Compléter les souffrances du Christ?

Dans l'une des épîtres de St-Paul, celui-ci affirme qu'il complète les souffrances du Christ dans sa chair. Alors, il me semble qu'il ne manque rien au souffrance du Christ. Comment St-Paul peut-t-il faire une telle affirmation...je ne comprends pas?

Merci

Bonjour ! Tu as les références exactes de ce verset? Ca serait bien d'examiner le contexte...

Colossiens, chapitre 1 :

Col 1:1- Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Timothée,
Col 1:2- aux saints de Colosses, frères fidèles dans le Christ. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père !
Col 1:3- Nous ne cessons de rendre grâces au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, en pensant à vous dans nos prières,
Col 1:4- depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus et la charité que vous avez à l'égard de tous les saints,
Col 1:5- en raison de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l'annonce dans la Parole de vérité, l'Évangile,
Col 1:6- qui est parvenu chez vous de même que dans le monde entier il fructifie et se développe ; chez vous il fait de même depuis le jour où vous avez appris et compris dans sa vérité la grâce de Dieu.
Col 1:7- C'est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous en a instruits ; il nous supplée fidèlement comme ministre du Christ,
Col 1:8- et c'est lui-même qui nous a fait connaître votre dilection dans l'Esprit.
Col 1:9- C'est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu'Il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle.
Col 1:10- Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu ;
Col 1:11- animés d'une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance ; avec joie
Col 1:12- vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière.
Col 1:13- Il nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé,
Col 1:14- en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
Col 1:15- Il est l'Image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature,
Col 1:16- car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui.
Col 1:17- Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui.
Col 1:18- Et il est aussi la Tête du Corps, c'est-à-dire de l'Église : Il est le Principe, Premier-né d'entre les morts, il fallait qu'il obtînt en tout la primauté ,
Col 1:19- car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude
Col 1:20- et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.
Col 1:21- Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis, par vos pensées et vos œuvres mauvaises,
Col 1:22- voici qu'à présent Il vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant Lui saints, sans tache et sans reproche.
Col 1:23- Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l'espérance promise par l'Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre.
Col 1:24- En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église.
Col 1:25- Car je suis devenu ministre de l'Église, en vertu de la charge que Dieu m'a confiée, de réaliser chez vous l'avènement de la Parole de Dieu,
Col 1:26- ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d'être manifesté à ses saints :
Col 1:27- Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens : c'est le Christ parmi vous ! l'espérance de la gloire !
Col 1:28- Ce Christ, nous l'annonçons, avertissant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait dans le Christ.
Col 1:29- Et c'est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter, avec son énergie qui agit en moi avec puissance.

Voilà pour le contexte. Je reviens plus tard pour le reste...

Hélène

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Disons qu'il ne manque rien aux souffrances du Christ, mais Saint-Paul veut dire "ce qu'il manque" des événements ou des circonstances pour illustrer cette souffrance (ou épreuves) dans le concret du nos vies!

L'interprétation de David semble pertinente et donne à réfléchir.

Pour plus d'indices, il y a:

- La version Segond:
1:24Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Église.

- La version John Darby:
1:24Maintenant, je me réjouis dans les souffrances pour vous, et j'accomplis dans ma chair ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est l'assemblée,

- La version Osterwald:
1:24Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et j'achève de souffrir en ma chair le reste des afflictions de Christ pour son corps, qui est l'Église,

- La version Martin:
1:24Je me réjouis donc maintenant en mes souffrances pour vous, et j'accomplis le reste des afflictions de Christ en ma chair, pour son corps, qui est l'Eglise ;

Et enfin, la version du Semeur:
1:24Maintenant, je me réjouis des souffrances que j'endure pour vous. Car, en ma personne, je complète, pour le bien de son corps - qui est l'Eglise - ce qui manque aux détresses que connaît le Christ.

Cependant, Jésus dit lui-même:
« Tout est accompli » (Jean 19/30)

Et là où il y a pardon des péchés, il n'y a plus d'offrande pour le péché (Hébreux 10/10, 14, 18).

Les souffrances de Paul ne peuvent en aucun cas avoir de valeur expiatoire.

Je crois que David nous donne une clef d’interprétation très importante pour bien comprendre ce passage de la Sainte Écriture: "Ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi.” Au fond, de quoi saint Paul parle-t-il dans ce dernier passage? Je crois qu’il parle du mystère du Corps Mystique de Jésus-Christ. Le Corps Mystique, c’est ce que saint Augustin appelle le “Christus totus” (le Christ total). C’est l’Église comme Corps du Christ. Le Christ est la Tête (le Chef) de ce Corps, et l’Église constitue ses membres. Être incorporé au Christ par le baptême (un autre thème très cher aux yeux de saint Paul) veut dire devenir membre de son Corps Mystique. Puisque nous sommes ses membres, nous faisons donc partie du Christ (du “Christus totus”).

Ici, saint Paul ne parle pas uniquement d’une manière figurative. Nous ne sommes pas seulement membres du Christ d’une manière métaphorique ou poétique: nous sommes ses membres réellement et pleinement. Cela veut dire que le Mystère du Christ ne se situe pas seulement dans la personne historique de Jésus-Christ, mais dans tous ceux qui sont constitués comme ses membres -- donc, de vous et de moi aussi.

Peut-être que cela pourrait nous aider à mieux comprendre ce que Col. 1,24 veut dire: “En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église.” Le “ce qui manque” ne fait pas référence au Christ comme Chef et Tête du Corps Mystique, mais plutôt à nous comme membres de ce même Corps. Ce qui manque n’est pas un manque auprès de Lui, mais un manque auprès de nous.

Pourquoi quelque chose manque-t-il chez nous? Parce que nous ne sommes pas encore pleinement configurés au Christ. Nous tendons de plus en plus chaque jour vers cette plénitude; mais nous demeurons, sur cette terre, des réflexions toujours inadéquates de Jésus-Christ. Cela est vrai aussi à l’égard du Mystère Pascal, et donc de la Croix. Nous sommes crucifiés (et ressuscités) avec le Christ par notre baptême; mais cette crucifixion n’est pas pleinement achevée en nous (ni cette résurrection non plus, évidemment). Nous participons au mystère de Sa Passion, mais nous ne le vivons pas pleinement comme Il l’a vécu. Donc, il n’y a aucun manque chez le Chef du Corps Mystique; le manque est plutôt chez nous.

Il y a un autre angle sous lequel on peut regarder cette question. Notre-Seigneur Jesus-Christ nous aime tellement qu’Il veut nous associer à sa Passion. Nos souffrances n’ajoutent rien à la valeur salvifique plénière des souffrances du Christ. Et pourtant, elles y ajoutent quelque chose. Philosophiquement (métaphysiquement), nous dirions que nos souffrances n’ajoutent rien d’essentiel à la Passion du Christ, mais elles y ajoutent quelque chose d’accidentel. Comment cela est-il possible? Parce que le Christ nous aime tellement qu’Il veut que nous devenions des “co-rédempteurs” du monde, avec Lui. Pas “co-” au sens de “en égalité avec” mais au sens de “avec” tout simplement. Nous coopérons avec la grande oeuvre du Christ qu’est le salut du monde. Et ainsi, nous “complétons”, d’une certaine manière, son oeuvre. Rien ne manque à son oeuvre comme telle, mais nous pouvons y ajouter quelque chose de très grand: notre participation comme membres de son Corps Mystique.

Je ne sais pas si ce que je dis vous aide...peut-être qu’il vous confond encore plus? J’espère que non! En tout cas, je crois que la clef se trouve en ce passage que David a cité plus haut: "Ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi” (Gal. 2,20). C’est le Mystère du Corps Mystique de Jésus-Christ dans toute sa splendeur!

Oui ça m'éclaire. J'ai lu une fois cette phrase qui dit : " Christ souffre jusqu'a la fin du monde". Je ne me souvient plus où j'ai pris ça.