Egypte, pendant la vie cachée de Nazareth, plus encore au Calvaire, à la Pentecôte, et lorsqu'elle assistait et communiait à la messe célébrée par saint Jean.
Il convient de traiter maintenant de la plénitude finale de grâce au moment de sa mort, et à l'instant de son entrée au ciel. Nous pouvons suivre ainsi les phases successives de la vie spirituelle de Marie depuis l'Immaculée Conception jusqu'à sa glorification, tel le cours d'un fleuve qui provient d'une source très haute et qui, en fertilisant tout sur son passage, va se jeter dans l'océan.
CHAPITRE IV
La plénitude finale de grâce en Marie
Pour considérer cette plénitude finale sous ses divers aspects, il faut dire d'abord ce qu'elle fut au moment de la mort de la Sainte Vierge, rappeler ce qu'enseigne le magistère ordinaire de l'Eglise sur l'Assomption et parler enfin de cette plénitude finale de grâce telle qu'elle s'épanouit éternellement au ciel.
Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE haut
Marie fut laissée au monde après Jésus-Christ pour consoler l'Eglise, dit Bossuet[207]. Elle le fit par sa prière, par ses mérites qui ne cessèrent de grandir; elle soutint ainsi les Apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances et elle exerça un apostolat caché profond en fécondant le leur.
Nous avons vu plus haut, en parlant des conséquences du privilège de l'Immaculée Conception, qu'en Marie, comme en Notre-Seigneur, la mort ne fut pas une suite du péché originel dont ils furent préservés.
Elle fut une suite de la nature humaine, car l'homme par sa nature est mortel comme l'animal; il n'était immortel à l'origine que par un privilège préternaturel concédé dans l'état d'innocence; ce privilège étant perdu par suite de la faute du premier homme, la nature apparut telle qu'elle est par elle-même : sujette à la douleur et à la mort.
Le Christ, venant comme Rédempteur, fut conçu in carne passibili, dans une chair passible et mortelle. Il faut en dire autant de la Sainte Vierge.
La mort fut donc en eux une suite, non pas du péché originel, dont ils furent préservés, mais de la nature humaine laissée à ses lois naturelles, après la perte du privilège de l'immortalité.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 13 Juil 2020 - 2:49 | |
| CHAPITRE IV
Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE
Mais Jésus a accepté et offert sa douloureuse passion et sa mort pour notre salut, et Marie, au Calvaire surtouta offert son Fils pour nous, en s'offrant elle-même avec lui. Elle a fait, comme lui, pour nous le sacrifice de sa vie, dans le martyre du cœur le plus généreux après celui de Notre-Seigneur.
Lorsque, plus tard, l'heure de sa mort arriva, le sacrifice de sa vie était déjà fait, et il se renouvela en prenant la forme parfaite de ce que la tradition a appelé la mort d'amour, qui n'est pas seulement la mort en état de grâce ou dans l'amour, mais qui est une suite de l'intensité d'un amour calme et très fort, par lequel l'âme, mûre pour le ciel, quitte son corps et va s'unir à Dieu dans la vision immédiate et éternelle de la patrie, comme un grand fleuve se jette dans l'océan.
Sur les derniers instants de Marie, il faut redire ce qu'a écrit saint Jean Damascène, « qu'elle mourut d'une mort extrêmement paisible ». C'est ce qu'explique admirablement saint François dans son Traité de l'amour de Dieu, l. VII, ch. XIII et XIV : « Que la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu mourut d'amour pour son Fils. » - « Il est impossible d'imaginer, dit-il, qu'elle soit morte d'autre sorte de mort que de celle d'amour : mort la plus noble de toutes, et due, par conséquent, à la plus noble vie...
Si les premiers chrétiens furent dits n'avoir qu'un cœur et une âme (Act. Ap., IV, 32) à cause de leur parfaite mutuelle dilection; si saint Paul ne vivait plus lui-même, mais Jésus-Christ vivait en lui (Gal., II, 20), à raison de l'extrême union de son cœur à celui de son Maitre,... combien est-il plus véritable que la sacrée Vierge et son Fils n'avaient qu'une âme, qu'un cœur et qu'une vie... en sorte que son Fils vivait en elle ! Mère la plus aimante et la plus aimée qui pouvait être..., d'un amour incomparablement plus éminent que celui de tous les ordres des Anges et des hommes, à mesure que les noms de Mère unique et de Fils unique sont aussi des noms au-dessus de tous autres noms en matière d'amour...
« Or, si cette Mère vécut de la vie de son Fils, elle mourut aussi de la mort de son Fils ; car quelle est la vie, telle est la mort... Ayant assemblé en son esprit, par une très vive et continuelle mémoire, tous les plus aimables mystères de la vie et de la mort de son Fils, et recevant toujours à droit fil parmi cela les plus ardentes inspirations que son Fils, soleil de justice, jetât sur les humains au plus fort du midi de sa charité,... enfin le feu sacré de ce divin amour la consuma toute, comme un holocauste de suavité; de sorte qu'elle en mourut, son âme étant toute ravie et transportée entre les bras de la dilection de son Fils... »
Ch. XIV : « Elle mourut d'un amour extrêmement doux et tranquille. » « Le divin amour croissait à chaque moment dans le cœur virginal de notre glorieuse Dame, mais par des croissances douces, paisibles et continues, sans agitation, ni secousse, ni violence quelconque... comme un grand fleuve qui, ne trouvant plus d'obstacle en la plaine, y coule doucement sans effort...
« Comme le fer, s'il était quitte de tout empêchement, serait attiré fortement, mais doucement par l'aimant, en sorte que l'attraction serait toujours plus active et plus forte à mesure que l'un serait plus près de l'autre et que le mouvement serait plus proche de sa fin, ainsi la très sainte Mère n'ayant rien en soi qui empêchât l'opération du divin amour de son-Fils, elle s'unissait avec iceluy d'une union incomparable, par des extases douces, paisibles et sans effort... Si que la mort de cette Vierge fut plus douce qu'on ne peut se l'imaginer, son Fils l'attirait suavement « à l'odeur de ses parfums »...L'amour avait donné près de la croix à cette divine Epouse les suprêmes douleurs de la mort; certes, il était raisonnable qu'enfin la mort lui donnât les souveraines délices de l'amour. »
Bossuet s'exprime de même dans son Ier sermon pour la fête de l'Assomption, Ier point : « Si aimer Jésus, et être aimé de Jésus, ce sont deux choses qui attirent les divines bénédictions sur les âmes, quel abîme de grâces n'avait point, pour ainsi dire, inondé celle de Marie ! Qui pourrait décrire l'impétuosité de cet amour mutuel, à laquelle concourait tout ce que la nature a de tendre, tout ce que la grâce a d'efficace ? Jésus ne se lassait jamais de se voir aimé de sa mère : cette sainte mère ne croyait jamais avoir assez d'amour pour cet unique et ce bien-aimé; elle ne demandait d'autre grâce à son Fils, sinon de l'aimer, et cela même attirait sur elle de nouvelles grâces
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 13 Juil 2020 - 17:24 | |
| CHAPITRE IV
Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE
« Mesurez, si vous pouvez, à son amour la sainte impatience qu'elle avait d'être réunie à son Fils... Si le grand apôtre saint Paul veut rompre incontinent les liens du corps, pour aller chercher son maître à la droite de son Père, quelle devait être l'émotion du sang maternel !
Le jeune Tobie, pour une absence d'un,an, perce le cœur de sa mère d'inconsolables douleurs. Quelle différence entre Jésus et Tobie ! et quels regrets la Vierge ne ressentait-elle pas de se voir si longtemps séparée d'un Fils qu'elle aimait uniquement !
Quoi, disait-elle, quand elle voyait quelque fidèle partir de ce monde, par exemple, saint Etienne, et ainsi des autres, quoi, mon Fils, à quoi me réservez-vous désormais, et pourquoi me laissez-vous ici la dernière ? ... Après m'avoir amenée au pied de votre croix pour vous voir mourir, comment me refusez-vous si longtemps de vous voir régner ? Laissez, laissez seulement agir mon amour ; il aura bientôt désuni mon âme de ce corps mortel, pour me transporter à vous, en qui seul je vis.
« Cet amour étant si ardent, si fort et si enflammé, il n'envoyait pas un désir au ciel, qui ne dût tirer avec soi l'âme de Marie.
« Alors la divine Vierge rendit, sans peine et sans violence, sa sainte et bienheureuse âme entre les mains de son Fils. Comme la plus légère secousse détache de l'arbre un fruit déjà mûr... ainsi fut cueillie cette âme bénie, pour être tout d'un coup transportée au ciel; ainsi mourat la divine Vierge par un élan de l'amour divin. »
Nous voyons en cette très sainte mort la plénitude finale de grâce telle qu'elle peut être sur terre, elle correspond admirablement à la plénitude initiale qui n'a cessé de grandir depuis l'instant de l'Immaculée Conception, et elle dispose à la plénitude consommée du ciel, qui est toujours proportionnée chez les élus au degré de leurs mérites au moment même de leur mort.
Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
Que faut-il entendre par l'Assomption de Marie ? On entend dans l'Eglise universelle par cette expression que la Sainte Vierge, peu après sa mort et sa résurrection glorieuse, fut élevée corps et âme au ciel pour toujours au-dessus des saints et des anges. On dit Assomption et non pas Ascension, comme pour Notre-Seigneur, car Jésus par sa puissance divine a pu s'élever lui-même au ciel, tandis que Marie ressuscitée y a été élevée par la puissance divine jusqu'au degré de gloire où elle-avait été prédestinée.
Ce fait de l'Assomption était-il accessible aux sens, et, s'il y avait des témoins, en particulier les Apôtres, ou au moins l'un d'eux, saint Jean, ont-ils pu de leurs yeux constater ce fait ?
Il y a eu certes dans ce fait quelque chose de sensible, c'est l'élévation du corps de Marie vers le ciel. Mais le terme de cette élévation, c'est-à-dire l'entrée au ciel et l'exaltation de Marie au-dessus de tous les saints et des anges, a été invisible ou inaccessible aux sens. Sans doute, si des témoins ont trouvé vide le tombeau de la Mère de Dieu, et si ensuite ils ont constaté sa résurrection et son élévation vers le ciel, ils ont pu présumer qu'elle était entrée au ciel, et que Notre-Seigneur l'avait associée à la gloire de son Ascension.
Mais une présomption n'est pas une certitude. Absolument parlant, le corps glorieux de Marie aurait pu être transporté en un autre lieu invisible, celui par exemple où avait été momentanément le corps de Jésus ressuscité entre les apparitions qui suivirent sa résurrection.
Si une présomption n'est pas une certitude, comment l'entrée au ciel de la Sainte Vierge a-t-elle été connue d'une façon certaine ?
Pour cela, il faut qu'elle ait été révélée par Dieu lui-même. L'Ascension le fut explicitement, remarque saint Thomas, par l'intermédiaire des anges qui dirent « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrètez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui, du milieu de vous, a été enlevé au ciel, en viendra de la même manière que vous l'avez vu monter. »
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 14 Juil 2020 - 17:38 | |
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Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
De plus, comme le motif de notre foi est l'autorité de Dieu révélateur, l'Assomption n'est définissable comme dogme de foi que si elle a été révélée par Dieu au moins implicitement. Mais il ne suffit pas qu'il y ait eu une révélation privée, faite à une personne privée comme la révélation faite à Jeanne d'Arc ou à Bernadette de Lourdes ou aux petits bergers de la Salette.
Ces révélations privées peuvent par leurs résultats devenir publiques en un sens, mais elles ne font pas partie du dépôt de la Révélation commune, infailliblement proposée par l'Eglise à tous les fidèles, elles fondent seulement une pieuse croyance distincte de la foi catholique.
Il ne suffit pas non plus d'une révélation privée comme celle faite à sainte Marguerite-Marie sur le culte à rendre au Sacré-Cœur, car une révélation de ce genre reste privée, et elle attire seulement l'attention sur les conséquences pratiques d'une vérité de foi déjà certaine, ici sur cette vérité déjà connue que le Sacré-Cœur de Jésus mérite l'adoration ou le culte de latrie.
Pour que l'Assomption de Marie soit certaine et puisse être proposée à l'Eglise universelle, il a fallu une révélation publique faite aux Apôtres ou au moins à l'un d'eux, par exemple à saint Jean; car après la mort du dernier des apôtres, le dépôt de la Révélation commune est clos.
Enfin la résurrection anticipée de Marie et son entrée au ciel, corps et âme, est un fait contingent qui dépend du libre arbitre de Dieu; il ne peut ainsi se déduire avec certitude d'autres vérités de foi qui n'auraient pas de connexion nécessaire avec lui.
Il faut donc pour que l'Assomption de Marie soit certaine et puisse être proposée universellement à la foi des fidèles, qu'elle ait été révélée aux Apôtres, au moins à l'un d'eux, soit de façon explicite, soit de façon implicite ou confuse qui s'est explicitée plus tard. Voyons ce que manifestent à ce sujet les documents de la Tradition, puis les raisons théologiques qui ont été communément alléguées, au moins depuis le VII° siècle.
1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé
Sans doute, on ne peut pas prouver directement ni par l'Ecriture, ni par les documents primitifs de la Tradition, que ce privilège a été révélé explicitement à l'un des Apôtres, car aucun texte de l'Ecriture ne contient cette affirmation explicite, et les documents primitifs de la Tradition sur ce point font défaut.
Mais on prouve indirectement par les documents postérieurs de la Tradition qu'il y a eu une révélation an moins implicite, car il y a certainement, à partir du VII° siècle, des faits qui ne s'expliqueraient pas sans elle.
Dès le VII° siècle au moins l'Eglise presque tout entière, en Orient et en Occident, célébrait la fête de l'Assomption. A Rome, le pape Sergius (687-707) ordonnait une procession solennelle ce jour-là.
Plusieurs théologiens et liturgistes prétendent même qu'elle existait avant saint Grégoire le Grand († 604) et ils citent à l'appui de leur opinion la collecte de la messe de l'Assomption contenue dans le sacramentaire appelé grégorien, mais probablement postérieur, où l'on trouve ces mots : « Nec tamen mortis nexibus deprimi potuit.»
D'après le témoignage de saint Grégoire de Tours, la fête de l'Assomption semble bien se célébrer en Gaule au VI° siècle. On l'y célébrait certainement au VII° siècle, comme le prouvent le Missale gothicum et le Missale gallicanum vetus, qui remontent à la fin de ce siècle et qui contiennent de belles prières pour la messe de l'Assomption.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mer 15 Juil 2020 - 17:03 | |
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Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE
Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE 1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé
En Orient, l'historien Nicéphore Calliste nous apprend que l'empereur Maurice (582-602), contemporain et ami de saint Grégoire le Grand, ordonna, de célébrer solennellement cette fête le 15 août.
La plus ancienne attestation de la croyance traditionnelle en Orient paraît être celle de saint Modeste, patriarche de Jérusalem († 634), dans son Encomium in dorminonem Deiparae. Selon lui, les Apôtres, amenés de loin auprès de la Sainte Vierge par inspiration divine, auraient assisté à l'Assomption. Viennent ensuite les homélies de saint André de Crète († 720), qui fut moine à Jérusalem et archevêque de Crète, In dormitionem Deiparae[218], de saint Germain, patriarche de Constantinople († 733), In sanctam Dei Genitricis dormilionem, et enfin de saint Jean Damascène († 760), In dormitionem beatae Mariae Virginis.
Les témoignages postérieurs au VIII° siècle abondent : sont communément cités ceux de Notker de Saint-Gall, de Fulbert de Chartres, de Pierre Damien, de saint Anselme, d'Hildebert, d'Abélard, de saint Bernard, de Richard de Saint-Victor, de saint Albert le Grand, saint Bonaventure et saint Thomas, témoignages qui sont reproduits par nombre d'auteurs depuis le XIII° siècle.
Entre le VII° et le IX° siècle se développent la liturgie, la théologie, la prédication de l'Assomption. Le pape Léon IV institue l'octave de cette fête vers 847.
Les auteurs de cette époque et les suivants considèrent je fait commémoré par cette fête universelle, non pas comme l'objet d'une pieuse croyance, propre à tel ou tel pays, mais comme partie intégrante de la tradition générale, qui remonte dans l'Eglise aux temps les plus anciens.
Ce ne sont pas seulement du reste les auteurs du VII° au IX° siècle qui parlent ainsi, c'est l'Eglise elle-même : du fait qu'elle célèbre universellement cette fête en Orient et en Occident, généralement le 15 août, elle montre qu'elle considère le privilège de l'Assomption comme une vérité certaine enseignée par le magistère ordinaire, c'est-à-dire par tous les évêques en union avec le Pasteur suprême. La prière universelle de l'Eglise manifeste en effet sa foi : Lex orandi, lex credendi. Ce n'est pas encore une vérité solennellement définie, mais il serait, dit-on communément, au moins téméraire ou erroné de la nier.
Cette croyance générale est à la fois celle des pasteurs qui représentent l'Eglise enseignante et celle des fidèles qui constituent l'Eglise enseignée; la seconde est infaillible en dépendance de la première, et se manifeste elle-même par le sens chrétien des fidèles et par la répugnance qu'ils éprouveraient si l'on venait nier le privilège de l'Assomption ou le mettre en doute.
C'est ce qui se produisit lorsque quelques rares auteurs proposèrent de changer la fête du 15 août. Benoît XIV répondit : Ecclesiam hanc amplexam esse sententiam.
L'Eglise en effet ne se contente pas de tolérer cette doctrine, elle la propose positivement, elle l'inculque par sa liturgie et la prédication tant en Orient qu'en Occident.
L'accord universel de toute l'Eglise célébrant ainsi cette fête solennelle montre que c'est l'enseignement de son magistère ordinaire.
Or celui-ci, pour être fondé, demande que cette vérité soit au moins implicitement révélée. Autrement, nous l'avons vu plus haut, il n'y aurait pas de certitude du fait de l'entrée au ciel de Marie corps et âme.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Ven 17 Juil 2020 - 4:02 | |
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Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE
Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé
Et même il est probable qu'il y a eu une révélation explicite faite aux Apôtres ou à l'un d'entre eux, car il est bien difficile d'expliquer autrement la tradition universelle qui existe manifestement en Orient et en Occident depuis le VII° siècle au moins et qui s'exprime en cette fête,
Si, en effet, il n'y avait eu à l'origine de l'Eglise qu'une révélation implicite ou confuse, comment les différents évêques et théologiens des diverses parties de l'Eglise se seraient-ils accordés, tant en Orient qu'en Occident, pour reconnaître que ce privilège était implicitement révélé ?
Cet accord aurait dû être préparé par des travaux et des conciles dont nul n'a jamais entendu parler. Il n'y a pas trace non plus de révélations privées qui auraient provoqué ces recherches dans le dépôt de la Révélation et des recherches dans toute l'Eglise.
Jusqu'au VI° siècle, on gardait le silence sur ce privilège de Marie, craignant que, par suite du souvenir des déesses du paganisme, il ne fût mal compris. Ce qui fut établi surtout dans la période précédente, c'est le principal titre de Marie, « Mère de Dieu », défini au Concile d'Ephèse, et fondement de tous ses privilèges.
Tout porte donc à penser que le privilège de l'Assomption a été révélé explicitement aux Apôtres ou au moins à l'un d'eux, et transmis ensuite par la Tradition orale de la liturgie, car autrement on ne s'expliquerait pas la fête universelle de l'Assomption, qui montre clairement depuis le VII° siècle que cette vérité est enseignée par le magistère ordinaire de l'Eglise.
2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé
Ces raisons théologiques, ainsi que les textes scripturaires qui les fondent, peuvent être considérées de deux manières : ou abstraitement, et de ce point de vue plusieurs ne sont que des raisons de convenance, non démonstratives, ou concrètement, comme visant des faits concrets, dont la complexité et la richesse est conservée par la Tradition; il faut remarquer aussi qu'une raison de convenance peut elle-même être prise de façon purement théorique, ou au contraire comme étant elle-même au moins implicitement révélée et comme ayant motivé de fait le choix divin.
Nous soulignerons ici surtout deux raisons théologiques qui, à les prendre comme expression de la Tradition, montrent que le privilège de l'Assomption est implicitement révélé.
L'éminente dignité de Mère de Dieu est bien la raison radicale de tous les privilèges de Marie, mais n'est pas la raison prochaine de celui de l'Assomption; aussi il ne paraît y avoir là qu'un argument de convenance non démonstratif.
Il n'en est pas de même des deux raisons suivantes :
1° Marie a reçu la plénitude de grâce et a été exceptionnellement bénie par Dieu entre toutes les femmes (Luc, I, 28, 42). Or cette exceptionnelle bénédiction exclut la malédiction divine qui contient : « tu enfanteras dans la douleur » et « tu retourneras en poussière » (Genèse, III, 16-19).
Donc Marie, par la bénédiction exceptionnelle qu'elle a reçue, doit être préservée de la corruption cadavérique, son corps ne doit pas retourner en poussière, mais il doit ressusciter par une résurrection anticipée.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 18 Juil 2020 - 4:30 | |
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2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé
Ici encore la majeure et la mineure de l'argument sont révélées, et l'argument lui-même est plus explicatif qu'illatif : il y est question d'un tout, la victoire parfaite du Christ sur le démon, qui comprend comme parties celle sur le péché et celle sur la mort.
La majeure est révélée, comme le dit le Postulatum des Pères du Concile du Vatican, en plusieurs passages des Epitres de saint Paul (Rom., V, 8-11; I Cor., XV, 24-26, 54-57; Hébr., II, 14-15; Rom., V, 12-17; VI, 23). Le Christ est « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » (Jean, I, 29). Il a dit : « J'ai vaincu le monde » (XVI, 33).
Peu avant la Passion, il dit encore (Jean, XII, 31) : « C'est maintenant le jugement de ce monde; c'est maintenant que le Prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout les hommes à moi. »
Le sacrifice de la croix, par l'amour, l'acceptation des dernières humiliations et de la mort très douloureuse, est la victoire sur le démon et sur le péché : or la mort est la suite du péché; celui qui est vainqueur du démon et du péché sur la croix doit donc être vainqueur de la mort par sa glorieuse résurrection.
La mineure est aussi révélée : Marie, Mère de Dieu, a été associée aussi intimement que possible au Calvaire à la parfaite victoire du Christ sur le démon. C'est mystérieusement annoncé dans la Genèse (III, 15), dans les paroles divines adressées au démon : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne, et celle-ci te meurtrira à la tête. »
Ce texte ne suffirait pas, mais Marie à l'Annonciation a dit : « Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum » en consentant à être la Mère du Rédempteur, et elle n'a pu être sa digne Mère sans une parfaite conformité de volonté à celle de son Fils, qui devait s'offrir pour nous.
De plus, le vieillard Siméon lui annonce toutes ses souffrances (Luc, III, 35) : « Vous-même, un glaive transpercera votre âme. » Enfin, il est dit en saint Jean, XIX, 25 « Près de la croix de Jésus se tenaient sa Mère et la sœur de sa Mère... » Elle participait à ses souffrances, dans la mesure de son amour pour lui; si bien qu'elle est appelée corédemptrice.
Il y a une relation très intime et profonde entre la compassion et la maternité; car la compassion la plus profonde est celle d'un cœur de mère, et Marie ne serait pas la digne Mère du Rédempteur sans une parfaite conformité de volonté à son oblation rédemptrice.
Si donc Marie a été associée très intimement à la parfaite victoire du Christ sur le démon, elle a été associée aussi aux parties de ce triomphe, c'est-à-dire à sa victoire sur le péché et à celle sur la mort, suite du péché.
On peut objecter : il suffirait qu'elle y fût associée par la résurrection finale, comme les autres élus.
A cela il faut répondre que Marie a été associée plus que personne à la parfaite victoire du Christ sur le démon, et que cette victoire n'est parfaite que par l'exemption de la corruption du tombeau, ce qui demande la résurrection anticipée et l'élévation au ciel.
Il ne suffisait pas de la résurrection finale, pour que Marie, comme son Fils, fût exempte de la corruption cadavérique, c'est pourquoi il est dit d'elle dans l'oraison de la fête de l'Assomption : « Mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quae Filium tuum Dominum nostrum de se genuit incarnatum. »
Elle n'a pu être retenue par les liens de la mort, ce qui ne peut se dire d'aucun autre saint; même lorsque leur corps est par miracle préservé de la corruption, il est toujours retenu par les liens de la mort.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Sam 18 Juil 2020 - 17:36 | |
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2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé
Ces deux grandes raisons théologiques, l'une prise de la plénitude de grâce unie à la bénédiction exceptionnelle, l'autre prise de l'association de Marie à la victoire parfaite du Christ, montrent que l'Assomption est implicitement révélée et définissable comme dogme de foi.
Les autres raisons théologiques qui ont été invoquées confirment les précédentes au moins comme des raisons de convenances. L'amour spécial de Jésus pour sa sainte Mère le portait à vouloir pour elle ce privilège. L'excellence de la virginité de Marie paraît demander que son corps, exempt de tout péché, ne soit pas retenu par les liens de la mort, suite du péché. L'Immaculée Conception le demande aussi, puisque la mort est une suite du péché originel, dont elle fut préservée. Il faut ajouter qu'on ne conserve aucune relique de la Sainte Vierge, ce qui est un signe probable de son élévation au ciel, corps et âme.
L'Assomption, étant ainsi au moins implicitement rêvélée, est définissable comme dogme de foi.
L'opportunité de cette définition, comme le dit Dom Paul Renaudin, est manifeste. Au point de vue de la doctrine, l'Assomption de Marie est avec l'Ascension du Sauveur le couronnement de la foi en l'œuvre de la Rédemption objectivement achevée, et un nouveau gage de l'espérance chrétienne. - Pour les fidèles, une définition solennelle leur permettrait d'adhérer non plus seulement à l'infaillibilité du magistère ordinaire de l'Eglise qui a institué cette fête universelle, mais d'adhérer immédiatement à cette vérité, propter auctoritatem Dei revelantis, à cause de l'autorité de Dieu révélant, contre toutes les erreurs relatives à la vie future, qu'elles viennent du matérialisme, du rationalisme ou du protestantisme libéral, qui minimise en tout notre foi, au lieu de reconnaître que les dons surnaturels de Dieu dépassent toutes nos conceptions.
Enfin cette définition solennelle serait, pour les hérétiques et les schismatiques, plus un secours qu'un obstacle, car elle permettrait de mieux connaître la puissance et la bonté de Marie qui nous aide dans la voie du salut, et les égarés ne peuvent connaître cette puissance et cette bonté que si elles sont affirmées par l'Eglise, car la foi vient de la prédication entendue, fides ex auditu. Le juste doit enfin vivre de plus en plus de sa foi; la définition solennelle et infaillible d'un point de doctrine est un aliment spirituel donné à son âme sous une forme plus parfaite, qui le rapproche de Dieu, en faisant grandir son espérance, sa charité et, par suite, toutes les autres vertus.
On ne saurait donc douter de l'opportunité de cette définition.
Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL
Pour se faire une juste idée de cette plénitude en son épanouissement dernier, il faut considérer ce qu'est en Marie la béatitude éternelle : la vision béatifique, l'amour de Dieu et la joie qui en résultent, puis son élévation au-dessus des chœurs des anges, sa participation à la royauté du Christ et les conséquences qui en dérivent.
La béatitude essentielle de Marie
La béatitude essentielle de la Mère de Dieu dépasse par son intensité et son extension celle concédée à tous les autres bienheureux. C'est là une doctrine certaine. La raison en est que la béatitude céleste ou la gloire essentielle est proportionnée au degré de grâce et de charité qui précède l'entrée au ciel. Or déjà la plénitude initiale de grâce en Marie dépassait certainement la grâce finale des plus grands saints et des anges les plus élevés; il est même très probable, sinon certain, nous l'avons vu, qu'elle dépassait la grâce finale de tous les saints et anges réunis. Cette plénitude initiale lui avait été en effet accordée pour qu'elle fût la digne Mère de Dieu, et la maternité divine est par son terme, on ne saurait trop le redire, d'ordre hypostatique. Il s'ensuit donc que la béatitude essentielle de Marie dépasse celle de tous les saints pris ensemble.
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Dim 19 Juil 2020 - 17:24 | |
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Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL
La béatitude essentielle de Marie
En d'autres termes, comme la vue de l'aigle dépasse celle de tous les hommes qui seraient placés au même point que lui, comme la valeur intellectuelle d'un saint Thomas l'emporte sur celle de tous ses commentateurs réunis, ou l'autorité d'un roi sur celle de tous ses ministres ensemble, la vision béatifique en Marie pénètre plus profondément l'essence de Dieu vu face à face que la vision de tous les autres bienheureux, exception faite de la sainte âme de Jésus.
Bien que les intelligences angéliques soient naturellement plus fortes que l'intelligence humaine de Marie, et même que celle du Christ, l'intelligence humaine de la Sainte Vierge pénètre plus profondément l'essence divine intuitivement connue, car elle est élevée et fortifiée par une lumière de gloire beaucoup plus intense.
L'objet ici étant essentiellement surnaturel, il ne sert de rien, pour le mieux atteindre et pénétrer, d'avoir une faculté intellectuelle naturellement plus forte. De même déjà une humble chrétienne illettrée, comme sainte Geneviève ou sainte Jeanne d'Arc, peut avoir une plus grande foi infuse et une plus grande charité qu'un théologien doué d'une intelligence naturelle supérieure et très instruit.
Il suit de là que Marie au ciel, pénétrant davantage l'essence de Dieu, sa sagesse, son amour, sa puissance, en voit mieux le rayonnement au point de vue de l'extension, dans l'ordre des réalités possibles et dans celui des réalités existantes.
En outre, comme les bienheureux voient en Dieu d'autant plus de choses que leur mission est plus étendue, si par exemple saint Thomas d'Aquin voit mieux que ses meilleurs interprètes ce qui concerne l'influence et l'avenir de sa doctrine dans l'Eglise, Marie, en sa qualité de Mère de Dieu, de médiatrice universelle, de corédemptrice, de reine des anges, de tous les saints et de tout l'univers, voit en Dieu, in Verbo, beaucoup plus de choses que tous les autres bienheureux.
Il n'y a au-dessus d'elle dans la gloire que Notre-Seigneur, qui, par son intelligence humaine, éclairée d'une lumière de gloire plus élevée, pénètre l'essence divine à une profondeur plus grande encore, et connait ainsi certains secrets qui échappent à Marie, car ils n'appartiennent qu'à lui, comme Sauveur, souverain Prêtre et Roi universel. Marié vient aussitôt après lui.
C'est pourquoi la liturgie affirme, en la fête du 15 août, qu'elle a été élevée au-dessus des chœurs des anges : « Elevata est super choros angelorum, ad caelestia regna »; qu'elle est à la droite de son Fils : « Adstitit regina a dextris suis » (Ps. XCIV, 10). Elle constitue même, dans la hiérarchie des bienheureux, un ordre à part, plus élevé au-dessus des séraphins, dit Albert le Grand, que ceux-ci ne le sont au-dessus des chérubins, car la Reine est plus élevée au-dessus des premiers serviteurs que ceux-ci ne le sont à l'égard des autres.
Elle participe plus que personne, comme Mère de Dieu, à la gloire de son Fils. Et comme au ciel la divinité de Jésus est absolument évidente, il est alors extrêmement manifeste que Marie appartient comme Mère du Verbe fait chair à l'ordre hypostatique, qu'elle a une affinité spéciale avec, les Personnes divines, et qu'elle participe aussi plus que quiconque à la royauté universelle de son Fils sur toutes les créatures.
C'est ce que disent bien des oraisons liturgiques : « Ave Regina coelorum,.. Regina coeli... Salve Regina... » ; et dans les litanies : « Regina angelorum... omnium sanctorum... Mater misericordiae, etc. »
C'est aussi ce qu'a affirmé Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus, en un passage déjà cité.
Cette doctrine se trouve explicitement chez saint Germain de Constantinople, saint Modeste, saint Jean Damascène, saint Anselme, saint Bernard, Albert le Grand, saint Bonaventure, saint Thomas. et chez tous les docteurs.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Lun 20 Juil 2020 - 17:22 | |
| CHAPITRE IV
Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL
La béatitude accidentelle de Marie
A sa béatitude accidentelle contribuent enfin une connaissance plus intime de l'humanité glorieuse du Christ, l'exercice de sa médiation universelle, de sa maternelle miséricorde, le culte d'hyperdulie qu'elle reçoit comme Mère de Dieu.
On lui attribue aussi de façon éminente la triple auréole des martyrs, des confesseurs de la foi et des vierges, car elle a plus souffert que les martyrs pendant la Passion de son Fils, elle a d'une façon intime et privée instruit les apôtres eux-mêmes, et elle a conservé dans toute sa perfection la virginité de l'esprit et du corps.
En elle la gloire du corps, qui est le rejaillissement de celle de l'âme, lui est proportionnée en degré, comme clarté, agilité, subtilité et impassibilité.
A tous ces titres, Marie est élevée au-dessus de tous les saints et de tous les anges, et l'on voit de mieux en mieux que la raison, la racine de tous ses privilèges est son éminente dignité de Mère de Dieu.
DEUXIÈME PARTIE
Marie, Mère de tous les hommes.
Sa médiation universelle et notre vie intérieure
Après avoir considéré en la Sainte Vierge son plus grand titre de gloire, celui de Mère de Dieu, et la plénitude de grâce qui lui a été accordée, ainsi que tous ses privilèges, pour qu'elle fût la digne Mère de Dieu, il fàut la considérer par rapport à nous.
De ce point de vue, la Tradition attribue à Marie les titres de Mère du Rédempteur, de Mère de tous les hommes, de médiatrice à l'égard de tous ceux qui sont en voyage vers l'éternité, et de reine universelle à l'égard surtout des bienheureux.
La théologie a montré que ces titres correspondent à ceux du Christ rédempteur. Il a en effet accompli son œuvre rédemptrice comme tête de l'humanité à régénérer, comme médiateur premier qui a le pouvoir de sacrifier et de sanctifier par son sacerdoce, d'enseigner par son magistère, et comme roi universel, qui a le pouvoir de porter des lois pour tous les hommes, de juger les vivants et les morts et de gouverner toutes les créatures, y compris les anges.
Marie, en tant que Mère du Dieu-Rédempteur, lui est associée à ce triple point de vue. Elle est associée au Christ, tête de l'eglise, comme Mère spirituelle de tous les hommes, au Christ premier médiateur comme médiatrice secondaire et subordonnée, au Christ-Roi comme reine de l'univers.
Telle est la triple mission de la Mère de Dieu par rapport à nous que nous devons considérer maintenant.
Nous parlerons donc d'abord de ses titres de Mère du Rédempteur comme tel et de Mère de tous les hommes; puis de sa médiation universelle sur terre d'abord et ensuite au ciel; finalement de sa royauté universelle.
Tous ces titres, mais surtout celui de Mère de Dieu, fondent le culte d'hyperdulie dont nous parlerons en dernier lieu.
En ces questions, comme dans les précédentes, nous ne cherchons pas les vues originales, particulières et captivantes de tel ou tel auteur; mais l'enseignement commun de l'Eglise, transmis par les Pères et expliqué par les théologiens.
C'est seulement sur ce fondement certain qu'on peut bâtir; on ne commence pas une cathédrale par ses tours ou par ses flèches, mais par ses premières assises.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou Mar 21 Juil 2020 - 16:50 | |
| DEUXIÈME PARTIE
Marie, Mère de tous les hommes.
Sa médiation universelle et notre vie intérieure
Lu superficiellement, cet exposé peut dès lors paraître banal ou très élémentaire; mais c'est le cas de rappeler que les vérités philosophiques les plus élémentaires comme les principes de causalité et de finalité, et aussi les vérités religieuses les plus élémentaires, comme celles exprimées par le Pater, apparaissent, lorsqu'on les scrute et lorsqu'on les met en pratique, comme les plus profondes et les plus vitales. Ici comme partout, nous devons aller du plus certain et du plus connu au moins connu, du facile au difficile; autrement, si l'on voulait aborder trop vite les choses difficiles sous une forme dramatique et captivante par ses antinomies, on finirait peut-être, comme il est arrivé ici à bien des protestants, par nier les plus faciles et les plus certaines.
L'histoire de la théologie comme celle de la philosophie montre qu'il en a été souvent ainsi. Il faut remarquer aussi que si, dans les choses humaines, où le vrai et le faux, le bien et le mal sont mêlés, la simplicité reste superficielle et expose à l'erreur, dans les choses divines, au contraire, où il n'y a que du vrai et du bien, la simplicité s'unit parfaitement à la profondeur et à une grande élévation, et même elle seule peut conduire à cette élévation.
CHAPITRE PREMIER
La Mère du Rédempteur et de tous les hommes
Ces deux titres sont évidemment, intimement connexes, le second dérive du premier. .II importe de les considérer l'un après l'autre.
Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE
L'Eglise appelle Marie non seulement Mère de Dieu, mais aussi Mère du Sauveur. Dans les litanies de Lorette, par exemple, après les invocations Sancta Dei Genitrix et Mater Creatoris, on lit Mater Salvatoris, ora pro nobis.
Il n'y a pas là, comme quelques-uns ont pu le penser, nous le verrons mieux plus loin, une dualité qui diminuerait l'unité de la Mariologie dominée par deux principes distincts : « Mère de Dieu » et « Mère du Sauveur, associée à son œuvre rédemptrice ».
L'unité de la Mariologie est maintenue, parce que Marie est « Mère de Dieu Rédempteur ou Sauveur ». De même les deux mystères de l'Incarnation et de la Rédemption ne constituent pas une dualité qui diminuerait l'unité du traité du Christ ou de la christologie, car il s'agit de « l'Incarnation rédemptrice »; le motif de l'Incarnation est suffisamment indiqué dans le Credo où il est dit du Fils de Dieu qu'il est descendu du ciel pour notre salut : « Qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de cœlis » (Symbole de Nicée-Constantinople).
Voyons comment Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement, et ensuite comment, en cette qualité de Mère du Sauveur, elle doit être associée à son œuvre rédemptrice.
Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement
Au jour de l'Annonciation la Sainte Vierge a donné son consentement à l'Incarnation rédemptrice, lorsque l'archange Gabriel (Luc, I, 31) lui dit : « Voici que vous concevrez en votre sein et que vous enfanterez un fils et vous lui donnerez le nom de Jésus », qui veut dire sauveur.
Marie n'ignorait certes pas les prophéties messianiques, notamment celles d'Isaïe, qui annonçaient nettement les souffrances rédemptrices du Sauveur promis. En disant son fiat, le jour de l'Annonciation, elle a généreusement accepté d'avance toutes les douleurs qu'entraîneraient pour son Fils et pour elle l'œuvre de la rédemption.
Source : Livres-mystiques.com
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