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 L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeVen 22 Jan 2021 - 17:13

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE I

L'EXISTENCE DU PURGATOIRE ET LA TRADITION


On distingue à ce sujet dans la Tradition deux périodes.

Pendant les quatre premiers siècles, l'existence du purgatoire est affirmée au moins implicitement par l'universelle pratique des prières et sacrifices offerts pour les défunts. Tertullien dit : « nous faisons des oblations pour les défunts un an après leur mort » ( DE CORONA, C. 4, cf. R. de Journel, Enchir. patr., n. 382.) . Saint Ephrem demande qu'on en fasse le trentième jour après leur décès ( JOURNEL, 741.). Saint Cyrille d'Alexandrie croit que les prières faites pour eux leur obtiennent un secours ; saint Épiphane et saint jean Chrysostome parlent de même ( JOURNEL, 852, 853, 1109, 1206.). Les plus anciennes liturgies montrent que cet usage était commun ( Cf. MARTIONY, Dict. des antiquités chrétiennes, art. Purgatoire, cf. Didascalia Apostolorum 1. VI, C. 22, n. 2 : « Ad Deum preces indesinenter offerte et acceptam Eucharistiam... offerte pro dormientibus » - De même la Liturgie de saint Basile et celle de saint Jean Chrysostome.).

Cela est confirmé par les inscriptions des catacombes qui remontent jusqu'au premier siècle, elles demandent assez souvent que Dieu rafraîchisse l'esprit du défunt, « Spiritum tuum Deus refrigeret ; Ursula accepta sis in Christo», ce qui est une allusion manifeste à la peine dont souffrent les âmes du purgatoire. ( Cf. MIARUCCUI, Eléments d'archéologie chrétienne, t. I, p. 191 : On lit dans les Catacombes des inscriptions comme celles-ci : « Victoria, refrigereris spiritus tuus in bono ; Kalemire, Deus refrigeret spiritum tuum una cum sororis tuae Hilare ; aeterna tibi lux, Timothea, in Christo ».)

Cette pratique universelle, qui se trouve en Orient et en Occident, prouve qu'il y avait une croyance générale à l'existence d'un lieu et d'un état, où les âmes justes, qui ne sont pas encore pleinement purifiées, supportent les peines dues à leurs péchés. L'Église en effet ne prie pas pour les réprouvés et n'offre pas pour eux le sacrifice eucharistique. Ainsi se manifeste au début la foi de l'Église au purgatoire, comme sa foi à l'existence du péché originel s'exprime dans la pratique de baptiser tous les enfants.

De plus, pendant les quatre premiers siècles, il y a des témoignages explicites relatifs aux peines du purgatoire. Tertullien, De monogamia, c. 10 parle d'une femme qui prie pour l'âme de son mari et demande pour lui le refrigerium, le rafraîchissement qui est une atténuation ou cessation de la peine du feu ( JOURNEL, 382.). Saint Ephrem parle « de l'expiation » des péchés après la mort » ( JOURNEL, 741.). Saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, parlent des prières pour les défunts ( JOURNEL, 1061.).

Dans la seconde période, à partir de saint Augustin, il est explicitement parlé du purgatoire et de la peine du feu, que subissent les âmes des justes qui n'avaient suffisamment expié leurs fautes avant la mort. Les Pères, surtout saint Augustin, saint Césaire d'Arles, saint Grégoire le Grand, affirment même quatre vérités qui contiennent toute la doctrine du purgatoire. Après la mort il n'y a plus de possibilité de mérite ni de démérite ( Cf. R. DE JOURNEL, Op. cit., Index theologicus, n° 584) ; le purgatoire existe, où les âmes justes qui ont encore quelque chose à expier subissent des peines temporaires ( Ibid., n° 587) ; ces âmes peuvent être aidées par les suffrages des vivants, surtout par le sacrifice eucharistique ( Ibid., n° 588.) ; le purgatoire finira au jour du jugement dernier ( Ibid., n° 589). Saint Augustin expose cette doctrine dans l'Enchiridion, c. 69, 109, ss., dans le Comm. sur le Ps. 37; saint Césaire d'Arles dans le sermon 104, n. 5 ; saint Grégoire le Grand, Dialogue, 593, 4. 39, cf. JOURNEL, op. cit. 1467. 1544. 2233. 2321. Dans la suite la liturgie pour les défunts se développe notablement

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeSam 23 Jan 2021 - 17:35

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE I

L'EXISTENCE DU PURGATOIRE ET LA TRADITION


Enfin la doctrine de l'Église sur le purgatoire est définie au IIe Concile de Lyon, à celui de Florence, et à celui de Trente (Dent. 464. 693. 840. 983).

On voit en cela comment la foi de l'Église passe d'un concept encore confus du purgatoire à un concept distinct, comme pour le baptême, pour le sacrement de pénitence, pour le sacrifice de la Messe, et pour bien d'autres vérités révélées. Ce qu'il importe ici de remarquer, c'est que les bons chrétiens et surtout les Saints, sans avoir d'un mystère un concept théoriquement distinct comme les théologiens de profession, peuvent en avoir un concept confus, mais profond pourtant et vécu.

Bien des saints sur la terre ne sauraient pas expliquer théologiquement ce par quoi le péché mortel diffère en premier lieu du péché véniel, mais ils ont une contrition beaucoup plus profonde que bien des théologiens ; ils ne sauraient pas dire quelle est formellement l'essence du sacrifice de la Messe, mais ils sont tout pénétrés de sa grandeur et de sa fécondité.

De même ceux qui priaient avec grande ferveur dans les catacombes, en se préparant au martyre, et qui offraient de durs sacrifices, pour obtenir à leurs défunts le rafraîchissement dont parlent les anciennes inscriptions, ceux-là avaient un concept peut-être encore confus, mais profond et vécu du purgatoire, quoiqu'ils n'eussent pu en parler comme les théologiens venus après le Concile de Trente.

Bien des saints, sans avoir pu se consacrer à l'étude, qui donne le concept théoriquement distinct, passent du concept confus au concept vécu du péché, de la peine qui lui est due, du repentir, de la satisfaction complète, du jugement, de l'enfer, du purgatoire et du ciel, et cette science des saints est finalement la plus réaliste et celle qui compte le plus pour l'éternité.

Elle s'exprime par exemple dans ce que dit l'Imitation de Jésus-Christ, 1. III, c. 47 : « Qu'il faut être prêt à souffrir pour la vie éternelle tout ce qu'il y a de plus pénible.

CHAPITRE II - RAISONS DE CONVENANCE DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Il y a d'abord une raison de convenance accessible aux incroyants. L'ordre moral de la justice, lorsqu'il a été violé, demande une réparation. Si donc cette réparation, due en justice, n'a pas été faite avant la mort, elle doit être faite ou subie après cette vie ; mais elle doit être très différente pour celui qui est mort dans l'injustice sans repentir, et pour le juste qui est mort sans avoir payé toute sa dette.

Cet argument diffère des raisons théologiques que nous exposerons ensuite, parce qu'il repose sur les principes de la raison naturelle, qui peuvent être connus sans la révélation.

Il est confirmé par les traditions religieuses de bien des peuples, égyptiens, babyloniens, perses, qui parlent de diverses sanctions après la mort et avant la béatitude céleste. Platon dit aussi dans le Gorgias, 522 ss.: « A peine séparées de leur corps, les âmes arrivent devant le juge qui les examine attentivement... Aperçoit-il une âme défigurée par ses fautes, il l'envoie aussitôt là où elle doit subir les justes châtiments qu'elle a mérités....

Or il y en a qui profitent des peines qu'elles endurent ; ce sont celles dont les fautes sont de nature à être expiées... Cet amendement ne s'opère en elles que par la douleur, car il n'est pas possible d'être délivré autrement de l'injustice. Pour les âmes qui ont commis les plus grands crimes et qui, en raison de cette perversité, sont devenues incurables, elles servent pour l'exemple, mais elles-mêmes sont incapables de guérison. » (Voir aussi PHÉDON, 113 sq.)

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeLun 25 Jan 2021 - 2:29

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE II - RAISONS DE CONVENANCE DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Il y a d'autres raisons de convenance qui valent surtout pour les croyants. La doctrine du purgatoire est en effet pleine de sagesse et de consolation. Elle donne une haute idée de la sainteté et de la majesté de Dieu, rien de souillé ne peut paraître devant lui elle fortifie notre sens de la justice ; elle manifeste le désordre souvent inaperçu des fautes vénielles, si bien que déjà la foi au purgatoire nous purifie sur terre.

De plus cette foi nous montre les relations qui restent entre nos défunts et nous ; elle nous dit comment nous pouvons les aider par nos suffrages, nos prières, nos satisfactions, en gagnant des indulgences, surtout par le sacrifice de la messe. Elle nous fait entrevoir un aspect spécial du mystère de la communion des saints, entre l'Église militante et l'Église souffrante. Il y a là une grande consolation après la séparation de la mort.

La force de ces raisons de convenance apparaîtra davantage par ce que nous allons dire des raisons théologiques certaines de l'existence du purgatoire.

Ces raisons théologiques présentent les mêmes arguments éclairés à la lumière de la Révélation divine. C'est comme un vitrail d'église qu'on peut voir de deux façons : d'abord du dehors et l'on discerne à peine les figures des personnages ; ensuite on le voit du dedans de l'église, sous la lumière convenable, alors on en perçoit les moindres détails et les traits des personnages se discernent parfaitement.

Il en est de même des prophéties de l'Ancien Testament, suivant qu'on les voit seulement du dehors à la lumière de la seule raison, ou dedans à la lumière de la Révélation reçue par la foi infuse.

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Le dogme défini du purgatoire n'a pas seulement son fondement dans l'Écriture et la Tradition, il peut en outre se déduire avec certitude de vérités révélées plus universelles dans lesquelles il est implicitement contenu. C'est ce que montre les raisons théologiques de la nécessité et de l'existence du purgatoire. Il ne faut pas les confondre avec les raisons de convenance dont nous venons de parler et qui peuvent être proposées à des incroyants. Nous parlons maintenant des raisons certaines fondées sur des principes révélés acceptés de la foi.

Saint Thomas expose ces raisons théologiques dans son Commentaire sur les Sentences, 1. IV, dist. 21, q. 1, a. 1, qa 1 ; et ss. Ces pages ont été reproduite intégralement dans un Appendice au Supplément de la Somme théologique : quaestio unica de purgatorio ( Dans certaines éditions de la Somme, cet Appendice est mis dans le Supplément après la qu. 72 et ne comprend que deux articles ; dans de meilleures éditions comme la léonine (Rome 1906) il est mis à la fin du Supplément et comprend 8 articles, il reproduit alors tout ce qui est dit à ce sujet dans le Commentaire sur les Sentences.

Comme les citations de ce commentaire sont très compliquées, nous citons ici l'Appendice complet au supplément. Dans l'article I de cet Appendice, la question posée est celle-ci : « Y a-t-il un purgatoire après la mort ? Saint Thomas donne d'abord deux arguments d'autorité : le texte classique du 1. II des MACCHABÉES, XII, 45, et un texte de saint Grégoire de Nysse, puis il expose cette raison théologique de l'existence du purgatoire.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeLun 25 Jan 2021 - 16:36

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE

Selon la justice divine il faut que celui qui meurt avec la contrition de ses péchés, sans avoir subi encore la peine temporaire qu'ils méritent, la subisse dans l'autre. Or au moment de la mort, malgré la contrition qui efface le péché mortel et remet la peine éternelle, il arrive souvent que la peine temporaire due aux péchés remis reste encore à subir, du moins en partie, et il arrive aussi qu'il reste dans l'âme des péchés véniels. Il faut donc, selon la justice divine, que l'âme de ces défunts subisse une peine temporaire dans l'autre vie. Saint Thomas ajoute : « Ceux qui nient le purgatoire parlent donc contre la justice divine et tombent dans l'hérésie, connue l'a dit saint Grégoire de Nysse ».

Cette raison théologique fondée sur la nécessité de la satisfaction est démonstrative et elle renverse le fondement de la négation protestante du purgatoire ( Dict. théol. cath., art. Purgatoire (A. Michel), col. 1179 ss, 1285. - Cette raison théologique est conservée par Suarez dans son traité De Purgatorio (Opera, Vivès t. XXII, p. 879) ; elle a été trop peu considérée par plusieurs théologiens plus récents.). Elle est indiquée par le Concile de Trente (Denz. 904), lorsqu'il définit « qu'il est absolument faux et contraire à la parole de Dieu de soutenir que le péché n'est jamais remis par Dieu, sans que soit remise en même temps toute la peine due au péché » (cf. ibid. can. 12 et 15. Denz. 922, 925).

Cela n'est vrai, dit le Concile (ibid. 904), que pour les péchés remis par le baptême, mais non pas pour ceux commis avec une plus grande ingratitude après le baptême et remis par la contrition et le sacrement de pénitence. Il reste souvent à subir une peine temporaire due aux péchés remis.

Pour le baptême des adultes, c'est différent, parce que Notre-Seigneur leur accorde comme don de joyeux avènement la remise de toute peine ; c'est pourquoi jadis certains remettaient leur baptême le plus tard possible.

Cette raison théologique est fondée sur ce que dit l'Écriture au sujet de la pénitence ( Cf. Catéchisme du Concile de Trente, I, c. 24, II, Nécessité de la satisfaction.). Déjà dans l'Ancien Testament on voit que même après la rémission du péché, il reste souvent une peine temporaire à subir. Le livre de la SAGESSE X, I, dit que Dieu « tira Adam de son péché », et cependant il dut continuer de cultiver le sol à la sueur de son front (Gen., III, 17). Moïse, en punition d'une faute déjà pardonnée, n'entra pas dans la terre promise (Nombres, XX, II ; Deuter., XXXIV, 4). Quoique David se fut déjà repenti de son adultère et en eût reçu le pardon, il en fût puni par la mort de son fils (II REG., XII, 14). Jésus et les Apôtres prêchent la nécessité de la pénitence et des bonnes oeuvres satisfactoires pour l'expiation des péchés déjà remis. SAINT PAUL, II COR., VI, 5, parle « des travaux, des veilles, des jeûnes » que l'Église a toujours considérés comme « dignes fruits de pénitence » selon la parole du Précurseur, MATTH., III, 8 (cf. Conc. de Trente, Denz. 8o6, 8o7). Il est dit souvent dans l'Écriture que l'aumône libère de la peine due au péché ( TOB. IV, IX ; XII, 9 ; ECCLI. III, 33 ; DAN., IV, 24; LUC, Xl, 41, cf. SAINT THOMAS, Suppl. q. 15, a. 3.).

Les bonnes oeuvres satisfactoires sont en même temps méritoires ; elles supposent donc l'état de grâce ou la rémission des péchés et elles constituent une réparation ( Cf. SAINT THOMAS, Suppl. q. 14, a. 2 : « Sine caritate opera facta non sunt satisfactoria, sec. illud Pauli : « Si distribuero in cibos pauperum, caritatem auteur non habuero, nihil mihi prodest » I COR., XIII, 3.). De même dans l'ordre naturel, il ne suffit pas que celui qui a enlevé la fille du roi, la restitue ; il faut en outre qu'il répare l'injure, en subissant une peine proportionnée.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMar 26 Jan 2021 - 15:51

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Selon la justice divine il faut que celui qui meurt avec la contrition de ses péchés, sans avoir subi encore la peine temporaire qu'ils méritent, la subisse dans l'autre. Or au moment de la mort, malgré la contrition qui efface le péché mortel et remet la peine éternelle, il arrive souvent que la peine temporaire due aux péchés remis reste encore à subir, du moins en partie, et il arrive aussi qu'il reste dans l'âme des péchés véniels. Il faut donc, selon la justice divine, que l'âme de ces défunts subisse une peine temporaire dans l'autre vie. Saint Thomas ajoute : « Ceux qui nient le purgatoire parlent donc contre la justice divine et tombent dans l'hérésie, connue l'a dit saint Grégoire de Nysse ».

Cette raison théologique fondée sur la nécessité de la satisfaction est démonstrative et elle renverse le fondement de la négation protestante du purgatoire ( Dict. théol. cath., art. Purgatoire (A. Michel), col. 1179 ss, 1285. - Cette raison théologique est conservée par Suarez dans son traité De Purgatorio (Opera, Vivès t. XXII, p. 879) ; elle a été trop peu considérée par plusieurs théologiens plus récents.). Elle est indiquée par le Concile de Trente (Denz. 904), lorsqu'il définit « qu'il est absolument faux et contraire à la parole de Dieu de soutenir que le péché n'est jamais remis par Dieu, sans que soit remise en même temps toute la peine due au péché » (cf. ibid. can. 12 et 15. Denz. 922, 925).

Cela n'est vrai, dit le Concile (ibid. 904), que pour les péchés remis par le baptême, mais non pas pour ceux commis avec une plus grande ingratitude après le baptême et remis par la contrition et le sacrement de pénitence. Il reste souvent à subir une peine temporaire due aux péchés remis.

Pour le baptême des adultes, c'est différent, parce que Notre-Seigneur leur accorde comme don de joyeux avènement la remise de toute peine ; c'est pourquoi jadis certains remettaient leur baptême le plus tard possible.

Cette raison théologique est fondée sur ce que dit l'Écriture au sujet de la pénitence ( Cf. Catéchisme du Concile de Trente, I, c. 24, II, Nécessité de la satisfaction.). Déjà dans l'Ancien Testament on voit que même après la rémission du péché, il reste souvent une peine temporaire à subir. Le livre de la SAGESSE X, I, dit que Dieu « tira Adam de son péché », et cependant il dut continuer de cultiver le sol à la sueur de son front (Gen., III, 17). Moïse, en punition d'une faute déjà pardonnée, n'entra pas dans la terre promise (Nombres, XX, II ; Deuter., XXXIV, 4). Quoique David se fut déjà repenti de son adultère et en eût reçu le pardon, il en fût puni par la mort de son fils (II REG., XII, 14). Jésus et les Apôtres prêchent la nécessité de la pénitence et des bonnes oeuvres satisfactoires pour l'expiation des péchés déjà remis. SAINT PAUL, II COR., VI, 5, parle « des travaux, des veilles, des jeûnes » que l'Église a toujours considérés comme « dignes fruits de pénitence » selon la parole du Précurseur, MATTH., III, 8 (cf. Conc. de Trente, Denz. 8o6, 8o7). Il est dit souvent dans l'Écriture que l'aumône libère de la peine due au péché ( TOB. IV, IX ; XII, 9 ; ECCLI. III, 33 ; DAN., IV, 24; LUC, Xl, 41, cf. SAINT THOMAS, Suppl. q. 15, a. 3.).

Les bonnes oeuvres satisfactoires sont en même temps méritoires ; elles supposent donc l'état de grâce ou la rémission des péchés et elles constituent une réparation ( Cf. SAINT THOMAS, Suppl. q. 14, a. 2 : « Sine caritate opera facta non sunt satisfactoria, sec. illud Pauli : « Si distribuero in cibos pauperum, caritatem auteur non habuero, nihil mihi prodest » I COR., XIII, 3.). De même dans l'ordre naturel, il ne suffit pas que celui qui a enlevé la fille du roi, la restitue ; il faut en outre qu'il répare l'injure, en subissant une peine proportionnée.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMer 27 Jan 2021 - 17:14

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Il ne suffit pas en effet de cesser de pécher, ni même de se repentir, il faut que l'ordre de la justice qui a été violé, soit rétabli par l'acceptation volontaire d'une peine compensatrice ( Cf. SAINT THOMAS, Ia., IIae q. 87, a. 6 et Appendice du Supplément, a. 7.). La volonté créée qui s'est insurgée contre l'ordre divin, doit, même après le repentir, subir une peine : pour s'être détournée de Dieu, elle est privée de sa possession pendant un temps et pour lui avoir préféré un bien créé, elle doit subir une peine dite du sens.

Mais, objectent les Protestants, le Christ rédempteur a déjà surabondamment satisfait pour toutes nos fautes. La Tradition a toujours répondu : les mérites satisfactoires du Christ sont suffisants certes pour le rachat de tous les hommes, mais encore faut-il qu'ils nous soient appliqués pour être efficaces en nous ( Cf. BELLARMIN, De Purgatorio, c. XIV.) ; ils nous sont appliqués par le baptême, puis, après rechute, par le sacrement de pénitence, dont la satisfaction fait partie. Comme la cause première ne rend pas inutiles les causes secondes, mais leur donne la dignité de la causalité, les mérites du Christ ne rendent pas les nôtres inutiles, mais les suscitent pour nous faire travailler avec Lui, par Lui et en Lui, au salut des âmes et de la nôtre en particulier. Ainsi saint Paul peut dire, COL. I, 24 : « Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous et ce qui manque aux souffrances du Christ en ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Église ».

Nier la nécessité de la satisfaction en ce monde, et de la satispassion au purgatoire, conduit à la négation de la vie réparatrice, et même à la négation luthérienne de la nécessité des bonnes oeuvres, comme si la foi sans les oeuvres suffisait à la justification et au salut.

Un jour à la suite d'une conférence que je faisais à Genève, un protestant fort instruit et d'une intelligence pénétrante vint me trouver. Je lui dis : Comment Luther a-t-il pu en venir à cette conclusion que la foi seule aux mérites du Christ suffit au salut et qu'il n'est pas nécessaire d'observer les préceptes, pas même les préceptes de l'amour de Dieu et du prochain ? » - Il me répondit : « C'est très simple » - « Comment très simple ? » - « Oui, c'est diabolique » ajouta-t-il. - « Je n'aurais pas osé vous le dire, répondis-je ; mais comment êtes-vous luthérien » ? - « Dans ma famille, me dit-il, nous le sommes de père en fils, mais prochainement j'entrerai dans l'Église catholique ».

Aussi le P. Monsabré ( Conférences de Notre-Dame, ann. 1889, 97° conférence, pp. 30 et 35.) a-t-il pu écrire : « Pour être conséquent avec ses principes touchant la justification, le protestantisme a nié le dogme du purgatoire. L'homme pouvant être sauvé par la seule foi dans les mérites du Christ, et sans qu'il ait à s'inquiéter de ses oeuvres, il est évident qu'il ne peut avoir, après la mort, aucun démêlé avec la justice divine, qui ne doit tenir compte que de son audacieuse et imperturbable confiance dans la vertu rédemptrice de celui dont il exploite les mérites bien qu'il ait violé tous ses commandements. Mais il est évident aussi que la négation qui découle de ces principes, inventés pour des scélérats, est odieuse autant qu'absurde... Elle est inintelligente et barbare, car rien n'est plus conforme à la raison que la doctrine de l'Église sur le purgatoire et rien de plus consolant pour le coeur... Pour le protestantisme il n'y a à la dernière heure que l'effroyable perspective du tout ou rien. Impossible de compter sur le ciel, lorsqu'on voit qu'on a été misérable toute sa vie et qu'on n'a offert à Dieu qu'un repentir tardif, sans avoir réparé tant d'offenses. Alors il ne reste plus que la perspective de la malédiction ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Jan 2021 - 16:31

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


Il ne suffit pas en effet de cesser de pécher, ni même de se repentir, il faut que l'ordre de la justice qui a été violé, soit rétabli par l'acceptation volontaire d'une peine compensatrice ( Cf. SAINT THOMAS, Ia., IIae q. 87, a. 6 et Appendice du Supplément, a. 7.). La volonté créée qui s'est insurgée contre l'ordre divin, doit, même après le repentir, subir une peine : pour s'être détournée de Dieu, elle est privée de sa possession pendant un temps et pour lui avoir préféré un bien créé, elle doit subir une peine dite du sens.

Mais, objectent les Protestants, le Christ rédempteur a déjà surabondamment satisfait pour toutes nos fautes. La Tradition a toujours répondu : les mérites satisfactoires du Christ sont suffisants certes pour le rachat de tous les hommes, mais encore faut-il qu'ils nous soient appliqués pour être efficaces en nous ( Cf. BELLARMIN, De Purgatorio, c. XIV.) ; ils nous sont appliqués par le baptême, puis, après rechute, par le sacrement de pénitence, dont la satisfaction fait partie. Comme la cause première ne rend pas inutiles les causes secondes, mais leur donne la dignité de la causalité, les mérites du Christ ne rendent pas les nôtres inutiles, mais les suscitent pour nous faire travailler avec Lui, par Lui et en Lui, au salut des âmes et de la nôtre en particulier. Ainsi saint Paul peut dire, COL. I, 24 : « Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous et ce qui manque aux souffrances du Christ en ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Église ».

Nier la nécessité de la satisfaction en ce monde, et de la satispassion au purgatoire, conduit à la négation de la vie réparatrice, et même à la négation luthérienne de la nécessité des bonnes oeuvres, comme si la foi sans les oeuvres suffisait à la justification et au salut.

Un jour à la suite d'une conférence que je faisais à Genève, un protestant fort instruit et d'une intelligence pénétrante vint me trouver. Je lui dis : Comment Luther a-t-il pu en venir à cette conclusion que la foi seule aux mérites du Christ suffit au salut et qu'il n'est pas nécessaire d'observer les préceptes, pas même les préceptes de l'amour de Dieu et du prochain ? » - Il me répondit : « C'est très simple » - « Comment très simple ? » - « Oui, c'est diabolique » ajouta-t-il. - « Je n'aurais pas osé vous le dire, répondis-je ; mais comment êtes-vous luthérien » ? - « Dans ma famille, me dit-il, nous le sommes de père en fils, mais prochainement j'entrerai dans l'Église catholique ».

Aussi le P. Monsabré ( Conférences de Notre-Dame, ann. 1889, 97° conférence, pp. 30 et 35.) a-t-il pu écrire : « Pour être conséquent avec ses principes touchant la justification, le protestantisme a nié le dogme du purgatoire. L'homme pouvant être sauvé par la seule foi dans les mérites du Christ, et sans qu'il ait à s'inquiéter de ses oeuvres, il est évident qu'il ne peut avoir, après la mort, aucun démêlé avec la justice divine, qui ne doit tenir compte que de son audacieuse et imperturbable confiance dans la vertu rédemptrice de celui dont il exploite les mérites bien qu'il ait violé tous ses commandements. Mais il est évident aussi que la négation qui découle de ces principes, inventés pour des scélérats, est odieuse autant qu'absurde... Elle est inintelligente et barbare, car rien n'est plus conforme à la raison que la doctrine de l'Église sur le purgatoire et rien de plus consolant pour le coeur... Pour le protestantisme il n'y a à la dernière heure que l'effroyable perspective du tout ou rien. Impossible de compter sur le ciel, lorsqu'on voit qu'on a été misérable toute sa vie et qu'on n'a offert à Dieu qu'un repentir tardif, sans avoir réparé tant d'offenses. Alors il ne reste plus que la perspective de la malédiction ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeVen 29 Jan 2021 - 18:13

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE III

LES RAISONS THÉOLOGIQUES CERTAINES DE L'EXISTENCE DU PURGATOIRE


On peut objecter que ces suites du péché ne restent pas chez ceux qui ont bien reçu l'extrême-onction, car ce sacrement a pour effet d'enlever les restes du péché. Il faut répondre que tous ceux qui meurent en état de grâce ne reçoivent pas l'extrême-onction, plusieurs ne la reçoivent pas dans les conditions voulues, et puis, comme le montre saint Thomas ( Supplément, q. 30, a. 1, ad 2 m.) « l'extrême-onction (ayant pour but de fortifier l'âme pour le combat de l'agonie), diminue la faiblesse de l'âme de telle façon que les habitudes désordonnées, suites des péchés déjà remis, ne puissent pas nous nuire au moment suprême ». Mais ces habitudes restent encore comme de la rouille dans nos facultés, et il faut donc après la mort une purification qui en délivre, car rien de souillé n'entre dans la gloire.

Telles sont les raisons théologiques de la nécessité et de l'existence du purgatoire : il y a souvent une peine temporaire à subir pour les péchés déjà remis ; à cela s'ajoute bien des fois des péchés véniels non encore remis, et les habitudes défectueuses qui sont comme les restes des péchés déjà pardonnés. Ces habitudes défectueuses acquises sur la terre disparaissent par la mort dans leur élément sensitif, mais elles restent comme dispositions désordonnées de la volonté. De ces trois raisons, la principale est la première, et elle est, croyons-nous, démonstrative, de par les principes révélés sur lesquels elle repose. (Lire Imit., I, c. 24 : Du jugement et des peines des pécheurs).

CHAPITRE IV

NATURE DE LA PEINE PRINCIPALE DU PURGATOIRE : LE RETARD DE LA VISION BÉATIFIQUE


Selon la doctrine commune, la peine principale du purgatoire est le retard ou la dilation de la vision béatifique, de l'éternelle béatitude, dont jouissent les saints au ciel. Ce retard a été quelquefois appelé peine du dam temporaire et improprement dite par comparaison avec la peine du dam éternelle qui est celle de l'enfer.

Il y a entre les deux une immense différence au point de vue de leur durée, de la rigueur et des suites tandis que les damnés n'ont plus d'espoir, ont perdu toute charité, blasphèment sans cesse contre Dieu qu'ils haïssent, ont une volonté obstinée dans le mal, ne se repentent jamais de leur péché comme faute et désirent la damnation de tous, les âmes du purgatoire ont une espérance assurée, une charité inamissible, elles adorent Dieu, source de tout bien, elles ont même le culte de la justice divine, elles sont confirmées dans le bien, se repentent profondément de leurs péchés comme faute et offense à Dieu, et elles ont une vraie charité pour tous les enfants de Dieu et ceux encore appelés à le devenir.

Il faut remarquer aussi que le retard de la vision béatifique diffère notablement de celui qui existait dans les limbes avant la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Pour les justes qui avaient personnellement satisfait à la justice divine, comme Abraham, Isaac, Jacob, le saint homme Job, Moïse, les prophètes, ce retard n'était pas une peine proprement dite par rapport à leur personne, mais seulement par rapport à la nature humaine, qui n'était pas encore parfaitement régénérée ; le temps de la délivrance par le Christ rédempteur n'était pas encore arrivé.

Au contraire il est maintenant révolu, aussi le retard de la vision béatifique est vraiment une peine pour les âmes du purgatoire, et, selon la tradition, la principale de leurs peines.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeDim 31 Jan 2021 - 2:56

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE IV

CETTE PEINE EST-ELLE TRÈS DOULOUREUSE, PLUS QUE TOUTE PEINE TEMPORAIRE DE LA VIE PRÉSENTE ?


Saint Thomas ( IV Sent, d. 21, q. 1, a. 3 et Appendice du Supplément, a. 3.) répond affirmativement pour deux raisons : parce que tel paraît être l'enseignement de la tradition, et parce que la raison théologique conduit à cette conclusion.

La tradition s'exprime par saint Augustin qui dit in Ps. XXXVII, 3 au sujet du feu du purgatoire : « Il sera plus pénible que tout ce que l'homme peut souffrir dans la vie présente » « Gravior erit fille ignis, quam quidquid potest homo pati in hac vita ». R. DE JOURNEL, Op. cit., 1467., et encore la peine du feu n'est pas la principale, mais saint Augustin dans ce texte semble parler des deux peines réunies.

Saint Isidore parle de même ( « De illo purgatorio igni hoc animadvertendum est quod omni quem excogitare in praesenti potest homo, tormentorum modo et longior et acrior sit ». De Ordine creatur., c. XIV, n. 12.).

Selon ces témoignages et d'autres semblables, saint Thomas, loc. cit., dit que « la moindre des peines du purgatoire dépasse la plus grande de la vie présente ».

Saint Bonaventure dit : « Dans l'autre vie, en raison de l'état des âmes, la peine purificatrice sera, en son genre, plus grave que la plus forte épreuve de la terre » ( IV Sent., d. XXI, q. IV, et d. XX, a. 2, q. 2.). Il entend : pour le même péché, la plus petite peine du purgatoire sera supérieure à la plus grave punition terrestre correspondante, mais il ne s'ensuit pas que la moindre de toutes les peines du purgatoire dépasse la plus grande des peines terrestres.

Saint Bonaventure diffère ainsi un peu de saint Thomas ; il est suivi par saint R. Bellarmin ( Cf. Dict. de théol. cathol., art. Purgatoire (A. Michel), col. 1240, 1292. ). Selon ce dernier la privation de Dieu est sans doute une grande souffrance, mais « adoucie et soulagée par l'espoir assuré de le posséder ; de cet espoir naît une incroyable joie qui s'accroît à mesure qu'approche la fin de l'exil » ( De Purgatoiio, c. XIV, p. 121.).

Plusieurs théologiens avec Suarez ( Op. cit. Disp. XLVI, sect. 1, n. 2, 5, 6.) ont remarqué à bon droit, (pour expliquer l'assertion de saint Thomas), que les peines du purgatoire, surtout le retard de la vision béatifique, sont d'un autre ordre que les peines terrestres, et en ce sens on peut dire que la plus petite peine du purgatoire est plus dure que la plus grande peine terrestre.

D'autant plus que la joie de l'espérance peut ne pas diminuer la peine d'être privé de Dieu, comme en Jésus crucifié la suprême béatitude et l'amour de Dieu et des âmes, loin de diminuer l'extrême douleur, l'augmentaient ; l'amour de Dieu et des âmes le faisait souffrir du péché. Sainte Catherine de Gênes dit dans son Traité du purgatoire, ch. XIV : « Les âmes du purgatoire ont à la fois une très grande joie et une très grande peine, l'une ne diminuant pas l'autre ».

Sainte Catherine de Gênes dit aussi : « Aucune paix n'est comparable à celle des âmes du purgatoire, excepté celle des saints du ciel... D'autre part, il est également vrai de dire qu'elles endurent des tourments qu'aucune langue ne peut décrire, ni aucune intelligence comprendre, à moins qu'ils ne soient révélés par une grâce spéciale ». Op. cit., ch. II et III. Cette Sainte a eu déjà sur terre une expérience des purifications d'outre-tombe.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeDim 31 Jan 2021 - 16:27

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE IV

CETTE PEINE EST-ELLE TRÈS DOULOUREUSE, PLUS QUE TOUTE PEINE TEMPORAIRE DE LA VIE PRÉSENTE ?


Le témoignage de la tradition affirme donc que les peines des âmes du purgatoire sont très douloureuses, surtout la peine principale, et fort difficiles à comprendre et à exprimer. Une chose nous aide à l'entendre : lorsque nous lisons les sermons des grands saints, nous trouvons qu'ils sont plus sévères que les prédicateurs ordinaires, mais aussi qu'ils ont beaucoup plus l'amour de Dieu et des âmes. Cela permet d'entrevoir la juste sévérité du Très-Haut et son immense amour. Déjà une très bonne mère chrétienne sait être sévère pour apprendre à ses enfants à vaincre leur égoïsme, mais ce qui domine en elle est sa douceur et sa bonté maternelle. Il arrive aujourd'hui que les parents ne savent plus avoir pour leurs enfants, ni la juste sévérité, ni l'amour profond dont ils devraient les entourer. Et si l'on ne fait pas son purgatoire sur la terre, il faudra le faire plus tard. Il ne faut pas trop distinguer la sanctification et le salut, car en négligeant de se sanctifier on pourrait manquer son salut.

La raison théologique donnée par saint Thomas, loc. cit., montre que la peine temporaire de la privation de la vision béatifique est très douloureuse dans une âme juste séparée de son corps.

On souffre en effet d'autant plus de la privation d'un bien, qu'on le désire davantage. Or l'âme juste séparée de son corps a un désir très intense du Souverain Bien. Cela pour deux raisons, l'une indirecte et négative, l'autre positive.

D'abord son désir de Dieu n'est plus retardé par le poids du corps, par les distractions et occupations de la vie terrestre, et il n'est pas interrompu par le sommeil. Cette âme séparée ne trouve plus de biens créés pour se distraire et oublier la douleur de la privation de Dieu.

Mais de plus son désir de Dieu est positivement très intense, parce que l'heure est arrivée où elle devrait jouir de Lui, si elle n'y avait pas mis obstacle, par les fautes qu'il lui faut expier.

Pour le bien entendre, il faut noter que les âmes du purgatoire saisissent beaucoup plus clairement que nous, par les idées infuses qu'elles ont reçu, la valeur sans mesure de la vision immédiate de Dieu, de sa possession inamissible. De plus ces âmes se voient intuitivement elles-mêmes et, sûres désormais de leur salut, elles connaissent avec une absolue certitude qu'elles sont prédestinées à voir Dieu face à face. Elles reçoivent en outre de nouvelles grâces actuelles de lumière, d'amour et de force, pour persévérer.

Or elles voient non moins clairement que le temps serait venu de posséder Dieu, si elles n'y avaient pas mis d'obstacles par leurs fautes qui sont encore à expier. Sans ce retard dans l'expiation, l'instant de la séparation du corps aurait coïncidé avec celui de l'entrée au ciel.

Et donc selon l'ordre radical de sa vie spirituelle, l'âme juste séparée du corps devrait déjà jouir de la vision béatifique. Elle a par suite une véritable faim de Dieu, qu'elle n'éprouvait nullement sur la terre, car l'heure de la béatitude parfaite n'était pas encore venue. Maintenant elle voit qu'elle a manqué par sa faute au rendez-vous de Dieu ; et, parce qu'elle ne l'a pas assez cherché, maintenant il se cache.

Cette souffrance spirituelle se comprend même par certaines analogies. Lorsque nous attendons absolument une personne aimée pour traiter d'une chose grave à une heure déterminée, si cette personne n'arrive pas au moment fixé, l'inquiétude vient et plus le retard augmente, plus l'inquiétude grandit sur ce qui a pu arriver à cette personne attendue.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMar 2 Fév 2021 - 9:04

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE IV

CETTE PEINE EST-ELLE TRÈS DOULOUREUSE, PLUS QUE TOUTE PEINE TEMPORAIRE DE LA VIE PRÉSENTE ?


De même dans l'ordre physique, si notre repas est retardé de cinq à six heures et plus encore, la souffrance de la faim augmente, parce que selon l'ordre radical de la vie de notre organisme, nous avons absolument besoin de nourriture. Si nous n'avions pas mangé depuis trois jours, la souffrance de la faim deviendrait très forte.

Il y a quelque chose de semblable dans le domaine spirituel. Dès que l'âme juste est séparée de son corps selon l'ordre radical de sa vie, elle devrait voir Dieu, s'il n'y avait pas l'obstacle des fautes à expier ; elle éprouve donc une faim insatiable de Dieu.

Elle connaît beaucoup mieux que dans la vie terrestre, que sa volonté à elle est d'une profondeur sans mesure, et que Dieu seul vu face à face peut la combler et irrésistiblement l'attirer.

Elle sent dès lors très vivement le vide immense qui provient en elle de la privation de Dieu et ce vide la rend plus avide du Souverain Bien Cf. SAINT THOMAS, Gentes, 1. IV, C. 91, n, 2 : « Ex hoc enim quod anima separatur a corpore fit capax visionis divinae, ad quam dum esset conjuncta corruptibili corpori pervenire non poterat... Statim igitur post mortem, animae consequuntur paenam vel praemium, si impedimentum non sit »..

Il y a donc dans les âmes du purgatoire un désir très intense de Dieu. Il dépasse de beaucoup « le désir naturel » (conditionnel et inefficace) de voir Dieu qui se trouve dans la vie présente chez beaucoup d'hommes, celui dont parle saint Thomas Ia, q. 12, a. 1.

Le désir dont nous parlons maintenant est un désir surnaturel qui procède de l'espérance infuse et aussi de la charité infuse. C'est un désir efficace qui sera infailliblement satisfait, mais plus tard ; et, en attendant, il n'y a pas de distractions, d'occupations, de sommeil qui fasse oublier.

L'heure est arrivée de voir Dieu, et à cause des fautes à expier, Il se refuse pour un temps plus ou moins long. On s'est recherché, au lieu de le rechercher Lui ; et maintenant on ne Le trouve pas.

Si, comme le disent Aristote et saint Thomas, « la joie s'ajoute à l'acte parfait comme à la jeunesse sa fleur », la plus grande joie suit l'acte de la vision de Dieu, et par opposition l'absence de cette vision, lorsque l'heure est arrivée de la recevoir, cause la plus grande douleur.

Les âmes du purgatoire sentent très vivement leur impuissance et leur pauvreté à la fin de leur vie terrestre des saints ont éprouvé quelque chose de semblable, et comme saint Paul ils ont « désiré mourir, pour être avec le Christ ». PHILL, I, 23.

On l'a dit souvent, il y a dans les âmes du purgatoire comme un flux et un reflux ; elles sont fortement attirées vers Dieu et d'autre part elles sont retenues par les restes des péchés à expier. Elles ne peuvent arriver au but ardemment désiré.

Aussi leur amour de Dieu ne diminue pas leur peine, mais l'augmente, et cet amour n'est plus méritoire, car le temps du mérite est passé. Ces âmes appartiennent vraiment à l'Église souffrante.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMar 2 Fév 2021 - 17:25

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE IV

CETTE PEINE EST-ELLE TRÈS DOULOUREUSE, PLUS QUE TOUTE PEINE TEMPORAIRE DE LA VIE PRÉSENTE ?


Sainte Catherine de Gênes dans son Traité du purgatoire généralement très estimé par les théologiens dit au chapitre VII : « Supposons que dans le monde entier, il n'y eût qu'un seul pain pour apaiser la faim de chaque créature et que sa seule vue pût les satisfaire. L'homme quand il est en bonne santé, a par sa nature l'instinct de la nourriture, et s'il pouvait s'en abstenir sans perdre ses forces et mourir, cette faim deviendrait toujours plus grande et causerait des peines intolérables.

Si donc l'homme était certain de ne jamais voir l'unique pain dont nous avons parlé, son enfer serait comme celui des damnés. Mais les âmes du purgatoire ont l'espoir certain de voir ce pain unique et d'être entièrement rassasiées; c'est pourquoi elles endurent la faim et souffrent toutes les peines, jusqu'au moment où elles entreront en l'éternelle possession de ce Pain de vie, qui est Jésus-Christ, notre amour » Sainte Catherine de Gênes reçut de bonne heure de grandes grâces très consolantes pendant cinq ans, puis elle eut cinq ans de grande aridité, à la suite desquels elle se découragea, et pendant cinq autres années négligea beaucoup ses devoirs religieux. Sa soeur lui dit alors un jour : « c'est demain une grande fête, j'espère que tu vas aller te confesser ».

Elle y alla, et à ce confessionnal elle reçut une très grande grâce de contrition, elle commença alors une héroïque pénitence, jusqu'à ce que le Seigneur lui eut fait comprendre qu'elle avait satisfait à la justice divine. Alors elle dit : « Si maintenant je revenais en arrière, je voudrais que pour me punir, on m'arrachât les yeux, et je trouve que ce ne serait pas assez ».

Cette analogie de la faim est aussi développée par le Père Faber Tout pour Jésus, p. 388 ; - Voir aussi Dict. de théol. cath. art. Dam (T. ORTOLAN) : La peine du dam en purgatoire, col, 17, ss. - MONSABRÉ, Conférences de Notre-Dame. 97° Conf.: Le purgatoire. - Mgr GAY, La Vie et les vertus chrétiennes, c. 17. De l'Église souffrante. .

A ces âmes s'appliquent plusieurs textes de l'Écriture sur la faim et la soif de Dieu « J'enverrai une faim sur la terre, non une faim de pain, mais d'entendre les paroles du Seigneur, et ils iront de côté et d'autre, cherchant la parole divine et ils ne la trouveront pas » AMOS, VIII, 11. - « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice de Dieu » MATTH., V, 6. - « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... et des fleuves d'eau vive couleront de sa poitrine » JEAN, VII, 37. - « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu » Ps. XLI, 3. - « O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aurore ; mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride, desséchée et sans eau ». Ps. LXII, 1.

Enfin si le purgatoire est moins dur ou plus court pour des âmes qui n'ont guère péché que par faiblesse, il doit être bien rigoureux ou bien long pour celles qui ont pendant longtemps gaspillé en partie des confessions et des communions. (lire Imit. III, c. 13, n° 3 : « Fils du néant, qu'as-tu à te plaindre ? Pécheur couvert d'ignominie, qu'as-tu à répondre, quelque reproche qu'on t'adresse, toi qui as tant de fois offensé Dieu, tant de fois mérité l'enfer. Mais ma bonté t'a épargné... afin que tu connusses mon amour... »

EXAMEN DE DEUX DIFFICULTÉS

Mais, dira-t-on, bien des âmes qui sont au purgatoire n'ont péché que véniellement, et une peine si dure n'est pas proportionnée au péché véniel.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMer 3 Fév 2021 - 16:23

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE IV

EXAMEN DE DEUX DIFFICULTÉS


Saint Thomas répond, loc. cit. a. 3, ad 2 m : « la rigueur de cette peine correspond moins à la gravité relative du péché, qu'à la disposition de l'âme qui souffre, car le même péché est puni plus rigoureusement au purgatoire que sur la terre. De même celui qui est d'une complexion plus délicate souffre plus qu'un autre, s'il est battu de verges, et pourtant le juge doit infliger la même peine pour le même délit ».

Pourquoi le même péché est-il plus rigoureusement puni au purgatoire que sur la terre ? Parce que, pour réparer, il n'y a plus les oeuvres à la fois méritoires et satisfactoires, le temps du mérite est passé ; il ne reste plus que la satispassion, le support volontaire de la peine, et de plus l'âme séparée connaît beaucoup mieux qu'auparavant que Dieu est l'unique nécessaire.

Ces âmes ne peuvent plus rien faire pour elles-mêmes, mais seulement souffrir, aussi convient-il que nous, qui pouvons encore mériter et satisfaire, fassions pour elles ce qui nous est possible ; ce ne sera du reste jamais perdu car ces âmes qui ne pèchent plus, ne laissent rien perdre de ce qu'on leur obtient, et nous pouvons beaucoup par la prière.


Une seconde difficulté se présente à l'esprit : si la doctrine qui a été exposée est vraie, au purgatoire les âmes les plus saintes doivent souffrir plus que les autres, car leur désir de voir Dieu est plus intense. On ne voit plus dès lors qu'il y ait une juste proportion entre la peine et les fautes à expier.

A cette difficulté, on doit répondre, pensons-nous, comme le fait Suarez et comme le suggère sainte Catherine de Gênes. « Sous un rapport, les âmes les plus saintes du purgatoire souffrent davantage du retard de la vision béatifique, comme les plus grands saints sur la terre qui « désirent mourir, pour être avec le Christ » selon la parole de saint Paul. C'est la conséquence normale d'un amour intense et c'est une très noble souffrance, plaise à Dieu que nous l'éprouvions.

Mais par ailleurs, pour ces âmes les plus saintes du purgatoire, cette grande douleur est, non pas diminuée, mais compensée par leur plus grand abandon à la Providence et leur plus grand amour de la justice divine. Enfin les âmes les moins parfaites souffrent plus à un autre point de vue, parce qu'elles ont perdu pour l'éternité un plus haut degré de gloire, auquel elles seraient parvenues, si elles avaient été plus généreuses.

La doctrine qui a été exposée permet donc de résoudre ces difficultés. On le comprend d'autant mieux qu'on pense aux souffrances de Jésus et de sa Sainte Mère pendant la Passion ; elles étaient sans doute proportionnées à nos péchés à réparer, mais aussi à l'intensité de leur amour, car on souffre d'autant plus du péché, qu'on aime davantage Dieu, que le péché offense, et les âmes, que le péché ravage et fait mourir.

Nous sommes ici singulièrement loin du ciel tel que le conçoit le naturalisme, tel que le demande la grande Nature panthéiste, où se marient le ciel et l'enfer, « au delà du Bien et du Mal » et où, sans renoncer à rien, on trouverait la béatitude suprême. Ainsi parle l'ésotérisme de la Contre-Eglise, qui commence avec la Gnose et qui continue dans l'occultisme, en travaillant à l'universelle confusion. Goethe dans son Second Faust s'inspire de ce naturalisme, si éloigné de la foi chrétienne..

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeJeu 4 Fév 2021 - 16:53

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE V
LA PEINE DU SENS AU PURGATOIRE SA NATURE


Tandis que, nous l'avons vu, la peine de la privation de Dieu punit l'homme de s'être détourné de lui, la peine du sens le punit de s'être tourné vers la créature sans la référer à Dieu. Ce second désordre existe, sans le premier, dans le péché véniel.

C'est une doctrine certaine dans l'Église, tant pour les Grecs que pour les Latins qu'il y a, au purgatoire, une peine du sens : affliction positive, douleur, chagrin, honte de la conscience ; et la plupart des théologiens admettent même que toutes les âmes du purgatoire ont à subir jusqu'à la fin cette peine du sens Cf. Dict. de théol. cath., art. Purgatoire, c. 1292. .

Mais les Grecs schismatiques tout en admettant l'existence de cette peine du sens, nient l'existence du feu du purgatoire, tandis qu'ils reconnaissent celui de l'enfer. Le Concile de Florence n'a pas condamné cette opinion des Grecs.

Les Latins admettent au contraire que la peine du sens n'est autre que celle du feu du purgatoire. Cf. Denz. 3047, 3050 ( Cf. Ibid., art. Feu du Purgatoire, c. 2258-2261.).

Après les longues discussions et recherches historiques qui ont eu lieu sur ce point il paraît sage de conclure avec saint R. Bellarmin et Suarez, comme le fait l'auteur de l'article Feu du purgatoire du Dict. théol. cath. c. 2260 ( Voir aussi E. HUGON O. P. Tract. dogmatici: De Novissimis, 1927, p. 824.) : « Bien que l'existence du feu du purgatoire soit moins certaine que celle du feu de l'enfer, la doctrine qui admet un feu réel au purgatoire doit être qualifiée sententia probabilissima, et l'opinion contraire est improbable. Cela pour plusieurs raisons : 1° le consentement des théologiens scolastiques, 2° l'autorité de saint Grégoire, Dial., 1. IV, c. 39. 45 ; 3° l'autorité de saint Augustin, Enchir., c. 69, De Civ. Dei, l. XXI, c. 26 ; 4° les témoignages concordants de saint Cyprien, saint Basile, saint Césaire, de la liturgie qui demande le « rafraîchissement » pour ces âmes, 5° l'accord unanime des Pères latins au Concile de Florence, 6° le fondement assez probable dans I. COR., III, 13-15 ( « Le feu passera tout à l'épreuve, montrant ce que vaut le travail de chacun ».) ; 7° enfin les révélations particulières, (par exemple celles de sainte Catherine de Ricci : elle souffrit quarante jours de suite pour délivrer une âme du purgatoire, et une novice lui touchant la main, lui dit : « Mais, ma Mère, vous brûlez ! » - « Oui, ma fille » répondit-elle ; ce feu ne se voyait pas, mais la consumait, comme une fièvre ardente).

Selon les mêmes témoignages ce feu du purgatoire est un feu réel et même corporel comme celui de l'enfer. Ce qu'on en dit fait penser aux vibrations moléculaires aptes à produire une sensation de brûlure.

Comment le feu du purgatoire peut-il faire souffrir des âmes séparées de leur corps et qui n'ont plus que radicalement leurs facultés sensitives ?

A cette question il faut répondre comme nous l'avons fait plus haut, pour le feu de l'enfer ( cf. supra : IIIe Partie, ch. IV.). Ce feu agit sur l'âme, non par sa vertu propre, mais à titre d'instrument de la justice divine, comme l'eau baptismale produit, sous l'influence de Dieu, la grâce dans nos âmes. Si l'on n'a pas assez bien reçu les instruments de la Miséricorde Divine, on devra pâtir de la part des instruments de sa justice.

Ce mode d'action du feu reste mystérieux, il a pour effet, selon Saint Thomas ( Cf. C. Gentes, 1. IV, c. 9o et IIIa, Suppl., q. 70, a. 3), de lier en quelque sorte l'âme, c'est-à-dire de l'empêcher d'agir comme elle voudrait et où elle le voudrait, et il lui inflige l'humiliation de dépendre ainsi d'une créature matérielle. Souffrance qui n'est pas sans analogie avec celle qu'éprouve une personne paralysée qui ne peut faire les mouvements qu'elle voudrait.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeVen 5 Fév 2021 - 17:37

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE V
EST-CE QUE LES PEINES DU PURGATOIRE SONT VOLONTAIRES ?


Saint Thomas ( Appendice du Suppl., a. 4.) répond : oui, en ce sens que l'âme veut les supporter, comme moyen imposé par la justice divine, pour arriver à la fin dernière ; elle le veut d'autant mieux qu'elle connaît la parfaite convenance de cette vive douleur ; l'acceptation volontaire de celle-ci purifie en effet le fond de la volonté de tout égoïsme ou recherche de soi. L'âme n'aurait pas eu le courage de s'imposer une peine si intime et si profonde, mais elle l'accepte volontairement.

Est-ce que ces âmes sont ainsi purifiées par la seule justice divine, ou doivent-elles en outre, souffrir de la part des démons ? Saint Thomas donne une réponse profonde, loc. cit., a. 5 : « Les élus ne souffrent au purgatoire que de la justice divine, ils n'ont pas à souffrir de la part des démons, car ils ont remporté la victoire sur eux ; et Dieu ne se sert pas non plus des bons anges pour cette purification douloureuse ». Elle est infligée par la justice divine qui est toujours unie à la Miséricorde.

Que penser du lieu du purgatoire ? Il ne saurait être déterminé avec certitude, la Révélation n'est pas assez explicite pour cela. Nous ne pouvons faire que des conjectures sur ce point. Ce qui est sûr, c'est que les âmes séparées de leur corps n'ont plus de commerce avec ceux qui vivent sur la terre, bien que de façon exceptionnelle, elles puissent se manifester à nous pour nous instruire et pour demander nos suffrages.

Est-ce que les souffrances du purgatoire diminuent progressivement ? ( Cf. Dicf. théol. cath., art. Purgatoire, col. 1295.) A un point de vue elles diminuent, en tant que les restes du péché disparaissent peu à peu comme une rouille en nos facultés, et en tant que la peine à subir diminue elle aussi.

Mais d'autre part ces souffrances augmentent avec le désir véhément de voir Dieu. La durée du purgatoire, comme nous l'avons dit plus haut ( Cf, supra, II• Partie, ch. VI.) n'est pas notre temps continu, mais elle lui ressemble, pour autant qu'il y a une succession de pensées et de sentiments mesurés par un temps discontinu, où chaque pensée ou sentiment a pour mesure un instant spirituel suivi d'un autre. Cf. saint Thomas, Ia, q. 10, a. 5 et ad 1m. Un instant spirituel du purgatoire peut durer plusieurs jours de notre temps solaire.

COMBIEN DE TEMPS LES AMES QUI SONT AU PURGATOIRE, DOIVENT-ELLES Y RESTER ?

Cf. Dict. theol. cath., ibid. col. 1289.

Le purgatoire lui-même durera jusqu'au jugement dernier, selon plusieurs déclarations de l'Église ( Denz. 464, 693, 3035, 3047, 3050.) fondées sur la Tradition et sur les paroles de l'Écriture relatives au jugement général : « Et ceux-ci s'en iront à l'éternel supplice, et les justes à la vie éternelle » MATT., XXV, 46.

Il n'y aura plus alors de purgatoire, mais les derniers des élus trouveront avant de mourir une purification suffisante, car il est dit, (MATT., XXIV, 24) : « Il s'élèvera alors de faux Christs et de faux prophètes, et ils feront de grands prodiges, et des choses extraordinaires, jusqu'à séduire, s'il se pouvait, les élus eux-mêmes. »

Un peu plus haut, v. 22, il est dit : « Si ces jours n'étaient abrégés, personne n'échapperait, mais à cause des élus, ils seront abrégés ». - La fin du monde arrivera lorsque le nombre des élus sera complet, et lorsque la suite des générations humaines n'aura plus sa raison d'être. Le purgatoire donc aura un terme.

Source : Livres-mystiques.com

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QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE V

COMBIEN DE TEMPS LES AMES QUI SONT AU PURGATOIRE, DOIVENT-ELLES Y RESTER ?


Mais s'il s'agit de sa durée pour telle âme en particulier, il faut dire que la peine sera de plus longue durée ou plus intense, selon l'expiation requise. D'après saint Thomas (IV Sent., d. 21, q, 1, a. 3, qa 3, 1m et Appendice du Suppl., 8. S.) la rigueur de la peine du purgatoire correspond proprement à la gravité de la faute, et sa longueur correspond à ce que la faute est plus enracinée dans le sujet ; aussi il peut arriver que quelqu'un y reste plus longtemps et soit moins affligé qu'un autre qui en sera délivré plus tôt, après y avoir souffert de façon plus intense ».

Cela se conçoit assez facilement et il y a une analogie dans la vie présente : il arrive en effet sur terre que pour une faute grave contre la patrie on doive subir une peine très dure mais brève, comme celle de la flagellation, et que pour une faute préméditée, enracinée dans le sujet, on soit condamné à l'incarcération perpétuelle.

De même dans la vie spirituelle, sur terre, une dure et brève purification est requise pour un péché grave, et une purification plus longue mais moins pénible pour un péché moins grave, mais enraciné dans le sujet depuis longtemps.

Dominique Soto, O. P. ( In IV Sent. d. 19, q. 3, a. 2.) et Maldonat ont enseigné que les souffrances du purgatoire sont si pénibles et les suffrages de l'Église si efficaces, qu'aucune âme, quelle que soit sa dette, n'y doit y séjourner plus de vingt et même dix ans.

La presque unanimité des théologiens rejette cette opinion ; il se peut que des âmes qui se sont converties au dernier moment après toute une vie de graves désordres non expiés, restent au purgatoire pour un temps beaucoup plus long. Les théologiens, en général, se prononcent pour une durée assez longue ( Cf. SAINT R. BELLARMIN, De gemitu colombae, 1. II, c. 9.).

D'après des révélations, le purgatoire dure trois, quatre siècles et plus pour l'expiation de fautes très graves remises au dernier moment avant la mort, surtout si ces âmes ont eu de grandes responsabilités en de très hautes charges.

Il faut du reste redire qu'au purgatoire, il n'y a plus de temps continu, de temps solaire, d'heures, de jours, d'années ; il y a l'éviternité ou l'œvum, qui mesure ce qu'il y a d'immuable en la substance des âmes, d'immuable aussi dans leur connaissance d'elles-mêmes et de Dieu, d'immuable enfin dans leur amour, et il y a le temps discontinu qui mesure la succession de leurs pensées et de leurs sentiments.

Ce temps discontinu, nous l'avons vu, est composé d'instants spirituels successifs, et chacun de ces instants, peut correspondre à dix, vingt, trente, soixante heures de notre temps solaire, comme une personne peut rester trente heures en extase absorbée par une seule pensée.

Il n'y a donc pas de proportion entre notre temps solaire et ce temps discontinu du purgatoire. Mais s'il est révélé à quelqu'un que telle âme est délivrée du purgatoire en tel instant de notre temps, cet instant correspond à l'instant spirituel de sa délivrance.

Source : Livres-mystiques.com

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QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE


Après avoir parlé de la nature des peines du purgatoire, il faut voir comment elles sont supportées, et il convient de traiter par manière de synthèse de l'état même des âmes qui s'y trouvent, pour souligner les notes prédominantes de cet état.

Il faut brièvement rappeler d'abord ce que nous avons dit plus haut du mode de connaître de l'âme séparée et du jugement particulier ( Cf. supra, IIe Partie, ch. IV et VI.).

N'ayant plus leur corps, ces âmes n'ont plus les opérations de la vie sensitive ; de même elles n'ont plus que radicalement les facultés sensitives, par exemple l'imagination, la mémoire sensible. Mais elles conservent les facultés supérieures d'intelligence et de volonté. Elles gardent aussi les connaissances de la science acquise qu'elles avaient, les vertus acquises, les vertus infuses (théologales et morales), les sept dons du Saint-Esprit, mais elles les exercent sans le concours de l'imagination.

Leur mode d'être préternaturel (séparé du corps) s'accompagne normalement d'un mode d'agir préternaturel, par idées infuses, qui leur permettent de connaître le singulier dans l'universel, en particulier les personnes restées sur la terre, qui ont avec elles un rapport spécial.

En outre elles se voient intuitivement elles-mêmes, comme l'ange se voit, et connaissent donc très clairement leur spiritualité, leur immortalité, leur liberté ; elles connaissent aussi avec une absolue certitude, en elles-mêmes, comme en un miroir, Dieu auteur de leur nature et elles souffrent d'autant plus de ne pas le voir immédiatement. Elles se connaissent enfin les unes les autres.

Le jugement particulier a lieu, avons-nous dit, à l'instant même de la séparation du corps, instant qui a été le terme du mérite et du démérite, et cette sentence donnée par une illumination intellectuelle a porté sur toute la vie terrestre en ce qu'elle avait de bien et de mal, elle a donc été définitive. L'état de ces âmes dérive de ces principes et du jugement particulier.

CERTITUDE DU SALUT ET CONFIRMATION EN GRACE

Comme suite immédiate du jugement particulier, les âmes du purgatoire sont assurées de leur salut. Leur espérance n'a plus seulement comme la nôtre une certitude de tendance ( Cf. Saint Thomas IIa, IIae, q. 18, a. 4 : « Spes certitudinaliter tendit in suum finem, quasi participans certitudinem a fide. »), mais la certitude du terme ou d'arriver au terme. Sur terre il faudrait pour cela une révélation spéciale ( Cf. Conc. Trid. Denz. 805 : « Nisi ex speciali revelatione, sciri non potest, quos Deus sibi elegerit » Item n° 826. Attamen « in Dei auxilio firmissimam spem collocare et reponere omnes debent ». Ibid. n° 8o6.). Le jugement particulier contient cette révélation, l'âme est certaine maintenant de sa prédestination. Elle a une espérance non seulement ferme, mais assurée d'arriver au but.

De plus elle connaît par expérience qu'elle n'est ni au ciel, où l'on voit Dieu, ni en enfer, où on le blasphème, mais dans un lieu passager de purification, où, sans le voir, on l'aime par-dessus tout.

En outre ces âmes sont confirmées en grâce. C'est encore une suite du jugement particulier. Les théologiens l'enseignent communément en rappelant que l'Église a condamné cette proposition de Luther (Denz. 779) : « Les âmes du purgatoire pèchent constamment en cherchant à fuir les peines pour trouver le repos ». C'est à cause de cette confirmation en grâce qu'on les appelle « les saintes âmes du purgatoire ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 17:15

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

CERTITUDE DU SALUT ET CONFIRMATION EN GRACE


Comment peuvent-elles être ainsi confirmées en grâce avant d'avoir reçu la vision béatifique qui entraîne l'impeccabilité ? Quand on voit Dieu face à face, on ne peut se détourner de lui, mais avant de le voir comment éviter les moindres fautes ? Suarez l'explique seulement par une protection spéciale de Dieu, qui préserve ces âmes du péché soit mortel, soit véniel, pour que leur entrée au ciel ne soit pas retardée davantage.

Les thomistes, pour expliquer cette confirmation, ajoutent une raison intrinsèque : ces âmes, comme les purs esprits, jugent d'une façon immuable de leur fin ultime, comme nous jugeons des premiers principes, et elles y adhèrent aussi immuablement. Elles sont fixées dans le bien.

C'est ce qu'a enseigné saint Thomas ( Ia, q. 64, a. 2 : « Angelus apprehendit immobiliter per intellectum, sicut et nos immobiliter apprehendimus prima principia... et voluntas angeli adhaeret fixe et immobiliter, scil. postquam libere adhaesit, immobiliter adhaeret ». C'est un reflet de l'immutabilité des décrets libres de Dieu. - De Veritate, q. 24, a. 11 : « Anima separata angelo conformatur quantum ad modum intelligendi et quantum ad indivisibilitatem appetitus » ; « tota vis appetitus tendit in unum ». Ibid. ad 4 m. - C. Gentes, I. IV, c. 95 : « Quando igitur anima exit a corpore separata, non exit in statu ut moveatur ad finem, sed ut in fine adepto semper quiescat ». Sa disposition à l'égard de la fin ultime ne changera plus, et elle jugera toujours de même selon cette disposition ou inclination.).

Cette immuable adhésion à la fin ultime est supérieure à notre temps solaire, elle est mesurée par l'œvum ou l'éviternité, tandis que dans une région moins élevée de l'âme séparée, la succession de ses pensées et de ses sentiments est mesurée par le temps discontinu avec ses instants spirituels successifs (Ia, q. 10, a. 5, ad 1m). Il y a quelque chose de semblable sur terre chez les saints confirmés en grâce, leur inclination vers Dieu est immuable, et un peu au-dessous il y a dans leur âme la succession des pensées et des sentiments subordonnés à Dieu aimé par dessus tout.

Tout cela se déduit assez clairement des principes énoncés plus haut. Il nous reste pourtant quelques difficultés : les âmes du purgatoire maintenant confirmées en grâce, avaient souvent au moment de la mort bien des péchés véniels ; quand ces péchés leur sont-ils remis ? De plus celles qui se sont converties juste à la mort, après une vie de graves désordres, ont quitté leur corps avec des dispositions très défectueuses suites de leurs péchés, ces dispositions sont-elles enlevées aussitôt en entrant au purgatoire, ou seulement d'une manière progressive ? La théologie nous éclaire sur ces deux points.

LA RÉMISSION DES PÉCHÉS VÉNIELS QUI RESTAIENT SE FAIT-ELLE A L'INSTANT DU JUGEMENT PARTICULIER ?

Les justes qui ont été surpris par la mort, par exemple pendant le sommeil, ou pendant qu'ils n'avaient pas un usage suffisant de la raison, n'ont pu faire au dernier moment un acte de contrition méritoire qui leur aurait obtenu la rémission de leurs péchés véniels. Ces péchés leur sont remis par l'acte de charité et de contrition qu'ils font sitôt après la mort à l'instant du jugement particulier. Cet acte n'est plus méritoire, mais c'est un acte de charité et de repentir parfait qui suffit à remettre les fautes vénielles ; cependant il faut subir ensuite la peine due à ces fautes.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMar 9 Fév 2021 - 17:09

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

LA RÉMISSION DES PÉCHÉS VÉNIELS QUI RESTAIENT SE FAIT-ELLE A L'INSTANT DU JUGEMENT PARTICULIER ?


Tel est l'enseignement de saint Thomas ( Cf. IV Sent., d. 21, q. 1, a. 3, qa 1 et sq. - Appendix Supplementi, a. 6 - De Malo, q. 7, a. 11.), il est admis par Suarez ( Op. cit., disp. XI, sect. IV.) et il est commun parmi les théologiens ( Cf. Dict. théol. cath., art. Purgatoire, c. 1294. Hugon, Tractataus dogmatici, de Novissimis, p. 825.).

Il est donc au moins très probable que ces péchés véniels sont remis à l'instant de l'entrée au purgatoire. L'âme en effet connaît alors clairement que par suite de ses fautes, elle ne peut encore voir Dieu, et rien ne l'empêche de faire aussitôt un acte de repentir, elle ne trouve plus d'obstacles du côté du corps et des passions. Il suffirait pour la rémission de ces péchés véniels, d'une contrition générale, mais, en entrant au purgatoire, sous la lumière du jugement particulier, l'âme voit même dans le détail tous ses péchés, et donc elle se repent de chacun d'eux.

C'est un admirable complément du dernier acte de contrition fait sur la terre, quoique ce complément ne soit plus méritoire et à ce titre n'obtienne pas la remise de la peine due à ces péchés, comme aurait pu l'obtenir, au moins en partie, l'acte de contrition avant la mort. Certes il aurait mieux valu faire cet acte de contrition avant de mourir, et faire aussitôt le sacrifice de sa vie en union avec les messes qui se célébraient alors, cet acte eût été méritoire.

Maintenant il ne l'est pas, mais il obtient cependant la remise des péchés véniels que l'âme regrette vivement. On peut donc dire qu'elle est sainte, parce que tous ses péchés même véniels lui sont remis, et elle ne péchera plus. C'est là une très belle doctrine.

COMMENT DISPARAISSENT LES DISPOSITIONS DÉFECTUEUSES, SUITES DES PÉCHÉS SOUVENT GRAVES DÉJA REMIS ?

Selon l'enseignement commun, comme le dit saint Thomas ( IIIa, q. 86, a. 5.) a lorsque le péché mortel est remis par la grâce, l'âme n'est plus détournée de Dieu, mais il peut rester en elle une disposition défectueuse qui la porte vers un bien créé ; cette inclination désordonnée se trouve aussi dans le péché véniel, qui est conciliable avec l'état de grâce.

Ces dispositions défectueuses, appelées par les théologiens « restes du péché, reliquiae peccati » sont sans doute affaiblies, diminuées par la grâce, elles ne prédominent plus dans le juste, mais elles restent cependant comme le foyer de convoitise, fomes peccati, reste chez le baptisé ». On le voit manifestement chez celui qui avait pris l'habitude de s'enivrer et qui a bien reçu l'absolution, il reste en lui une disposition à retomber dans les mêmes fautes ; de même chez celui qui a une antipathie contre quelqu'un et qui s'en repent, il reste souvent une disposition à la médisance.

Ces dispositions défectueuses restent dans les âmes qui, après de nombreux péchés, ont reçu avec une attrition suffisante l'absolution au moment de la mort. Elles sont comme de la rouille dans les facultés et parfois jusque dans le fond de l'intelligence et de la volonté.

Cette rouille ne s'en va généralement qu'à la longue dans la vie présente. Disparaît-elle subitement à l'entrée au purgatoire ?

Quelques théologiens le pensent, parce que, disent-ils, l'acte de charité intense que l'âme fait alors peut enlever immédiatement ces mauvaises dispositions ( Ainsi pensent le P. E. HUGON, op. cit., p. 826, et A. MICHEL, Dict. théol. cath., art. Purgatoire, c. 1298.).

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeMer 10 Fév 2021 - 16:39

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

COMMENT DISPARAISSENT LES DISPOSITIONS DÉFECTUEUSES, SUITES DES PÉCHÉS SOUVENT GRAVES DÉJA REMIS ?


Cependant nous ne trouvons pas cette réponse chez saint Thomas, mais plutôt le contraire. Il dit, en effet, nous l'avons vu ( IV Sent., d. 21, q. 1, a. 3, qa 3, ad 1m.) : « La rigueur de la peine correspond à proprement parler à la gravité de la faute, et la longueur ou durée de la peine à l'enracinement de la faute dans le sujet ; aussi il peut arriver que quelqu'un reste plus longtemps qu'un autre au purgatoire y souffrant moins et inversement ».

Orles restes du péché proviennent surtout de l'enracinement de celui-ci dans le sujet, et la peine ne doit donc les faire disparaître que progressivement. Ainsi une longue affliction bien acceptée produit le même effet qu'une longue pénitence qu'on se serait imposée.

Sainte Catherine de Gênes dit aussi dans son Traité du purgatoire, ch. II : « Aucune paix n'est comparable à celle des âmes du purgatoire, exceptée celle des saints au ciel, et cette paix s'accroît sans cesse par l'influence progressive de Dieu sur ces âmes et à mesure que les empêchements disparaissent. La rouille du péché est l'obstacle... quand cette rouille disparaît l'âme reflète de plus en plus parfaitement le vrai soleil qui est Dieu. Son bonheur augmente à mesure que cette rouille diminue » ( Il est vrai que la Sainte parlant d'expérience, est portée à noter ce progrès qui existait en elle.).

Aussi inclinons-nous à penser que tandis que les péchés véniels sont immédiatement remis à l'entrée au purgatoire, les reliquiae peccati ou dispositions défectueuses ne disparaissent que progressivement. Il semble du moins qu'il en soit ainsi chez la plupart de ces âmes, surtout chez celles qui se sont converties juste avant la mort après une vie de désordre, elles doivent alors rester longtemps au purgatoire ; mais chez les plus élevées, dès le premier instant les restes du péché ont pu disparaître subitement, comme il arriva sur terre, dit saint Thomas ( IIIa, q. 86. a. 5), pour sainte Madeleine à l'instant de sa conversion ou au pied de la croix. Mais il faut entrer plus avant dans la vie des âmes de l'Église souffrante.

LA SATISPASSION VOLONTAIRE ET PURIFICATRICE LA SOUFFRANCE ACCEPTÉE ET OFFERTE PAR AMOUR

Nous sommes ici au cœur du sujet.

Le péché en temps qu'il transgresse la loi divine, mérite une peine ; l'ordre divin violé n'est rétabli, comme l'ordre social, que par une compensation pénale : la volonté créée qui s'est injustement élevée et insurgée contre celle du Créateur, doit subir une répression ; et, si elle l'accepte volontairement, elle rentre elle-même dans l'ordre qu'elle avait violé.

C'est, nous l'avons vu, ce que disait déjà Platon dans le Gorgias et ce qu'explique saint Thomas à propos de la légitimité des peines, Ia, IIae, q. 87, a. 6. Selon ces principes, le Saint Docteur ( Appendice au Suppl.: de purgatorio, a. 4, 7, 8.) montre que l'acceptation volontaire des peines du purgatoire obtient aux âmes qui s'y trouvent la remise de leur dette à la justice divine.

Mais tandis que sur la terre la satisfaction du juste est méritoire, au purgatoire la satispassion ne l'est plus, et donc elle ne mérite plus la diminution ou l'atténuation de la peine, mais elle l'obtient lorsque la dette est acquittée, ou lorsqu'elle est abrégée par les suffrages des vivants.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeJeu 11 Fév 2021 - 16:24

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

LA SATISPASSION VOLONTAIRE ET PURIFICATRICE LA SOUFFRANCE ACCEPTÉE ET OFFERTE PAR AMOUR


Il faut remarquer que cette douloureuse satispassion est non seulement acceptée par la volonté, mais offerte par une ardente charité avec l'adoration de la Justice suprême. C'est ce qu'il y a de plus beau au purgatoire.

Maintenant en effet apparaissent beaucoup plus clairement les imprescriptibles droits de Dieu, auteur de la nature, auteur de la loi naturelle et de la loi de grâce, de Dieu souverain juge.

De même l'âme juste séparée de son corps voit beaucoup mieux la valeur infinie de la Rédemption, du sacrifice de la croix, de celui de la messe, la valeur des sacrements qu'elle a reçus autrefois avec plus ou moins de négligence.

Elle voit aussi beaucoup plus profondément, sans distraction possible, la valeur de la vie éternelle, de la possession de Dieu, dont elle est encore éloignée à cause de ses fautes passées et de la réparation due à l'infinie justice. Celles qui savent qu'une Messe est célébrée d'habitude à l'anniversaire de leur mort, la désirent vivement et l'attendent.

Alors ces âmes avec une ardente charité, offrent à Dieu leur douleur, qui est d'autant plus purificatrice qu'elle est plus intimement offerte. Elles n'auraient jamais eu, sur terre, assez de générosité pour s'imposer pareille souffrance, en esprit de réparation ; mais maintenant elles l'offrent comme un sacrifice expiatoire de tout l'élan de leur amour pour Dieu.

Plus cette souffrance pénètre le fond de la volonté, et plus elle y est acceptée et offerte, plus aussi elle détruit les restes d'amour-propre ou d'égoïsme, la rouille qui empêchait la charité infuse de régner sans conteste en ce fond où elle est enracinée maintenant pour toujours.

Tandis que nous voyons toutes choses un peu sur la même ligne horizontale du temps, tandis que nous ne faisons pas une grande différence entre le bien et le mal, parce que les grands sacripants comme les grands hommes ont des statues sur les places publiques, ces âmes du purgatoire ont une vue, non pas horizontale, mais verticale des choses, depuis l'infinie sainteté de Dieu qu'elles pressentent jusqu'à la pire perversité. Ce sont les grandes certitudes de l'Église souffrante.

Il est clair que cette satispassion volontaire n'est pas seulement une compensation pénale, mais une compensation et réparation offerte par adoration et amour de Dieu. Aussi la charité, la plus haute des vertus, tient comme il le faut, la première place en ces âmes et suscite en elles l'adoration réparatrice de la justice divine ; c'est le culte de l'Église souffrante.

Cette douleur de l'autre vie, est, avons-nous dit, d'un autre ordre que les douleurs terrestres, et elle est acceptée et offerte non seulement dans la paix, mais avec la joie qui vient de la certitude de l'état de grâce et du salut.

Cette joie ne diminue pas la douleur indicible, car l'une et l'autre procèdent de la soif ardente et de la faim véhémente de Dieu, qui attire fortement à Lui.

C'est vraiment le flux et le reflux spirituel, dont celui de la mer est une image affaiblie. D'une part c'est l'attraction de Dieu, fin ultime, et d'autre part l'âme est encore retenue par les vestiges du péché et l'obligation de payer toute sa dette à la justice divine.

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MessageSujet: Re: L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L   L'éternelle vie et la profondeur de l'âme par Fr. Garrigou-L - Page 4 Icon_minitimeSam 13 Fév 2021 - 5:13

QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

LA SATISPASSION VOLONTAIRE ET PURIFICATRICE LA SOUFFRANCE ACCEPTÉE ET OFFERTE PAR AMOUR


Mgr CH. GAY, De la vie et des vertus chrétiennes, ch. XVII, 2e p. De l'Église souffrante, t. II, p. 570 ss. dit : « C'était l'ordre en ce monde, que cette absence de Dieu ; après la mort, c'est un désordre.

Ce n'est plus Dieu qui alors tient la créature à distance : au contraire, c'est l'heure régulière ou il devrait l'attendre ; il la réclame donc, l'attire.... l'âme le sait, quoiqu'elle ne le voie pas ; elle le sent ; tout en elle s'élance ; et c'est une nécessité qu'elle demeure immobile... L'immobilité de ces âmes, c'est avant tout leur impuissance.

Comme le paralytique au bord de la piscine, elles sont hors d'état de s'aider elles-mêmes. Elles ne peuvent ni faire pénitence, ni mériter, ni satisfaire, ni gagner des indulgences. Elles sont privées des sacrements... En un sens, l'âme veut et aime ces chaînes d'état qui la retiennent captive ; mais pour être si sage et si saint, son amour n'en est que plus ardent, et c'est précisément cette ardeur inapaisée qui fait son supplice....

» Combien est petit (sur terre) le nombre de ceux qui sont pratiquement épris de la justice divine !... Au purgatoire les âmes ont une dévotion inexprimable envers la sainteté divine, et c'est ce qui se conçoit de plus fondamental en leur état ».

En ces âmes dès lors l'amour de Dieu au lieu de diminuer la souffrance, l'augmente plutôt, et cet amour brûle les scories qui restent dans le fond de l'intelligence et de la volonté. C'est une admirable purification passive de l'amour, qui fait penser à celle décrite par saint Jean de la Croix dans la Nuit obscure, avec cette différence que maintenant l'acceptation de la souffrance n'est plus méritoire, car le temps du mérite est passé.

Ces âmes sont crucifiées spirituellement dans la flamme de leur amour, de leur ardent désir de Dieu. Elles peuvent dire à leur manière : crucior in hac flamma, je souffre cruellement dans cette flamme ; mais ici le sens de cette parole est pour ainsi dire, contraire à celui des damnés, car au-dessus du feu corporel, il y a ici la vive flamme d'amour qui ne cesse de monter vers Dieu ( Cf. La Vie spirituelle, 1er décembre 1942, P. TH. DEHAU, O. P. : Les deux flammes, p. 434 ss.).

Toutes ces âmes du purgatoire, qui s'aiment mutuellement, ont la paix, le parfait abandon entre les mains du Seigneur. Ainsi elles trouvent une douceur jusque dans leur souffrance offerte par amour.

Dans le De paenitentia, qui a été attribué à saint Augustin, il est dit, c. 13 : « Semper doleat paenitens et de dolore gaudeat ; que le pénitent s'afflige toujours de ses fautes et qu'il se réjouisse de sa douleur ».

Ainsi les âmes du purgatoire se réjouissent d'autant plus que la douleur de leur contrition est plus profonde. En elles se vérifient les paroles du PSAUME LXXXIV, 11 : « la justice et la paix se sont embrassées ».

Cette faim et cette soif de la justice divine sont finalement victorieuses de tout ce qui leur était un obstacle sur la terre. Par cette réparation offerte par amour, l'Église souffrante chante admirablement à sa manière la gloire de Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

PAS D'ANXIÉTÉ, D'HORREUR, NI D'IMPATIENCE AU PURGATOIRE.
PLEINE POSSESSION DE SOI : LIBERTÉ RECONQUISE


D'après tout ce qui précède on s'explique que les théologiens disent communément qu'il n'y a pas d'anxiété pour ces âmes ; elle est exclue par la certitude du salut et l'ardent amour de Dieu.

L'horreur ne saurait non plus se concilier avec l'adoration de la justice divine. L'impatience n'y existe pas davantage, puisque les peines purificatrices sont acceptées avec pleine soumission à la volonté divine, et même avec gratitude comme moyens d'arriver à la béatitude du ciel. Ces âmes ne perdent pas leur temps en considérations vaines, mais au contraire, elles réparent la perte partielle du temps du mérite.

La force de la douleur ne produit pas en elles un trouble involontaire de sensibilité, car la sensibilité n'existe plus en elles que radicalement, en sa racine, et leur tristesse spirituelle est dans leur volonté pleinement soumise.

Saint François de Sales, dans le Traité de l'Amour de Dieu, 1. IX, c. 7, dit à ce sujet : « Les âmes qui sont en purgatoire, y sont sans doute pour leurs péchés, péchés qu'elles ont détestés et détestent souverainement ; mais quant à l'abjection et peine qui leur en reste d'être arrêtées en ce lieu-là et privées pour un temps de la jouissance de l'amour bienheureux du paradis, elles la souffrent amoureusement et prononcent dévotement le cantique de la justice divine : « Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement est équitable » Ps. CXVIII, 137.

Elles voient que la Providence est irréprochable, que jamais aucun péché ne provient du manque de secours divin, ou de l'insuffisance de ce secours.

Sainte Catherine de Gênes dit de même, Traité du purgatoire, ch. 1 : « Elles ne peuvent avoir d'autre choix que celui de demeurer où elles sont, ainsi que Dieu l'a justement ordonné... Elles ne peuvent se dire : « Cette âme sera délivrée avant moi » ou « moi avant elle »... Elles sont si satisfaites des dispositions divines à leur égard, qu'elles aiment tout ce qui plaît à Dieu ».

Il suit de là que l'âme au purgatoire conquiert la pleine liberté personnelle de la possession de soi, comme l'ont noté plusieurs mystiques. Cette liberté et maîtrise de soi était empêchée sur la terre par l'attachement déréglé aux créatures.

Maintenant par la purification l'âme est affranchie et rendue à une liberté personnelle très élevée, où elle se possède vraiment elle-même, dans l'ordre voulu par Dieu, dans la paix qui est la tranquillité de l'ordre. Elle est affranchie des liens personnels défectueux, où elle s'était prise sur terre par un mauvais usage de son libre arbitre.

Cette liberté pleine ainsi conquise n'est pas du tout celle du mal, mais uniquement celle du bien. En cela elle est l'image de la liberté de Dieu, qui est à la fois souverainement libre et absolument impeccable.

On s'explique dès lors que cette liberté supérieure soit conciliable avec l'immutabilité dans le bien, fruit de la confirmation en grâce. De ce point de vue la vie de ces âmes souffrantes est très noble, et très belle, bien qu'elle ne soit pas encore celle du ciel.

Source : Livres-mystiques.com

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QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

Y A-T-IL AU PURGATOIRE, UN ACCROISSEMENT DES VERTUS, SANS NOUVEAU MÉRITE ?


S'il s'agit des vertus acquises, cela ne paraît pas douteux, car elles peuvent augmenter par la répétition de bons actes naturels, sans qu'il y ait mérite surnaturel. Elles naissent et augmentent ainsi sur terre en des hommes en état de péché mortel, qui ne peuvent mériter ; plusieurs acquièrent par la répétition des actes louables, la vertu de justice ou celle de force.

De plus nous avons vu qu'au purgatoire les habitudes défectueuses appelées « reliquiae peccati » disparaissent progressivement ; elles peuvent dès lors être remplacées par des vertus acquises. Cela paraît surtout nécessaire en certaines âmes du purgatoire qui y sont entrées grâce à une absolution validement reçue au moment de la mort, et qui n'avaient auparavant acquis pour ainsi dire aucune vertu, elles ne peuvent en être éternellement privées. Maintenant la répétition des actes de prudence, de justice, de patience, etc. peut engendrer et augmenter en elles ces vertus acquises, qui normalement dans le juste servent à l'exercice des vertus infuses, comme chez l'artiste l'agilité des doigts sert à l'exercice de l'art qui est dans l'intelligence pratique. Il paraît donc certain que ces vertus acquises peuvent grandir, celles du moins qui sont dans les facultés purement spirituelles, comme la prudence et la justice ; mais non pas celles comme la chasteté, qui sont dans la sensibilité, laquelle n'existe plus que radicalement dans l'âme séparée.

S'il s'agit des vertus infuses et des sept dons, y a-t-il accroissement ? Il est difficile de répondre. Il y a de sérieux arguments pour et contre.

Tout d'abord, il semble que non, parce que, avec ces vertus infuses, augmenterait la charité et finalement le degré de gloire au ciel serait proportionné, non pas au degré de charité et de mérite du moment de la mort, mais au degré de charité de la fin du purgatoire. Or cela paraît contraire à ce qui est dit communément : le degré de gloire est proportionné aux mérites qui s'achèvent à l'instant de la mort.

Mais d'autre part les âmes du purgatoire font des actes intenses des vertus infuses de foi, d'espérance, de charité, de religion, et il semble alors que ces vertus infuses augmentent, non pas par répétition des actes, puisqu'elles sont infuses et non acquises, mais parce que Dieu accorde Miséricordieusement cet accroissement sans nouveau mérite. Cette opinion a été défendue par Palmieri (De Novissimis, II, n° 2-3) et avant lui par Lessius (De Summo Bono, l. II, c. 29. Cf. Dict. théol. cath., art. Purgatoire, col. 1298.). Selon ce dernier pour l'augmentation d'une vertu infuse, il n'est pas absolument nécessaire qu'il y ait un nouveau mérite, il suffit d'une bonne disposition ; aussi, pense-t-il, dans un chrétien en état de péché mortel, qui fait de temps à autre des actes assez élevés de foi et d'espérance, il peut y avoir, sans mérite, une augmentation de ces vertus, due à la, Miséricorde Divine.

Mais il reste cette grave difficulté : le degré de gloire sera alors proportionné, non pas au degré des mérites et de la charité du moment de la mort, mais au degré de charité de la fin du purgatoire. Ce qui ne paraît pas conforme à l'enseignement traditionnel. Saint Thomas dit : « Post mortem non est locus acquirendi gratiam vel augendi » (Suppl. q. 71, a. 12, ex Quodl. II, q. 7, a. 2, VIII, q. 5. a. 2.).

Il y a cependant, selon plusieurs thomistes, une augmentation de charité possible au purgatoire, celle qui correspondrait à des actes méritoires imparfaits, « remissi », qui n'auraient pas obtenu sur terre l'augmentation de charité à laquelle ils donnent droit.

Source : Livres-mystiques.com

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QUATRIÈME PARTIE

CHAPITRE VI - L'ÉTAT DES AMES DU PURGATOIRE

Y A-T-IL AU PURGATOIRE, UN ACCROISSEMENT DES VERTUS, SANS NOUVEAU MÉRITE ?


Selon saint Thomas en effet (IIa, IIae, q. 24, a. 6, ad 1m) sur terre « tout acte de charité mérite une augmentation de cette vertu, mais il ne l'obtient pas toujours aussitôt ; cette augmentation n'est obtenue que lorsqu'on fait un acte de charité assez intense qui dispose à la recevoir » - Par exemple, celui qui ayant une charité de cinq talents, agit comme s'il n'en avait que deux, n'obtient pas aussitôt l'augmentation de cette vertu jusqu'à six talents; il ne l'obtiendra que lorsqu'il se disposera par un acte plus intense, à la recevoir.

Aussi plusieurs thomistes (JEAN DE SAINT THOMAS, GONET, BILLUART. Cf. BILLUART, De caritate, diss. II, a. 3, Dico 4°) soutiennent qu'assez souvent les actes méritoires faibles ou imparfaits, rémittents, remissi, ne reçoivent pas sur terre l'augmentation de charité à laquelle ils donnent droit, car il n'y a pas eu d'acte assez intense pour s'y disposer avant la mort. Alors cette augmentation pourrait n'être accordée qu'au purgatoire, lorsque l'âme fait des actes d'amour de Dieu très intenses, lesquels ne sont plus méritoires. Il y a là une sérieuse probabilité ; mais on ne peut dire plus.

Et dans ce cas il resterait vrai de dire que le degré de gloire est proportionné au degré des mérites de la vie terrestre, (y compris les mérites faibles, remissi) ; mais il ne serait pas proportionné au degré de la charité du moment de la mort il correspondrait au degré de charité de la fin du purgatoire.

Quant aux âmes qui y sont entrées par la grâce d'une absolution tardive, qui n'a été précédée d'aucun mérite même faible, alors le degré de gloire est proportionné à leur degré de charité au moment de la mort. Il est difficile en ces mystérieuses questions de dire rien de plus.

Il faut maintenir que le degré de gloire est proportionné à celui des mérites de la vie terrestre (Cf. Concile de Florence (Denz. 692) : « (Animas justas post purgationem) intueri clare ipsum Deum trinum et unam sicuti est, pro meritorum tamen diversitate alium alio perfectius ».). D'où l'importance de cette vie, celle où l'on apprend à aimer Dieu. La vie éternelle correspondra à ce que la vie présente aura valu. On ne saurait trop y insister.

DE LA DISPOSITION QUASI ULTIME A L'ENTRÉE AU CIEL

Il ne s'agit pas ici de la disposition proprement ultime, car celle-ci n'est réalisée qu'à l'instant même de l'entrée dans la gloire, comme la toute dernière disposition à la création de l'âme humaine n'est produite qu'à l'instant même de cette création et comme la toute dernière disposition à la justification n'existe qu'à l'instant de l'infusion de la grâce sanctifiante et de la charité Cf. SAINT THOMAS, Ia, IIae, q. 112, a. 2, ad 1m, q. 113, a. 6, 7, 8, ad 2m, IIIa q. 7, n. 13, ad 2. et BILLUART, de Gratia, diss., VII, a. 4, Paragr. IV.

La raison en est que la disposition proprement ultime à une perfection, ne précède celle-ci que dans l'ordre de causalité matérielle ou dispositive, mais la suit dans l'ordre de causalité formelle, efficiente et finale.

Ainsi un penseur ne trouve l'image appropriée à l'expression d'une idée neuve, qu'après avoir conçu celle-ci. De même donc la disposition proprement ultime à recevoir la lumière de gloire et la vision béatifique n'est réalisée qu'à l'instant de la glorification de l'âme et cet instant est l'unique instant de l'éternité participée, il ne passera plus.

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